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Oh la belle ouvrage! En une centaine de pages, Dürrenmatt parvient à nous faire rire, à distiller une vague terreur, à donner faim, et, comme si cela ne suffisait pas, à provoquer d'affolantes interrogations métaphysiques.
Le héros (très peu héros au demeurant) est contraint de demander l'hospitalité à des vieillards fort peu compassés qui lui feront prendre conscience, à grands renforts de crus classés et par un habile interrogatoire, qu'il est sans doute un fort vil assassin.
La panne n'est pas seulement celle qui immobilise la voiture de notre commercial, Dürrenmatt y voit le symbole même de notre société matérialiste : nous craignons davantage les caprices des objets qui nous entourent que les coups d'un dieu vengeur découvrant nos turpitudes.
De fait, Alfredo Traps connaît son épiphanie justement de se connaître assassin. Il se sent magnifié par son crime qui le sort de sa médiocrité et lui donne un destin. Et surtout il pleure d'extase d'avoir été mis à nu, « appesanti et pacifié par le vin, il goûtait comme une volupté d'être ce qu'il était, (...) d'être vraiment soi-même et sans mensonge, sans plus rien à cacher, sans secret ». Dieu sonde les reins et les coeurs et le pécheur crie encore. Si Dürrenmatt a souffert de son éducation religieuse, il n'était pas catholique. Pourtant, je ne peux m'empêcher de lire ce conte comme une réflexion sur la confession -un peu à la manière de Rousseau, autre Suisse, qui tirait son sentiment de supériorité de sa grande capacité à s'autoflageller.
Et je trouve que ce texte mérite d'autant plus d'être lu que sa critique de notre individualisme est particulièrement mordante: comme le dit le juge dans ses attendus, « Il avait tué parce qu'il trouvait naturel d'acculer son semblable sans égard ni pitié ». Cinquante ans plus tard, on ne saurait mieux dire.
Ma sentence sera donc sans appel: lisez Dürrenmatt !
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Un voyageur de commerce, Alfredo Traps, tombe en panne dans un petit village. Par paresse, et par l'espoir d'une aventure galante, il décide de ne pas rentrer en train et de passer la nuit sur place. le seul hôtel du coin affiche complet, et on le redirige chez un juge à la retraite qui héberge volontiers quelques voyageurs de passage.

Le juge l'accueille avec plaisir, et l'invite au souper qu'il allait partager avec deux autres amis. Les trois vieillards, juge, procureur et avocat à la retraite, lui proposent de participer à un jeu : à chaque dîner, ils s'amusent à refaire un procès célèbre. Puisqu'Alfredo est présent, accepterait-il de jouer le rôle de l'accusé ? le voyageur acquièsce avec plaisir, mais se déclare parfaitement innocent de tout crime, au grand dam de l'avocat qui lui conseille vivement de confesser quelque chose d'anodin, plutôt que de laisser le procureur trouver un crime par lui-même.

Comme Alfredo s'entête dans son innocence, le procureur, au cours du dîner, lui pose quelques questions adroites sur sa réussite professionnelle, l'accident cardiaque de son ancien supérieur et son comportement avec la femme de ce dernier. L'accusé répond à ces questions avec une totale franchise, dans la joie et la bonne humeur. On lui construit petit à petit un crime astucieux, pour sa plus grande fierté.

Drôle de petit livre, sur le thème de la justice, la culpabilité et la conscience, et bien difficile à classer : nouvelle, conte, pièce de théâtre ? L'ambiance est particulière, un procès qui se déroule pendant un somptueux repas, au milieu des rires, des embrassades et des déclarations d'amitié, tout en conservant une touche de gravité. La chute m'a beaucoup surpris, et fait beaucoup réfléchir. Un livre qui se lit vite, mais qu'on oubliera pas facilement.
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Il faut avoir du courage et aimer Dürrenmatt pour se plonger dans ce petit recueil au titre peu accrocheur et à la couverture austère. Tous les témoins de la lecture ennuyeuse sont au vert. C'est donc vraiment à reculons que j'ai ouvert ses pages.
J'ai lu trois oeuvres de Dürrenmatt. J'aurais dû savoir qu'avec lui il faut s'attendre à tout : au plus fou, au plus délirant, au plus dérangé, au plus surprenant, au plus pétillant. La panne ne déroge pas à la règle.
Dès les premières pages, j'ai revu mon avis et j'ai dévoré avec un immense plaisir cette histoire décalée.
La panne de voiture est le prétexte à ce huis-clos drôle à souhaits qui met en scène une affaire judiciaire de la plus haute importance. Les personnages-acteurs sont attachants et jouent leur rôle à la perfection. Et j'aurais donné n'importe quoi pour pouvoir assister, participer à cette folle soirée en compagnie des 4 compères fous, autour de succulents mets et de vieux vins très rares.
Les mots se succèdent, les sourires apparaissent, la panse se remplit, les fous rires envahissent l'histoire pour délivrer une fin aussi délicieuse que le vacherin servi au dessert.
Friedrich Dürrenmatt est décidément un grand maître. A lui va toute mon admiration !

