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EAN : 9782246825784
252 pages
Grasset (17/08/2022)
3.43/5   65 notes
Résumé :
L’« affaire des diamants » ! Qui ne se souvient de ce scandale politique qui a agité la Cinquième République de Giscard d’Estaing, et a marqué pour celui-ci le début de sa fin ? Sans qu’il y soit jamais nommé autrement que « le Président », il est l’objet de toute la stupéfaction, de toutes les spéculations, de toutes les interrogations dans ce roman satirique et brillant. Tout Paris bruit dans le silence. Accusé par la presse d’avoir accepté des diamants de la ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Un silence qui en dit long.

Quarante-neuf jours, c'est le temps qu'il aura fallu à celui qui ne sera jamais nommé dans le roman pour s'exprimer après la révélation par un célèbre journal satirique – le Canard enchaîné – de cadeaux somptuaires offerts donc au Président français de l'époque – Valéry Giscard d'Estaing – par le sémillant empereur fantoche de Centrafrique, Bokassa Ier, dont le couronnement
outrageusement napoléonien est alors encore dans toutes les mémoires.

De ces cadeaux, qui deviendront “l'affaire des diamants”, on ne sait rien. Mais on ne parle que de ça. Devant le silence présidentiel assourdissant, Pauline Dreyfus met en scène une galerie de
personnages, de l'immigrée portugaise au directeur de cabinet en passant par la haute société parisienne. Tout le monde a la bouche pleine de diamants et de questions sournoises ou affolées.

C'est toute une époque que l'auteure reconstitue, avec son bal de faux-culs, de serviteurs zélés et de charognards patentés. Une époque pas si révolue avec beaucoup de questions et peu de réponses, dans ce livre qui déclenche souvent le sourire, tournant en ridicule la morgue des puissants, autant qu'il impressionne par son talent.
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Excellent ! Coup de coeur !

L'”affaire des diamants” ! Qui ne se souvient de ce scandale politique qui a agité la Cinquième République de Giscard d'Estaing, et a marqué pour celui-ci le début de sa fin ?

Pendant les quarante-neuf jours de ce roman, l'auteure fait défiler un mélange hétéroclite de personnages : “Une immigrée portugaise, un nightclubber, un dissident russe, une journaliste espérant la gloire, un chef du protocole de l'Elysée atterré, un châtelain ruiné, un chômeur pilier de bar, une militante féministe, un inspecteur des Renseignements généraux, sans oublier une cabaretière astrologue !”.

Je me souviens bien du malaise qu'avait suscité le silence du Président ainsi que des conjectures émises par tout un chacun tout ceci ayant profité grandement au chiffre d'affaires des bars et cafés !

Pauline Dreyfus a une plume acérée, elle m'a donné l'impression d'être un chat ronronnant qui d'un coup sort les griffes ! J'ai cru un moment qu'il y avait un souci de mise en page, comme cela arrive en ebook, mais c'est un choix rédactionnel. Tout comme certains paragraphes sans ponctuation, qui donnent de la puissance au cynisme et à la dérision qui suintent du texte ! J'ai souvent éclaté de rire, il faut le dire, tellement c'est brillant !

Une analyse des personnages fine et perspicace qui s'appuie sur des faits réels, ou non-faits si l'on préfère, le Président n'ayant jamais expliqué quoique ce soit !

Belle rencontre, c'est ma première lecture d'un roman de Pauline Dreyfus.

#LePrésidentsetait #NetGalleyFrance #rentreelitteraire2022

Challenge Jeux en Foli...ttérature 12
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Octobre 1979... réception à l'Elysée, le Président converse avec le directeur du journal le Monde. Les invités ne le savent pas encore mais demain le scoop va éclater : Bokassa, le dictateur africain déchu aurait offert de magnifiques diamants à son ami le président français. La France retient son souffle et attend une explication, une justification, un démenti et rien : le Président se tait.

En 13 points de vue de personnages très différents et 49 jours correspondant à la durée du silence du Président, Pauline Dreyfus (qui porte le même prénom qu'un de ses personnages, petite fille âgée de 10 ans observant le monde - est-ce une coïncidence ?) dresse une jubilatoire comédie centrée autour de cette France des années 70 et de ce (plus si) jeune président qui avait incarné la modernité et qui d'un coup semble avoir perdu le contact avec les français. le roman alterne les points de vue de chapitre en chapitre et passe d'un personnage à l'autre façon ronde ou comptine enfantine : l'un rencontre l'autre qui croise le 3e et ainsi de suite. Par ces regards croisés, l'auteure s'emploie à faire revivre brillamment toute une époque, immigrés portugais venus travailler en France pour mieux gagner leur vie admirant ce pays de la modernité, jeunes femmes militant au MLF, espion des RG, journaliste carriériste ou bourgeoise organisant des dîners mondains, ils sont tous là et chacun de leur point de vue donne à voir une petite facette de la France de cette époque et des partisans ou adversaires de VGE, ce Président au P majuscule qui n'est jamais nommé.

