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sur 264 notes
Alaa El Aswany raconte la vie d'extapriés égyptiens à Chicago. Ils sont pour la plupart étudiants ou professeurs à l'université et sont, quel que soit leur âge, partagés entre deux cultures. Certains plus âgés s'y sont installés dans la durée et ont une famille multi-culturelle, d'autres arrivent pour finir leurs études supérieures et tous se voient, à un moment ou à un autre, confrontés à la difficile réalité d'être soi dans un univers qui ne leur ressemble pas. En outre, ils découvrent que certains travers de la politique égyptienne est bien vivace, voire encouragée par les américains, dans ce pays des droits de l'homme, que le racisme est présent, tant vis-à-vis des "arabes" après le 11 septembre qu'à l'égard des noirs. Chacun raconte son histoire, et l'auteur installe une progression par chapitres successifs de la vie des uns et des autres. Il y a une tension qui naît au travers des pensées que nous livrent ces personnages et progressivement on est pris dans cette tornade. Je n'ai cependant pas été envoûtée par l'écriture mais j'ai appris beaucoup de choses, notamment sur Chicago et l'expatriation des scientifiques égyptiens.
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« L'immeuble Yacoubian » avait suscité des critiques dithyrambiques, et moi qui n'avais lu pour seul écrivain égyptien que Naguib Mafouz, j'avais alors découvert avec bonheur cet auteur talentueux.

Alaa El Aswany est un auteur engagé qui publie des chroniques dans la presse égyptienne et participe à des débats à la télévision et à la lecture de « Chicago », on s'aperçoit à quel point il a su cerner avec lucidité les grands maux de la société égyptienne quelques années avant que le printemps arabe ne vienne lui donner raison.

Cet ancien dentiste a étudié à Chicago et ce n'est donc pas par hasard qu'il situe son histoire dans cette ville au sein de la faculté de médecine dans le département d'histologie.

L'intrigue se situe après les attentats terroristes du 11 septembre et Safouat Chaker qui s'occupe de la sécurité à l'ambassade égyptienne, a du pain sur la planche, le président égyptien viendra bientôt en visite officiel, aucun faux pas ne sera tolérer, ni aucun fauteurs de troubles…

Des enseignants d'origines égyptiennes établis en Amérique depuis de nombreuses années croisent le chemin de jeunes étudiants. Au sein de ce microcosme des rapports de pouvoir se jouent, des histoires d'amour se terminent, d'autres naissent, des plaies que l'on croyait fermés s'ouvrent béantes…

On constate à quel point la corruption, le poids des traditions et de la religion gâchent toute une jeunesse prometteuse étouffée au sein d'une société asphyxiée par les interdits, même à des centaines de kilomètres de l'Égypte.
Aux dimensions politiques, s'ajoutent une autre composante, plus intime, celle de la douleur de l'exil. Comme le disait l'écrivain d'origine égyptienne, Gilbert Sinoué, au cours de l'émission « La grande librairie » en décembre 2012, « on a besoin de retrouver ses racines ». On parle du mot intégration, il faut s'intégrer mais je me demande jusqu'à quel point on ne bascule pas vers la désintégration ». Alaa El Aswany lui donne raison, plusieurs personnages se brûleront les ailes en ouvrant les yeux sur le bilan de leurs existences en Amérique.

Les personnages se débattent dans leurs contradictions, leurs désirs, la tension monte doucement, l'intrigue est prenante.

