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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Lu en 2021. Un roman d'atmosphère, qui décrit soigneusement les paysages, les personnages et les sentiments. L'auteure avait su particulièrement me toucher.
Selon moi, la force du récit réside essentiellement dans la sensorialité de l'héroïne, sa propension à l'observation, à l'affût de ses ressentis et de ses désirs. Une plume fluide, sans fioritures, que j'avais trouvée à la fois très cinématographique et introspective, réaliste et poétique également.
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J'ai découvert par ce roman, la plume délicate, poétique et incisive d Élisa Shua Dusapin. Une écriture kinesthesique convoquant odorat, frimas, papilles, observation et émotions dans un court récit silencieux. de très nombreux thèmes de société rayonnent autour de chaque tableau : les relations homme / femme, la pression de la chirurgie esthétique, les liens entre Corée du Sud et du Nord, la tension permanente d'un pays gelé dans un conflit tue puis évoqué au detour d'une phrase. Il y fait froid, seuls les plats cuisinés et les descriptions dessinées réchauffent le lecteur. C'est très bien.
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C'est un roman d'atmosphère, de sensations, d'émotions, exprimant une sensualité retenue, l'ensemble à travers la brève rencontre d'un dessinateur français avec une jeune sud-coréenne qui travaille dans la pension où il va résider quelques temps au coeur de l'hiver de Sokcho.

L'un ne pense qu'aux dessins qu'il doit élaborer en profitant de ce séjour hivernal à l'étranger, seul lieu où il parvient à mettre en page son talent, l'autre ressent une attirance pour cet homme, ses mystères, ses dessins, elle voudrait être dessinée par lui. Entre eux, beaucoup de retenue, dans les mots, les attitudes, les gestes qui ne vont jamais au bout de là où ils pourraient parvenir, préservant ainsi tout l'indicible de cette rencontre particulière.

C'est aussi un roman qui parle de cuisine, avec de nombreux détails sur les différents mets et leur préparation. La jeune fille voudrait que le dessinateur goûte sa cuisine, et certainement secrètement son corps, mais, lui, n'est pas tenté par la première et semble incapable d'approcher de trop près le second.

L'histoire se déroule en une douceur délicate, avec de très nombreuses références à la nature, au vent, à la neige, au sable de la plage, aux vagues écrasées par le froid, aux oiseaux et tous les éléments de cette ambiance feutrée contribuent indiscutablement à la beauté qui émerge paisiblement de ce beau roman.
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Ce livre a déjà donné lieu à des transcriptions théâtrales et va donner (ou a déjà,… je ne sais) également lieu à une transposition cinématographique.
Je n'ai vu ni les unes ni l'autre, mais l'on peut imaginer que cette dernière sera l'histoire d'une histoire qui n'a pas eu lieu, d'une rencontre improbable, là-bas, dans une petite ville du bord de mer, près de la frontière qui sépare les deux Corées.
S'agit-il vraiment de cela ? Si peu. Dans l'esprit de la narratrice, peut-être.
S'agit-il de l'incommunicabilité de deux êtres vivant dans des civilisations.différentes ? (« s'il faisait de l'humour, il m'était inaccessible. »). Peut-être
Surtout, …sur fond de Corée, d'ambiance humide, froide, blanche, gris perle, glauque (au sens premier du terme), de poulpes, de poissons que l'on fracasse, éviscère,
le portrait d'une narratrice à un moment suspendu de sa vie où l'illusion de se trouver par le truchement de l'autre, en dépassement de sa solitude quasi absolue de n'être que soi, reste possible.
Mais le charme de ce livre réside surtout dans son écriture même, faite de phrases courtes, de vides qui l'interrompent dans leur déroulement et qui suggèrent. Telle la diction très particulière d'Alain Baschung qui transcendait ses chansons.
Et vraiment, je, suis tombé sous le charme. Oui

