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3,79

sur 873 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« Se livrer corps et âme, c'est ça. C'est l'équivalence non seulement d'une possession amoureuse, mais d'un mariage.»

Hiroshima mon amour, une envie de le relire plus de trente ans après. Je savais que j'avais adoré ce livre adolescente. L'amour entre Riva, jeune fille française et un allemand, pas beaucoup plus âgé qu'elle, avait du prendre le pas -« la faute, à Nevers, est d'amour »- sur la rencontre japonaise, plus nébuleuse pour une jeune fille -« Tu me tues. Tu me fais du bien. J'ai le temps. Je t'en prie. Dévore-moi. »
Qu'y verrais-je aujourd'hui ? Une légère inquiétude... En tout cas je pensais découvrir plus en détail l'intégralité du livre, avec l'expérience d'une vie de femme.
Je me dis : cette fois je le lis tout doucement. La première fois, je l'avais croqué, fougue de la jeunesse... Je prends le temps cette fois-ci. Quelques pages dégustées chaque jour, le temps de bien s'imprégner des mots. Je tiens... je tiens pas longtemps.
La même violente folie se déchaîne après quelques pages et je le dévore à nouveau. Il est des mots, des assemblages de mots « tu me donnes beaucoup l'envie d'aimer », d'idées « c'est par faute d'imagination des hommes que je fus déshonorée », de sensations « on sent qu'entre eux l'érotisme est tenu en échec par l'amour » que Marguerite Duras présente avec une telle fluidité sur des thèmes douloureux, qui m'embarquent toujours autant et me touchent instantanément.
Et puis j'arrive aux dernières pages, et je découvre... une trace estompée par le temps, laissée par une gamine. Un trait de surligneur sur une phrase, des mots. le choc. J'avais pensé ses mots pendant des années, comme une évidence, comme une idée mienne. Et je constate que c'étaient vos mots Madame Duras. « Je n'ai rien inventé. » Vos mots qui m'ont accompagnée pendant si longtemps inconsciemment... Je suis heureuse car vous me permettez de mieux me comprendre (je remercie aussi ce petit crayon qui ne s'est pas effacé malgré le temps, une couleur chaude, un rouge capucine, en harmonie avec ma couverture de l'époque, une bouche rouge sur laquelle souffle le nuage d'Hiroshima). Au final ? Je crois que j'avais lu ce livre. « Je connais l'oubli. »
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Il s'agit en réalité d'un scénario que Marguerite Duras a écrit pour le réalisateur de films A. Resnais et qui est retranscrit ici.
Moi qui suis assez d'ordinaire réticente aux livres de Duras, il faut dire que dans celui-ci, je me suis laissée totalement transporter. Comme quoi, il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis !

C'est l'histoire d'une actrice française, la trentaine, Riva, qui, lors d'un tournage pour un film sur la paix à Hiroshima, fait la connaissance d'un ingénieur japonais avec lequel elle aura une liaison. Ils n'échangeront que très peu de paroles mais ô combien profondes. C'est souvent dans les non-dits que l'on exprime le plus facilement ses souffrances. Elle va d'ailleurs en faire l'expérience en se laissant retomber sans ses souvenirs qui se déroulèrent alors qu'elle avait 20 ans et qu'elle vivait encore chez son père à Nevers. Cela se déroulait en pleine Seconde Guerre mondiale et c'est là qu'elle connut son premier amour mais comme chacun le sait, l'amour peut se montrer imprévisible et ne pas toujours nous attirer vers les personne que l'on devrait aimer. C'est d'ailleurs bien souvent le contraire mais dans l'Amours, il n'y a ni règles ni lois et Riva l'apprendra à ses tristes dépends et pour le plus grand malheur de ses parents.

Un livre qui m'a réellement envoûté. Une remarquable mise en abîme où le premier d'amour de l'héroïne finit par remonter à la surface et être enfin déclarée au grand jour et ce, sans honte mais avec simplement beaucoup de tristesse et de regrets ! Magnifique ouvrage, à découvrir ! J'aimerais beaucoup voir le film donc, affaire à suivre !
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Voici un livre lu - et relu - il y a bien longtemps, mon premier de Marguerite Duras. Je ne savais - peut-être- pas qu'il s'agissait d'un scénario mais je l'ai lu tout de go et il m'a chavirée.
Il y a cette femme qui retourne au Japon des années après Hiroshima, et y rencontre celui qui deviendra son amant. Mutuellement, en quelques heures urgentes, ils se racontent dans une émotion insoutenable cette explosion qui a détruit la ville et le pays ainsi que le calvaire qu'elle a vécu pendant la guerre, après avoir été amoureuse d'un Allemand. Femme tondue, peuple humilié et battu. Histoires communes d"un bout à l'autre du globe.

