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Citations sur Une vie française (233)

L'amour est l'un des sentiments sophistiqués que nous avons appris à développer. Il fait partie des divertissements opiacés qui nous aident à patienter en attendant la mort.
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Je vois la vie comme un exercice solitaire, une traversée sans but, un voyage sur un lac à la fois calme et nauséabond. La plupart du temps nous flottons. Parfois, sous l'effet de notre propre poids nous glissons vers le fond. Lorsque nous le touchons, lorsque nous sentons sous nos pieds la substance vaguement molle et écœurante de nos origines, alors nous éprouvons la peur ancestrale qui habite tous les têtards voués à l'abattoir. Une vie n'est jamais que ça. Un exercice de patience avec toujours un peu de vase au fond du vase.
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L’autre n’était que le reflet trompeur de soi-même, le miroir chargé d’apaiser la terreur d’une insondable solitude. Nous avons tous la faiblesse de croire que chaque histoire d’amour est unique, exceptionnelle. Rien n’est plus faux. Tous nos élans de cœur sont identiques, reproductibles, prévisibles. Passé le foudroiement initial, viennent les longues journées de l’habitude qui précèdent le couloir infini de l’ennui. Tout cela est embossé dans le creux de nos cœurs. Le rythme et l’intensité de ces séquences dépendent uniquement de notre taux d’hormones, de l’humeur de nos molécules et de la rapidité de nos synapses. Notre éducation – notre dressage, devrais-je dire – se charge du reste, c’est-à-dire de nous faire croire qu’un esprit obnubilé, un ventricule palpitant et une queue bien raide sont les marques bienheureuses de je ne sais quelle grâce divine ou surnaturelle accordée au cas par cas aux mortels que nous sommes. L’amour est l’un de ces sentiments sophistiqués que nous avons appris à développer. Il fait partie des divertissements opiacés qui nous aident à patienter en attendant la mort.
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Vivre avec Anna était aussi simple, aussi agréable, que descendre une longue côte à vélo par un après-midi d’été.
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Une succession de soleils et de lunes sous lesquels je fus pétri, manipulé, avalé, léché, caressé, cent vingt heures d’un voyage étincelant durant lequel j’eus l’impression qu’un chaman glissait dans ma poitrine des papillons aux ailes incandescentes.
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Aux émeutiers, je dois une fière chandelle, celle de ce baccalauréat bouffon et enturbanné, offert sur un plateau par une caste que je voyais trembler pour la première fois. Je n'ai jamais aimé les professeurs. Je ne fais pas partie de ces repentis de la scolarité ou de l'université rendant un hommage tardif, voire posthume, à l'un ou l'autre de leurs anciens maîtres censés les avoir élevés au-dessus de leur condition en leur révélant les beautés de la littérature et les charmes des sciences physiques ou humaines. Tous les enseignants que j'ai croisés dans ma vie ̶ instituteurs, professeurs, assistants, titulaires de chaire, remplaçants de pacotille ̶ , tous étaient des rosses, des carnes, des baltringues lâches et démagogiques, imbus d'eux-mêmes, serrant la bride aux faibles, flattant la croupe des forts, et conservant jusqu'à la fin ce goût maniaque de la classification, de l'élimination, de l'humiliation. L'école ou la faculté ne me sont jamais apparues comme des lieux d'apprentissage ou d'épanouissement mais plutôt comme des centres de tri chargés de remplir, selon la demande, usines et bureaux.
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''Je n'ai jamais prié, ni cru de bonne foi en quoi que ce soit, je vois la vie comme un exercice solitaire...''
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J'ai souvent été frappé par l'acharnement avec lequel des gens éduqués, raisonnables et intelligents s'ingénient à gâcher leur vie sexuelle en s'appariant durant des décennies avec un partenaire lui aussi affectueux, talentueux et brillant, mais doté d'une horloge biologique et sociale qui jamais ne s'accorde avec celle de son conjoint. Et malgré cette incompatibilité, le couple asynchrone s'accroche, se débat dans la glu de l'impossible, la vase des frustrations, niant l'évidence.

FRANÇOIS MITTERRAND (I) : 27 mai 1981— 7 mai 1988.
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— Vous savez que vous êtes le seul, au journal, à ne pas me tutoyer ?
— J'ai toujours détesté le tutoiement professionnel, cette espèce de familiarité poisseuse qui voudrait que les membres d'un même compagnonnage au nom de je ne sais quelle confraternité, s'affranchissent des égards élémentaires.

VALÉRY GISCARD D'ESTAING : 27 mai 1974 — 21 mai 1981.
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Le 17, la guerre du Golfe éclata. […] Comme tous les autres Français, je m'assis alors devant la télévision et regardais comment s'y prenait l'Amérique pour embobiner le monde. Altération de la réalité. Malversations sémantiques. Falsification des causes. Amplification des effets. Témoignages truqués. Contrefaçon des preuves. Détournement des buts. Déguisement de la souffrance. Dissimulation des morts. Ces gens d'outre-Atlantique incarnaient la forme civilisée de la barbarie. Manipulateurs de conscience, exterminateurs de pensée, inséminateurs d'idées prédatrices, ils avaient fait de l'image un miroir mensonger qu'avec la complicité de hâbleurs stipendiés, ils pouvaient déformer à leur guise en fonction de leurs besoins.

FRANÇOIS MITTERAND (II) : 8 mai 1988 — 17 mai 1995.
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