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sur 2415 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Encore novice en littérature russe, il était grand temps que je m'y mette. Souhaitant découvrir Dostoïevski depuis un moment, c'est sur l'Idiot que mon choix s'est arrêté, je ne le regrette pas d'ailleurs.

L'histoire est celle du prince Muichkine, épileptique, qui après avoir passé une grande partie de sa vie en Suisse pour recevoir les soins adéquats à sa maladie, revient à Saint-Pétersbourg pour retrouver une de ses parentes éloignées, Elisabeth Prokofievna( la générale Epantchine). Grâce à son titre et cette parenté avec la générale, notre bon prince va accumuler les rencontres avec des personnages hauts en couleurs. Son immersion dans une société calculatrice et corrompue va entraîner cette âme pure vouée à faire le bien dans une spirale d'intrigues superficielles qui placeront le prince en position d'idiot, car lucide dans son analyse des choses et des gens qui l'entourent. Débordant de simplicité et de gentillesse, Muichkine va vite devenir l'agneau dans la meute de loups...

Magnifique, grandiose, phénoménal, ce roman ne m'a pas laissée indifférente, j'ai presque honte d'avoir fait un court résumé car cette oeuvre ne se lit pas, elle se vit page à page. Grâce à ses nombreux personnages,tous pourvus de caractères bien distinct, le récit offre un portrait intéressant de la société russe du XIXème siècle. le prince, catapulté au milieu de ces gens prêts à tout fait un peu office de ver dans la pomme, chamboulant les conventions, disant tout haut ce qu'il ne faudrait pas mentionner. Malgré tout, le prince n'est pas si idiot que ça, je l'ai trouvé irradiant de beauté, comme un ange descendu du ciel pour accomplir une mission, finissant par forcer l'admiration des hommes et la passion chez les femmes. Ce livre est fort, malgré son nombre conséquent de pages (900), il nous entraîne dans les abîmes de la folie humaine au fur et à mesure des événements. Tout comme son héros, Dostoïevski "sait raconter" et nous offre une intrigue vivante et haletante avec une fin magistrale à couper le souffle. J'ai adoré et je dirait aux lecteurs qui souhaitent découvrir l'Idiot de ne pas se laisser décourager par la taille du livre et certains passages relativement longs, il faut le lire avec le coeur, prendre le temps de le ressentir, il en vaut la peine!
A lire !
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La bonté existe-t-elle ? Y a-t-il une place pour elle dans ce monde ou n'est-elle considérée que comme une marque de faiblesse voire d'idiotie qui rendrait inapte à la vie sociale ? L'homme bon, s'il existe, est-il forcément voué à n'avoir qu'un destin tragique, ne connaître que les tourments de l'existence et jamais le bonheur qui est impossible à atteindre ?

Un lecteur Babelio écrivait, à propos des Frères Karamazov, qu'il était hermétique à la dimension métaphysique qu'on trouve chez Dostoïevski à cause du grand pessimisme sur le fond de la nature humaine que recèlent ses oeuvres. C'est au contraire la seule dimension qui me parle et qui fait que j'aime autant cet écrivain.

Il offre une découverte de la société russe du XIXe siècle et nous invite à nous poser des questions, même si elles n'ont pas forcément de réponses uniques, dogmatiques et immuables. C'est le propre de toute démarche philosophique. J'aime cette façon de mêler intrigue romanesque, philosophie, politique et de nous inciter ainsi à réfléchir sur nous-mêmes, autrui et le monde.

Dostoïevski le fait dans L'Idiot à travers l'évocation du destin tragique du prince Muichkine qui revient de Suisse où il était soigné pour épilepsie. Dès son arrivée à Saint-Pétersbourg, il apparaît comme un être différent, un homme infiniment pur dont la candeur est objet de curiosité, de moqueries et de fascination. Elle ne lui permettra pas de sauver la trop belle Nastassia Philippovna. Sa maladie fait qu'on le croit idiot mais il est en fait plus intelligent que ne le pensent les gens. Il perçoit avec une sensibilité et une acuité intolérables le drame que vit Nastassia et veut donc à tout prix l'aider, quitte à sacrifier son propre bonheur. Il ne supporte pas le mal sous toutes ses formes et fait figure d'inadapté social. Il n'accepte pas le fonctionnement classique de la société dont la majorité s'accommode fort bien.