Le constat de ces jeunesses perdues laisse un goût amer, mais ce qui est certain c'est que dans de nombreuses années, on lira encore l'oeuvre d'Alaa El Aswany pour l'acuité avec laquelle il a restitué les états d'âme de son pays grâce à son merveilleux talent littéraire.
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Cheïma, Tarek, Nagui, Saleh, Raafat...qu'ils soient étudiants ou professeurs, ils ont tous en commun d'avoir quittés l'Egypte pour venir vivre aux Etats-Unis. Certains rentreront en Egypte après plusieurs années d'étude, d'autres se sont définitivement installés sur le sol américain mais tous gardent au fond du coeur l'amour de leur pays d'origine. Dans le département universitaire de Chicago, cette "Little Egypt" en exil se perd, se cherche et s'interroge, partagée entre Orient et Occident, entre vie rêvée, règles imposées ou devoirs religieux.
Avec "Chicago", Alaa El Aswany peint une très belle fresque contemporaine sur la communauté égyptienne exilée aux Etas-Unis. A travers une galerie de personnages brillamment auscultés, c'est toutes les difficultés sociales, politiques, religieuses et relationnelles du monde arabe tiraillé entre modernité et tradition, démocratie et dictature, que "le dentiste du Caire" aborde avec un ton juste et plein d'humanité. Avec un sens du suspense totalement maîtrisé, l'auteur nous fait partager les espoirs et les désillusions de ses compatriotes égyptiens.
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Un livre étonnamment en phase avec la récente évolution égyptienne, 4 ans avant celle-ci.

C'est en assistant ces derniers jours à une représentation de "J'aurais voulu être égyptien", la pièce de Jean-Louis Martinelli mise en scène aux Amandiers, et plutôt finement adaptée du roman "Chicago" de Alaa El Aswany, que j'ai réalisé - avec quatre ans de retard, donc - à quel point ce livre était prémonitoire du degré de tension, et bientôt de rupture, atteint en 2007 par le régime égyptien d'Hosni Moubarak.

En suivant les quelques protagonistes d'une communauté d'universitaires, exilés égyptiens plus ou moins volontaires, à Chicago, l'auteur, fort alors du succès mondial de son second roman de 2002, "L'immeuble Yacoubian", peut dépeindre un pays, l'Egypte, où la corruption ordinaire et la violence politique, loin d'être larvée d'ailleurs (le terrible exposé sur l'efficacité en matière de torture conduit par le responsable de la police spéciale fait froid dans le dos), ont peu à peu façonné une société de faux-semblants, où l'obséquiosité le dispute à la lâcheté quotidienne...

Redoutable efficacité narrative, servie par une habile polyphonie, particulièrement bien rendue à la mise en scène avec le secours d'actrices et acteurs impressionnants (parmi lesquels on distinguera particulièrement Eric Caruso en Danana, Mounir Margoum en Nagui et Marie Denarnaud en Wendy).

Une fable agressive, ironique, parfois comique, toujours pertinente, sur le sens du courage en politique, que l'on pourra étonnamment rapprocher de l'excellent "Hammerstein ou l'intransigeance" d'Enzensberger, et beaucoup plus ironiquement, du fameux "Don't settle" de Steve Jobs, appliqué à la recherche du meilleur emploi possible par chacun (j'écris ceci le lendemain du décès du fondateur d'Apple).

Et on soulignera au passage s'il en était besoin l'ampleur et la qualité du travail d'Actes Sud dans la transmission du meilleur des littératures arabes contemporaines auprès du public français...
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Ce livre est tout simplement magnifique! Je crois que je vais classer Alaa El Aswany parmi mes auteurs préférés... Cette description de l'Egypte à l'étranger semble tellement réelle.

Les familles se croisent, leurs destins se rencontrent. Au fil des pages, on observe ou on imagine les liens entre les différents acteurs. Mais existent-ils ces liens? Sont-ils ceux que l'on devine? Plus on avance dans le livre et plus on perd pied devant des certitudes qui n'en sont plus.

