Cet essai se penche sur le roman réaliste comme genre démocratique. En effet, plonger dans un roman du XIXème c'est se confronter à de multiples points de vue (libéraux, socialistes, monarchistes, républicains, chrétiens, etc.) dans un monde traversé par de nombreux changements (comme je l'ai souligné dans ma critique de
le Rouge et le Noir). Cela m'a intéressée car nous sommes dans une crise démocratique et que le retour aux oeuvres du XIXème l'an dernier m'a paru essentiel sans que je sois capable d'identifier vraiment pourquoi. le XIXème siècle, un siècle de perturbations également, mais qu'on peut analyser avec recul. D'ailleurs, Dufour le dit, ces romans ont « une actualité » qu'il juge supérieure à la littérature de notre époque. Je ne sais pas si je suis d'accord sur la supériorité, mais je le rejoins sur l'actualité. Au sein de XIXème se trouvent « les origines et les fondements de notre société démocratique ». Il propose donc de lire ces oeuvres au regard du contexte de parution et du nôtre, lecteurs du XXIème. Un beau programme !
Le livre est divisé en trois grandes parties (contenant chacun plusieurs chapitres) : mobilité, médiocrité et humanité. Ces trois traits définissent la société démocratique selon Tocqueville (en lien avec une vision pragmatique de la devise : liberté, égalité, fraternité. Par exemple, la mobilité est la conséquence logique des notions liberté + égalité puisque les citoyens peuvent en principe construire leur destin. Tout est expliqué en détail dans le livre. La structure est bien faite.). A quel point ces notions peuvent coexister ? Comment les articuler ?
C'est un ouvrage universitaire. Au début, j'ai mis un peu de temps à appréhender certains termes qui m'étaient étrangers. Je pense que ceux qui ont une licence en lettres auront moins de difficulté (ou ceux ayant appris ces termes en autodidacte évidemment). Par exemple, la première fois que j'ai lu « dialogisme aporétique », j'ai été obligée de me référer à un dictionnaire car ce sont plutôt des notions didactiques. C'est surtout pour vous dire qu'il vaut mieux un lecteur averti dans ce domaine ou être prêt à s'investir dans cette lecture. Pour ma part, j'étais très intéressée et fait des recherches parallèles avec plaisir. Si j'ai trouvé le prologue un peu compliqué, la suite fut davantage aisée. Est-ce le fruit de mes recherches préalables ou est-elle réellement plus facile à comprendre ? Je pense qu'il s'agit un peu des deux.
Le thème est passionnant. Mon attrait pour le mouvement réaliste est très récent quand on y pense. L'auteur fait principalement référence aux auteurs suivants :
Balzac,
Zola,
Flaubert,
Stendhal, Hugo. Que des auteurs que j'ai lus et appréciés récemment. Ma formation initiale comporte tout ce qui est économie et politique. Sur cela, j'ai été plus à l'aise, j'ai oublié de le mentionner. Me concernant, cet essai conjugue alors deux de mes centres d'intérêt principaux.
J'ai adoré accéder à ces recherches notamment sur la réception des oeuvres à l'époque avec des citations à l'appui et leur analyse sous les divers angles mentionnés plus haut. Il est également fait mention de la réception des peintres réalistes de l'époque et pas seulement des écrivains, ce qui complète le tableau contextuel. Il évoque aussi l'évolution de la réception. Par exemple : « le roman réaliste devient un roman historique parlant d'un autre monde ». Ces réflexions m'ont beaucoup plu et apporté. de plus, certains chapitres traitent des thèmes que je préfère dans les romans comme l'ambition ou encore le matérialisme. J'ai d'autant plus envie de me replonger dans ces livres, d'approfondir toutes ces réflexions plus que jamais d'actualité. Et pourquoi pas, lire plus d'ouvrages de ce genre.
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