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EAN : 9782232122996
198 pages
Editions Seghers (21/02/2008)
3.81/5   8 notes
Résumé :
" Qui suis-je, moi ? Un autre ?...", se demande Robert Sabatier dans le poème qui ouvre cette anthologie. Après lui, plus de soixante-dix poètes, français ou étrangers, classiques ou contemporains, prolongent cette interrogation. De François Villon à Guillevic, de Louise Labé à Maram al-Masri, d'Arthur Rimbaud à Henri Michaux, tous disent Je et tous s'adressent à l'autre. Mieux encore, tous laissent entendre, à leur manière, que " je est un autre ".
Comme And... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Une anthologie empruntée à ma médiathèque, comprenant " plaisir supplémentaire" un CD où 19 poètes évoquent "cet autre qui nous habite"....

Une appréhension pour le début d'un nouveau travail... la lecture d'un de ces poèmes , un matin, m'a redonné un grand souffle bienfaisant. Il s'agit d'un extraordinaire poème d'amour: "Hélène ou le règne végétal" de René Guy Cadou, que je prends plaisir à vous retranscrire.


"Tu es dans un jardin et tu es sur mes lèvres
Je ne sais quel oiseau t'imitera jamais
Ce soir je te confie mes mains pour que tu dises
A Dieu de s'en servir pour des besognes bleues

Car tu es écoutée de l'ange tes paroles
Ruissellent dans le vent comme un bouquet de blé
Et les enfants du ciel revenus de l'école
T'appréhendent avec des mines extasiées

Penche-toi à l'oreille un peu basse du trèfle
Avertis les chevaux que la terre est sauvée
Dis-leur que tout est bon des cigües et des ronces
Qu'il a suffi de ton amour pour tout changer

Je te vois mon Hélène au milieu des campagnes
Innocentant les crimes roses des vergers
Ouvrant les hauts battants du monde afin que l'homme
Atteigne les comptoirs lumineux du soleil

Quand tu es loin de moi tu es toujours présente
Tu demeures dans l'air comme une odeur de pain
Je t'attendrai cent ans mais tu es déjà mienne
Par toutes ces prairies que tu portes en toi. "
p. 76)



Une très belle préface de Bruno Doucey traduit très subtilement la spécificité, et la richesse de l'écriture en poésie...

Cette anthologie est divisée en différents thèmes dont ceux de la paternité, maternité, sur "cet autre qui viendra après soi"



Ce recueil m'a enchantée; il m'a fait découvrir un grand nombre de poètes et de poétesses:

- Gabrielle Althen, Ghislaine Amon,Luc Bérimont, Jean-Marie Berthier, André Dalmas ( fondateur en 1963 de la Revue "le Nouveau Commerce" avec Marcelle Fonfreide, puis des éditions du même nom, en 1976), Besnie Deswarte ( sociologue et cinéaste), Simone Durand, Habiba Djahnine (née en Kabylie en 1968, et réalisatrice en 2006 du documentaire "Lettre à ma sœur"), Marie Fougère, Béatrice Gauthier

Des notices biographiques pour chaque poète complètent précieusement cette très riche anthologie, autour de l'Altérité...de nos altérités multiples !

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« Je est un autre » est une anthologie des plus beaux poèmes sur l'étranger en soi. La 10è édition du Printemps des poètes était précisément consacrée à ce thème. Dans ce recueil Bruno Doucey et Christian Poslaniec rassemblent soixante-douze textes francophones classés par thèmes. Et cerise sur le gâteau, un CD accompagne l'ouvrage. Les textes sont déclamés en alternance par des voix féminines et masculines.
La poésie n'est pas que des signes insaisissables et incompréhensibles. Elle reflète l'âme et les émotions. Elle est un risque, un long frémissement qui frôle des choses belles. Elle est chair qui explore de nouvelles sources. C'est une incitation à tout quitter pour aller s'adonner pendant quelques heures à un vice fascinant, vertigineux, troublant, sincère, magnifique. On revient à une forme d'essentiel. La poésie est vivante. N'est-ce pas merveilleux ?
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Colette Seghers-

Je te parle bas...

Je te parle Bas, car tu es un bébé,
je te parle, comme les femmes ont su broder,
et les hommes chanter.
Comme les femmes qui savent chanter,
et les hommes, aimer.
Je te parle bas, comme aux trésors que certains
voient
et d'autres pas,
comme au devenir, que certains voient,
et d'autres pas,
comme au devenir, ce certains voient,
et d'autres pas.
Je te parle bas, comme l'amour est secret
et la ville à perte de vue,
je te parle bas, comme un homme a posé son pas
sur la lune cette nuit,
pour la première fois.
Je te parle bas,
car ville basse, ville cachée, ville nombreuse,
ville anxieuse, sont les mots.
Je te parle Haut, car tu es un bébé
Je te parle Haut, comme vouloir
comme posséder et comme chanter.
Je te parle haut,
comme si j'allais toucher l'avenir,
comme si l'éphémère s'établissait en chair
comme si le chant pouvait durer.
Je te parle haut comme au destin frais arrivé,
dans notre vie où ville haute et ville basse,
ville fière, ville quiète, sont les mots.
Je te parle, à mi-voix, car tu es mon enfant
pour la PREMIERE FOIS.
[ Dix poèmes pour un bébé, 1969] (p. 137-138)
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J’ai l’impression d’être ridicule
dans leurs souliers
dans leurs smoking
dans leur plastron
dans leur faux-col
dans leur monocle
dans leur melon
 
