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sur 685 notes
Constance est mariée mais ne vit plus trop avec son mari, elle est oisive et déambule au gré des rues de Paris histoire de se promener, et quand un homme plutôt charmant lui demande son chemin Constance n'hésite pas un seul instant, lui répond et se propose même de l'emmener, parce qu'elle est comme ça Constance : "C'est qu'elle ne peut jamais se retenir, Constance, d'avoir ce genre d'idées, nous avons bien compris qu'amoureusement elle est insatisfaite.".
Ce qu'elle ne sait pas, c'est qu'elle a été choisie pour une mission très particulière : "C'est très simple, a répondu le général, vous allez déstabiliser la Corée du Nord.", et qu'avant de l'envoyer sur le terrain il va falloir la préparer, la conditionner dans une ferme isolée de la Creuse : "Ce qu'il faudrait avant tout, voyez-vous, c'est lui faire subir une sorte de purge une fois que nous l'aurons trouvée. La mettre entièrement hors-circuit quelque temps avant qu'elle intervienne. Une sorte de bonne cure d'isolement, si vous voulez. La personnalité se modifie dans ce cas-là. Je ne dis pas que ça détruit le caractère, mais ça crée des réactions mieux adaptées, ça rend le sujet plus ductile.".
Mais bon, l'encadrement de Constance n'est pas très organisé et c'est là que les problèmes vont commencer.

De Jean Echenoz, j'ai lu "14" au style épuré avec une histoire allant droit au but, la plume de cet auteur ne m'était donc pas inconnu.
Ce fut un plaisir de le retrouver dans ce "Envoyée spéciale" si rafraîchissant et quelque peu inattendu.
Inattendu tout d'abord de par sa taille, Jean Echenoz ne m'avait pas habitué à écrire un roman aussi long, mais également par l'histoire qui est loufoque mais sans devenir guignolesque.
Je vais être franche, cette histoire c'est du grand n'importe quoi orchestré par on ne sait qui n'importe comment, mais la recette fonctionne et c'est là l'essentiel.
Il y a une douce ironie légèrement amère sous la plume de Jean Echenoz, il se pose en narrateur distancié de l'histoire et la raconte presque à la manière d'un journaliste et pourtant le lecteur est captivé du début à la fin par cette histoire plus qu'improbable d'une inconnue ramassée au hasard (ou presque) dans la rue et envoyée en Corée du Nord pour déstabiliser le régime.
Fort heureusement, dans la réalité les services secrets n'agissent pas ainsi, et tant mieux pour nous ai-je envie de dire, mais nous sommes en littérature et on peut tout se permettre, ou presque, et Jean Echenoz y arrive de manière fort habile.
L'auteur alterne les points de vue, se plaçant par moment du côté de Constance, de l'autre des personnes orchestrant cette mission d'infiltration politique, ou encore du mari de Constance ancienne gloire de la musique qui ne bouge pas franchement le petit doigt pour venir au secours de sa femme après une demande de rançon.
Il suffit de bien mélanger le tout et la vinaigrette non seulement prend mais s'accorde très bien avec les différents plats proposés.
C'est un livre très drôle, et mine de rien très bien écrit, j'aime décidément beaucoup le style de Jean Echenoz.
C'est une charmante fantaisie littéraire qui m'a divertie et je n'en dirai pas plus dessus, je vous laisse le soin et le plaisir de la découvrir par vous-même.

"Envoyée spéciale" n'est pas que le titre d'une émission de télévision mais s'avère ici être un vrai-faux roman d'espionnage tout à fait réjouissant et sacrément drôle, une lecture rafraîchissante.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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Quatrième et dernière lecture dans le cadre du Prix Relay Voyageurs-Lecteurs, je remercie Babelio et Les éditions de minuit pour l'envoi de ce roman.

Je ne connaissais pas la plume de Jean Echenoz et, après petite enquête, je me lançais donc avec un bon a priori dans la lecture d'Envoyée spéciale

Difficile… très difficile… je ne suis pas du tout entrée dans l'histoire. Je me suis ennuyée avec tous ces personnages, ces amateurs plongés dans un fiasco total, tous ces détails inutiles, ces clichés, ces jeux de cache-cache…

C'est une parodie de roman d'espionnage, un anti-James Bond à souhait.
Et je pense que j'apprécie trop les bons romans d'espionnage pour goûter le délire, la plaisanterie déjantée que nous a joué l'Envoyée Spéciale.

J'ai pourtant apprécié le style d'écriture de l'auteur, il manie très bien les mots d'un vocabulaire riche. Il est sympa, il invite le lecteur dans son roman, fait des apartés comme des notes de bas de pages. Il use d'ironie, se moquant parfois de ses propres personnages, voire de son travail d'écriture.

Mais voilà. le style parodie loufoque, je ne peux pas! Ce n'est pas mon style du tout, de prime abord mais comme ma grand-mère me l'a toujours dit: goûte et tu pourras dire réellement après si tu aimes ou pas. J'ai goûté, mamie, j'ai goûté… et je n'ai pô aimé.

