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EAN : 9782889600519
260 pages
La Baconniere (21/05/2021)
4.67/5   3 notes
Résumé :
De Stendhal à Zola, le roman réaliste est le roman-feuilleton de la société démocratique engendrée par la Révolution française. Lui-même genre démocratique, il fait entendre le pluralisme des discours libéraux, socialistes, chrétiens, républicains, monarchistes... Cette prose est politique : elle ne représente pas le réel, elle questionne les discours de son temps sur le réel. De tonalité satirique, le roman manifeste une démocratie désenchantée en mal de valeurs, a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Cette oeuvre est réservée à des lecteurs avertis, professionnels, étudiants ou passionnés par le dix-neuvième siècle et ses grands bouleversements sociaux, historiques, artistiques ou encore, médicaux et techniques. Depuis la Révolution française, la France connaît un siècle de changements divers et le roman qualifié de réaliste dépeint avec plus ou moins d'exactitude et en fonction du point de vue et de la place des auteurs dans la société, ces mondes nouveaux, souvent à la façon des romans-feuilletons en vogue à l'époque. Ainsi, De Stendhal à Zola en passant par Flaubert ou Maupassant, la société démocratique naissante est montrée sous ses multiples facettes thématiques mais aussi formelles. En effet, le roman réaliste apparaît comme genre démocratique puisqu'il fait entendre la pluralité des discours libéraux, socialistes, chrétiens, ceux d'un monde républicain, conservateur et monarchiste. Aussi, on peut dire que ces romans sont politiques voire engagés et laissent apparaître différents types de personnages, tout en multipliant les points de vue ; c'est ainsi que l'auteur donne parfois à entre sa voix afin de tenir le lecteur à distance avec la mièvrerie des bons sentiments, un pathétisme exacerbé et la rêverie. La plupart de ces romans appellent à la réflexion en questionnant les discours et le récit de leur temps ; la notion de vérité est elle aussi éprouvée puisque les auteurs n'hésitent pas à montrer l'envers du décors, le travail de l'artiste (Le Rouge et le Noir, L'Oeuvre).
Dans son essai, Philippe Dufour rappelle le ton satirique parfois propre à ces romans qui exposent une démocratie désenchantée en mal de valeurs, principalement après 1830 où le triomphe d'un libéralisme bourgeois "de plus en plus oublieux de l'idéal des Lumières en est au point de rallier le darwinisme social bientôt théorisé par Herbert Spencer". Et c'est ainsi que les romans proposeront des héros, souvent issus de classes sociales défavorisées qui accéderont au pouvoir grâce à leur intelligence et à leur capacité à saisir les opportunités (l'auteur cite à juste titre Eugène Rastignac, Georges Duroy et Aristide Saccard) dans une France où l'industrie, la finance ou encore les grands travaux sont en plein essor, sans oublier l'époque de la colonisation de l'Afrique du Nord et les possibilités de carrière qui en découleront.
Les grands romanciers du dix-neuvième siècle s'interrogent dans des récits qui exposent leur propres opinions souvent contrastées. Balzac, Stendhal, Flaubert, Hugo, Zola et Maupassant mettent en scène des individus romanesques dont les pensées et les actes font toujours écho dans notre monde d'aujourd'hui.
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Cet essai se penche sur le roman réaliste comme genre démocratique. En effet, plonger dans un roman du XIXème c'est se confronter à de multiples points de vue (libéraux, socialistes, monarchistes, républicains, chrétiens, etc.) dans un monde traversé par de nombreux changements (comme je l'ai souligné dans ma critique de le Rouge et le Noir). Cela m'a intéressée car nous sommes dans une crise démocratique et que le retour aux oeuvres du XIXème l'an dernier m'a paru essentiel sans que je sois capable d'identifier vraiment pourquoi. le XIXème siècle, un siècle de perturbations également, mais qu'on peut analyser avec recul. D'ailleurs, Dufour le dit, ces romans ont « une actualité » qu'il juge supérieure à la littérature de notre époque. Je ne sais pas si je suis d'accord sur la supériorité, mais je le rejoins sur l'actualité. Au sein de XIXème se trouvent « les origines et les fondements de notre société démocratique ». Il propose donc de lire ces oeuvres au regard du contexte de parution et du nôtre, lecteurs du XXIème. Un beau programme !

