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3,52

sur 687 notes
Lire un roman de JeanEchenoz, c'est s'engager dans une aventure à haut risque, mais profondément jubilatoire. Une jubilation de l'écriture que l'auteur nous invite à partager dans toutes ses dimensions et ses dérives aussi. Car il est capable de tout, Echenoz !
Capable de nous installer dans un quartier parisien tranquille pour nous traîner, avec son héroïne, la mal-heureuse Constance, au fin fond de la France, où nous propulser, toujours avec elle, aux frontières des Corées.
Et nous, lecteurs placides, suivons tranquillement ses traits aiguisés au gré des pages tournées, un sourire aux lèvres et l'envie de poursuivre dans cette savoureuse incrédulité. Car les aventures de cette envoyée spéciale sont assurément improbables, et c'est tant mieux car ce ne sont pas elles, au final, qui animent ce roman, mais bien la plume téméraire de l'auteur, celui qui prend tous les risques pour notre plus grand plaisir.
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Troisième lecture pour le Prix Relay des Voyageurs.


Reconnaître le nom de Jean Echenoz dans la sélection de ce prix c'est la promesse d'une belle aventure.
Le lecteur sait qu'il va y retrouver un style mais aussi un jeu de piste finement mené comme l'indique l'oeil qui frise de l'auteur et ce sourire de chat qui a fait une bêtise...

Quand le Général Bourgeaud a une lubie son sbire Objat obéit, la dernière en date : trouver une jeune femme, innocente plutôt jolie et c'est Constance oisive qui va être mise sur orbite.

D'emblée le lecteur est sous le charme de cette mécanique bien huilée, où l'humour jongle brillamment avec les jeux de mots et métaphores qui le fait passer du sourire à l'éclat de rire.
Une lecture jubilatoire.
Une bande de kidnappeurs burlesque, un mari (compositeur qui a eu du succès) pas pressé de payer la rançon et surtout des raisons très personnelles de ne pas avertir la police, Constance est mal partie.

Inutile d'essayer de vous expliquer pourquoi Constance enlevée à Paris passera par la Creuse et la Corée du Nord à la rencontre d'un bouffon despote...
Je préfère vous conseiller d'accepter ces aventures et de vous laisser happer, interpeller et entourlouper par le démoniaque humour de l'auteur.

Certains passages sont des morceaux d'anthologie : digressions zoologiques, rencontre en Corée etc...

Cette parodie de roman d'espionnage est si loufoque et déjantée, que je ne vous conseille pas de la lire en ayant du monde autour de vous car vous risquez fort d'être prise pour une timbrée.
Mais peu importe, le temps pris à cette lecture est autant de volé à la morosité ambiante et vous aurez en prime le plaisir de lire une écriture d'orfèvre .
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Un drôle de roman d'espionnage

Cette histoire commence fort avec la déclaration d'un général "Je veux une femme, c'est une femme qu'il me faut."
C'est ainsi que Constance va être enlevée. Elle a 34 ans, est "amoureusement insatisfaite", mariée à un compositeur de chansons. Elle est enlevée sous la menace d'une perceuse par trois hommes à la sortie d'une agence immobilière où elle venait de mettre son appartement en vente. Une rançon est rapidement demandée à son mari Lou Tausk qui bizarrement ne réagit absolument pas.

Les ravisseurs sont décrits comme extrêmement courtois, pleins d'égards pour leur otage, leur chef Victor est perçu par Constance comme un beau mec en bleu de travail.Nous allons découvrir des ravisseurs atteints du syndrome de Lima (je connaissais celui de Stockholm mais pas celui de Lima...) qui vont enfreindre "le protocole élémentaire du preneur d'otage".
Cet enlèvement va nous entrainer dans un voyage de Paris à la Creuse, dans une ferme puis dans la nacelle d'une éolienne, pour finir en Corée du Nord, pays dont Jean Echenoz nous fournit une brillante satire.

Voilà en gros pour l'histoire qui va s'enchaîner de chapitre en chapitre mais dans ce récit ce n'est pas cela le plus important...

Ce qui fait toute la valeur de ce roman c'est le ton employé par l'auteur, plein d'humour et de flegme britannique, un ton un brin détaché.
De plus, Jean Echenoz s'adresse régulièrement au lecteur en employant le "nous" "Il fallait bien qu'un jour ou l'autre, explicitement, apparût un peu de sexe dans cette affaire..., Il fallait bien que tôt ou tard parût aussi, dans notre affaire, une arme à feu".
Il parsème son récit de détails incongrus et d'amusantes digressions par exemple sur les annonces automatiques des stations dans le métro, sur les boites de médicaments qu'on ouvre toujours du côté de la notice repliée...Cela donne un effet décalé, déjanté à ce roman rocambolesque, voire loufoque par moments, où l'on ne s'ennuie pas une seconde.