Alors bien entendu, je ne remets absolument pas la plume de l'auteur en cause mais sur ce coup-là, je ne suis pas la bonne lectrice…
Lien : http://livrenvieblackkatsblo..
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Dans ce faux roman d'espionnage plein d'humour, Jean Echenoz, le dernier manchettien, s'amuse de la distanciation elle-même qu'il crée entre l'oeuvre et le lecteur pour le plus grand plaisir de ce dernier.

C'est encore Jean-Patrick Manchette qui parle le mieux de son ami :

Cher Jean Echenoz,

à côté des énigmes nombreuses et saugrenues qui s'entrelacent dans ton Cherokee, le vrai mystère de ce bouquin, c'est qu'il tient debout et qu'il est passionnant et drôle. On ne sait pas pourquoi. Car enfin ce n'est qu'un ramas de déchets, comme sont tous les romans contemporains ; et Cherokee est un ramas de déchets spécialement hétéroclites et qui devraient se détruire les uns les autres. Ce « méta-polar » référentiel, cette frénésie de descriptions « objectales », cette débauche d'allusions qui fait du Faucon Maltais un perroquet débagoulant et latiniste, cent autres références discrètes, et puis cette écriture outrageusement précieuse et qui rit d'elle-même et de la misère de sa propre préciosité – tout ce bordel devrait être, au bout du compte, une autodestruction et un « ratage », un sommet de l'effondrement. Or non. Ça tient. D'une manière antiphysique : comme un château de cartes qui serait une brique. Tu me mets dans la perplexité, mais dans la perplexité enthousiaste. La seule chose que j'ai comprise, c'est le titre, mais ce Cherokee qui devient Koko, c'est une affaire qui ne regarde que nous, et ton perroquet délirant, et l'ombre de Charlie Parker. Au total je suis épaté car c'est épatant.

Jean-Patrick Manchette

(Lettre de Jean-Patrick Manchette à Jean Echenoz publiée lors de la parution de Cherokee en 1983)
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Euh .... comment dire ... je suis fan d Echenoz. Mais là, notre cher écrivain adoré d'amour s' est sans doute amusé, s' est sans doute laissé allé ... se l'ai coulé douce et plouf, on a perdu notre orfèvre. Je dis nous car je parle également au nom de mes amis qui partagent la même admiration pour les oeuvres ciselées de notre auteur admiré. Bon, Monsieur Echenoz , j'espère vous retrouver bientôt.
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Echenoz s'amuse au roman d'espionnage dans ce livre pétulant. Il manipule la syntaxe, entrelace dialogues et descriptions, déconstruit les temps narratifs, et se retourne avec candeur pour voir si on le suit : Constance enlevée, rançon demandée, photo préoccupante, menaces traditionnelles et qu'est-ce qu'on fait ? Situation à vrai dire si banale, comme on en voit tellement souvent, que nous sommes tous un peu embarrassés : Tausk par sa démarche humiliante auprès de son cadet, Hubert par ce que Tausk vient encore lui casser les pieds pour pas un rond, moi-même par une trame à ce point convenue (p 47). Il enfile les idées sans souci de vraisemblance, multiplie fausses pistes et raccourcis, et nous régale d'anecdotes savantes ou saugrenues. Bizarrement il est prolixe (313 pages). Rien ici de la gravité et de la concision de son Ravel (2006 aux Editions de minuit, 124 pages), lequel était plus vrai et plus persistant que celui de David Sanson (2005 chez Actes Sud, 137 pages). Lecture savoureuse pour qui aime l'originalité dans le style et se fiche de l'intrigue comme d'une guigne.
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Un régal de lecture à recommander à ceux qui prisent le parti pris d'une intrigue secondaire tout entière au service de l'humour et du plaisir d'écrire de son auteur.
Le ton est donné dès les trois premières lignes de ce faux polar dans lequel le lecteur est vite embarqué, interpellé régulièrement par Jean Echenoz.
Constance, épouse du compositeur du tube planétaire "Excessif" qu'elle a jadis interprété, est enlevée puis séquestrée par les services secrets français dans le but de déstabiliser rien de moins que la Corée du Nord où l'oeuvre de notre clone de Patrick Hernandez connaît toujours un succès qui ne se dément pas, passée en boucle aux banquets des pontes du régime.
Même si elle n'a rien d'essentiel, l'histoire est savamment conduite avec des personnages, d'abord présentés sous pseudo ou pas, qui ne font finalement qu'un avec d'autres que nous avions découverts sous une autre identité. Et la Corée du Nord, quel superbe terrain de jeu pour le brio incomparable de Jean Echenoz !
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N°1619 - Janvier 2022

Envoyée spécialeJean Echenoz. Les Éditions de Minuit.