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Avec beaucoup de finesse, Eilsa Shua Dusapin met en scène deux solitudes qui se frottent et s'irritent, incompatibles. Dans cette oeuvre à l'inspiration sans doute fortement autobiographique, la primo-romancière parvient à se saisir d'un mal-être humain indicible, celui d'une jeunesse perdue entre enfance et âge adulte, une Corée glaciale et désertée en toile de fond (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2023/07/29/hiver-a-sokcho-elisa-shua-dusapin//)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Mlle Alice, pouvez-vous nous raconter votre rencontre avec Hiver à Sokcho ?
"Ce titre revient très souvent lorsque l'on s'intéresse à ce qui a pu être publié autour de la Corée mais j'avais un peu peur que ça ne me plaise pas en lisant les différentes chroniques. Finalement, c'est l'avis positif de Carolivre qui a fini par me convaincre."

Dites-nous en un peu plus sur son histoire...
"Une jeune coréenne isolée, rêvant d'ailleurs, dans une ville qui tourne au ralenti, un français usé qui écrit des bandes-dessinés, dessine la nuit des femmes sans jamais être satisfait, une rencontre..."

Mais que s'est-il exactement passé entre vous ?
"Ce n'est assurément pas un roman qui plaira à tout le monde et, il y a quelques temps encore, il ne m'aurait peut-être pas plu non plus. Mais les choses étant ce qu'elles sont, ma passion pour la Corée du Sud, mon amour grandissant pour leur littérature et cette façon qu'ils ont de se livrer tout en pudeur, avec si peu de mots, j'ai beaucoup aimé ma lecture. Il y a un côté cru, brut, que j'ai vraiment apprécié dans la plume de l'autrice et qui nous happe directement dans le récit pourtant, il y a peu d'histoire. Il s'agit d'une tranche de vie, de la rencontre passagère de deux entités à la dérive, rien de plus, rien de moins, avec en toile de fond la ville de Sokcho, comme un troisième personnage, et cette ambiance pesante et particulière que l'on peut ressentir dans une ville balnéaire l'hiver."

Et comment cela s'est-il fini ?
"Sur ce point, je ne change pas, j'aime qu'une histoire est un début et une fin et j'ai forcément trouvé celle-ci légèrement frustrante mais il suffit peut-être de savoir lire entre les lignes."
Lien : http://booksaremywonderland...
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Née en 1992 d'un père français et d'une mère sud-coréenne, Elisa Shua Dusapin grandit entre Paris, Séoul et Porrentruy. Diplômée en 2014 de l'Institut littéraire suisse de Bienne (Haute Ecole des Arts de Berne), elle se consacre à l'écriture et aux arts de la scène.

Elisa Shua Dusapin vient de remporter un National Boock Award une des plus prestigieuses distinctions littéraires des Etats-Unis.

Un hiver à Sokcho nous emmène dans une petite ville portuaire qui est très proche de la frontière de la Corée du Nord , la petite ville prends vie pendant la période balnéaire , durant l'hiver la ville retrouve calme et froideur . Une jeune femme travaille dans la pension miteuse de Monsieur Park , sa vie est rythmée par son travail au ménage et à la cuisine de la pension , sa mère et son amoureux .

Un jour un auteur de bandes dessinées Yann Rembrand venant chercher l'inspiration loin de sa Normandie Natale passe la porte de la pension et leur rencontre va chambouler leur deux solitudes .

Dans ce livre , on parle de nourriture asiatique , mais , avec une connotation plus en profondeur et psychologique et c'est sous divers aspects une ambiance très poétique .

