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Atiq Rahimi (Autre)Leili Anvar (Traducteur)
EAN : 9782362294259
216 pages
Editions Bruno Doucey (19/05/2022)
4.25/5   14 notes
Résumé :
"La nuit, les étoiles
Brûlent de douleur avec nous
La nuit, les nuages
Pleurent de chagrin avec nous
La nuit, les feuilles
Tremblent de peur avec nous
La nuit, les vents
Soufflent de rage avec nous
Et nous, dans les ténèbres de ces nuits
Débordant de cris sans voix
Avec la torche de nos prières
C’est l’aube que nous attendons…"
Que lire après Le cri des femmes afghanesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Ce recueil est sûrement l'un des plus beaux moments de poésie que j'ai lu.
Ce cri…
Ce hurlement…
Cet appel au secours. . .
Venant du plus profond des ténèbres est un déchirement qui pourfend les âmes et les coeurs.
Abnégations exhalées à partir de ces montagnes inaccessibles, de ces vallées encaissées, de ces villages perdus et de ces villes dangereuses ou la mort peut surgir à chaque instant.
Cris de femmes sublimes, majestueuses, téméraires, opiniâtres, mais aussi désespérées, abandonnées, battues…
Êtres fragiles sous le joug indicible de la burka, de l'isolement, des violences à qui tout est interdit, que ce soit la culture, l'éducation, la coquetterie ou tout simplement un sourire…
Ces vers portent les larmes de l'humanité impuissante à les aider, telles des rivières de sang jonchant les chemins de traverse d'un pays brisé sans avenir.
Seul soleil d'espoir, ces poèmes qui parfois prennent un ton intimiste évoquant avec des mots sensuels les amours déçus, impossibles, le désir refoulé, les joies évaporées.
Ce recueil sonne comme un avertissement au monde qui ferme les yeux face à une tragédie innommable, ou seules les poétesses peuvent encore s'exprimer par le biais ultime de vers écrits en cachette, ultime bouffée d'air afin d'échapper à l'impitoyable répression de la loi islamique et de ses sbires.
Ce recueil douloureux, mais salutaire pour la cause de la liberté des femmes devrait être au programme des collèges et lycées du monde entier.
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🗣️Chronique spéciale #marsaufeminin 🗣️

Hélas
Mille fois hélas
Le féminicide est là-bas
Le cri des femmes afghanes
S'accroche dans les atomes du temps
Sera-t-il entendu par leur pays
Leurs frères leurs pères leurs nobles guerriers
Hélas, ce cri se fait silence
Il court sur les lignes
Glisse comme l'eau
Entre les bombes
Les plaintes et la guerre
Mais il s'infiltre
Va partout
Et même si elles sont lasses
Lassent de se battre pour leur survie
Simplement pour leur genre
Elles ont le cri sous-jacent
Qui attend
Mais le cri des femmes afghanes
Mais le cri, lui, ne perd pas de son intensité
Il jaillira
Et on verra l'océan dedans
Il arrive jusqu'ici
Ce cri
Comme un bourgeon de printemps
Mais son éclosion est bardée
De sang
Il part de leurs poitrines déchirées
Mais reste coincé
Dans l'hiver de leur coeur
-Préservé-
En attente du printemps
Qui ne vient pas sur leurs terres
Alors elles le bichonnent
Ce bourgeon
Parce qu'elles savent
Qu'il deviendra vie
Il reste intact
Sous le voile
Parce qu'il a la fureur
De l'amour et de la liberté
Et que face au vide
À leurs vides
Le vide
De leurs yeux de leurs coeurs
Cette fougue au fond d'elles
Vaut toutes les victoires futures
Le vide ne se remplit pas
Il ne gonfle pas
Il ne donne rien
Il n'apporte rien
Elles, elles ont tout à donner
Elles ont le printemps en elles
Elles ont les germes, le vert
La sève, les jardins, l'éclosion
Elles ont Layli
Le chant la mélodie
La source
Et quand elles jetteront
Les tissus les grillages les chaînes
Tout sera possible
Le désir qui n'a rien perdu
De ses atours
L'amour renaîtra dans leurs mains
La liberté sera écrite sur les lapis
Hélas
Mille fois hélas
Des larmes ont été versées
Se versent et se verseront
Le temps que les barricades tombent
Elles sont monde
Femmes
Afghanes
J'ai tout entendu du vent
Le démon qui les étrangle
Les enfers qui se déchaînent
L'endormissement de la tendresse
Mais j'entends leurs voix
Dans cette anthologie
Et mon coeur s'ouvre
A leurs vérités à leurs poésies
Ces arabesques me murmurent
Le réveil
L'espoir
Le printemps
Et alors je joins mon cri
De joie
A cette perspective réjouissante
Et à mes Soeurs de là-bas…
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Anthologie regroupant des poèmes de femmes afghanes, pour la plupart parus dans l'Anthologie des femmes poètes d'Afghanistan publiée aux éditions Khavaran en Afghanistan.
Recueil en version bilingue persan/français établi et traduit par Leili Anvar.

