C'est pas l'paysan qui tue le reître,
C'est le reître qui tue l'paysan, tatataam
Moi les reîtres ils nous ont pris,
J'me souviens, à Uchizy !
C'est les reîtres qui ont pris ma mère
C'est les reîtres qui ont pendu mon père,
Puis ils violent aussi les femmes
Qu'ils égorgent dans nos campagnes...
(Mes plus plates excuses au chanteur Renaud pour le détournement de sa chanson "C'est pas l'homme qui prend la mer", mais pour illustrer ce roman où le héros se prénommait Renaud... What'else ?)
Un "reître", c'est quoi ? Autrefois, c'était un cavalier allemand payé par la France comme mercenaire. Un soudard. En un mot, un espèce d'enfoiré de salopard de fils de p*** de sa mère ! Ça tue, ça viole, ça trucide, ça égorge et plus, si affinités.
La vie du héros, Renaud Favrier (pas Séchan) commence mal puisque des reîtres massacrent toute sa famille à Uchizy : papa pendu, maman violée-tuée, mamy trucidée, les frères et soeurs aussi, sauf lui.
Il est âgé de quatre ans, ça commence bien.
Caryl Férey n'a qu'à bien se tenir, je sens venir les morts à la vitesse grand V chez cet auteur.
Recueilli par le notaire, notre petit Renaud deviendra donc son clerc (non, pas son "clerc de lune") dans la ville de Mâcon.
Nous sommes en 1588, en plein dans les guerres de religions qui déchirent votre beau pays, messieurs dames les Français. Violent.
C'est plus impitoyable que Dallas et le contexte politique est plus complexe à comprendre que les institutions Belges réunies. C'est vous dire la complexité.
Et pourquoi ça chauffe en ce temps là ? Nous avons trois Henry prétendant au Trône (puis 2, l'un ayant été zigouillé), les catho contre les huguenots, les Loyalistes contre Ligueurs et ça bouffe du Bon Dieu à toutes les sauces tout en se bouffant entre eux.
Les curés haranguent leurs ouailles, les montant contre les Loyalistes, réclamant leur délations ou leur bain de sang. Les représentants de Dieu sont amour, c'est bien connu (ironie)...
Guère reluisant, cette période. Je viens de m'en sortir mais ce ne fut pas sans mal, déjà que j'eus du mal à lâcher le roman sur la fin. Il a beau faire 600 pages, il se mange tout seul.
Hormis quelques longueurs que je n'ai pas ressenti, il est bien écrit et nous plonge dans l'Histoire de ces guerres de religion où même Dieu a dû perdre son latin et tout le reste. Quand à la France, elle a perdu des fils et des filles.
"Quand les éléphants se battent, c'est l'herbe qui trinque" dit un proverbe Africain. Et bien, quand les rois se battent, c'est le peuple qui crève !
Mais notre Renaud est un sans-peur, prêt à venger sa famille du Teuton et de la bande de mercenaires qui l'a passée au fil de l'épée juste pour le plaisir, sous les yeux du gamin.
Oui, un bon héros, ça doit souffrir dès le départ et notre Renaud n'est pas au bout de ses souffrances. C'est que, on a tendance à beaucoup mourir autour de lui... le virus H1N1, c'est de la petite bière à côté de notre Renaud.
Autre chose : il n'a pas fallu attendre la Seconde Guerre Mondiale pour que les gens dénoncent leurs voisins avec qui ils s'entendaient si bien, avant le conflit. En 1588, ça se pratiquait déjà à tour de bras !
Au final, Renaud sera sauvé par un protestant et une juive, bref, des hérétiques, selon les cathos ! Là où le catho se fit facho et collabo, l'hérétique leur fit la nique.
Quand aux loups, présent à un moment dans le roman, ils n'étaient pas les créatures du diable que Renaud croyait. Comme quoi !
Un chouette roman, assez violent, rempli de cadavres et de viols, de cuissage et de toutes ses joyeusetés.
Ah oui, mesdames, mesdemoiselles, durant la lecture, il faut tout de même faire gaffe aux mains baladeuses des reîtres, soldats, paysans, bref, faire gaffe à tout ce qui a un truc qui pendouille entre les deux jambes, surtout quand ledit "truc" devient raide. Une époque qui aurait été bénie pour un certain D**.
PS : lorsque vous traversez la Bourgogne, faites quand même gaffe à vous, on ne dirait pas, mais, ça pourrait être dangereux.
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