C'est un univers très original que crée G.Effinger, mélange de religion musulmane et de haute technologie. Mais les éléments de SF sont bien moins importants que l'esprit d'une série noire, que le héros convoque souvent dans ses enquêtes en s'appropriant la personnalité de personnages littéraires. Ses relations avec son « patron » un bandit froid et sans scrupule sont analogues à celles de Néro Wolfe et de son bras droit, exception faite qu'ils sont tous deux hors-la-loi, comme l'ensemble des habitants du quartier de Boudayin. La trilogie est réussie, en particulier «
Privé de désert », où Madrid prend de l'épaisseur lors d'une traversée du désert aux sens strict et symbolique à la fois. Madrid fait parfois des expériences métaphysiques quand il cherche à trouver une signification aux événements, mais il est aussi pragmatique, il est généreux mais aussi rancunier- la vengeance étant présentée comme un devoir musulman. Autre particularité : Effinger achève ses récits de façon aussi abrupte que
Hitchcock termine ses films, on est pris dans l'action et puis voilà, d'un coup, c'est fini. En dépit de cette petite frustration, on ne peut qu'apprécier le suspense entretenu par la recherche des meurtriers, dans ce monde de comploteurs et d'escrocs. J'ai été emportée dans cet univers, je n'ai pas pu cesser de lire avant la toute fin de l'anthologie.5/5