C'est un livre à avoir dans sa bibliothèque et c'est un coup de coeur ❤️

Courez chez votre libraire ❤️

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La narratrice est une jeune franco-coréenne. Elle a étudié les littératures française et coréenne à Séoul mais elle n'est jamais allée en France et n'a jamais connu son père. Elle travaille depuis peu dans une modeste pension à Sokcho, une ville portuaire proche de la frontière qui sépare les deux Corées. Elle y a rejoint sa vieille mère qui vend du poisson. Elle nous raconte l'arrivée d'un Français, Yan Kerrand, un auteur de bandes-dessinées qui va troubler son quotidien même s'il semble ne pas lui prêter attention : « Son regard m'a traversée sans me voir ». Elle, elle est attirée par lui dès le début, elle l'observe beaucoup, espionne son travail mais ne franchira jamais totalement la frontière qui les sépare. Elle lui parle en anglais et ne lui dit pas qu'elle maîtrise mieux le français. Elle ne lui avouera jamais rien d'ailleurs ni qu'elle est vexée qu'il ne goûte pas sa cuisine, ni ce qu'elle pense de ses dessins car c'est une histoire où règnent les non-dits.

Les rues de Sokcho sont plutôt désertes au coeur de l'hiver. Tout semble blafard et glacé, même la communication. Mais la ville est emplie d'odeurs pas très agréables : mélange d'embruns, de poissons, de cuisine et d'égouts. Yan Kerrand est de passage. Sokcho est une étape dans son parcours d'artiste. Comme son héros, il parcourt le monde et dessine ses voyages dans un lavis d'encre sans couleurs. Il est taciturne et solitaire. Seul son héros est dessiné de manière nette, les êtres qui l'entourent semblent effacés, ils ne sont que des ombres, des formes indistinctes.

L'écriture est douce et feutrée comme la neige qui tombe. le style est dépouillé, très sobre, délicat. On a l'impression d'une écriture murmurée à l'oreille du lecteur. le rythme est lent. Il ne se passe pas grand chose mais en même temps on est attentif à tous les détails car tout est suggéré. Les émotions semblent en sourdine mais c'est pourtant un roman très sensuel : les odeurs, le toucher, les jeux de regard sont bien là. J'ai aimé la mise en abîme finale : la narratrice lit la BD de Kerrand et semble se fondre dans le dessin mais j'avoue que j'aurais aimé rester plus longtemps avec ces deux personnages.

C'est un premier roman très réussi. Je ne sais pas à quel moment de ma lecture le roman m'a fait penser au poème de Verlaine : « Colloque sentimental ». le poème évoque la rencontre de deux êtres, dans un parc solitaire et glacé, deux formes qui passent et qui n'arrivent pas à bien communiquer.
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National Book Award 2021 ( catégorie "littérature traduite"), pour un roman délicat, les silences, les hésitations, la nourriture, l'impossibilité de se rapprocher de l'autre tellement différent de soi.
L'écriture me fait un peu penser à Aki Shimazaki, qui a cette façon également de parler de choses simples avec une poésie particulière.
Un premier roman enfin traduit en anglais et qui reçoit une juste récompense pour moi.
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L'hiver à Sokcho est plutôt mort. Cette ville coréenne et balnéaire ne vit que l'été. L'arrivée d'un bédéiste français dans cette pension en marge va raviver les sens de la jeune fille sans nom qui aide en cuisine et à la réception. La possibilité d'un amour ou plutôt la montée d'un désir : « Je voulais qu'il me dessine ».

La plume d'Elisa Shua Dusapin est délicate. Elle croque avec retenue le pays de ses origines : l'importance de la nourriture, le lien maternel, la pression sociale sur l'esthétique, la frontière entre le nord et le sud, cicatrice infranchissable et douloureuse. L'on apprécie la simplicité de son style impressionniste et la précision de ses mots. Pas besoin d'en faire plus pour toucher au sensible.

Son texte vient de faire l'objet d'une pièce de théâtre très réussie. Il engendrera bientôt un film. La logique voudrait que naisse une bande dessinée. On le souhaite, on l'espère.

Sous la forme d'un haïku :

L'hiver coréen.
L'arrivée d'un étranger.
Il neige à Sokcho.
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