Qu'est-ce qui est l'idéal? le rêve américain ou le soleil égyptien? J'ai refermé le livre sans réponse mais avec l'impression de comprendre un peu mieux une certaine Egypte.
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Je vais vous raconter un truc. Tous les matins, je me réveille à 6h20, fais ma toilette, range ma chambre (enfin presque) , prends mon petit déjeuner devant la télé, m'habille, et sort pour arriver à l'hôpital , et me garer dans une place qui m'évite de faire trop de manoeuvres. Je rentre au labo, et je dispose d'environ 45 minutes de lecture, dans le calme, avant que tout le monde arrive.....C'est chiant ce que je viens de raconter, non? Alors imaginez si je décrivais les couloirs de l'hôpital!!! Non pas que des couloirs d'hôpital ne puissent pas inspirer un texte puissant, mais je ne suis pas écrivain, et je ne sais pas le faire. Sauf que Alaa El Aswany est écrivain, et avec un pitch du genre : Little Egypt en exil, et à Chicago en plus, je m'attendais à une explosion digne de la rencontre de ces deux univers......et flop. On dirait un livre pour enfant, la magie en moins. Il s'attarde sans charme sur des évidences, du genre: quand on émigre dans un pays à des milliers de Km, ben il y a le décalage horaire qui perturbe, et puis la famille vous manque (sans blague), ou bien des descriptions de l'université , non pas de l'ambiance, mais pour dire qu'il y a un immeuble pour chaque spécialité, une statue d'un grand scientifique, le tout dans une superficie de "trente acres* ", avec en bas de page:" *un acre fait approximativement 04 hectares"....pourquoi ne pas écrire dès le début 4 hectares? depuis quand le mot acre est exotique et nécessite une explication? Extraits: "Dés que l'on franchit sa porte vitrée, on sent qu'on laisse derrière soi le monde, avec ses préoccupations et son tumulte, et qu'on pénètre dans le temple de la science." ... Naze. " Pendant plus d'une heure, elle se retourna dans son lit. Elle se sentait extrêmement misérable et se mit à pleurer dans l'obscurité, tellement qu'elle mouilla son oreiller."....???!!?...Le livre fait presque 500 pages, et j'ai peur (peut être que je me trompe) que ce chiffre n'ait été atteint à force de "rembourrage" inutile. C'est vrai que je n'ai lu que 50 pages environs,mais au bout de 50 pages, je devrais depuis longtemps être dans l'ambiance!! Comment on reconnait un grand livre? et bien c'est celui qui vous fait décoller dès le premier chapitre, que ce soit par une phrase choc, ou bien toute simple qui donne le ton ("J'habite Villa Borghèse. Il n' y a pas une miette de saleté nulle part, ni une chaise déplacée. Nous y sommes tous seuls, et nous sommes morts."). Je viens de lire sur environ 20 pages, la description par Mishima, d'un jeune couple qui prépare son Seppuku, et bien que le principe de cette pratique me dépasse complètement malgré tous mon respect pour la culture Japonaise, et bien je vous assure que j'ai eu des frissons du début jusqu'à la fin...juste 20 pages...Donc, c'est peut être le passage rapide d'une lecture aussi puissante, vers un univers..platement décrit...mais ça ne marche pas....dommage, parceque j'ai voulu lire El Aswany après l'avoir entendu sur arte, et je me faisais une joie de le découvrir....une autre fois peut être. Ps: je ne vous raconte pas les 45 minutes de lecture de ce matin, et je n'avais aucun autre livre sur moi, interminable!!
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Des exilés égyptiens qui se retrouvent tous aux Etats-Unis et avec un même parfum de nostalgie de leur pays. Un déchirement entre cet Orient quitté et cet Occident terre d'exil ou d'études... Comment adapter son mode de vie, sa culture dans une société presque totalement opposée? La est toute la question que se pose les protagonistes de ce livre. Alaa El Aswany est virtuose dans le récit de ces vies partagées et se confirme comme étant un formidable écrivain, et un amoureux de son pays et de ces congénères, même si parfois, sa critique est dure.
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Vous avez sans doute entendu parler de L'Immeuble Yacoubian, succès littéraire sans conteste pour Alaa El Aswany, le fabuleux écrivain conteur de vies. La magie de sa plume avait réussi à m'expédier au coeur du Caire, dans un immeuble fréquenté par une foule de personnages bigarrés, différant aussi bien par l'éducation, la richesse, les aspirations ou le mode de vie.

Cette fois, départ pour le microcosme égyptien de l'université de Chicago, qui s'est embarqué pour la terre promise mais dont l'adaptation sur le sol américain va parfois se faire dans la douleur.
Qu'ils soient profs ou étudiants, tous ont idéalisé cette Amérique qui ne les attend pas et panse les plaies du 11 septembre en adoptant parfois un comportement brutal à leur égard. Qu'importe, ils sont là pour tracer leur chemin et tous – nostalgiques de leur pays natal – s'efforcent de réaliser leurs rêves de grandeur.