Nastassia est une orpheline. Totski l'a recueillie et en a fait sa maîtresse, il veut désormais épouser une femme respectable et non une courtisane. Il entreprend de se débarrasser de Nastassia. Il propose cent mille roubles à Gania Ivolguine pour l'épouser. Révoltée, Nastassia préfère s'enfuir avec Rogojine qui la convoite mais la mènera au déshonneur et au malheur. le prince, qui est sous son charme, veut lui éviter ce sort funeste et prend le risque de provoquer la jalousie de Rogojine. Pour sauver Nastassia, il est prêt à renoncer à un mariage avec Aglaé que Nastassia voit pourtant comme une épouse idéale pour le prince.

Certains thèmes abordés dans ce roman restent d'actualité et ont même fait l'objet de nombreuses récupérations politiques : la peine de mort, le rapport à l'argent, la pauvreté, la redistribution des richesses.

Plusieurs personnages sont tragiques et émouvants. Nastassia a le sort funeste réservé jadis aux filles pauvres, sans famille mais belles et désirables, donc vouées à la prostitution de luxe. Hippolyte est mourant à cause de la phtisie alors qu'il n'a que dix-huit ans et, dans un ultime cri de désespoir, développe ses idées sur les pauvres qui se plaignent tout le temps, jalousent la fortune des riches car ils la voudraient pour eux et en oublient qu'ils ont la vie devant eux et la liberté de réaliser leurs rêves. Il raconte comment il a aidé, grâce à ses relations, un médecin renvoyé, tombé dans la misère avec sa femme enceinte, à retrouver un poste. Quant au prince Muichkine, malgré l'épilepsie, maladie qui touche le cerveau – le Grand Mal, à l'époque, était effrayant et ne se soignait pas – il apparaît comme un intellectuel. Sensible, philosophe et passionné, il a un avis sur de nombreux sujets, dont la peine de mort, acte cruel et froid, après avoir assisté à une horrible exécution en Europe. En Suisse, il parlait aux enfants et les guidait, il les a convaincus de cesser de persécuter une jeune fille que tout le monde maltraitait parce qu'elle avait été séduite par un homme avant d'être abandonnée. Ses efforts presque désespérés pour sauver la veuve et l'orphelin, rendre le monde, et surtout l'être humain, meilleurs semblent souvent vains, dérisoires mais néanmoins nécessaires, indispensables.
L'Idiot est, pour moi, un roman sombre et troublant qui donne l'impression que la bonté est minuscule face au Grand Mal qui finira inéluctablement par l'anéantir. Elle aura cependant laissé une trace infime sur terre et dans la vie de ceux qui l'auront croisée puis qui continueront leur paisible existence, à l'instar d'Aglaé, comme si de rien n'était.
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C'est très difficile de parler d'un tel roman car sa puissance perturbe le lecteur en profondeur.

Dostoïevski a choisi comme héros le prince Muichkine (ou Mychkine, ce « i » dur, presque nasalisé, n'existe pas dans notre alphabet) atteint d'épilepsie, maladie qu'il connaît bien car il en est atteint lui-même. Ce prince est considéré comme un idiot car la maladie l'a obligé à être soigné en Suisse. Il semblait en être guéri au retour.

Idiot au sens de naïf : le prince dit ce qu'il pense, sans enrober les choses derrière le langage civilisé et hypocrite qui sied en pareil cas. C'est un être d'une grande sensibilité, perdu dans cette société de petits nobliaux, généraux plus ou moins avines, ou autres croquants en tous genre. Tel un enfant, il parle sans les filtres qu'imposent l'éducation, la bienséance…

Dostoïevski nous livre une belle description de la société de l'époque, entre Saint-Pétersbourg, les maisons de campagne, l'importance du paraître, où chacun intrigue, pour berner l'autre, accéder à une meilleure situation, un meilleur mariage…

La psychologie des personnages a été bien étudiée, qu'il s'agisse du héros, des autres familles qui sont bien typées, parfois caricaturales, des généraux de l'époque, de la place des femmes dans la société, sans oublier la misère et la maladie, la religion…

L'auteur n'hésite pas à s'en prendre à la politique de l'époque (il a été lui-même emprisonné), les mouvements de contestation qui émergent. Il porte une réflexion sur l'amour : le prince ne sait pas qui il aime réellement : Nastassia ou Aglaé, et est-il amoureux d'ailleurs, dans le sens où on l'entend habituellement?