Le livre est divisé en trois grandes parties (contenant chacun plusieurs chapitres) : mobilité, médiocrité et humanité. Ces trois traits définissent la société démocratique selon Tocqueville (en lien avec une vision pragmatique de la devise : liberté, égalité, fraternité. Par exemple, la mobilité est la conséquence logique des notions liberté + égalité puisque les citoyens peuvent en principe construire leur destin. Tout est expliqué en détail dans le livre. La structure est bien faite.). A quel point ces notions peuvent coexister ? Comment les articuler ?

C'est un ouvrage universitaire. Au début, j'ai mis un peu de temps à appréhender certains termes qui m'étaient étrangers. Je pense que ceux qui ont une licence en lettres auront moins de difficulté (ou ceux ayant appris ces termes en autodidacte évidemment). Par exemple, la première fois que j'ai lu « dialogisme aporétique », j'ai été obligée de me référer à un dictionnaire car ce sont plutôt des notions didactiques. C'est surtout pour vous dire qu'il vaut mieux un lecteur averti dans ce domaine ou être prêt à s'investir dans cette lecture. Pour ma part, j'étais très intéressée et fait des recherches parallèles avec plaisir. Si j'ai trouvé le prologue un peu compliqué, la suite fut davantage aisée. Est-ce le fruit de mes recherches préalables ou est-elle réellement plus facile à comprendre ? Je pense qu'il s'agit un peu des deux.

Le thème est passionnant. Mon attrait pour le mouvement réaliste est très récent quand on y pense. L'auteur fait principalement référence aux auteurs suivants : Balzac, Zola, Flaubert, Stendhal, Hugo. Que des auteurs que j'ai lus et appréciés récemment. Ma formation initiale comporte tout ce qui est économie et politique. Sur cela, j'ai été plus à l'aise, j'ai oublié de le mentionner. Me concernant, cet essai conjugue alors deux de mes centres d'intérêt principaux.

J'ai adoré accéder à ces recherches notamment sur la réception des oeuvres à l'époque avec des citations à l'appui et leur analyse sous les divers angles mentionnés plus haut. Il est également fait mention de la réception des peintres réalistes de l'époque et pas seulement des écrivains, ce qui complète le tableau contextuel. Il évoque aussi l'évolution de la réception. Par exemple : « le roman réaliste devient un roman historique parlant d'un autre monde ». Ces réflexions m'ont beaucoup plu et apporté. de plus, certains chapitres traitent des thèmes que je préfère dans les romans comme l'ambition ou encore le matérialisme. J'ai d'autant plus envie de me replonger dans ces livres, d'approfondir toutes ces réflexions plus que jamais d'actualité. Et pourquoi pas, lire plus d'ouvrages de ce genre.
Lien : https://lectoplum.wordpress...
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Bon, on va faire court : ceci est un livre assez complet (mais sans jamais s'éterniser pour autant) sur les différents courants politiques dans celui artistique (et surtout littéraire) du réalisme. Cela dit, on pourra lui reprocher d'avoir une palette très large : Les Misérables se retrouvent ainsi aux côtés de Zola quand il s'agit davantage d'une oeuvre romantique ; quant à Salammbô, je ne vois pas ce qu'il vient faire là-dedans. Les comparaisons avec le monde d'aujourd'hui pourront également déranger certains, même si je l'ai au contraire vu d'un oeil positif car cela permettait de réactualiser le sujet. Enfin, le style des ouvrages universitaires se montre parfois assez aride… ce qui est contre-balancé par une digression bienvenue sur Achille Talon. Bref, un livre exhaustif et intéressant tant sur la politique que la littérature.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Tout se passe comme si aujourd'hui dans la démocratie du vote blanc et de l'abstention, le pouvoir élu, certes légal, n'apparaissait plus aussi légitime : simplement issu de nos classes politiques élues par un petit nombre, comme au temps de la monarchie censitaire. Alors il reste au pays réel qui ne se sent pas représenté la rue pour faire entendre sa protestation au pays légal. C'est l'actualité des Misérables.
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« Quand j'entends quelqu'un me demander si l'opposition droite / gauche a encore un sens, la première idée qui me vient est que cette personne n'est pas de gauche », disait le philosophe Alain d'un mot plus que jamais actuel.
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[Margaret Thatcher lors d'une émeute ouvrière :] "I must tell you that we got is an attempt to substitute the rule of the mob to the rule of the law and it must not succeed. [...] The rule of the law must prevail over the rule of the mob." Ce peuple était somme toute putschiste aux yeux de l'amie du général Pinochet.
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Le type du misérable jeté dans la rue, du SDF comme dit la froide langue des sigles aujourd'hui qui a tôt fait d'escamoter l'humain.
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La fraternité ne s'impose pas ; elle est à imposer.
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