Cri poignant de ces femmes privées de leur liberté, de leurs droits fondamentaux d'êtres humains.
D'ailleurs, comme le souligne la traductrice dans la postface, " en persan, afghân veut dire à la fois "relatif à l'Afghanistan" et "le cri" ".
A la lecture de leurs mots, on peut entendre leurs pleurs, leurs peurs, leurs cris, leurs souffrances face à l'oppression qu'elles subissent depuis que leur pays est retombé sous le joug des talibans.
Privées de liberté, assignées à résidence, voile sur la tête et bouche cousue, elles ont trouvé en la poésie un moyen de résistance et d'expression de leur quotidien chaotique.
Pour certaines, elles ont même été punies pour cela, soit par la contrainte de l'exil, soit par la mort.

Recueil divisé en 5 parties classées par thème :
1) Entends le cri sans voix
L'oppression subie.

2) Etendue grise de douleur
Le quotidien de la guerre

3) Ô mon pays toujours en moi
L'amour de leur patrie malgré l'oppression.

4) Mille désirs avides
Les désirs brûlants de ces femmes. Ces femmes sont des femmes comme les autres et ressentent des émotions ardentes.

5) L'aube que nous attendons
Les espoirs, croire en des jours meilleurs et à la fin de l'oppression.

On ne ressort pas indemne de ce recueil, impuissants face à la souffrance de toutes ces femmes passée sous silence, et qui sont condamnées uniquement pour le fait d'être femmes.

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Jamais je ne lis de poésie ... ou si peu ...
Peut-être parce que ce genre littéraire me semble trop peu ancré dans le réel, à moi, petit professeur d'histoire ?

C'est un tort de ma part. Chaque fois que j'ouvre un recueil, je suis frappé par la puissance des mots, la vitalité qui se dégage des textes.

Ainsi en avait-il été des Feuillets d'Hypnos de René Char.
Ainsi en est-il de ce "Cri des femmes afghanes".

Une anthologie de poèmes de femmes afghanes, chacune étant rendue à la mémoire de l'humanité par les notices biographiques en fin d'ouvrage.
Nombre d'entre elles ont vécu ou vivent encore sous le joug des Talibans.
Certaines ont fait le choix de l'exil.
D'autres ont payé de leur vie ces quelques mots contre la barbarie.

Ces textes, traduits par Leili Anvar, sont d'une beauté qu'on peine d'autant plus à imaginer qu'ils sortent de la bouche de femmes qui vivent l'oppression au quotidien. Classés en chapitres thématiques, ils disent mieux que mille livres, mieux que cent experts, mieux que des dizaines d'enquêtes journalistiques, la réalité de l'Afghanistan d'aujourd'hui.

Parce qu'hélas, publié en 2002, après le premier départ des Talibans, je lis cette poésie en 2023, alors que les mêmes Talibans ont de nouveau jeté un voile de ténèbres sur leur pays, et singulièrement sur les femmes.

Puisse ce cri des femmes afghanes être un jour entendu.
C'est là toute la force et la noblesse de ces textes que d'éveiller nos consciences.
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Ce livre est une anthologie, constituée et traduite par @anvarleili qui explique elle-même avoir été bouleversée par ces poèmes, découverts en 2001, lorsque le pays se libérait des talibans. Aujourd'hui, alors que les talibans ont de nouveau pris le pouvoir avec force, ce recueil se fait brûlant d'actualité. Afghan, c'est ce qui est relatif à l'Afghanistan, mais cela signifie aussi "cri". On a voulu bâillonner ces femmes d'un voile noir, mais ce cri qui s'élève montre que cela ne suffira jamais. &#xNaN
.
L'anthologie est scindée en différentes parties, donnant à entendre la diversité de ces voix. Nous y croisons des femmes qui se révoltent de toute leur âme, des mères qui craignent pour leurs fils, des femmes exilées aux coeurs meurtris, des femmes brûlantes d'un désir que des lois ne sauraient éteindre. Lire ces mots, c'est bien peu de choses que nous pouvons faire, pour le sort de ces citoyennes, et pourtant c'est tellement important, déjà, pour mieux les comprendre. Leur force apporte de l'espoir pour ce pays, nous révolte aussi, au plus profond de nous, et réveille en nous une sororité puissante
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critiques presse (1)
LeMonde
05 août 2022
De cet espace de liberté qu’elles ont trouvé en terre étrangère, elles crient leur colère et leur détermination à résister, par la poésie, aux exactions assassines du pouvoir taliban.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
De tout ce qui se tait …



De tout ce qui se tait, de tout ce qui s’éteint, j’ai peur
Du silence nocturne des ruelles sombres
Lorsque je comprends
Que demain fera naître de nouvelles terreurs
Et des humains à deux têtes
Et aux bras si longs
Qu’ils peuvent atteindre le tréfonds de chaque vie
Atteindre jusqu’aux ruines de mes croyances
Du silence du nouveau-né dans son berceau, j’ai peur
Lorsque chaque matin en ouvrant les yeux
À la place de son père, il voit un fusil accroché au mur qui lui dit bonjour
À l’idée que quelques années plus tard
Il apprendra les additions et les multiplications dans la langue des balles
Et la soustraction en voyant la place vide de ses camarades de classe
Devenus cadavres dans la nuit
Des longues barbes hypnotiques des hommes, j’ai peur
Lorsque je comprends
Qu’elles trament les cordes des pendaisons collectives
De tout ce qui se tait, de tout ce qui s’éteint, j’ai peur
Du silence de Dieu aussi
Dieu, absolument inaccessible aux petites mains suppliantes des
     orphelins.


