Quand on t'offre à Noël, alors que tu as à peine 10 ans, les VHS de E.T. et Freddy 3, et que une fois par mois depuis cet âge tu visionnes les Dents de la mer, il ne faut pas s'étonner de la fascination, et de l'amour, que tu peux exprimer à l'égard du ciné fantastique, plus encore du genre horrifique.
De fait, tous les bouquins traitant le sujet me passent entre les mains. D'abord, parce que l'iconographie est souvent exceptionnelle (pour le psychopathe qui sommeille en soi!) ; ensuite, parce que l'histoire de ces films s'avère souvent particulièrement intéressante, que ce soit à l'étape de sa création autant que pour le discours, en général énervé, politique, social, au coeur du sujet, bien emmitouflé dans une métaphore faite de débris de corps et de giclures de sang.
Taschen a sa petite réputation plutôt bien assise. Et c'est vrai qu'en terme de mise en page et de choix d'images, ce bouquin fait le boulot, hors des illustrations à ce point petites qu'on est obligé de poser quasiment le nez sur la page pour en apprécier la qualité. Il se lit relativement vite, et le format film par film de la seconde partie permet de quitter le livre pour y revenir bien plus tard sans besoin d'une remise en selle.
MAIS, et c'est un grand mais, un mais énervé, un mais que l humble connaisseur que je pense être ne peut passer sous silence, parce que ce bouquin, ponctuellement, diffuse des approximations, des erreurs, inacceptables, telles que visibles dans les citations :
1. Non, ce n'est pas Stan Wilson qui a réalisé Pumpkinhead, c'est
Stan Winston, suffisamment connu dans le métier pour qu'on ne se trompe pas sur son patronyme.
2. Non, on ne peut pas à ce point se méprendre sur la signification du climax final de L'Exorciste.
3. Non, non, non et non : Massacre à la tronçonneuse de
Tobe Hooper n'est pas un film gore. En 2022, sortir ce genre d'ineptie démontre à tout le moins n'avoir jamais vu le film. Glauque, malaisant, nauséeux, mais jamais gore.
4. Tony Moran n'est pas l'acteur incarnant Michael Myers dans Halloween : il n'apparaît qu'au moment où l'on aperçoit le visage du tueur ; pour toutes les autres scènes, c'est principalement Nick Castle dans la peau de "the shape".
5. On ne peut pas illustrer Les dents de la mer avec des images des Dents de la mer 2 et 4 ; ni Massacre à la tronçonneuse avec celles de ses deux suites.
6. Faire l'impasse sur la métaphore du péril rouge à propos de L'invasion des Profanateurs de sépultures, et se contenter d'une lecture premier degré, c'est une faute majeure.
À ce niveau d'exigence, ce n'est tout simplement pas possible. Cela démontre a minima une certaine paresse, voire un manque de respect vis à vis du lecteur, profane ou non.
D'autant plus irritant que pour certains films, l'analyse fournie, quoiqu'expeditive, s'avère pertinente. Et que d'une manière générale, le travail de vulgarisation est plutôt bien fait.