Je suis un ours !

"Je suis un ours" ressemble à un conte en randonnée, où le héros part en voyage et rencontre petit à petit plusieurs personnages, différents mais indispensables pour arriver au dénouement.

Le prisonnier 5446 est sorti de prison après avoir purgé une peine de 10 ans, on ne sait rien de lui si ce n'est qu'il s'est mis en tête de remplir une mission. Son visage a disparu, son nom aussi mais il revendique être un ours. Tout au long du texte, il ne veut pas être quelqu'un d'autre qu'un ours. Oui mais les ours sont bannis, mal aimés, chassés. Alors pourquoi ne pas choisir la facilité et être quelqu'un d'autre?
Au fur et à mesure de son voyage vers son objectif, on rencontre un lièvre (qui n'a pas sa langue dans sa poche), une ânesse (timide mais volontaire), un sanglier (qui sent mauvais), une couple de chameaux et un éléphant. Tous, à leur façon, vont permettre à 5446 de se révéler, de se livrer et d'expliquer sa motivation.
Voyage initiatique, quête de la vérité, je suis un ours est un conte moderne qui reprend certains codes des contes traditionnels, les rénove. J'ai eu l'impression de lire certains contes slaves comme Kolobok (Roule galette) ou ou Terebok, mais aussi le livre la fameuse invasion des ours en Sicile.

Ce texte se lit rapidement, les chapitres sont très courts et l'auteur agrémente son histoire avec des illustrations qu'il a lui même réalisée et qui sont la genèse de son roman. Je le conseille à partir de 10 ans.
C'est une très belle découverte, merci à Babélio et aux éditions Alice.

Le prisonnier 5446 va sortir du bagne des ombres ... nous voilà déjà plongés en plein mystère ! Qui s'accroît lorsque le lecteur apprend que 5446 a deux quêtes à mener dès sa sortie : remplacer le visage qu'on lui a ôté lors de son emprisonnement et retrouver son frère. Dès lors, les éléments propres au conte se mettent en place, teintés de magie et de merveilleux. On croisera un lièvre, une ânesse, un sanglier, un mage, l'ambassadeur du Pays des Glaces… Il sera question de vengeance, d'identité et d'apparence, de magie et de ruse, de violence et de pardon, de famille, de nom, de cicatrice … Ce récit initiatique, construit comme un conte, structuré comme une randonnée, haletant comme un roman d'aventure, sombre et mystérieux comme une tragédie antique, captivera les jeunes lecteurs grâce à tous ses éléments constitutifs, mais aussi par son côté déroutant : le passage d'un genre à un autre, les héros animaux anthropomorphisés qui, sous leur masque, ne sont pas ce qu'ils semblent ou disent être, tout ce jeu sur l'identité, le masque, le reflet.
Sans oublier un atout majeur de ce livre : les illustrations, oeuvre de l'auteur et déclencheur de son écriture, ancrées, comme le récit, dans une sorte de réalisme magique propre à éveiller tous les imaginaires.

Jérôme Eeckhout nous offre ici une fable moderne qui nous emmène dans un pays anthropomorphe.
Nous découvrons 5446, un prisonnier de la terrible Tour des Ombres. En plus d'y être retenu captif, les criminels qui y séjournent se voient enlever toute identité : leur nom est remplacé par un numéro et surtout, leur visage leur est subtilisé magiquement.

Nous allons suivre le périple de 5446 une fois sorti de prison. À commencer par l'acquisition d'une nouvelle tête, de cerf, qui ne lui convient pas. En effet, il clame être un ours ; race barbare en voie d'extinction. Sur sa route, il croise de nombreux compagnons, farfelus, improbables et attendrissants.

Agrémenté d'illustrations, ce petit roman se lit rapidement, plongé que nous sommes dans cette quête intrigante ! Au fur et à mesure de la lecture, de nouveaux éléments viennent surprendre le lecteur.

Une très agréable lecture que je recommande dès 10 ans ! Une quête de vengeance qui se termine bien, des personnages attachants et de belles illustrations, que demander de plus ?

Depuis dix ans, le prisonnier matricule 5446 est enfermé dans une cellule étroite et humide à la Tour des Ombres. Depuis dix ans, il fait chaque nuit le même rêve : les portes de la prison s'ouvrent et il lave lentement son poignard dans l'eau d'un puits. Mais quand il tente de dire qui il est, le souffle lui manque. Il s'éveille.

Quand le roman commence, c'est la dernière fois que 5446 fait ce rêve. le lendemain, il sortira enfin de la forteresse massive où, comme les autres condamnés, il a subi un châtiment terrible : son visage lui a été ôté par un mage. Sous la capuche de l'uniforme rayé : plus rien qu'une ombre ! Pourtant, il s'entête à répéter la phrase du titre : « Je suis un ours. »

Mais ce qu'un mage peut faire, moyennant paiement, un autre peut le défaire, lui souffle un autre détenu, la veille de sa libération. Impossible cependant d'obtenir un visage d'ours : les plantigrades, victimes de leur mauvaise réputation, ont depuis longtemps été décimés ou assujettis en bêtes de foire. C'est donc sous une autre apparence que l'ancien prisonnier entame sa nouvelle vie. Première étape : retrouver son frère. L'ours à tête de cerf doit « laver le passé pour libérer le présent ».

Une galerie d'animaux anthropomorphes l'accompagne dans sa quête d'identité : un lièvre prénommé Pacôme, moulin à paroles et meilleur cueilleur de mûres du pays, une ânesse, un chameau et pour finir, un solide et malodorant sanglier du nom d'Ebenezer von Scrofa.

Les énigmes s'accumulent : pourquoi 5446 porte-t-il une profonde cicatrice à l'abdomen ? Pourquoi la visite de l'ambassadeur du Pays des Glaces fut-elle une calamité pour Zacharie le bon, et non pour son frère Thaddeus-le-Sauvage ? Qui livra un innocent à une patrouille nocturne des agents de la Loi ? La vengeance doit-elle s'accomplir dans la violence ou peut-elle s'habiller de ruse ?

Ce roman initiatique rappelle les ours siciliens de Buzzati et les mondes imaginaires du Livre de Perle de Timothée de Fombelle. On est fasciné par l'itinéraire d'un héros digne et mystérieux qui défend jusqu'au bout sa vérité : « Je ferais n'importe quoi pour qu'on sache que je suis un ours ».
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"Je suis un ours!" est une sorte de fable, de conte moderne et actuel à destination des 10-13 ans mais c'est un joli moment de lecture pour les plus grands aussi. On est embarqué dans un voyage initiatique, une aventure que le personnage central démarre seul et à laquelle se greffent une multitude de personnages divers et variés. Ca m'a beaucoup fait pensé aux contes peuls : le personnage grandit spirituellement, il s'élève et ses choix de départ évoluent en fonction des rencontres et des évènements auquel il se confronte. "Je suis un ours!" est une belle découverte que je recommande fortement aux petits et aux grands qui ont envie d'un petit moment de poésie.