...Ce métier impossible qu'on appelle celui de psychanalyste, Didier Dumas en fait comprendre la douloureuse et parfois pathétique difficulté, mais aussi les joies. On y perçoit les moments éprouvants du détachement nécessaire par rapport à la réalité du destin de ces patients dont avec nous,quant à l'inconscient,le travail a ses limites - parfois ,hélas,les nôtres - ,limites qu'en aucun cas nous n'avons à transgresser pour jouer un rôle de fait dans leur réalité. Didier Dumas fait comprendre la difficulté de se détacher de ses analysants - le moment pour eux venu - alors que bien des épreuves sont devant eux,dans la réalité .Certains psychanalystes n'y arrivent pas,sinon avec tous,au moins avec quelques-uns des patients qui dans leur travail ont fait avec eux une remontée de gouffre.C'est difficile également parce que nos patients sont aussi nos maîtres,un peu comme qui dirait des parents initiateurs pour un enfant,et leur enfant pour ses parents,bref des compagnons par lesquels se continue notre propre analyse.Depuis Freud,ce problème s'est posé à beaucoup d'analystes,mais on en parle peu.
(Préface de Françoise Dolto )
Si la cure a pour visée une mise en mots de l'inconscient, c'est bien parce que celui-ci utilise une autre symbolique que celle des mots.Point central dans ce qu'à découvert Freud,le symptôme est l'absence du mot et,si l'analyste habituellement se tait,s'il peut opter pour le silence,c'est pour mieux laisser revenir le mot qui s'est enfui,laissant place au symptôme. Mais l'analyste travaille également avec son inconscient. Qu'il doive savoir supporter aussi en lui autre chose que la seule symbolique des mots,voilà un paradoxe qui mérite qu'on s'y arrête.Certains clients s'enferment dans un mutisme total,d'autres y sont plongés depuis toujours,ce sont les enfants autistes.Travailler avec son inconscient risque alors de renvoyer l'analyste aux limites les plus reculées de l'innommé en lui-même.