Citations sur Une vie française (227)
Sans doute avait elle tous les charmes de la jeunesse, souplesse, brillance et fermeté, mais il lui manquait le savoir, la patine, la juteuse sensualité des femmes de plus de 40 ans.
Ce qu'Anna appelait le monde réel était l'univers des affaires, un globe suffisant et mature régi par des gens avisés, responsables, embauchant à la petite cuillère, licenciant à grands seaux, transformant habilement le travail en une denrée aussi rare que le cobalt et dressant des générations entières à l'humiliant exercice de la génuflexion.
« Personne ne nous appartient, excepté dans nos souvenirs. »
J'avais rencontré une fille à une fête durant un voyage de travail. On avait beaucoup bu et on s'est retrouvés dans ma chambre. Le lendemain matin, quand je me suis réveillé elle n'était plus là. En revanche, il y avait un mot sur la table de nuit. Et tu sais ce qu'elle avait écrit? "J'en ai connu qui s'endormaient avant, d'autres juste après, mais tu es le premier qui s'endort pendant."
Nous avons tous la faiblesse de croire que chaque histoire d'amour est unique, exceptionnelle. Rien n'est plus faux. Tous nos élans du cœur sont identiques, reproductibles, prévisibles. Passé le foudroiement initial, viennent les longues journées d'habitude qui précèdent le couloir infini de l'ennui. Tout cela est embossé dans le creux de nos cœurs.
J'avais aspiré et broyé une grande quantité de feuilles pour en faire du compost, mais il en restait encore une grosse quantité que je décidais de brûler. Tandis que je surveillais et aérais le feu, le jour tomba doucement. Ce jardin m'apparut alors comme une parcelle d'harmonie, un petit territoire hors du monde. Non qu'il fût particulièrement soigné, raffiné ou ordonné, mais quelques simples arbustes, émergeant des nappes de fumée, donnaient une idée à peu près exacte de ce que pourrait être le squelette du bonheur débarrassé de l'embonpoint des hommes.
Sans l'avoir voulu, et bien malgré moi, j'étais le pur produit d'une époque sans scrupule, férocement opportuniste, où le travail n'avait de valeur que pour ceux qui n'en avaient pas.
Tous nos élans de cœur sont identiques, reproductibles, prévisibles. Passé le foudroiement initial, viennent les longues journées de l’habitude qui précèdent le couloir infini de l’ennui.
Ce qu’Anna appelait le monde réel était l’univers des affaires, un globe suffisant et mature régi par des gens avisés, responsables, embauchant à la petite cuillère, licenciant à grand seaux, transformant habilement le travail en une denrée aussi rare que le cobalt et dressant des générations entières à l’humiliant exercice de la génuflexion.
A l’époque, il n’était pas nécessaire de produire cinq ans de feuilles de paye, six certificats médicaux, sept mois de caution, huit garanties bancaires, neuf copies de casier judiciaire, et d’avoir un faciès d’héritier pour trouver un logement.