Les dialogues sont magnifiques, crus, intenses, autant par leurs mots que leurs silences. J'ai pu, avec beaucoup d'émotion, superposer les images d'Alain Resnais sur le scénario quelques années plus tard.
Avec le recul, je pense que ce livre m'a rendue très critique envers d'autres livres de Marguerite Duras, que j'ai tout simplement moins aimés.

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Le synopsis et les dialogues du film d'Alain Resnais racontent l'histoire d'amour fulgurante et passionnée d'une actrice française et d'un ingénieur japonais dans les ruines d'Hiroshima. Un dialogue qui se remémore par touches le premier amour de Riva pour un Allemand et le traumatisme de sa tonsure à la libération. Échos d'un continent à l'autre, d'un amant à l'autre, d'un pays en guerre à l'autre, tension et passion dans le style épuré, sobre, poétique et pourtant intense et expressif propre à l'auteur.
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J'avais entendu parler de ce vieux film sans jamais m'y intéresser vraiment.
Lorsque j'ai remarqué que son auteure était Maguerite Duras, j'avais très peur des descriptions interminables de paysages etc.
Et ce livre m'a transportée par la tension amoureuse exprimée dans ce livre.

Nevers et Hiroshima vivent une histoire d'amour passionnel.
Ces deux personnages ont vécu des moments difficiles, des épreuves de la vie qui les réunissent.
Nevers a connu la Seconde Guerre mondiale et à aimer un homme qu'elle ne pouvait pas aimer, à savoir l'ennemi.
Hiroshima a connu l'explosion de la bombe nucléaire.

Marguerite Duras fige cette passion dans Hiroshima mon amour. Les dialogues sont lents pour laisser vivre les sentiments. Les silences sont poétiques, tout comme la rencontre de ces deux victimes de drame.

J'ai adoré ce livre qui est subtil par ces suggestions. L'amour entre les deux êtres est le relief d'histoires de guerre.
La paix, le silence amène à un moment suspendu où nous partageons avec ce couple éphémère un instant de plaisir.
La fragilité des sentiments et le moment présent crée une parenthèse dans la vie de deux inconnus, Nevers et Hiroshima.

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Ce texte renferme le scénario ainsi que les dialogues qui constituent le film d'Alain Resnais.
Quatorze ans après les bombardements atomiques d'Hiroshima, une actrice française noue une relation passionnée avec un architecte japonais au sein de la ville. Les deux personnages n'ont que vingt-quatre heures devant eux, vingt-quatre heures pour découvrir l'autre, pour vivre leur passion, pour se créer des souvenirs. Tous deux ne sont que des témoins, à différents niveaux, des événements d'Hiroshima. Comme beaucoup, ils traînent avec eux la cruauté du passé, qui continue à se refléter dans le présent. Marguerite Duras accorde dans ce texte une place très importante, si ce n'est centrale, à la mémoire.

C'est une lecture que j'ai apprécié dès les premières pages. C'est une histoire avec laquelle j'ai eu envie de cohabiter durant plusieurs semaines. Pourtant, c'est une lecture que j'ai dévorée. Entraînée par la passion des personnages, je n'ai plus su comment arrêter de tourner les pages. Il y a peu de dialogue, pas de mots ni de tournure de phrases compliqués, mais toutefois une beauté renversante. Une sorte de poésie triste. Je ne peux que recommander.
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Ce livre, c'est aussi le film d'Alain Resnais, c'est-à-dire que les deux sont indissociables. Images et mots hypnotiques, transe des images, berceuse des mots. Coup de poing dans le ventre, dans la gorge, sanglots. Travail sur la mémoire, sur le deuil, sur la rencontre des corps, sur le martyre des corps. Appel à l'amour, malgré tout. A la paix. Pur chef-d'oeuvre.
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Confrontation avec la nudité intégrale et CRUE de la réalité des cruautés absurdes de l'existence
Une femme jugée outrancière et stigmatisée de ses fautes passées sa rencontre avec celui qui fut spectateur de l'horreur brute aveugle de l'histoire qui a voulu exploser sur la vie des humains horrifiés
En face la fleur : L'AMOUR face aux fusils
Mais des dialogues de l'amour crucifié des douleurs vécues une passion flamboyante qui se voulait antidote

