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Armel Guerne (Autre)
EAN : 9782253039792
124 pages
Le Livre de Poche (01/10/1986)
3.97/5   247 notes
Résumé :
Une panne de voiture amène Alfredo Traps, agent général et représentant exclusif du tissu synthétique Héphaïstos, à interrompre son voyage. Rien n'est libre à l'hôtel du village où il s'est arrêté et on lui indique l'adresse de quelqu'un qui ne refusera sûrement pas de l'héberger.
En effet, son hôte, un très vieux monsieur, l'invite même à dîner avec lui et ses trois amis. Aimerait-il participer aussi à leur jeu ? Chaque soir, ils exercent à nouveau pour se d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (42) Voir plus Ajouter une critique
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Oh la belle ouvrage! En une centaine de pages, Dürrenmatt parvient à nous faire rire, à distiller une vague terreur, à donner faim, et, comme si cela ne suffisait pas, à provoquer d'affolantes interrogations métaphysiques.
Le héros (très peu héros au demeurant) est contraint de demander l'hospitalité à des vieillards fort peu compassés qui lui feront prendre conscience, à grands renforts de crus classés et par un habile interrogatoire, qu'il est sans doute un fort vil assassin.
La panne n'est pas seulement celle qui immobilise la voiture de notre commercial, Dürrenmatt y voit le symbole même de notre société matérialiste : nous craignons davantage les caprices des objets qui nous entourent que les coups d'un dieu vengeur découvrant nos turpitudes.
De fait, Alfredo Traps connaît son épiphanie justement de se connaître assassin. Il se sent magnifié par son crime qui le sort de sa médiocrité et lui donne un destin. Et surtout il pleure d'extase d'avoir été mis à nu, « appesanti et pacifié par le vin, il goûtait comme une volupté d'être ce qu'il était, (...) d'être vraiment soi-même et sans mensonge, sans plus rien à cacher, sans secret ». Dieu sonde les reins et les coeurs et le pécheur crie encore. Si Dürrenmatt a souffert de son éducation religieuse, il n'était pas catholique. Pourtant, je ne peux m'empêcher de lire ce conte comme une réflexion sur la confession -un peu à la manière de Rousseau, autre Suisse, qui tirait son sentiment de supériorité de sa grande capacité à s'autoflageller.
Et je trouve que ce texte mérite d'autant plus d'être lu que sa critique de notre individualisme est particulièrement mordante: comme le dit le juge dans ses attendus, « Il avait tué parce qu'il trouvait naturel d'acculer son semblable sans égard ni pitié ». Cinquante ans plus tard, on ne saurait mieux dire.
Ma sentence sera donc sans appel: lisez Dürrenmatt !
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Un voyageur de commerce, Alfredo Traps, tombe en panne dans un petit village. Par paresse, et par l'espoir d'une aventure galante, il décide de ne pas rentrer en train et de passer la nuit sur place. le seul hôtel du coin affiche complet, et on le redirige chez un juge à la retraite qui héberge volontiers quelques voyageurs de passage.

Le juge l'accueille avec plaisir, et l'invite au souper qu'il allait partager avec deux autres amis. Les trois vieillards, juge, procureur et avocat à la retraite, lui proposent de participer à un jeu : à chaque dîner, ils s'amusent à refaire un procès célèbre. Puisqu'Alfredo est présent, accepterait-il de jouer le rôle de l'accusé ? le voyageur acquièsce avec plaisir, mais se déclare parfaitement innocent de tout crime, au grand dam de l'avocat qui lui conseille vivement de confesser quelque chose d'anodin, plutôt que de laisser le procureur trouver un crime par lui-même.

Comme Alfredo s'entête dans son innocence, le procureur, au cours du dîner, lui pose quelques questions adroites sur sa réussite professionnelle, l'accident cardiaque de son ancien supérieur et son comportement avec la femme de ce dernier. L'accusé répond à ces questions avec une totale franchise, dans la joie et la bonne humeur. On lui construit petit à petit un crime astucieux, pour sa plus grande fierté.

Drôle de petit livre, sur le thème de la justice, la culpabilité et la conscience, et bien difficile à classer : nouvelle, conte, pièce de théâtre ? L'ambiance est particulière, un procès qui se déroule pendant un somptueux repas, au milieu des rires, des embrassades et des déclarations d'amitié, tout en conservant une touche de gravité. La chute m'a beaucoup surpris, et fait beaucoup réfléchir. Un livre qui se lit vite, mais qu'on oubliera pas facilement.
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Il faut avoir du courage et aimer Dürrenmatt pour se plonger dans ce petit recueil au titre peu accrocheur et à la couverture austère. Tous les témoins de la lecture ennuyeuse sont au vert. C'est donc vraiment à reculons que j'ai ouvert ses pages.
J'ai lu trois oeuvres de Dürrenmatt. J'aurais dû savoir qu'avec lui il faut s'attendre à tout : au plus fou, au plus délirant, au plus dérangé, au plus surprenant, au plus pétillant. La panne ne déroge pas à la règle.
Dès les premières pages, j'ai revu mon avis et j'ai dévoré avec un immense plaisir cette histoire décalée.
La panne de voiture est le prétexte à ce huis-clos drôle à souhaits qui met en scène une affaire judiciaire de la plus haute importance. Les personnages-acteurs sont attachants et jouent leur rôle à la perfection. Et j'aurais donné n'importe quoi pour pouvoir assister, participer à cette folle soirée en compagnie des 4 compères fous, autour de succulents mets et de vieux vins très rares.
Les mots se succèdent, les sourires apparaissent, la panse se remplit, les fous rires envahissent l'histoire pour délivrer une fin aussi délicieuse que le vacherin servi au dessert.
Friedrich Dürrenmatt est décidément un grand maître. A lui va toute mon admiration !

