Un essai érudit mais accessible, documenté mais lisible, contenant beaucoup d'idées intéressantes : psy, architecturales, de décoration, de liens de couple ou de liens familiaux ... A lire.
Commenter  J’apprécie         150
Votre vrai-self, c'est-à-dire votre identité profonde,
celle qui est la plus proche de vos désirs,
ne concerne que vous. Nous avons tous besoin de protéger notre identité, en l'habillant, voire en la camouflant.
Ne désigne-t-on pas parfois l'habillement par le mot parure, voisin de paraître ?
La maison appelée "domotique" apparaît comme l'exemple presque opposé de celle construite de ses propres mains. C'est une maison ultramoderne, très médiatisée ces dernières années parce qu'elle fascine en symbolisant le progrès au service de l'homme. Elle contient en effet la technologie la plus perfectionnée censée faciliter la vie de ses habitants. (...)
Ce type d'installation peut bien sûr également rendre de grands services aux personnes souffrant d'un handicap moteur ou très âgées et dépendantes. (...)
Pour ses utilisateurs, la maison domotique doit servir à gagner du temps. (...) Cependant, si un seul des usagers de la maison est capable de se servir de l'informatique, il détient un pouvoir sur les autres ! (...)
Cette idée fondatrice de la maison domotique - faire à votre place - mérite réflexion.
Si l'on songe à la révolution que la chambre a connue pour gagner en intimité, l'introduction de ces appareils perturbateurs [télévision, radio, lecteur CD-DVD, ordinateur, téléphone portable, etc.] dans cette pièce peut nous alerter sur le recul que cela signifie.
Au Moyen-Age, on mangeait dans la chambre, on y recevait des amis et des compagnons de travail.
Pouvoir la réserver à un usage individuel ou de couple
a représenté un progrès considérable de confort
physique et psychologique.
Retour au Moyen-Age :
aujourd'hui l'envahissement est la règle.
On installe même dans la chambre son bureau.
Bâtir à partir d'une ruine
renvoie à une histoire générationnelle de destruction et de guerre.
On veut se sentir recommencer ou ressusciter après le drame,
qui peut être aussi celui d'un abandon dans l'enfance ou de la répudiation de sa propre filiation (...)
La restauration d'une ruine signifie pour l'essentiel
se (re)faire une santé après avoir vécu une "catastrophe".
Débarras, caves et greniers sont-ils un musée vivant qui a l'air d'être mort ? Un désert ou une jungle impénétrable ?
Ils sont tout cela à la fois. A une époque qui promeut le jetable, où personne ne veut s'encombrer de rien, ces endroits nous rappellent que nous sommes débiteurs de notre histoire, pour la poursuivre en construisant notre présent.
Une maison natale - Psychanalyse de l?intimité par Alberto Eiguer
http://www.dunod.com/sciences-sociales-humaines/autres-ouvrages-de-psychologie-et-societe/une-maison-natale
Cette maison je l?ai parcourue des centaines de fois ; j?ai visité tous ses recoins, touché ses murs, meubles, objets, humé ses odeurs et ses parfums. Elle a été témoin de mes joies et de mes souffrances. J?y ai appris à jouer, à marcher, à parler, à lire et à écrire. J?y ai connu les gens de ma famille, appris à identifier leur place dans la parenté. Ils m?ont transmis beaucoup de choses au point de devenir une partie de moi. J?y ai développé un certain goût de la réciprocité et le sentiment d?appartenance à un groupe.
Cette maison a été le témoin des faits marquants de mon existence d?alors. J?y ai appris à cohabiter avec moimême. C?est ma découverte première : la maison sert à développer notre intimité avec nous-même et avec les autres. On devient alors quelqu?un.
Alberto Eiguer est psychiatre, psychanalyste, ancien président de l?Association internationale de psychanalyse de couple et de famille. Il a notamment publié chez le même éditeur "Le pervers narcissique et son complice" et "L?inconscient de la maison".
ISBN 978-2-10-074731-3
+ Lire la suite