Mondes en guerre, tome 1 : de la Préhistoire au Moyen Âge est le premier opus d'une série de 4 livres dressant le panorama de la guerre dans l'Histoire, des origines de l'humanité à nos jours.
Le propos des auteurs dirigés par
Giusto Traina n'est pas de raconter les guerres et les batailles les unes après les autres mais bien, au travers du prisme de la guerre, d'étudier les relations humaines, les civilisations, les avancées technologiques, les réflexions stratégiques en n'oubliant pratiquement aucun lieux de l'ancien monde (Europe, Asie). Comme le dit
Giusto Traina en préambule, « c'est en dépassant, sans l'ignorer, l'horizon des champs de bataille, que l'on comprend comment le monde fait la guerre et comment la guerre fait le monde »
En plus de 700 pages, avec de magnifiques illustrations, les différents auteurs, spécialistes dans leurs domaines, évoquent l'histoire et la géo-politique, les stratégies, les batailles et leurs tactiques, mais on en apprend aussi beaucoup sur les armements et les « progrès » (si on peu parler de progrès quand il s'agit de tuer d'autres hommes!) techniques, les tenues de combat, la logistique, la composition des armées, etc.
Les civilisations prennent la place qu'occupent les sources historiques à disposition. Presque rien sur la Préhistoire, avec pourtant un passionnant chapitre consacré aux pourquoi des premières guerres de l'humanité.
Ensuite, une grande partie de plusieurs chapitres sur les Grecs et les Romains, après avoir étudié les anciennes civilisations de l'âge du bronze (Mésopotamie, Egypte). Et puis un passage obligé par la Perse. On a aussi droit à des chapitres très intéressants sur la Chine et un peu rapide sur l'Inde. Les peuples nomades et les Celtes sont vite expédiés, mais, cela est du aux sources beaucoup moins nombreuses pour ces peuples qui n'ont pas connu d'écriture.
C'est le principe de ce genre de synthèse d'apporter une information générale dans des chapitres courts et rapidement lus avec une belle bibliographie si on veut approfondir le thème.
De plus, les chapitres consacrés à l'Antiquité sont beaucoup plus nombreux. Ce qui s'explique aussi par la longueur de la période (3 500 ans) par rapport au Moyen Âge (1 000 ans). L'occident médiéval, les Byzantins, le monde arabo-musulmans sont toutefois eux aussi étudié avec soin et précision à travers le prisme de la guerre et des évolutions militaires.
Les illustrations et les nombreuses et excellentes cartes nous permettent de souffler dans le flot d'informations et de se plonger un peu dans le quotidien de l'histoire ou de prendre du recul pour en étudier une vision géopolitique.
On se rend bien compte que la composition des armées, les classes sociales qui en font partie, la préférence accordée à l'infanterie ou la cavalerie, à l'armement léger ou lourds est très révélateurs des évolution sociales et des revendications politiques, des situations économiques de certaines régions du monde ou de certaines périodes historiques.
Des articles autonomes permettent aussi de mettre un coup de projecteur sur une invention, des personnages, des détails (l'organisation d'un camp romain) ou des livres importants. Par exemple, cette multitude de traités de stratégie venus de la Chine ancienne (dont le plus célèbre est
l'Art de la guerre de
Sun Tzu) où l'on s'aperçoit que l'Asie était en avance sur bien des points sur notre civilisation méditerranéenne (seule la Grèce peut rivaliser !).
La démarche est chronologique mais les chapitres plutôt courts permettent surtout de naviguer d'une civilisation à une autre et de décrypter des problématiques qui apparaissent comme universelles : les causes des guerres, l'organisation des armées, l'évolution de la poliorcétique (l'art des sièges), etc. Les campagnes militaires ou certaines batailles servent avant tout d'illustration ou d'exemples aux grandes évolutions ou innovations.
L'ouvrage, bien que scientifique et rédigé par des spécialistes s'adresse avant tout aux néophytes et au plus grand nombre. Comme toujours avec ces livres collectifs, les apports sont inégaux, mais en règle générale, cela se lit plutôt bien.