La notion du bien et du mal : le prince incarnant le bien, une figure presque christique en opposition avec Rogojine, le mal incarné intrigant, voulant à tout prix épouser Nastassia Philippovna comme un trophée de chasse.

L'écriture est très rythmée, l'intrigue centrée sur une période relativement courte, l'atmosphère particulière, la psychologie des personnages nécessite une vigilance particulière si l'on ne veut pas se perdre dans le récit.

Dostoïevski est un auteur exigeant, il faut vraiment s'immerger dans le roman qui compte près de mille pages, on ne peut se contenter de survoler, ou de lire seulement des extraits. Il a rédigé plusieurs moutures de « L'idiot », les a détruites et à la fin, il estimait n'avoir transcrit qu'un dixième de ce qu'il aurait voulu dire. le roman est publié en feuilleton en 1869.

Je l'ai beaucoup aimé et j'en suis sortie un peu sonnée ; j'ai lu deux autres livres avant de pouvoir rédiger ma critique, car j'avais trop de choses à dire, et d'ailleurs elle ne me satisfait toujours pas.

Challenge XIXe siècle
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On connaît la formule : « Dostoïevski voulait représenter un être parfaitement bon. Par dérision, il en fit un idiot. » Est-ce vraiment par dérision ? Et qu'entendait-il par ce mot « idiot » ? le prince Mychkine est un être simple, qui ne comprend rien aux conventions sociales ; il ne comprend que les êtres humains et ce qui est bien. Et c'est pour cela que Dostoïevski lui décerne ce titre amer.

A bien des égards il me rappelle Saint François d'Assise, le Povorello, parlant aux oiseaux et citant devant le pape la sagesse des alouettes. Son amitié avec Rogojine ne rappelle-t-elle pas le loup de Gubbio apprivoisé par la simple douceur ?

Mais il n'y aura pas de miracle. La bonté du prince restera impuissante ; son sacrifice ne suffira pas à racheter Nastassia Philipovna. Rendu à la sauvagerie, Rogojine la tuera. Et Aglaé, la seule qui était en mesure de comprendre vraiment le prince, ne deviendra pas Sainte Claire d'Assise mais préférera ruiner consciemment sa propre vie. La figure christique du prince n'est pas aux prises avec un monde mauvais, mais en proie à l'autodestruction. C'est un monde qui refuse d'être sauvé. Un monde qui refuse la venue du Christ, et veut mourir avec son péché originel.

Grâce à la critique d'Yves, j'ai appris que Dostoïevski s'inspira du tableau de Holbein du Christ mort. Peint d'après le cadavre d'un juif retrouvé noyé, il rompait radicalement avec toutes les traditions et le style de l'époque. Ce n'était pas le fils de Dieu dans sa gloire qui était peint, mais un simple cadavre. « Un tel tableau peut faire perdre la foi », déclara-t-il en le découvrant.

On explique généralement cette phrase par la découverte brutale de l'athéisme et du néant – ou de leur peur – qui s'expriment avec une incroyable force sur ces planches de tilleul. Il n'y a pas de Dieu, pas de sauveur, pas de salut, pas d'amour, pas de pardon. Rien. Mais il me semble qu'un tel esprit, ayant fréquenté les révolutionnaires et les bagnards, avait déjà dû être confronté à ces questions.

Contrairement à la plupart des représentations, le corps est seul. Il n'y a ni ange ni disciple. Tous se sont détourné de lui, l'ont abandonné. Et si le monde refuse d'être sauvé ? Alors le sacrifice du Christ est inutile...

