C 'est que vous allez tomber dans de telles ruelles ...Je pourrais vous guider ,parce que cette ville c'est comme si le diable l'avait portée dans un panier et l'avait semée en route.
Or le plaidirque procure l'aumône est un plaisir orgueilleux, immoral, il permet au riche de jouir de sa richesse, de son pouvoir, en se comparant à la faiblesse du pauvre. L'aumône dépravé aussi bien celui qui donne que celui qui reçoit, et de plus, elle n'atteint pas son but, car elle multiplie la misère. Les paresseux qui ne veulent pas travailler se pressent autour de ceux qui donnent, tels des joueurs qui dans l'espoir de gagner s'assemblent autour du tapis vert. Or les misérables sous qu'on leur jette ne parviennent pas à alléger la centième partie de leurs maux.
La seule pensée qu'il existe un être infiniment plus juste, infiniment plus heureux que moi, me remplit tout entier d'un attendrissement immense, et, qui que je sois, quoi que j'aie fait, cette idée me rend glorieux ! Son propre bonheur est pour l'homme un besoin bien moindre que celui de savoir, de croire à chaque instant qu'il y a quelque part un bonheur parfait et calme, pour tous et pour tout. Toute la loi de l'existence humaine consiste à toujours pouvoir s'incliner devant l'infiniment grand. Ôtez aux hommes la grandeur infinie, ils cesseront de vivre et mourront dans le désespoir.
Il arrive que même un menu détail frappe notre attention exclusivement et pour longtemps.
Celui qui perd tout lien avec son pays perd aussi ces dieux
Dieu et la Nature c 'est la même chose .
La Russie est un jeu de la nature,pas plus.
Von Lembke se mit décidément à réfléchir. Or réfléchir n'était pas bon pour sa santé et lui était interdit par des médecins.
...la seconde moitié de la vie humaine est déterminée par les habitudes acquises au cours de la première...
- Ecoutez, j'ai l'intention d'ouvrir ici un atelier de reliure, organisé selon les principes rationnels de l'association. Puisque vous vivez ici, qu'en pensez-vous ? Cela marchera-t-il ou non ?
- Eh ! Maria, chez nous on ne lit pas de livres et il n'y en a même pas. Et est-ce qu'il irait faire relier des livres ?
- Qui, il ?
- Le lecteur d'ici et l'habitant d'ici en général, Maria.
- Eh bien, vous n'avez qu'à parler plus clairement, au lieu de dire 《 il 》, et qui est cet 《 il 》, on n'en sait rien. Vous ignorez la grammaire.
- C'est conforme au génie de la langue, Maria, bredouilla Chatov.
- Ah, laissez-moi tranquille avec votre génie, vous m'ennuyez. Pourquoi l'habitant ou le lecteur d'ici ne ferait-il pas relier ses livres ?
- Parce que lire un livre et le faire relier sont deux stades tout à fait différents de l'évolution. D'abord il s'habitue petit à petit à lire, pendant des siècles bien entendu, mais il abîme le livre et le laisse traîner, ne le considérant pas comme une chose sérieuse. Or la reliure implique déjà le respect du livre, cela implique que non seulement il a appris à aimer la lecture mais qu'il l'a reconnue pour une chose sérieuse. La Russie n'en est pas encore toute à ce stade. L'Europe relie les livres depuis longtemps.