Une lecture qui ne restera pas inoubliable mais un bon moment de lecture quand même...
Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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J'ai comme l'impression qu'il y en a un qui s'est bien amusé et qui a convoqué, pour ce faire, tout un tas de petits camarades : Diderot et ses possibilités du récit : je-vous-raconte-ça-mais- je-pourrais-tout-aussi-bien-vous-parler-d'autre-chose : « Peut-on penser au contraire qu'arpentant le monde ils mènent ensemble une vie ardente et tumultueuse ? On peut le penser. Ça ou autre chose. » Perec et ses choses invasives décrites dans le détail ou non s'invite lui aussi: « Et puis ce qu'il y a, ensuite, c'est qu'on se fatigue vite d'énumérer. » On y sent Queneau et ses inventions délirantes : « l'élastique s'improvise en esperluette : une pichenette et hop, l'esperluette se transforme en arobase avant de s'immobiliser en clé de sol. » ou la perceuse qui « n'hésite pas à entonner les premières mesures du cantique A toi la gloire, ô ressuscité ». Butor et sa deuxième personne vous transformant en personnage de roman traîne ici et là: «… vous n'avez même pas envie de défaire votre valise… ». Parfois même s'annonce Ionesco dans une toute fin de chapitre 5 un brin mystérieuse que j'imaginerais bien prononcée par la bonne de la Cantatrice chauve
Echenoz s'amuse et évidemment, on suit, on court même, on est roulé dans la farine, mené en bateau, projeté par-dessus bord, trimballé de gauche à droite et du nord au sud, aux côtés de personnages peu probables aux noms du même acabit : Lou Tausk, Gang Un-ok et qui se croisent sans se voir et se rencontrent sans se reconnaître.
Le romancier jongle, envoie tout en l'air sous l'oeil ahuri de son lecteur : les mots, les phrases, les personnages, les intrigues, les lieux… et tout retombe parfaitement dans ses mains, dans l'ordre, et que nous dit-il à la fin ? Eh bien, qu'il est prêt à repartir. Pas vous ? Moi si !
Et l'intrigue me direz-vous ? Difficile de résumer ! « Que d'action, bon sang, que d'action. » commente le narrateur. A Paris, deux hommes appartenant certainement aux Services Secrets ont besoin d'une femme, mais une femme : « Qui ne comprend rien à rien, qui fait ce qu'on lui dit de faire et qui ne pose pas de questions. » Ce sera Constance qui dans un sens est bien contente de partir quelque temps dans une ferme de la Creuse, son quotidien n'étant pas folichon, entourée de deux gardes du corps dont l'un rêve de vivre au fond des bois à la Thoreau, puis au sommet d'une éolienne (pas mal la vue !) où elle s'abîme dans la lecture de l'encyclopédie Quillet. Puis, on s'éloigne : la Corée du Nord car comme l'a dit Echenoz dans une interview : « C'est un lieu qu'on ne peut qu'imaginer », et pour cause… où l'on retrouve notre Constance affalée devant une émission littéraire. Un journaliste interroge Pierre Michon : « le style, je veux dire cette manière si singulière qui est la vôtre, provoque-t-il le propos ou en est-il la conséquence ? » Pas de chance, ça sonne, c'est Gang Un-ok qui se jette sur notre Constance… On n'aura jamais la réponse à moins qu' Echenoz ne réponde à sa place…
Une parodie de roman d'espionnage, me direz-vous ? Pas du tout, selon l'écrivain, un « roman d'action », rythmé comme un air de jazz et dont les phrases parfois s'emballeraient toutes seules en des digressions plutôt comiques.
Echenoz joue avec les codes du roman, ici plus qu'ailleurs. le roman est pour lui le grand jeu : on s'interroge sur ses possibilités, on explore sans cesse ses limites et surtout, on n'oublie pas de s'amuser, de rire en rappelant au lecteur qu'il peut y croire mais que ce n'est qu'une histoire, que le marionnettiste n'est jamais loin, que les fils sont visibles et qu'il faut faire avec, même si ça nous gêne ! On ressort de tout ça un peu secoué mais qu'est-ce qu'on s'est bien amusé !

Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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J'ai été emballée par ce roman à la fois très drôle et très accompli, comme quoi genre et qualité n'obéissent à aucune règle : la qualité littéraire a toute sa place dans des genres réputés (à tort) mineurs comme la comédie, ce livre en est la preuve. L'intrigue est loufoque et se joue des règles romanesque traditionnelles : l'auteur fait exploser les codes de narration, on ne sait plus quel est le point de vue du narrateur, on est à la fois lecteur passif et témoin complice de l'écriture en plein processus. Les personnages sont remarquables par cette espèce de douceur émouvante, même pour les plus crapuleux ou les plus virils (le général) d'entre eux. Et le style est remarquable : Echenoz a ce talent inouï pour trouver le mot juste, la forme parfaite, ce terme ou cette tournure qui vous attend au coin de la phrase et crée juste la tension nécessaire pour la rendre intéressante : pour en faire de la grande littérature.
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Tesla, Ravel, Zatopek... on s'attendait à une nouvelle biographie " à la Echenoz " après le prodigieux 14, mais non, l'habile Jean revient à l'espionnage... Sorte de " Lac " au carré, retorse, maline, narquoise, fantasque, cette élégante machine de précision nous fait voyager jusqu'en Corée du Nord. Elle rend aussi un bel hommage au genre littéraire qu'elle détourne avec classe.
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On suit une jeune femme, Constance, désoeuvrée et en cours de divorce. Riche et jolie.

Qui va se retrouver propulsée dans le monde de l'espionnage sans avoir rien demandé.

On suit aussi son mari dans ses diverses conquêtes, le demi-frère de celui-ci dans ses diverses embrouilles.

Mais finalement cette parodie de roman d'espionnage n'est peut-être pas le propos de l'oeuvre. C'était une lecture agréable, légère et drôle. Téléphonée parfois et parfois surprenante. mais le propos, au delà du divertissement offert est justement, je pense, ce jeu du chat et de la souris entre l'auteur et son lecteur. On pense avoir percé à jour sa manière de faire et il nus retourne, ainsi de suite. Son écriture est elle-même dans cette veine : par ses apostrophes au lecteur, à l'aspect méta de sa narration(notamment lorsqu'il avoue que tel ou tel évènement est bien pratique pour faire avancer l'histoire). On joue à la lisière du réel, du crédible, brisé régulièrement par les intervention du narrateur et par ces coïncidences « extrêmes ».

Finalement qu'attendre d'autre de la part des Editions de Minuit ? de fins limiers comme toujours, bien que ce ne soit pas ma tasse de thé. J'aime cette lecture : j'ai passé un bon moment. Mais il me manque une forme de profondeur. Contrairement à certains comme Viduite ou Bibliblogueuse, je n'ai pas eu l'impression de perdre mon temps. J'ai lu ce roman en très peu de temps finalement et je l'ai parcouru sans encombre, avec un petit sourire pour les facéties de l'auteur. Mais sans y plonger profondément : et c'est cela qui ma manqué. Ce n'est pas un univers ou on s'immerge totalement, plutôt quoi traverse a gué en se disant que ce ruisseau sur nos chevilles est bien agréable.
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Amusant...

L'unanimité à la tribune du Masque et la Plume m'a convaincu de lire ce roman.
Peut être que, comme souvent, de trop bonnes critiques entraînent une petite déception chez le lecteur. Ce fut le cas en ce qui me concerne.

Si le style est parfait, l'histoire et les personnages m'ont déçu. Je n'étais sans doute pas préparé à rentrer dans un livre où tout allait être tourné en dérision. Au début on est donc surpris, ensuite on sourit, ensuite...on soupire et on a vite envie de passer à autre chose ; ( je tiens à préciser que je n'ai rien contre l'humour en littérature, je suis un très très grand fan de F.Dard par exemple ( oui, San Antonio c'est de la littérature, mais ce n'est pas le sujet... :-) ).
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Je commence à me demander sérieusement si l'oeuvre de Jean Echenoz est pour moi. Je m'explique: j'avais attaqué ses romans par 14, que j'ai dévoré et aimé, puis Ravel, que j'ai plus ou moins détesté, avant de continuer par un recueil de nouvelles, Caprice de la Reine, que je me suis dépêchée d'oublier, et voici que je viens de terminer Envoyée Spéciale, dont le style m'a amusée mais où tout le reste, des personnages à l'intrigue, m'a donnée de l'urticaire. Au passage, c'est la scène de kidnapping la plus idiote que j'ai jamais lue et il n'y avait qu'un écrivain masculin pour l'écrire. le tout étant en plus assorti d'un certain parfum de misogynie où tous les personnages féminins sont au service des personnages masculins, je crois que je vais définitivement aller voir ailleurs.
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Un vrai plaisir de lecture.
Cela faisait bien longtemps que je n'avais plus eu un tel moment de bonheur en lisant un livre.
Le style d'écriture si particulier , parfois déroutant, qui oblige
à la concentration pour une meilleur compréhension.
Mais en aucun cas barbant.
L'humour, qui m'a fait relire certains passages , tellement j'ai apprécié le ridicule de la situation .
La construction des événements et des personnages qui gravitent autour sont racontées d'une façon si intelligente.
Seul ombre au tableau, la fin .
Car oui , un peu déçu par la fin .
A moins que ma réelle déception réside finalement dans le fait d'avoir fini , et d'en vouloir encore plus, tellement j'ai apprécié.
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