La vérité, c’est qu’il y a quelque chose comme dix-huit mille meurtres commis chaque année aux Etats-Unis. Ce qui nous fait mille cinq cents par mois, soit environ quatre cents par semaine, cinquante-sept par jour, un toutes les vingt-cinq minutes et demie. Et seuls deux cents par an sont l’œuvre de tueurs en série… John Costello sourit. « Sauf erreur de ma part. »
Toute personne est suspecte tant que son innocence n’est pas prouvée.
Nietzsche disait que quiconque se battait contre des monstres devait prendre garde à ne pas en devenir un lui-même. Il disait que celui qui scrutait trop longtemps l’abîme était aussi scruté par l’abîme.
Il existe un vieux dicton sur les préjugés… Comme quoi ils sont à l’origine de toutes les conneries.
Bien des années plus tard, un homme du nom d’Harvey Louis Carignan, reconnu coupable de pas moins de cinquante homicides, s’entendit poser une question simple : « Si vous étiez un animal, lequel seriez-vous ? » Sa réponse : « Un être humain. »
Et bien qu’athée, il croyait en la spiritualité fondamentale de l’homme. Il accordait à l’imagination et à la prescience un pouvoir supérieur, qui ne réduisait pas l’homme à quatre-vingts kilos de viande et à une valeur marchande estimée à 19 dollars. Tout au long de sa carrière, il avait vécu des moments. C’était le seul mot qui lui venait : des moments. Le sentiment que, non loin du corps, la personne elle-même était encore là, qui le regardait, peut-être avec l’espoir que lui, Jeff Turner, dans son infinie sagesse, saurait lui expliquer pourquoi cette chose terrible avait eu lieu. Était-ce l’esprit de l’individu ? Son âme ? Jeff Turner l’ignorait. Il ne cherchait pas à le savoir. Simplement, il sentait ce qu’il sentait, percevait ce qu’il percevait. Et au premier étage de la maison des Allen, dans l’heure qui s’écoula entre son arrivée et la fin de son premier examen des six cadavres, il pensa avoir vécu plus de moments que dans toute sa vie.
Les gens croient que l’exécution n’est pas douloureuse. C’est faux. En deux mots, les condamnés souffrent énormément. Ils sont comme physiquement paralysés, mais ils entendent. Ils se noient dans leurs propres fluides et s’étouffent jusqu’à en mourir.
La vérité, c’est qu’il y a quelque chose comme dix-huit mille meurtres commis chaque année aux États-Unis. Ce qui nous fait mille cinq cent par mois, soit environ quatre cent par semaine, cinquante-sept par jour, un toutes les vingt-cinq minutes et demie. Et seuls deux cents par an sont l’œuvre de tueurs en série…
Ceux qui gravitaient autour – les représentants du cabinet du maire, les attachés de presse, voire les agences fédérales – voulaient l’assassin, mais pas le travail. Il y avait la police pour ça. Les impôts servaient à payer la police. La police savait toujours exactement quoi faire, et elle le faisait.
Ce que l’on croyait posséder, on pouvait le perdre en un clin d’œil. Pour toujours. Ainsi allait le monde.