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Court roman d'humour noir, Friedrich Dürrenmatt nous raconte l'histoire d'Alfredo Traps, représentant pour une entreprise de textile. Sa voiture est tombée en panne près d'une petite bourgade. Tous les hôtels de la ville sont complets, Alfredo Traps accepte d'être hébergé pour la nuit par un vieux monsieur. Celui-ci ancien juge à la retraite organise avec ses amis, un avocat et un ancien procureur, des soirées autour d'un dîner très copieux et très bien arrosé. La soirée est l'occasion pour ces vieillards d'organiser un procès dont l'accusé est l'invité de dernière minute. Convaincu que nous avons tous quelque chose à cacher, une part d'ombre, les retraités s'évertuent d'interroger leur invité pour découvrir les failles, les faiblesses. Alfredo Traps, homme de 50 ans, petit-bourgeois, satisfait de lui-même, trompant sa femme lorsque l'occasion se présente, prêt à tout pour réussir dans sa vie professionnelle se retrouve accusé du meurtre de son supérieur hiérarchique, décédé d'une crise cardiaque, risquant la peine de mort... ah oui au cours de la soirée, Traps découvre que le quatrième personnage présent, commerçant est également à ses heures perdues le bourreau de la ville.
Sous la forme d'un conte, Dürrenmatt, mène une réflexion sur la justice,la culpabilité et montre qu'à trop vouloir réveiller le passé, faire ressurgir nos mauvaises actions, réaliser ce que nous sommes réellement cela peut être très destructeur.
Ce petit roman est précédé d'une sorte de préface, intitulée "première partie" dans laquelle, Dürrenmatt, dévoile sa conception du roman. Il s'interroge sur la possibilité d'écrire une histoire sans parler de soi, sans étaler son moi, sur l'absurdité de l'acte d'écrire, dans quel but ? Pour en arriver à la conclusion : "Et dans ce monde, il ne reste plus guère que quelques rares histoires encore possibles, où perce encore timidement un semblant de réalité humaine, à travers l'anonyme visage de quelqu'un, parce que parfois encore la malchance, sans le vouloir, va déboucher dans l'universel, une justice et sa sanction se manifestent et peut-être la grâce aussi qui sait ?"
La seconde partie, le roman par lui-même est l'illustration de cette conclusion.
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Je n'avais jamais lu Friedrich Dürrenmatt, et quelle belle surprise avec ce petit ouvrage acheté dans la géniale Librairie nantaise La vie devant soi.

Le quatrième de couverture était intriguant et attirant. J'avais l'impression d'être sur le point de plonger dans un livre proche des Dix petits nègres d'Agatha Christie. le jugement d'un crime par les hôtes de l'accusé...

L'auteur nous embarque dans un court texte de 120 pages. Ce sont des pages rythmées, drôles et angoissantes.
Alfredo Traps, un représentant de commerce en textile, tombe en panne de voiture dans un petit bourg. Il hésite mais n'a pas envie de prendre le train alors que sa voiture est au garage pour la nuit. Il n'y a plus de place dans les auberges, mais on lui dit qu'un vieil homme accepte parfois d'ouvrir sa maison à des gens de passage.
Alfredo se rend à l'adresse indiquée et tombe sur un vieux monsieur qui l'invite à entrer et lui propose très vite une soirée avec quelques amis. le représentant ne se sent pas de refuser à son hôte cette faveur.

La soirée va pouvoir commencer, le repas gargantuesque et le jeu également... Petit détail, autour de la table sont réunis un ancien juge, un ancien procureur et un ancien avocat. le bourreau n'est pas très loin non plus. Et le jeu, très simple, jouons à juger. Mais il manque un personnage essentiel pour le jeu, un accusé. Alfredo accepte de bonne grâce d'endosser ce rôle. La machine est lancée et le crime bientôt découvert.

J'ai été pris par le récit, le style, l'humour et le suspens tout au long de ces pages. Un vrai bon moment de lecture.

J'ai trouvé ce livre très cinématographique et je vois qu'il a été adapté par Ettore Scola sous le titre "La Plus Belle Soirée de ma vie". Une bien jolie piste pour poursuivre ce bon moment de lecture.