J’ai l’impression d’être ridicule
avec mes orteils qui ne sont pas faits
pour transpirer du matin jusqu’au soir qui déshabille
avec l’emmaillotage qui m’affaiblit les membres
et enlève à mon corps sa beauté de cache-sexe
 
J’ai l’impression d’être ridicule
avec mon cou en cheminée d’usine
avec ces maux de tête qui cessent
chaque fois que je salue quelqu’un
 
J’ai l’impression d’être ridicule
dans leurs salons
dans leurs manières
dans leurs courbettes
dans leur multiple besoin de singeries
 
J’ai l’impression d’être ridicule
avec tout ce qu’ils racontent
jusqu’à ce qu’ils vous servent l’après-midi
un peu d’eau chaude
et des gâteaux enrhumés
 
J’ai l’impression d’être ridicule
avec les théories qu’ils assaisonnent
au goût de leurs besoins
de leurs passions
de leurs instincts ouverts la nuit
en forme de paillasson
 
J’ai l’impression d’être ridicule
parmi eux complice
parmi eux souteneur
parmi eux égorgeur
les mains effroyablement rouges
du sang de leur ci-vi-li-sa-tion
Damas, Léon-Gontran, « Solde », Pigments,
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Andrée Chedid- A force de m'écrire

A force de m'écrire
Je me découvre un peu
Je recherche l'Autre

J'aperçois au loin
La femme que j'ai été
Je discerne ses gestes
Je glisse sur ses défauts
Je pénètre à l'intérieur
D'une conscience évanouie
J'explore son regard
Comme ses nuits

Je dépiste et dénude un ciel
Sans réponse et sans voix
Je parcours d'autres domaines
J'invente mon langage
Et m'évade en Poésie

Retombée sur ma Terre
j'y répéte à voix basse Inventions et souvenirs
A force de m'écrire
Je me découvre un peu
Et je retrouve l'Autre.

[Poème inédit, 2008]
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Une amitié- Charles Vildrac

Parmi tes richesses d'esprit et de cœur
Et celles que moi j'ai en partage
Quelques-unes sont très dissemblables
Et les autres sont parentes un peu

Mais elles se plaisent bien ensemble,
Toutes tes richesses, toutes mes richesses;
Mais nous nous aimons à cause d'elles.

Elles se complètent et se font valoir,
Elles se mêlent et se contrôlent;
C'est comme différents feuillages
Assemblés dans un bouquet d'arbres,
Ou le rapprochement de deux visages
Que parent cheveux blonds et cheveux noirs.

Il y a auusi chez toi et chez moi,
Comme chez tous, des choses qui manquent:
C'est telle variété de plante
Que je n'ai pas dans mon jardin
Ou c'est telle arme pour la lutte
Que tu ne sens pas sous ta main;
Or il advient toujours pour notre bonheur
Que moi je dispose de cette arme,
Que tu es tout fleuri, toi, de ces fleurs
Et que nous entrons sans façon l'un chez l'autre
Pour prendre ce dont nous avons besoin.

Tu connais bien mes indigences
Et la façon de mes faiblesses;
Elles vont à toi sans pudeur,
Tu les accueilles et les aimes;
Et aussi bien j'aime les tiennes
Qui font partie de ta valeur
Et sont la rançon de tes forces.

Enfin chacun de nous, ô mon ami,
Marche et peut marcher avec assurance
A cause d'une main qui, vigilante,
Au moindre péril, se lève et saisit
Le bras égaré de cet aveugle
Que je deviens et que tu deviens,
Comme tous, à certaines heures... [Livre d'amour, 1959]
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Matines

J'ai rêvé d'une grande route
Où tu étais seule à passer
L'oiseau blanchi par la rosée
S'éveillait à tes premiers pas

Dans la forêt verte et mouillée
S'ouvraient la boucle et l'œil de l'aube
Toutes les feuilles s'allumaient
Tu commençais une journée

Rien ne devait faire long feu
Ce jour brillait comme tant d'autres
Je dormais j'étais né d'hier
Toi tu t'étais levée très tôt.

Pour matinale m'accorder
Une perpétuelle enfance

Le Phénix, 1951- Paul Eluard
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Vidéo de Bruno Doucey
VLEEL 300 Rencontre littéraire avec Bruno Doucey, Indomptables, Éditions Emmanuelle Collas
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