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Court roman d'humour noir, Friedrich Dürrenmatt nous raconte l'histoire d'Alfredo Traps, représentant pour une entreprise de textile. Sa voiture est tombée en panne près d'une petite bourgade. Tous les hôtels de la ville sont complets, Alfredo Traps accepte d'être hébergé pour la nuit par un vieux monsieur. Celui-ci ancien juge à la retraite organise avec ses amis, un avocat et un ancien procureur, des soirées autour d'un dîner très copieux et très bien arrosé. La soirée est l'occasion pour ces vieillards d'organiser un procès dont l'accusé est l'invité de dernière minute. Convaincu que nous avons tous quelque chose à cacher, une part d'ombre, les retraités s'évertuent d'interroger leur invité pour découvrir les failles, les faiblesses. Alfredo Traps, homme de 50 ans, petit-bourgeois, satisfait de lui-même, trompant sa femme lorsque l'occasion se présente, prêt à tout pour réussir dans sa vie professionnelle se retrouve accusé du meurtre de son supérieur hiérarchique, décédé d'une crise cardiaque, risquant la peine de mort... ah oui au cours de la soirée, Traps découvre que le quatrième personnage présent, commerçant est également à ses heures perdues le bourreau de la ville.
Sous la forme d'un conte, Dürrenmatt, mène une réflexion sur la justice,la culpabilité et montre qu'à trop vouloir réveiller le passé, faire ressurgir nos mauvaises actions, réaliser ce que nous sommes réellement cela peut être très destructeur.
Ce petit roman est précédé d'une sorte de préface, intitulée "première partie" dans laquelle, Dürrenmatt, dévoile sa conception du roman. Il s'interroge sur la possibilité d'écrire une histoire sans parler de soi, sans étaler son moi, sur l'absurdité de l'acte d'écrire, dans quel but ? Pour en arriver à la conclusion : "Et dans ce monde, il ne reste plus guère que quelques rares histoires encore possibles, où perce encore timidement un semblant de réalité humaine, à travers l'anonyme visage de quelqu'un, parce que parfois encore la malchance, sans le vouloir, va déboucher dans l'universel, une justice et sa sanction se manifestent et peut-être la grâce aussi qui sait ?"
La seconde partie, le roman par lui-même est l'illustration de cette conclusion.
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Une courte histoire, apparement sans prétention, mais qui interroge subtilement sur le mécanisme susceptible de conduire à la condamnation d'un prévenu. le tout avec beaucoup d'humour. Un peu dommage que la fin arrive si brusquement, mais c'est aussi dans l'esprit de ce texte qui se veut léger. C'est bien écrit, rapide à lire et finalement assez troublant. Un livre original dont la petite musique restera sans doute dans ma mémoire.
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Un voyageur de commerce tombe en panne à proximité d'un bourg, et trouve à se loger dans une pension de famille. Plusieurs personnages se trouvent déjà là, ils semblent tous bien se connaître et se réunir régulièrement. Ils expliquent à Traps, le voyageur, qu'ils aiment à se retrouver pour rejouer des procès historiques ou, à l'occasion, le procès de l'invité du jour. Respectivement anciens juge, procureur, avocat et bourreau, ils vont, s'il l'accepte, jouer le procès de Traps.
Celui-ci, tranquille et persuadé de ne rien avoir à se reprocher, va se trouver très rapidement embarqué dans les filets de la culpabilité. C'est très bien fait et amusant, sauf pour l'accusé, et à la lecture, l'idée d'une pièce de théâtre se forme aisément, ou celle d'une « dramatique » à la radio. C'est une petite curiosité, pleine d'humour, qui se lit vite, à demander à votre bibliothécaire !
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Méfiez-vous des inconnus trop bienveillants ! Alfredo Traps, jovial agent général dans l'industrie textile, tombe en panne de voiture. Il accepte l'hospitalité d'un vieux retraité dans une bourgade suisse éloignée. Pas de charité gratuite! La bonne action n'est pas sans arrière-pensée. La soirée qui suit, en compagnie de quatre magistrats et arrosée des meilleurs crus, sera payée au prix fort.
Sans déflorer l'histoire, car il y a un réel suspens, on peut dire que le tribunal improvisé va réécrire la vie de Traps. D'innocentes turpitudes et des comportements légers deviendront rapidement des éléments à charge. Naïf, fat et confiant en lui, Traps ne voit pas le piège se refermer.
Un jeu pervers, une réflexion sur la culpabilité mais aussi une critique véhémente de la justice, telles sont quelques pistes de réflexion évoquées par ce court récit.
L'atmosphère est oppressante, irréelle et à la limite du grotesque. le récit est plombé par les longues tirades des magistrats emportés par leur éloquence, leur verbiage et leur autosatisfaction… Il faut bien reconnaître que c'est l'effet recherché et que le but de l'auteur est atteint.
Le lecteur abusé, comme le malheureux Traps, sortira lui-aussi victime. Impuissant et dépité devant la manipulation des diaboliques magistrats.
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Je n'avais jamais lu Friedrich Dürrenmatt, et quelle belle surprise avec ce petit ouvrage acheté dans la géniale Librairie nantaise La vie devant soi.

