Avec Thael, je ne partage pas seulement des secrets pour un teint parfait. Pas de faux-semblants, oui, j'ai aussi partagé spritz et champagne avec l'autrice. Mais, je partage surtout un lien fort aux femmes qui m'entourent. Et elles sont nombreuses. J'ai même parfois eu l'impression de grandir au milieu d'un gynécée. C'est une des raisons qui a fait que j'ai tardé à lire
La mère à côté. Si le sujet est intime pour Thael, il l'est aussi pour moi, à un degré de différence. Alors, ma mère l'a lu d'abord. Tout est toujours histoire de transmission. Elle l'a aimé, beaucoup. Elle s'est retrouvée dans cette histoire, énormément. Et c'était donc à mon tour.
Thael et Rosy. Mère et fille, fille et mère. Quand Alzheimer se pointe, tout se confond, les liens s'emmêlent, les mots se brouillent, les prénoms se font la malle. L'histoire, on la connaît tous. Ce qu'on connaît moins, ce qu'on lit moins, c'est le rapport à la féminité. Au féminin qui est effacé. Pour ne devenir qu'un corps machine qui se doit d'être fonctionnel. Quitte à nier la femme à côté. Il n'est plus tellement question de mère et de fille, mais de femmes entre elles. Dans un univers, celui de la grande vieillesse, où les hommes ne sont pas nombreux (mais encore au coeur des préoccupations).
Pour retrouver la femme, Rosy jeune est de tous les chapitres. Une mère pas comme les autres, parisienne, allemande, anticonformiste, entêtée. Une femme, mère de deux filles. Avec tout ce que cela dit. Et tout ce qui ne se dit pas. Chaque chapitre nous fait passer d'une Rosy à une autre, la construction du récit en flashback donnant l'impression que rien n'est perdu, que la vieillesse ne prendra pas tout. Qu'elle ne prendra pas non plus le souvenir de l'homme aimé, dont elle garde précieusement les lettres.
C'est un récit très intime, trop par instants, peut-être. Mais puisque j'y reconnais ma mère et ma grand-mère, mes soeurs et moi, il est tout autant universel. Réticente, j'ai finalement été émue. Par Rosy, cette femme qui a presque traversé un siècle, par sa fille qui la raconte, par ce lien fusionnel, par mes propres souvenirs. L'éclat secret ne se niche pas toujours au fond d'un tube d'Erborian.