Le plus réjouissant dans ce roman est le talent avec lequel l'auteure glisse de ci de là une petite pointe d'ironie ou de second degré, moquant gentiment les moeurs de l'époque ou glissant une comparaison subtile (voire anachronique en note de bas de page) avec notre monde contemporain. Tous ses portraits sonnent juste, loin de la caricature ils sont le reflet d'une époque de changement, de transition (d'ailleurs un des chapitres évoque la crainte des rugissantes années 80 qui pointent le bout de leur nez), entre conformisme et modernité frémissante, admiration pour le progrès et la technologie et regret de valeurs disparues. Contrairement à d'autres romans qui tentent de faire revivre une décennie passée en convoquant un maximum de détails et de faits historiques, Pauline Dreyfus procède ici par petites touches et sans jamais entrer dans de longues descriptions arrive à nous plonger dans l'ambiance et à nous faire revivre les faits marquants de ces 2 mois particuliers.

Un roman dans lequel je suis entrée petit à petit, les premiers chapitres me paraissant sympathiques mais un peu plats et que je n'ai finalement pas pu lâcher et ai dévoré en 2 jours ! On se laisse vite prendre dans l'ambiance et le jeu des portraits et surtout on sourit, on rit, on s'attendrit. Mention spécial à l'humour de l'auteure, plusieurs pages ou situations sont vraiment géniales. Un titre que j'ai aimé découvrir et avec lequel j'ai passé un bon moment,cela me donne envie de découvrir les autres romans de Pauline Dreyfus.