//Karima Chabrang

/Leili Anvar (Traducteur)
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Aux filles de Kaboul
  
  
  
  
Aux filles de Kaboul avec leurs cheveux aux quatre vents

Ne dis rien

Des couronnes de fleurs rouges posées sur des fronts purs



Aux hommes écervelés de cette génération sans repère

Ne dis rien

Des filles enivrées et séduisantes



Ö vent ! Bien que le flacon de mes vers soit brisé

Ne dis rien

Des pierres du malheur au marchand de verre



Au destin sans foi ni loi, au cœur de pierre

Ne dis rien

De cette présence ténue de l’espoir et de l’attente



Tu as dit tant de choses, n’en dis pas plus

Ne dis plus rien

Des contes bleus de la mer.


// Fâ’eqa Javâd Mohâjer (1975 -)

/ Traduit du persan par Leili Anvar
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Le monde brûle
  
  
  
  
Tant que ton amour en secret brûle dans mon cœur
Mon âme en ton chagrin telle une flamme brûle
Ô mon pays, toujours en moi comme souvenir
Loin de toi, c’est mon âme et mon être qui brûlent
Chaque fois que je commence un poème en ton nom
À ton souvenir, c’est la plume et la langue qui brûlent
De ce feu qu’en toi l’ennemi alluma
Tout notre corps et nos forces vives brûlent
Nous sommes un automne rabougri et on dirait
Que dans la maison des saisons, c’est le temps qui brûle
Loin de toi, prisonniers du gel des intimes douceurs
Dans le feu des pensées, la vie même brûle
Jusqu’à quand regarder cette volée d’oiseaux exilés
Nous, oiseaux dont le nid est en train de brûler ?


// Homâ Âzar
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La nuit, les étoiles
Brûlent de douleur avec nous
La nuit, les nuages
Pleurent de chagrin avec nous
La nuit, les feuilles
Tremblent de peur avec nous
La nuit, les vents
Soufflent de rage avec nous
Et nous, dans les ténèbres de ces nuits
Débordant de cris sans voix
Avec la torche de nos prières
C'est l'aube que nous attendons...

[Parvin Pejvâk]
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Ô vent !
  
  
  
  
Ô vent, ne dis rien à mes yeux du malheur et du bonheur

Ne dis rien

Des jardins verdoyants du monde et des voyages



Là où au cœur des fleurs est morte la ferveur

Ne dis rien

Des oiseaux dont les stridulations chantent les roses



Aux éperviers ensorcelés par le pouvoir des cimes

Ne dis rien

Ne parle pas de quitter le nid par la magie des ailes



// Fâ’eqa Javâd Mohâjer (1975 -)

/ Traduit du persan par Leili Anvar
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Vidéo de Atiq Rahimi
"Bienvenue aux éditions P.O.L", un film de Valérie Mréjen. Pour les 40 ans des éditions P.O.L, quelques un(e)s des auteurs et des autrices publié(e)s aux éditions P.O.L écrivent une carte postale et laissent un message aux éditions P.O.L. Avec par ordre d'apparition de la carte postale: Violaine Schwartz, Jean-Paul Hirsch, Lucie Rico, Emmanuel Lascoux, Jacques jouet, Philippe Michard, François Matton, Frédéric Boyer, Catherine Henri, Suzanne Doppelt, Lamia Zadié, Marianne Alphant, Suzanne Duval, Laure Gouraige, Emmanuel Carrère, Jean Rolin, Elisabeth Filhol, Célia Houdart, Nicolas Fargues, Nicolas Bouyssi, Louise Chennevière, Frédérique Berthet, Marie Darrieussecq, Jocelyne Desverchère, Jean Frémon, Kiko Herrero, Julie Wolkenstein, Emmanuelle Bayamack-Tam, Liliane Giraudon, Frédéric Forte, Pierric Bailly, Valère Novarina, Hélène Zimmer, Nicolas Combet, Christian Prigent, Patrice Robin,, Emmanuelle Salasc, Alice Roland, Shane Haddad, Mathieu Bermann, Arthur Dreyfus, legor Gran, Charles Pennequin, Atiq Rahimi, Anne Portugal, Patrick Lapeyre, Caroline Dubois, Ryad Girod, Valérie Mréjen / Dominique Fourcade, Marielle Hubert, Robert Bober, Pierre Patrolin, Olivier Bouillère, Martin Winckler, Jean-Luc Bayard, Anne Parian, Nathalie Azoulai, Julie Douard, Théo Casciani, Paul Fournel, Raymond Bellour, Christine Montalbetti, Francis Tabouret, Ryoko Sekiguchi,
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