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EAN : 9782356876416
264 pages
Bord de l Eau (17/05/2019)
3.5/5   2 notes
Résumé :
L'ignorance et les malentendus au sujet du peuple rrom continuent de freiner l'intégration citoyenne de ces 12 000 000 d'Européens et 500 000 Français. Il ne s'agit pas toujours d'une mauvaise volonté de la part des autres populations, ni bien sûr des Rroms, mais d'une cruelle absence d'information à la fois synthétique et fiable sur le sujet. Le présent ouvrage vise à combler cette lacune.00Premier travail proposant une vision d'ensemble de l'histoire du peuple rro... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Tout se passe comme si ce peuple de langue Rromani (ou Romani-chel), originaire d'Inde, constitué dans l'épreuve commune de la déportation, de l'esclavage, des guerres et persécutions successives, avait gravé dans son inconscient collectif - si l'on peut dire dans son ADN même - le traumatisme de l'infériorisation et la réponse immunitaire d'un refus farouche et épidermique à tout asservissement. Ce peuple sans terre, contraint au nomadisme, semble avoir reproduit en tout lieu et à chaque époque, un même schéma tragique d'incompatible séduction. Non que la sédentarisation soit impossible (majorité le sont aujourd'hui), mais on ne force pas un peuple au patrimoine d'artisans et de circassiens aux exigences de l'agriculture, un peuple de mobilité et de pluriactivités à une monotâche déterminée sur une machine...

Rroms, Tziganes, Gitans, Bohémiens, forains, gens du voyage... hommes et femmes polyglottes, habiles en tout art et métier, finesse inspirée ou technicité, lecteurs de la spiritualité des objets, maîtres à jouer des codes, experts en convivialité, accueil total ou invité qui ose, expressivité tout d'une pièce, rhétorique instinctive, rugueuse et rieuse, parole tissée de mythes improvisés et de connaissance ancestrale… Par leur extraversion et leur attitude de défi, leur touche-à-tout, ce peuple caméléon aime à fréquenter toute classe sociale : élite artistique ou intellectuelle, petit peuple travailleur, marginaux... de circulation horizontale autant que verticale, les Rroms sont un peuple de passage entre les mondes (symboliquement au sens de certains animaux comme la grenouille chez les Amérindiens, qui par son amphibie a accès à deux mondes et devient donc un intermédiaire entre monde des vivants à celui des morts, cf. L'art rupestre de Guyane). Passeurs : ils retirent de chaque rencontre, de nouvelles techniques, de nouvelles histoires, de nouvelles pratiques, qu'ils collectent, emmènent, digèrent, perfectionnent, intègrent, et déposent sur un nouveau lieu, ouvrant grand leurs valises culturelles devant des populations cloisonnées dans une identité locale, soudain éblouies d'originalité, de technicité et de couleurs. Certaines nouveautés sont adoptées par le folklore local. Est-ce pour cela qu'on retrouve des pas de danse identiques en Turquie et en Bretagne ?

Il est évident que pour certaines classes de la société, notamment celles qui fixent les normes explicites ou implicites de comportement attendu, qui prospèrent sur la stabilité de l'identité, les Rroms sont une mauvaise influence, avec leurs fêtes désinhibées, leur originalité déstabilisante... Comme Socrate accusé de pervertir la jeunesse en lui donnant la sagesse de discuter du bien-fondé des coutumes, des croyances, des lois... Les Rroms enseignent l'insoumission par l'exemple, ils sentent la transgression... Ils ont la fantaisie tragique et drôlatique des récits de voyage et contes du siècle des Lumières : Dialogues avec un sauvage, Mille et une Nuits, Candide, Lettres persanes... Ils provoquent ce même décentrement de qui les considère : le choc de la confrontation à l'autre, au radicalement différent, amène à reconsidérer les références avec lesquelles on juge sa situation, son comportement, les règles de sa société ou ses dirigeants...

Le fait que le peuple Rrom aujourd'hui entre moins en rapport avec différentes strates sociales qu'avant pourrait nous amener à nous questionner sur la possibilité d'une plus grande étanchéité des couches sociales et professionnelles à notre époque, contrairement à la pensée dominante du progrès... Dans les discours de nos gouvernements, des médias et des on-dit dominants, les Rroms semblent aujourd'hui se spécialiser davantage dans la filouterie, les trafics et les petits larcins... Mais sont-ils repoussés dans la marge en raison de leurs mauvaises tendances, de plus en plus inacceptables ? ou bien ce comportement qu'ils adoptent serait une réponse à la manière dont ils sont traités par une société ? et le reflet des pratiques de celle-ci, un révélateur-test de l'état des sociétés ? Comme les "comprachicos" dans L'Homme qui rit de Hugo se révèlent le bout de la chaîne d'un trafic reposant sur la pratique de l'abandon des enfants naturels dans une société de rigidité et d'hérédité. Courthiade explique que ce sont surtout les gouvernements qui confisquaient les enfants Rroms pour offrir de petites mains serviles aux paysans locaux (remise en esclavage méconnue...) et stopper la prolifération... Si la mauvaise réputation n'est pas toujours infondée, le déchaînement de violences inhumaines, de brimades et de haine - à commencer par le Samudaripen -, est un fait historique. Au XXIe siècle, Paris, parqués dans les dépotoirs, mères-enfant mendiantes, enfants-voleurs, fouilleurs de poubelles, peau noircie par la saleté... Les Rroms sont devenus ici une sorte d'Intouchables, au sens de "marginaux astreints aux travaux salissants et honteux", plutôt que "musiciens et danseurs voyageurs".
Lien : https://leluronum.art.blog/2..
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Je voulais en savoir plus sur le peuple rrom pour comprendre l'origine des préjugés à leur sujet, ce livre y répond en partie. L'introduction indique que ça se veut "grand public" mais les très nombreuses références historiques, géographiques, phonétiques, etc. m'en ont rendu la lecture difficile. C'est plutôt un livre de spécialiste.
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