De nombreux départements ont aujourd'hui compris l'importance de leur patrimoine religieux, particulièrement rural. Parce qu'il est modeste, souvent anonyme et pas toujours protégé au titre des Monuments historiques ou inscrit sur les listes de l'Inventaire général, ce patrimoine reste fragile. Les édiles du département du Vaucluse l'ont compris depuis de nombreuses années, et peuvent s'appuyer sur une commission créée en 1932 et dénommée en 2000 « commission Gagnière », du nom de l'archéologue avignonnais Sylvain Gagnière. Son action, qui renforce celle des autres institutions culturelles, est déterminante : grâce à elle des tableaux ont été restaurés, inventoriés, étudiés ; des églises ont été ouvertes à la visite tout en étant valorisées. Un livre très bien illustré, écrit à plusieurs mains, rend compte aujourd'hui de tous ces travaux et permet de découvrir des oeuvres inédites dans leur contexte, du XVIe siècle au XIXe siècle. On citera notamment les articles sur les peintres de la famille Parrocel, une des plus célèbres et aussi une des plus intéressantes dynasties artistiques du règne de Louis XIV et de Louis XV. Un précieux catalogue à la fin du livre détaille de manière exhaustive le mobilier des églises d'une dizaine de communes. Un seul regret, qui ne doit pas empêcher d'acheter cet ouvrage à la fois utile et beau : l'absence de cartes anciennes et modernes, qui auraient rendu plus facile ce voyage artistique dans une région qui ne devint département du Vaucluse qu'en 1793.
Par Christine Gouzi, critique parue dans L'Objet d'Art 525, juillet-août 2016
Commenter  J’apprécie         70