Après le dénouement de l'affaire, j'ai une envie, replonger rapidement dans un autre roman ou une piece de cet auteur dont la biographie que je viens de parcourir est également très intéressante.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
“Traps quitte la fenêtre et va inspecter la bibliothèque.
A en juger par les titres, la soirée promettait d’être fameusement ennuyeuse : Hotzendorff, Le Meurtre et la peine de mort; Savigny, Système actuel du Droit romain; Ernst-David Hölle, Pratique de l’Interrogatoire. Aucun doute là-dessus : le maître de maison était un juriste (…) Il n’y avait plus qu’à s’attendre à des discussions sans fin et parfaitement oiseuses, car les lettrés de cette sorte, que savent-ils donc de la vie réelle ? Rien, absolument rien du tout ! Les lois sont faites comme cela.”
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L'espace d'un instant, il y eut de nouveau comme un silence de mort dans la pièce. Et brusquement ce fut un tumulte assourdissant, un véritable ouragan de rires, une tempête de jubilation, des cris, des hurlements, des gesticulations insensées. La tête chauve vint embrasser Traps sur les deux joues, le serrer à pleins bras ; le défenseur perdit son lorgnon à force de rire, clamant et hoquetant qu'avec un pareil accusé, on ne pouvait décidément pas se fâcher ! Une liesse délirante avait emporté le juge et le procureur en une folle sarabande autour de la pièce : ils tambourinaient sur les murs, ils cabriolaient sur les chaises, se congratulaient avec effusion, brisaient les bouteilles vides, ne savaient plus que faire pour exprimer l'intensité vertigineuse de leur plaisir. Grimpé sur une chaise au beau milieu de la pièce, le procureur glapissait de toute la force de ses poumons que l'accusé avait avoué, avoué, avoué, et bientôt, assis maintenant sur le haut dossier, il chanta les louanges de ce cher invité qui jouait le jeu à la perfection de la perfection !
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Il n'y a pas d'innocence qui tienne, mon jeune ami ! Et dites-vous bien : ce qui importe, ce qui décide de tout, c'est la tactique ! Ce n'est plus de l'imprudence, croyez-moi, c'est de l'impudence que de prétendre à l'innocence devant notre tribunal, si vous voulez bien me permettre d'exprimer la chose en termes mesurés. Il serait beaucoup plus adroit, tout au contraire, de s'avouer coupable et de choisir soi-même le chef d'accusation : la fraude, par exemple, si profitable aux hommes d'affaire ! Il reste alors toujours possible, au cours de l'interrogatoire, de faire ressortir que l'accusé s'était exagéré les choses : qu'il ne s'agissait nullement d'une fraude caractérisée, mais bien d'un innocente accommodation des faits, d'une manière de présenter les choses sous un certain jour, à des fins purement publicitaires, ainsi qu'il est couramment d'usage dans le monde des affaires. Sans doute, le chemin qui conduit de la culpabilité à l'innocence reconnue est-il un chemin ardu, mais aucunement impraticable; vouloir conserver une innocence intacte, par contre, est vraiment sans espoir et ne peut guère entraîner que des conséquences catastrophiques. vous ne risquez plus que de perdre, là où vous aviez des chances de l'emporter; sans compter qu'en négligeant de choisir vous-même votre culpabilité, vous serez contraint de porter celle qu'on vous imposera !
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Le juge, pendant ce temps, avait soufflé les bougies moins une seule, à la flamme de laquelle il s'amusait à faire jouer sur le mur toutes sortes d'ombres fabuleuses : têtes de chèvres, diables ricaneurs, chauves-souris, gnomes et lutins. Pilet*, de son côté, tambourinait sur la table, faisant sauter verres et assiettes, plats et couverts, avant que d'annoncer d'une voix suraigüe que cela promettait une condamnation à mort : une condamnation à mort!

* Le bourreau
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Car le petit bourgeois, l"homme moyen limité aux seules apparences n'aurait rien su voir d'autre, ici, qu'un quelconque accident, un simple fait du hasard, ou tout au plus une fatalité naturelle, (...) ; mais à la faire ressortir sur le plan moral, dans l'enchaînement profond des effets et des conséquences, on redonne à la vie son sens plein, sa valeur de chef d'oeuvre, son mystère; on pénètre dans la tragédie où tout le tragique humain se fait jour, se dégage des ombres, monte en pleine lumière, prend forme, prend son sens pur, se dessine, se parfait, s'accomplit sous nos yeux. (pge 118/119 Ed LdP)
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Videos de Friedrich Dürrenmatt (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Friedrich Dürrenmatt
"Dans un bois des environs de Zurich, la petite Gretl Moser vient d'être assassinée à coups de rasoir. Confronté au terrible regard d'une mère dévastée, le commissaire Matthias promet de trouver le meurtrier. La police arrête un potentiel coupable, qui avoue avant de se suicider, mais Matthias est persuadé que le véritable tueur court toujours. Hanté par cette affaire, il décide de le traquer seul, en lui tendant un piège aux conséquences tragiques. Une promesse est une promesse, mais la fin justifie-t-elle toujours les moyens ?"
La Promesse de Friedrich Dürrenmatt, dans une nouvelle traduction d'Alexandre Pateau, à retrouver en librairie.
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