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3,56

sur 1186 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ferrer s'en va. Il s'en va. Il s'en va par fidélité à une certaine conception de la vie.
Une première alerte cardiaque lui a fait comprendre qu'il n'est pas éternel.
A 50 ans, il décide soudain de quitter sa femme et la galerie qu'il tient à Paris pour se lancer dans l'aventure d'une chasse au trésor. On lui a parlé d'une fabuleuse cargaison d'objets d'art enfouie dans la cale d'une épave quelque part dans l'arctique.
Alors, il s'en va !
J'ai adoré ce roman qui se donne les allures d'un polar qui ne se prendrait pas au sérieux. Tout y est le tempo, les poursuites, les rebondissements, les rencontres amoureuses, avec un grand plus : l'écriture majestueuse d'un auteur qui ne m'a jamais déçue.
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Personnages ectoplasmiques, intrigue minimaliste et Prix Goncourt. Avouons qu'on a là (notez dès à présent l'emploi du « on », si cher à l'auteur) tout pour déplaire.
Oui, mais… non. On est en présence d'un lecteur satisfait de sa lecture et avouant avoir beaucoup aimé le style, l'humour et ces contrepieds récurrents qui obligent parfois à relire la phrase dont on n'a pas su goûter la subtilité et l'espièglerie au premier passage : « ce n'était plus qu'une question d'heures avant d'être débarrassé de ce rival qui, l'objectif atteint, fit ses adieux au commandant et à l'état-major sur la passerelle puis, retourné dans sa cabine, ses valises. »
On a trouvé plaisant de se moquer, avec l'auteur, des amateurs et professionnels de l'Art moderne, de ces industriels ne sachant plus trop quoi faire de leur argent, ou de ces « artistes » peintres ou plasticiens « qui installait ça et là des monticules de sucre glace et de talc » ou se proposaient « au lieu d'accrocher un tableau sur un mur, il s'agit de ronger à l'acide, à la place du tableau, le mur du collectionneur : petit format rectangulaire 24 x 30, profondeur 25 mm. »
On se réjouit de ses descriptions urbaines qu'on soit à la terrasse d'un café, carrefour de l'Odéon, où « la vue est imprenable sur deux bouches d'une même station de métro », au cimetière d'Auteuil « devant (la tombe) d'un inconnu sans doute malentendant – Hommage de ses amis sourds d'Orléans, crie la plaque » ou bien encore à San Sebastian où on « aperçoit une femme au magnifique physique d'otarie, vêtue d'un maillot noir une pièce qui entre dans l'océan gris-vert… avance dans l'eau glacée jusqu'à ce que celle-ci lui arrive aux chevilles, aux genoux, au pubis puis à la taille à hauteur de laquelle, avant de se lancer dedans bras tendus devant, elle se signe et Baumgartner l'envie. Qu'est-ce qu'elle a de plus que moi pour faire ça ? Juste peut-être qu'elle sait nager. Moi non. le signe de croix je sais, mais nager, non. »
On s'en va divorcer sereinement car « le juge était une juge aux cheveux gris, à la fois calme et tendue, calme car croyant avoir l'habitude d'être juge et tendue car sachant ne jamais l'avoir prise. »
Tout ça, convenons-en, n'est pas très sérieux, pas de thèse puissante, pas de prêche moral si répandu dans la littérature française contemporaine. Impossible de se révolter, de compatir, de militer, de conforter ses opinions. Cela devrait être frustrant, c'est réjouissant.
L'auteur nous balade, multiplie les fausses pistes dont certaines n'aboutissent à rien. Son histoire, personne n'y croit vraiment, son personnage est à peine esquissé mais comment lui en vouloir quand le lecteur s'amuse en permanence, gavé de bons mots qui lui procurent tant de bons moments ?
Vous, je ne sais pas, mais moi (on est d'accord, le "on" devient vite fatigant quand on n'a pas le talent de l'auteur), Je m'en vais lire un autre Echenoz.
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« Je m'en vais,dit Ferrer, je te quitte,Je te laisse tout mais je pars » , c'est par ces mots que commence le roman de Jean Echenoz Je m'en vais,roman qui lui a
valu le Prix Goncourt en 1999,
Ferrer tient une galerie d'art installée dans le IXème arrdt à Paris, dans son ancien atelier de sculpteur.Cet ancien artiste s'est reconverti dans la promotion des autres artistes ,peintres et sculpteurs d'art contemporain.Les temps sont durs, la galerie s'étiole, Ferrer aussi son coeur surtout dixit Feldmann son cardiologue : pas de températures extrèmes pour les cardiaques!
Travaille avec lui un personnage peu reluisant Delahaye, toujours mal habillé, la cravate de travers, le cheveu pas très net, la moustache mal taillée.Ce dernier s'occupe du relationnel avec les artistes, mission souvent ingrate et surtout il sert d'informateur signalant à Ferrer les bonnes opportunités.C'est ainsi que Ferrer part pour le pôle Nord afin d'y récupérer si possible le chargement d'un navire échoué dans la banquise, La Nechilik, bateau d'antiquités lappones fort anciennes,
Quand vous saurez qu'à son retour, tout son monde va s'écrouler, sa vie basculer,vous pourrez sans peine imaginer que ce chargement fera des envieux,,,,
Avec tous ces ingrédients, une écriture qui lui est propre, Echenoz nous livre ici un petit bijou,Certes il y a un semblant d'histoire policière mais surtout il y a l'histoire de tous ces personnages, Ferrer, Delahaye, Baumgartner, le Fletan et celle de toutes ces femmes qui passent, restent parfois et partent toujours! Par petites touches, des phrases courtes, l'emploi du « on » et du « nous », Echenoz nous convie à visionner la vie de ces héros.
Si vous aimez voyager, laisser vous embarquer pour le Grand Nord On se pince, on s'y croit, ah le passage du cercle polaire avec bizutage obligatoire!