L'intrigue est à la fois simple et un peu loufoque. Un général au rencard, répondant au doux de Bourgeaud s'est mis dans la tête de charger une jeune femme de séduire un collaborateur de Kim Jong Un pour déstabiliser le régime du dictateur nord-Coréen. Pour cela il lui faut une jeune et jolie femme, mais pas une espionne professionnelle ; il choisit Constance pour sa naïveté,mais pas seulement, la fait enlever et séquestrer dans un coin perdu de la Creuse avant de l'envoyer à Pyongyang. Tout cela est bel est bon mais cette idée, pour être originale n'en est pas moins difficile à réaliser d'autant que les acolytes de Bourgeaud ressemblent plus à des "pieds nickelés" qu'à des agents secrets. Les épisodes du rapt et de la séquestration valent leur pesant d'absurdité entre syndrome de Stockholm et demande de rançon façon baron Empain, pour se poursuivre avec le personnage du mari, Lou Tauk, bizarrement nullement bouleversé par l'absence de sa femme. C'est que son passé "artistique" et celui de Clémence sont pour beaucoup dans le choix du général, comme le verra quelques dizaines de page plus loin le lecteur attentif. C'est qu'il faut l'être, attentif, pour suivre cette histoire un peu abracadabrantesque où les tranches de vie détaillées d'individus se succèdent sans qu'on sache très bien ce qu'ils viennent faire dans cette affaire et surtout le lien qui peut bien exister entre eux. Bref, la mission de la jeune femme en Corée peut commencer. Elle n'aura rien à envier à ce début un peu cahoteux.

Echenoz nous entraîne dans un roman d'espionnage un peu comme il l'avait fait dans "Lac", nous régale une nouvelle fois de sa faconde faite d'un verbe jubilatoire, de portraits improbables, d'un culte du détail parfois inutile et parfaitement anodin qui n'apporte rien au déroulé du récit mais qui a l'avantage de nous faire sourire de par son incongruité même. de fausses pistes en changements de noms, Echenoz égare le lecteur mais le rattrape ensuite, évoquant les situations les plus extravagantes aussi bien à Paris qu'à Pyongyang, le régalant de détails aussi improbables qu'inattendus sur la croissance des ongles d'orteils ou la vie sexuelle des poissons exotiques, bref il promène à l'envi le lecteur, témoin volontaire de ces invraisemblables tribulations. L'évocation du spectacle offert au quotidien par la Corée du Nord fourmille de détails où le décor de théâtre inspiré de l'architecture marxiste le dispute au rôle joué par des figurants à l'attitude plus loyale que spontanée. le style et un brin compliqué mais bien dans le sens du thème, à la fois documentaire et déjanté, encombré de détails dont on se demande s'ils sont ici par un souci d'informations ou s'ils contribuent à soutenir l'attention normalement dissipée du lecteur.

J'ai pourtant lu ce roman jusqu'à la fin, à la fois friand des situations évoquées et de la façon de les faire partager et curieux de l'épilogue. Au moins ça a été un bon moment de lecture en ses périodes troublées par un virus aussi insaisissable que les gestes barrière pour le combattre sont étonnants et une campagne électorale à géométrie variable dont les sondages aussi quotidiens que contradictoires peinent à intéresser l'électeur potentiel.
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J'ai repéré cet auteur dans la liste d'un "babeliosien", je ne regrette pas.
Quelle écriture truculente.
Une histoire un peu beaucoup déjantée qui fait beaucoup sourire même rire.
Une narration originale, "il" nous interpelle nous questionne et puis décidé de passer à un autre événement...
A découvrir...
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Je n'en suis qu'à la 100ème page et j'adore, vraiment. Je crois que c'est mon Echenoz préféré. C'est vivant, drôle, original, prenant et le style est impeccable, chaque phrase est archi-travaillée, quel bonheur de lecture !
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Il y a des romanciers qui nous touchent plus que d'autres par leur façon d'écrire. C'est le cas pour Jean Echenoz qui fait partie de mes préférés. J'adore son écriture et l'ambiance qu'il sait créer. Dans "Envoyée spéciale" il réussit à installer un vrai suspense avec un humour au deuxième degré qui ne donne pas envie de lâcher le livre.
Les personnages semblent taillés à la serpe et ressemblent un peu à ceux d'OSS 117 ou encore de la série Au service de la France. Si on veut savoir comment fonctionne les services secrets français il n'y a qu'à lire ce roman mais j'espère qu'en réalité ils sont un peu plus efficaces.
La première partie est particulièrement drôle quand les services secrets français mettent au point l'enlèvement d'une jeune femme prénommée Constance. Ils veulent la formater pour qu'elle devienne une espionne et l'envoyer en Corée du Nord. Pour cela elle va passer quelques mois dans la Creuse avec ses geôliers et va parfaitement s'accommoder de la situation.
Constance a été choisie parce qu'elle est l'interprète de la version coréenne d'Excessif qui a été un tube de Lou Tausk, son mari au passé de gauchiste activiste.
Il y a plein de digressions judicieuses et des descriptions impressionnantes dans ce polar géographique très cinématographique. J'imagine très bien l'auteur caméra à l'épaule.
Il faut dire aussi que Jean Echenoz interpelle régulièrement son lecteur et cette façon de se mettre en scène donne une dimension particulière à cette parodie hilarante.


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