Kurozawa en tira un film en noir et blanc de deux heures et demie qui compte parmi les monuments du cinéma, et parmi mes films préférés. Pour plus de cohérence avec le livre, il le plaça dans l'Hokaido, l'île du nord du Japon, au climat froid. C'est une oeuvre monumentale et magnifique, peut-être le summum de l'art de Kurozawa. Et, mais c'est une impression très personnelle, il m'a toujours semblé que s'y exprimait un terrible et violent rejet de la société japonaise traditionnelle...
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La dernière page fut tournée il y a de cela plus de six mois, mais j'ai beaucoup de difficultés à me résoudre à rédiger une critique, qui met un point final à cette lecture.
Il n'est pas aisé de rompre avec un tel Idiot, brillant de tous ses mots (maux).
Depuis des années, je souhaitais le lire, mais j'en reculais sans cesse la lecture, comme l'on savoure l'attente du dessert, un oeil humide sur le gâteau au chocolat qui diffuse un parfum envoûtant (je sais, nous ne sommes pas sur un site de pâtisserie, mais les gourmands/gourmets comprendront ;) ).
Bref, je n'avais qu'une hâte, attendre LE moment idéal pour déguster celui que j'espérais être mon meilleur Dostoevski. Je sortais de deux de ses romans, plutôt indigestes (le Joueur , pas des plus savoureux, et le Double, loin d'être le plat signature de ce grand Chef du mot).
Re-bref, assez de digression, mes deux chou(chou)x à venir, semblaient être l'Idiot, et les Démons ( pas encore dans mon "four à lire"euh, ma PAL).
L'Idiot s'avère une véritable pièce-montée, tous les ingrédients de la crème dostoevskienne sont présents : des pages et des pages imprégnées de psychologie sucrée-salée, des rebondissements bien relevées, de l'émotion en guimauve onctueuse, de la philosophie imprégnée de sociologie, des personnages croustillants, recouverts de drame battu en larmes, le tout (dé-) glacé à la mode russe (donc à la vodka).
Rien que d'en parler (écrire), je salive, j'en reprendrais bien une petite relecture, moi ! Un grand (et long ;) ) moment de plaisir intellectuel ! A consommer avec immodération !!!
NB : Ne pouvant concurrencer les magnifiques critiques, argumentées et littéraires (passionnantes et instructives, je vous les recommande !), j'ai opté pour un ton plus léger, que Fedor me pardonne... et vous aussi..
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Conseillé par un ami qui était son livre préféré, je me sentais obligé au moins de commencer à le lire. La littérature russe pour moi n'était pas très avenante. En plus, cet ami m'avait prêté les 2 tomes (bien épais) en livre de poche. J'ai pris mon courage à deux mains et je l'ai carrément dévoré. Il ne m'a pas lâché. Pour ma part, c'est un chef d'oeuvre. J'ai vraiment adoré. Si vous ne l'avez pas encore lu, je vous le conseille.
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Ce roman fatigue, il demande une attention permanente. Il faut mémoriser une foule de détails, des noms de personnages, prêter attention à tout, ne rien omettre. C'est un inconvénient ; ce peut être un avantage car cet univers nous révèle une part d'ombre. Certains romans nous confrontent à une altérité radicale. L'intérêt ne vient plus de ce que nous reconnaissons de nous même, mais de ce que nous sommes susceptibles d'apprendre de l'autre. Lire ce n'est pas seulement converser avec de grands auteurs du passé et du présent, c'est une expérience de pensée. C'est accueillir en soi d'autres langues, d'autres mondes et d'autres caractères. C'est incorporer dans sa personnalité des savoirs, des émois nouveaux.

Pour Dostoïevski, le prince Mychkine, personnage central de « L'idiot », est l'Homme positivement beau. Malade, il vit dans la perspective émminamant chrétienne de la fin de son existence. L'amour de la vie se confond chez lui avec la hantise permanente de la mort. Ce double sentiment le rend absent au monde et pourtant son retour en Russie lui impose une impossible présence .

Le prince, imitateur du Christ, est donc en butte au milieu cruel de la haute société pétersbourgeoise qui tout à la fois le raille et l'admire. L'amour qu'il éprouve pour tous – sans distinction – sème la tempête. Il détruit tout ce qu'il approche : Hippolyte, l'athée qui se révolte contre sa maladie ; Nastassia Philippovna, la femme déchue et repentie qu'il aime ; Aglaïa, l'amoureuse jeune, et innocente qu'il ne chérit pas moins ; Rogogine, épris de Nastassia et part sombre de lui-même.