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Il y a longtemps déjà, j'avais eu un échange épistolaire avec le Président Valéry Giscard d'Estaing suite à la parution du "Pouvoir et la vie" , ouvrage dans lequel il soutenait qu'il avait été battu en 1981 suite à la trahison du R.P.R. et de Jacques Chirac qui, en sous-main, avaient appelé à voter pour son adversaire. Ma théorie de citoyen était que, si Lionel Jospin avait perdu en 2002 c'était à cause des 35 heures et des disparités stratosphériques qu'elles avaient engendré quant aux R.T.T. suivant l'emploi des salariés (sans compter que certains cadres A étaient contraints à la pointeuse pour mesurer le temps de travail et le droit aux R.T.T...), et que c'était - pour rester iconoclaste- à cause des "diamants" que VGE n'avait pas été réélu. Il m'avait répondu qu'il affectionnait toutes les remarques, "même les moins laudatives". Dans ce contexte, si personnel, mais pas tant que cela car, à l'époque, tout le monde avait dans la tête cette histoire et que François Mitterrand, pour enfoncer le clou, avait, après le débat de l'entre deux tours répondu à la question d'un journaliste : qu'auriez-vous pu rajouter lors du débat?
- Lorsqu'il m'a demandé quel était le cours du dollar, j'aurais du lui répondre : Savez-vous quel est le cours du diamant?, j'ai sauté sur ce livre pour en savoir plus rétrospectivement.
Aucune révélation n'y est à y trouver.
Mais, c'est beaucoup mieux que ça. L'auteur, dans une langue recherchée et un vocabulaire précis et varié, manie l'humour et divers styles (à l'inverse de beaucoup de ses consoeurs contemporaines) avec bonheur pour nous délecter à la lecture de son ouvrage. Finement, brillamment, elle nous ramène à l'époque du M.L.F., des R.G. tout-puissants, de la loi Veil, des immigrés portugais, pour nous donner sa version tout en nuances, et à laquelle je souscris entièrement.
Comme il a déjà été dit quelque part: Merci, Madame Dreyfus, pour ce moment.
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Quel plaisir de retrouver le piquant de la plume de Pauline Dreyfus qui excelle à croquer les moeurs de la bourgeoisie et de ce qui fait son charme discret. Pas de meilleur terrain d'observation que la fin de l'année 1979, crépuscule d'une décennie libératrice qui voit déjà s'amorcer de nouveaux mouvements de la société. Après l'espoir de modernité soulevé par l'élection de Valéry Giscard d'Estaing en 1974, on est plus proche de la déception au moment où sort la fameuse affaire des diamants de Bokassa. Aux révélations de la presse le 10 octobre 1979, le Président opposera le silence pendant de longues semaines. Ce sera le fil rouge, l'élément ordonnateur de ce roman qui fait parler une savoureuse galerie de personnages et est malicieusement dédié "aux bavards". Pauline Dreyfus orchestre une ronde, une sorte de relais au cours duquel les protagonistes se passent le témoin sans forcément se connaître et permettent à l'autrice de restituer avec l'acuité et l'humour qui la caractérisent l'atmosphère de ces années où les bourgeois sont invités à se décrisper, où les changements de gouvernance du monde sont épinglés sur le mur des portraits du bureau du chef du protocole du Palais de l'Elysée, où les militantes féministes s'organisent tandis que la promotion canapé fonctionne toujours, où les maîtresses de maison s'arrachent les "50 qui sont l'avenir de la France" d'après Le Nouvel Observateur, tandis que les Renseignements généraux courent les bistrots. On y croise les réformes et les grands faits sociétaux et leurs impacts parfois insoupçonnés sur les vies de certains individus. C'est drôle, bien vu et plein de fraîcheur et de clins d'oeil. Ça interroge le poids des mots à une époque où l'on ne soupçonnait sans doute pas complètement l'évolution de la cacophonie médiatique, ni l'amplification du bruit du monde. C'est sans doute le résultat des observations consignées dans ses carnets par une certaine Pauline de 10 ans, une enfant qui préférait regarder par la fenêtre que coller des posters sur le mur de sa chambre ; elle est bien inspirée de nous les livrer, c'est délicieusement croustillant.
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critiques presse (3)
LeMonde
21 novembre 2022
Ce joli roman sur l’affaire qui coûta son siège à Giscard est construit sur le mode de « La Ronde », d’Arthur ­Schnitzler.
Lire la critique sur le site : LeMonde
RadioFranceInternationale
19 octobre 2022
De ce silence, Pauline Dreyfus a fait toute une affaire, et un roman pétillant et capricant, aux allures de comédie sociale, qui raconte toute une époque à travers une ronde de personnages savoureux.
Lire la critique sur le site : RadioFranceInternationale
LeFigaro
01 septembre 2022
Les scènes de genre et la savoureuse galerie de caractères brossées par l’auteur comportent en creux une critique de ce qui va advenir: la société du bavardage.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (47) Voir plus Ajouter une citation
S'il ne parle pas, c'est qu'il espère que l'incendie va s'éteindre de lui-même. Ce dont on ne parle pas n'existe pas. C'est une tactique vieille comme le monde.
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Elle aurait volontiers continué à contempler cette scène réjouissante, mais déjà on entendait le crissement des pneus officiels sur les pavés de la cour, on percevait les piétinements impatients des invités pris en otage par l'aparté présidentiel, puisqu'en vertu d'un protocole désuet le Président devait être le dernier arrivé et le premier parti (...)
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Au printemps 1974, Hedwige avait adhéré sans réserve à la vulgate du changement. Le vent de la modernité soufflait et cela faisait un bien fou. Elle se sentait rajeunir tous les jours. Elle avait vénéré ce Président jeune et séduisant, admiré sa façon de jeter la jaquette et le chauffeur dans les orties du passé, loué sa promptitude à engager des réformes. Le nouveau Président voulait décrisper la société. Hedwige avait décrispé sa garde-robe, Saint Laurent Rive Gauche avait remplacé Madame Grès dans ses armoires – elle avait même acheté un blue-jean pour la première fois de sa vie ; elle avait décrispé ses habitudes, boudant de plus en plus souvent ses après-midi de bridge ; elle avait décrispé ses lectures, délaissé Guy des Cars pour adopter Barthes, et s’était même abonnée au Nouvel Observateur (qu’elle appelait, dans le souci de décrisper son langage, « Le Nouvel Obs »). Enfin, dans un louable souci de décrisper les relations familiales, elle avait décidé que dorénavant, le mois d’août se passerait dans une villa louée au Pyla plutôt que chez ses beaux-parents, au fin fond du Perche. À quarante ans, elle s’était sentie jeune comme jamais. Hubert avait déploré en silence la mort prématurée du président Pompidou.
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On a elu un technocrate qui vénérait le progrès, l'Amérique, les ordinateurs et les trains à grande vitesse et on se retrouve avec un gentleman-farmer.
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L'histoire, la grande comme la petite, était tragique : découvrir cette évidence, ou qu'on soit, n'était pas le moment le plus plaisant de l'existence.
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Videos de Pauline Dreyfus (14) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pauline Dreyfus
Pauline Dreyfus vous présente son ouvrage "Le Président se tait". Parution le 17 août aux éditions Grasset. Rentrée littéraire automne 2022.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2639268/pauline-dreyfus-le-president-se-tait
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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