Alternant narration au présent, souvenirs, changement d'acteur, son narrateur nous amène en douceur au dénouement de cette aventure qui n'est pas vraiment une finmais sûrement un début!
Vous l'aurez compris j'ai beaucoup aimé Je m'en vais et me réjouis à l'avance de tous les titres d'Echenoz qu'il me reste à découvrir
Ne passer pas à côté de ce petit joyau , ce serait dommage.
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Félix Ferrer, propriétaire d'une galerie d'art vit des moments difficlies tant sur le plan professionnel, sentimental que intime. Spécialisé dans l'art moderne les affaires ne vont pas forts, il quitte sa femme qui lui porte sur le système et des problèmes cardiaques lui rapellent sa condition d'humain de cinquante ans. Sur l'avis de son conseiller, il décide de se joindre à une expédition pour le grand Nord à la recherche d'objets d'art inuit. Mais son coeur lui joue à nouveau des tours.
C'est tout en légèreté et en énigmes que Echenoz nous ballade dans les pas de Ferrer, un homme qui avance dans la vie sans se retourner comme si sa vie était perpétuellement en mouvement. Et c'est de cette légèreté que vient tout le plaisir des livres d'Echenoz. On se croit dans un polar, on bascule dans la comédie, on passe de l'ironie à la sincérité. Jean Echenoz obsculte nos quotidiens et nos solitudes avec un talent rare. Prix Goncourt mérité, ce qui n'est pas toujours le cas.
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Mon premier Echenoz était "14" : belle écriture, mais l'histoire, d'abord histoire de guerre, ce qui n'est pas ma tasse de thé, l'histoire donc m'avait paru bâclée même si le plan de l'histoire se tenait. Un scénario construit, je veux dire avec début, milieu et fin, mais qui restait superficiel à mes yeux.

Poussée par ma libraire à lire autre chose de cet auteur, je me suis plongée dans son livre primé par le Goncourt, étiquette qui me fait fuir, mais bon, j'allais tenter un second ouvrage. Et bien, c'est mieux, nettement. L'histoire se tient, cela se lit sans difficulté. Cela reste néanmoins une littérature passagère, qui ne devrait pas rester inscrite longtemps dans mes cellules grises de lectrice.

L'ajout en fin de livre d'un interview de l'auteur sur ses modes d'inspiration et d'écriture est intéressant.
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Cette écriture... Un pur plaisir ! Et dire que je n'ai découvert Jean Echenoz que tardivement, d'abord avec "14" (dans mon top 10 personnel) puis "Ravel" et "Caprice de la reine". A chaque fois, c'est un régal. A chaque fois je me dis que ces quelques ouvrages feraient une compagnie idéale sur une île déserte tant l'écriture est capable d'éveiller la curiosité du lecteur et de lui titiller tous les sens.

"Je m'en vais" a obtenu le Prix Goncourt en 1999 et il me semble qu'il contient tous les ingrédients que l'on aimerait trouver plus souvent dans les ouvrages primés. Un jeu de narration unique avec des changements fréquents de perspective induits par l'utilisation des pronoms, une musicalité subtile qui donne envie de savourer les phrases à haute voix. L'auteur crée ainsi une intelligente connivence avec son lecteur, qui ne demande alors qu'à le suivre au bout du monde.

"Je m'en vais" ce sont les premiers et les derniers mots du livre, prononcés par Félix Ferrer. Un année s'écoule entre les deux phrases. Une année pendant laquelle notre héros, propriétaire d'une galerie d'art quitte sa femme, malmène ses artères et son coeur (au sens propre comme au figuré), voyage dans le Grand Nord sur les traces d'une cargaison d'oeuvres d'art échouée dans la banquise et fait toutes sortes de rencontres. Des femmes, des escrocs, des médecins, des policiers. Une année pleine au cours de laquelle Félix Ferrer traîne sa carcasse et son air désabusé, comme revenu de tout. Un héros qui s'en va, sans bien savoir où, ni pourquoi. Et qui finit par "boucler sa boucle", pas plus avancé que lors de son départ.