L'idiot est un roman profondément russe. Les personnages y sont entièrement dominés par leurs sentiments. Ils sont en cela très étrangers à notre univers et le plus souvent incompréhensibles. Ils passent sans transition aucune des larmes au rire, de la colère aux pardons les plus outranciers. Leur intériorité se révèle, pour nous lecteurs français, d'une complexité inimaginable. le roman est encombré de bouts et morceaux, de détails improbables. Mais ce fatras apparent – impossible de sauter une ligne – éclaire, page après page, l'âme russe.

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Après avoir lu (et adoré) « Crime et Châtiment », mon choix s'est arrêté sur « L'idiot » pour ce second rendez-vous avec Dostoievski. Ce qui m'avait ébloui dans « Crime et Châtiment » c'est cette capacité qu'a cet auteur à nous faire littéralement « entrer » à l'intérieur de l'esprit de ses personnages principaux. Ou bien est-ce eux, à l'inverse, qui entrent à l'intérieur de notre esprit, qui le possèdent pour un moment ? Toujours est-il que, dans mon cas du moins, il y a cette communion avec les personnages qui se présente de façon tout à fait particulière quand je lis Dostoievski et cette magie se retrouve aussi dans ce livre.

Cet ouvrage donc, démontre le génie de Dostoievski dans ce qu'il a de plus fascinant. Tel un explorateur de l'âme humaine, il a créé un personnage démesuré, le prince Mychkine, qu'il utilise tel un prétexte pour dépeindre les conséquences d'un idéalisme christique poussé à l'extrême et faire ressortir les contradictions de la société russe de son époque. Dostoievski a pris soin de camper son personnage, son type de personnalité et ses antécédents de façon à rendre crédible son tempérament particulier. Souvent traité d'idiot, le prince est plutôt un être complexe, intelligent, rêveur, doté d'une grande sensibilité émotive et totalement incapable de transgresser ses propres valeurs.

En fin psychologue qu'il était, Dostoievski est capable de décrire les tourments vécus par ses personnages d'une façon pour le moins troublante. Anxiété, angoisse, culpabilité, exaltation, compassion se succèdent constamment chez le prince, ce qui nous fait ressentir sa grande humanité, nous ramène à nos propres expériences, à certains traits de personnalité que nous reconnaissons à la fois en nous-mêmes et en ceux que nous côtoyons.

Lire et apprécier « L'idiot » ou, je suppose, tout autre écrit de Dostoievski n'est certes pas facile. En premier lieu, l'ambiance sombre et tourmentée de ses ouvrages peut certainement être difficile à supporter pour certains (j'en connais qui en ont été rebutés). Personnellement, je n'en lirais pas plusieurs de suite. Il faut attendre le bon moment, être prêt à s'investir émotivement et on peut s'en retrouver un peu chamboulé. Je suis convaincu qu'au final cependant, il y a un certain cheminement personnel qui se produit.

Sur une note plus pratique, la seconde difficulté vient du grand nombre de personnages qu'on retrouve dans l'histoire et… du grand nombre de noms que possèdent chacun de ces personnages. Chaque personnage a au moins trois noms et Dostoievski se fait un malin plaisir à utiliser en alternance des diminutifs pour presque chacun d'eux (un personnage peut donc avoir jusqu'à six noms… comme tout bon Saguenéen j'exagère un peu, mais à peine). Ajoutons à cela notre incapacité à se faire une idée de la consonnance de ces noms russes et on peut facilement se retrouver incapable de suivre, ne serait-ce que les grandes lignes de l'histoire. Pour s'y retrouver, je vous recommande de dresser au préalable une liste des personnages et vous y référer au cours de la lecture. L'article Wikipedia de chacun des livres contient une liste des personnages toute faite d'avance avec une brève description des liens familiaux ou autres qui les unissent. de cette façon, on peut mieux se concentrer sur l'oeuvre et en saisir toute les subtilités.