Visionnant le film il y a bien longtemps revisionnant le livre le même reflet d'admiration me saisit
Prenant par l'acuité de phrasés ultra simples
Relatant en traits sommaires qui vous portent combien il est beau et dangereux de vivre
Et passions et destructions
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Ce livre est assez particulier puisqu'il s'agit d'un script de film, présenté comme une pièce de théâtre : immensément de didascalies présentant les détails qu'il est censé résulter dans le film d'Alain Resnais. Marguerite Duras et lui ont travaillé tous deux afin de créer une oeuvre commune, une oeuvre qui transcende les lois de l'art, et les médias. Ce film est devenu l'un des plus connus de Resnais et du monde durassien, autant qu'un grand classique du cinéma français. Et pour cause, c'est un script traitant, d'une grande sensibilité, les sujets les plus violents qui soient. Une femme rongée par le traumatisme de la Seconde Guerre Mondiale, son lien avec un allemand, les caves, le silence. Un homme dévasté par le traumatisme de cette catastrophe que fut Hiroshima. Elle parle beaucoup, et lui ne dit rien. Il lui dit qu'elle n'a rien vu, à Hiroshima, elle lui répond qu'elle a tout vu, tout entendu. Il y a une vraie perception de la déchirure invisible, et le sentiment de compréhension est palpable. L'empathie n'est jamais dite, et ne sert à rien ; jamais imagination ne pourra faire comprendre de telles choses. Choses, oui, car cela n'est rien de connu. Elle, raconte ses histoires à Nevers – en essayant de les fuir, sans jamais y arriver. Elle court loin, pour fuir ce passé qui la nécrose, mais tombe sur des réminiscences douloureuses. Ce texte est d'une froideur extrême, on y retrouve bien la pâte durassienne, mais sans jamais y entrevoir une quelconque menace, contrairement aux autres textes d'elle. Ce texte est une caresse sur un parfum de mort. Je pense que l'ancienne couverture de la version poche de ce texte était particulièrement évocatrice : des lèvres pour un baiser, une champignon atomique dans le fond, au sein même du corps. La poéticité du texte résulte aussi du mouvement antithétique dont il fait preuve : tout est une question de dualité. L'Orient et l'Occident, l'amour et la mort, un homme et une femme, la fiction et le document historique. le silence et la parole, aussi. Tout y est, même si presque rien n'est dit, même si presque rien n'est clair. Il est dit, à un moment, dans le texte : « Tu me tues. Tu me fais du bien. » et je pense qu'il s'agit du plus clair aperçu que l'on pourrait imaginer de l'oeuvre. Là où la douceur côtoie l'enfer. On pourrait croire à une reconstruction, mais cela n'a jamais été le cas : c'est l'acceptation mêlée à la fougue.

Suite au texte, il y a la présence d'appendices qui servent à augmenter la puissance du texte, en étant que des apports extérieurs. Textes de Marguerite Duras inédits car pas présents au sein du film d'Alain Resnais, ils sont très intéressants de lecture. Ils servent à augmenter la puissance du texte et de l'oeuvre car ces morceaux ne parlent pas. Ce sont souvent des fragments de moments qui ne durent qu'un instant, ou bien même des passages qui ne se reflètent pas dans le temps, qui sont arrêtés, prosés et narrativisés. Il s'agit de comprendre non plus qui sont les personnages, ni ce qu'ils font, mais dans quel monde ils vivent. Nous avons donc des passages arrêtés sur la cave dans laquelle est enfermée Riva, sur Nevers à un temps donné, sur un passage avec des enfants jouant aux billes, etc. Mais aussi, une sorte de monologue interne du personnage de Riva dans lequel elle parle. Prosé aussi, cet important morceau nous fait côtoyer l'intérieur du personnage, si bavard, si froissé par la vie. Et enfin suivent deux descriptifs des personnages, servant à la base pour les décrire physiquement, on s'en doute, c'est un élément complémentaire de l'oeuvre totale qui est foncièrement intéressant et même assez poétique dans l'ensemble.

Hiroshima Mon Amour est une oeuvre particulière et même singulière pour l'époque de sa sortie. C'est un film, un texte, qui nous plante le coeur dans un silence de plomb, avec beaucoup d'amour et de tendresse. L'oxymore globale rendant l'oeuvre aussi soleil que lune, il y a le bavardage, mais aussi le silence, et puis la guerre. Et Hiroshima, enfin, dont on ne sait rien, mais dont on sait tout. {19}
Lien : https://clemslibrary.wordpre..
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J'ai eu envie de lire le scénario après avoir vu une mise en scène de Julien Bouffier au théâtre Jean Vilar (j'avais déjà vu le film). C'est vraiment un texte magnifique, culte. Dominique Noguez en parle très bien : « Hiroshima mon amour est une histoire de cheveux ; peaux irradiées, rongées putréfiées, cheveux qui tombent ou tondus. Mais les cheveux repoussent et la peau douce et fraîche des amants est l'insolent défi de la vie à la mort. »
Ce livre est un incontournable pour moi, durassienne dans l'âme. Car "Hiroshima mon amour" est une histoire d'amour, une fiction écrite comme telle. Mais c'est aussi un document précis sur le moment où, après les ravages de la guerre, alors que la reconstruction est en voie d'achèvement, une ville se transforme à travers un nouveau plan de développement urbain en accord avec la forte croissance économique que connait le pays. Et c'est bien la superposition du réel et de la mémoire qui est à l'écran du film et de ce livre.

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