Voilà un petit livre méchant, singulier et turbulent, trempé d'un style étonnant, qui laisse différent et mal à l'aise. L'histoire d'un homme, Samuel, qui se confie à un thérapeute pleutre, qui se confit dans une relation familiale qui prend l'eau tout en faisant des mines de gargouille en train de se noyer, un con ? Fi de cet homme là qui n'aime plus ses enfants, arrête de bosser et traine sa dépression comme un chien enragé dans le chenil de ses pensées et voit clair dans le jeu de tromperie de sa femme.
Attention tout est à lire au sens littéral ("je me comprends.") avec comparaison inédite de la haute fonction d'écrivain ("un romancier n'a jamais été pour lui que le résultat d'un croisement hybride entre un grammairien et un concessionnaire Toyota."), métaphore ("La confusion de la symbolique"), allégorie ("Je sais ce que je dis.") et hyperbole de celui qui n'a pas de bol.
Mais bon sang qu'est-ce qu'on rit et on jubile aussi.
Enfin on est pas déçu du voyage, entre un clin d'oeil à
Proust, un retour vers 63, année dramatique à Dallas Kennedyéisé avec une montre qui renferme le temps et des histoires en tiroirs qui ne s'arrêtent jamais de s'ouvrir en claquant les dents des sens cachés, des baffes magistrales aux personnages standardisés en quête de bonheur bon marché et des remises à l'heure pour ceux qui sont censés soigner nos maux (mots ?), cette mauvaise "troupe de dindons vétilleux" qui composent la clique de la dentisterie et consort.