Les personnages d'El Aswany sont une nouvelle fois dépeints avec grâce, subtilité et un humour terriblement corrosif. Entre Candide et Machiavel, ils sont tellement humains et attachants que même les plus perfides nous font sourire dans leurs tentatives désespérées de se pousser du col, de réussir et de devenir quelqu'un.

Plus politique que le précédent opus – davantage une chronique sociale – on y apprend les relations ambigües entre les USA et l'Égypte, les compromis, les arrangements. Sur cette trame internationale se tissent des destinées personnelles, des ambitions, des compromissions.

Cheïma et Tarek, les étudiants boursiers trouveront-ils leur voie? Safouat Chaker réussira-t-il à organiser la venue du Président égyptien à Chicago sans que de dangereux opposants au régime ne lui barrent la route? le docteur Raafat sauvera-t-il sa fille? Danana et Maroua sortiront-ils de l'impasse qu'est devenu leur couple? Autant de vies qui s'entremêlent et se dénouent sous les doigts magiciens de l'auteur qui prend un malin plaisir à tyranniser ses personnages.

Même si je lui préfère L'Immeuble Yacoubian, Chicago est un très beau roman.
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J'ai d'abord découvert l'adaptation théâtrale (et magistrale) de Martinelli aux Amandiers, ce qui m'a donné envie d'aller à la source et de lire "Chicago".
Il n'est pas surprenant que ce roman soit devenu une pièce. Il a tout d'une tragédie antique. Tous les sujets "classiques" sont abordés avec finesse, justesse et sensibilité : l'engagement, les relations hommes-femmes, le sexe, l'amour, la culpabilité, le poids des religions, le pouvoir, la famille, le "choc des cultures"... et la liste n'est pas exhaustive. Toutes ces interrogations inhérentes à l'histoire de l'humanité sont posées au travers des destins (le mot est-il bien adapté ?) des personnages.
Qui plus est, ce texte écrit il y a plusieurs années par un égyptien prend une dimension particulière au regard des évènements actuels dans ce pays.
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Ce roman se passe certes à Chicago, mais c'est bien de l'Egypte et des Egyptiens dont il est question. Nous suivons divers personnages, ne majorité originaires d'Egypte, travaillant ou étudiant à la faculté de médecine de Chicago. Deux doctorants boursiers qui tombent amoureux et doivent concilier leur culture conservatrice (virginité de la femme…) avec la vision américaine du couple, deux professeurs qui ont quitté l'Egypte depuis bien longtemps, se sont mariés à des Américaines mais qui sont trop imprégnés dans leur ancienne culture pour arriver à être heureux en Amérique et un étudiant bien décidé à dénoncer les exactions de l'administration égyptienne, à ses risques et périls.

J'ai beaucoup apprécié ce que j'ai appris de l'Egypte, de ses religions, des difficultés à intégrer le modèle de vie américain, la nostalgie du pays, etc. Mais ça n'a pas suffit : mon intérêt a décru à de nombreuses reprises, avant de remonter de nouveau pour redescendre peu après. Les différentes histoires n'avancent pas très vite, on se perd dans beaucoup de détails du quotidien. J'ai même confondu certains personnages tellement leurs parcours de vie se ressemblaient !
De plus, je trouve globalement ce roman assez pessimiste. Il dénonce le régime égyptien, le système de faveurs et de discriminations, notamment envers les coptes. Mais il donne l'impression que c'est immuable et que rien ne peut changer. La fin est brutale et triste pour tous les personnages, sauf un ou deux pour qui elle est, au mieux, en demi-teinte.

Je voulais découvrir ce grand auteur égyptien avec L'immeuble Yacoubian : je pense que j'aurais dû rester sur cette idée ! Il n'est pas trop tard et je compte bien lire ce roman malgré la déception que fut Chicago.
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