En conclusion, une lecture satisfaisante au plus haut point pour qui désire s'y investir véritablement. Si vous êtes prêt à sonder les abysses de l'existence humaine, Dostoievski est un maître et cet ouvrage vous comblera.
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Lire" L'idiot" est un exercice fastidieux.
En compagnie du prince, protagoniste christique, épuisant de naiveté et de bonté,qui plonge dans des histoires tragiques, cocasses et absurdes, le lecteur se sent souvent perdu dans le labyrinthe des personnages ainsi que par l'immersion brutale et détaillée dans la société russe du XIXème siècle.
"L'idiot" propulse le lecteur dans l'âme slave d'un autre temps et transmet le triste et vrai message de toute époque: les bons sont broyés et les mauvais ne cessent de triompher.
Le prince, personnage hors société et hors temps, face à un monde d'argent triomphant et d' arrivisme social ne peut que perdre la raison.
Un roman "parabole" sompteux, à lire et relire tant pour sa vision d'un humanisme fraternel que par sa description des moeurs d'une civilisation perdant toute notion de partage et de communication.
Dostoïevski a voulu repenser sa société.
Avec "L'idiot", le romancier nous amène à nous interroger sur nous-même et sur l'absurdité de nos moeurs.
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Etant un grand admirateur de Dostoieveski, j' ai lu pas mal de ses livres tels que:Les Frères Karamazov, Les Possédés, Crime et Châtiment, le Joueur et bien sûr .L' Idiot.Je dois signaler une remarque qui est la suivante : Je ne prétends pas être un grand connaisseur de Dostieveski mais, je suis juste un de ses admirateurs inconditionnels.Je sais que sa vie n' a pas été facile vu sa maladie nerveuse, les problèmes d' argent, ses positions politiques, condamné à mort mais sa peine a été commuée en une relégation en l' exilant en Sibérie. Pour voir ce qu' il a enduré : voir La Maison des Morts.D' une façogénérale,lorsqu' on le lit , on est touché par l' atmosphère caractéristique que donne, l' auteur à ses récits .Une autre remarque : souvent les critiques littéraires comparent Tolstoi avec Dostoievski, je dirai simplement,chacun d' eux a son registre propre à lui .Si on doit comparer les deux auteurs, il faut le faire à tous les niveaux. Je m' explique,Tolstoi est un aristocrate, un propriétaire foncier et il n' a pas de soucis à se faire de ce côté.La vigueur et sa santé sont connues pour être très
bonnes pour Tolstoi .Dostoieveski, lui a une santé chancelante, des tracas pour ses opinions politiques, des problèmes financiers .
Venons au récit de L' Idiot .Dosteoiveski a mis un peu de lui dans ce personnage. le prince ( L' Idiot ) Mychkine rentre à Saint-Pétersbourg venant de la Suisse
où il se soignait dans un sanatorium vu son état de santé fragile.Le prince souffrait d' épilepsie doublée d' une sorte d' autisme.Le prince a passé sa jeunesse en Suisse ce qui fait qu' il a perdu le contact avec la société De Saint
Pétersbourg .Le prince désire pénétrer les cercles fermés de le société russe. le prince Mychkine est un jeune homme foncièrement bon et doux. Mais cette bonté et cette douceur confinent à la naiveté et à l' idiotie alors qu' il n' est rien car le prince n' est un calculateur et parle de façon spontanée. Au cours de la soirée d' anniversaire de Nastassia Filippovna, le prince voit un jeune bourgeois, Parfen Rogojine arriver ivre et offrir une forte somme d' argent à la jeune femme pour qu' elle le suive. le prince a constaté la scène et a perçu le désespoir de la jeune femme.Sous l' effet d' une certaine excitation, il tombe amoureux d' elle et sur-le-champ, il lui propose de l' épouser. Nastassia accepte l' offre.Coup de théâtre,la femme, après avoir accepté son offre, elle s' enfuit avec Rogojine. Jaloux, Rogojine tente de tuer le prince mais ce dernier est paradoxalement frappé d' une crise d' épilepsie qui le fait tomber à terre juste avant le meurtre. Ayant lié des relations avec la famille Epantchine, il fait la connaissance d' une société mêlant des bourgeois des ivrognes, des anciens militaires et des fonctionnaires fielleux. Se trouvant à la tête d' une immense fortune, il avive la curiosité de la société de Saint--Saint-Pétersbourg .
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