Jubilatoire ! Et pourtant, à ce moment, Jean Echenoz n'avait pas encore atteint la plénitude dans son écriture, un exemple inégalé de concision et de précision qui lui a permis de produire "14" et qui, je l'espère, nous offrira encore longtemps de quoi nous régaler.

En attendant, je vais continuer à explorer son oeuvre dont il me reste heureusement quelques pépites à découvrir.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Quel bonheur de retrouver Echenoz, dont la plume a quelque chose de la drogue dans son côté addictif.

L'histoire m'a fait penser un peu à "Envoyée Spéciale", non dans son contenu mais dans sa construction, plusieurs personnages qui se croisent et se recroisent, une action décrite sans trop de précisions mais avec vigueur et force, donnant une forte vitalité à l'écrit.

Un seul point un peu négatif est le dénouement de l'histoire, qui laisse (un peu) sur sa faim (légère).

Le seul inconvénient des bouquins d'Echenoz, c'est qu'après avoir replongé dans d'autres auteurs, une certaine impression de fadeur ressort, du moins au début...
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Moi qui suis une grande fan de Jean Echenoz je m'attendais au gratin de son oeuvre littéraire avec ce prix Goncourt 1999 mais je l'ai trouvé plutôt sur les bords de la casserole. Disons que j'aime bien aussi gratter les gamelles, c'est souvent plaisant pour les papilles.
Je ne sais pas pourquoi j'utilise une métaphore culinaire car "Je m'en vais" n'a rien à voir avec la nourriture même si le narrateur Félix Ferrer doit surveiller son régime alimentaire sur les conseils de son médecin puisqu'il est cardiaque.
Mais là n'est pas le sujet puisque dans ce roman, Jean Echenoz s'intéresse surtout au marché de l'art et aux régions arctiques, sous la forme d'un drôle de polar.

Un dimanche de janvier, Félix Ferrer dit à sa femme "Je m'en vais". Il la quitte pour se rendre chez sa maîtresse Laurence, une belle brune. Pour autant, ce ne sont pas ses relations amoureuses qui sont au centre de l'histoire.
En juillet, il prend l'avion pour Montréal, un bus pour Québec, et un brise-glace pour le Pôle Nord. Il fuit sa vie de galeriste parisien à la recherche d'un trésor bloqué dans une épave abandonnée sur la banquise depuis 1957. Il s'agit d'objets d'art polaire à la valeur marchande élevée. Il va les trouver, on va les lui voler, il fera une crise cardiaque (je vous avais prévenus).

Si je ne suis pas intéressée par ce qu'on appelle le monde de l'art, je trouve que le personnage de Jean Echenoz est hors du commun. Ferrer est un quinquagénaire séducteur que rien ne semble émouvoir mais que tout dérange, plongé malgré lui dans un trafic d'antiquités boréales (il va quand même dépouiller l'épave en toute impunité). Son existence semble incontrôlable et j'ai d'ailleurs eu parfois du mal à le saisir.

Ce que je préfère c'est le style de l'auteur qui progresse par chapitres très courts, enlevés et amusants et alternent entre la situation parisienne et l'aventure en Arctique. Son ton est souvent ironique et il aime semer de petites incongruités narratives en interpellant le lecteur. Il a le souci du rythme, ce qui va de pair avec son attachement aux lieux, aux déplacements, à la géographie en général. D'ailleurs, ses personnages parcourent les rues et le métro parisien à la façon de Patrick Modiano mais sans nostalgie.


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Une partie de plaisir que ce roman qui réserve au détour des pages une succession de surprises hilarantes, l'air de rien. Car sous l'apparence banale de l'histoire des déboires d'un petit collectionneur racontée avec distance et presque ennui – traitant son personnage principal de «l'autre imbécile» – il y a une richesse d'écriture qui se laisse aller parfois jusqu'au délire, le narrateur imaginant l'écho d'une porte qui claque sur l'harmonique d'un piano à queue ou transposant la violence de son ex à l'époque des cavernes...On voyage dans Paris, le grand Nord du Québec, à la frontière espagnole, mais ce n'est qu'un prétexte pour jouer avec la langue et l'imagination. L'essentiel est cette maestria avec laquelle le regard de l'écrivain sur son personnage médiocre donne au banal de son quotidien une dimension inattendue et souvent désopilante. Un régal.
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Première lecture d'un roman d'Echenoz. le premier abord m'avait déçu. Je m'y suis remis après quelques semaines et très vite cette fois j'ai été séduit : le style, la construction romanesque, l'humour, l'inattendu, le décalé. Je suis curieux de découvrir un autre roman de l'auteur.
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