Le quatrième de couverture était intriguant et attirant. J'avais l'impression d'être sur le point de plonger dans un livre proche des Dix petits nègres d'Agatha Christie. le jugement d'un crime par les hôtes de l'accusé...

L'auteur nous embarque dans un court texte de 120 pages. Ce sont des pages rythmées, drôles et angoissantes.
Alfredo Traps, un représentant de commerce en textile, tombe en panne de voiture dans un petit bourg. Il hésite mais n'a pas envie de prendre le train alors que sa voiture est au garage pour la nuit. Il n'y a plus de place dans les auberges, mais on lui dit qu'un vieil homme accepte parfois d'ouvrir sa maison à des gens de passage.
Alfredo se rend à l'adresse indiquée et tombe sur un vieux monsieur qui l'invite à entrer et lui propose très vite une soirée avec quelques amis. le représentant ne se sent pas de refuser à son hôte cette faveur.

La soirée va pouvoir commencer, le repas gargantuesque et le jeu également... Petit détail, autour de la table sont réunis un ancien juge, un ancien procureur et un ancien avocat. le bourreau n'est pas très loin non plus. Et le jeu, très simple, jouons à juger. Mais il manque un personnage essentiel pour le jeu, un accusé. Alfredo accepte de bonne grâce d'endosser ce rôle. La machine est lancée et le crime bientôt découvert.

J'ai été pris par le récit, le style, l'humour et le suspens tout au long de ces pages. Un vrai bon moment de lecture.

J'ai trouvé ce livre très cinématographique et je vois qu'il a été adapté par Ettore Scola sous le titre "La Plus Belle Soirée de ma vie". Une bien jolie piste pour poursuivre ce bon moment de lecture.

Après le dénouement de l'affaire, j'ai une envie, replonger rapidement dans un autre roman ou une piece de cet auteur dont la biographie que je viens de parcourir est également très intéressante.
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La Panne est un court roman de Friedrich Dürrenmatt, écrivain suisse de langue allemande du XXe siècle. Alfredo Traps, représentant de commerce, est bloqué par une panne de voiture au pied d'un petit coteau. Un juge à la retraite lui propose de passer la nuit chez lui. Il va alors assister à un étrange repas : le juge et ses amis, l'avocat et le procureur, s'amusent à simuler des procès. Et Alfredo Traps va endosser le rôle de l'accusé dans son propre procès!

L'originalité de l'histoire relève de son ambiguïté : entre jeu de beuverie et réel procès, le lecteur - comme Alfredo Traps - se demande si cette accusation est du lard ou du cochon... Cette ambiguïté est d'ailleurs renforcée par le dénouement qui interroge le pouvoir de la justice ainsi que ses mécanismes.

A voir : l'adaptation cinématographique d'Ettore Scola, La Plus Belle Soirée de ma vie (1972).
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Immortalisée sous la caméra d'Ettore Scola, La panne est un récit court, sorte de parabole de la justice qui se décline ici sous la forme d'un jeu. Un jeu bien étrange, en vérité, puisque le personnage principal, Adolfo, va être l'accusé fictif d'un tribunal qui l'est tout autant.
Adolfo est un représentant de commerce qui tombe en panne ; alors qu'il demande l'hospitalité à un ancien juge, celui-ci lui propose de participer à un jeu dont il sera la pièce centrale. Ainsi, tout au long d'un dîner bien arrosé, la vie d'Adolfo sera observée, commentée, disséquée. Son ascension professionnelle interroge, d'autant plus que l'ancien supérieur d'Adolfo, Gygax, est décédé peu de temps auparavant.
Dans cette parodie de justice sont mis en évidence les mécanismes de cette grande machine humaine : la connaissance des textes de loi, l'acceptation du jugement par ceux qui en sont la cible. le roman repose sur l'ambiguïté du jeu : en est-ce vraiment un ? Les anciens juges et procureurs sont-ils prêts à aller jusqu'au bout de leur logique ? Un roman très stimulant intellectuellement.
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