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3,72

sur 432 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est avec un réel plaisir de retrouver la plume poétique de Louise Erdrich, Une écriture fluide qui nous entraîne , avec dextérité dans son monde, à travers l'histoire de Tookie ,d'origine amérindienne,
Tookie, pour aider des amis, accepte de déplacer, un corps, qui s'avère cacher de la drogue , Pollux l'arrête, et elle se voit incarcérer. Pendant son emprisonnement une ancienne professeur, lui envoie , un dictionnaire, qui lui deviendra précieux, un moyen de s'évader intellectuellement, découvrant la valeur des mots. A sa sortie, elle se fait embaucher dans une librairie, Elle finit par épouser Pollux, vit dans un pavillon, et prend son travail à coeur, sa révélation sa passion. Elle est toujours, présente pour conseiller les romans à ses différents clients, Une vie qu'elle' n'aurait pu imaginer, le décès de Flora
lectrice compulsive, meilleure et fidèle cliente, depuis, Tookie est persuadée que son âme hante la libraire, elle sent sa présence a travers les rayonnages, Une histoire qui va connaître la mort de Georges Floyd , le covid , des événements qui chamboulent tout le monde , entier.
Une remise en question de soi , de sa vie, de ses origines indiennes, de Flora, comme beaucoup de personnes amérindiennes , elle subit le racisme, un événement nauséabond, Arrivera t'-elle à se comprendre, trouver les réponses à ses questionnements,. La lecture est prenante, addictive, mêlant humour et tragédie, Une histoires hors normes , des personnages atypiques, une véritable empathie pour Tookie, L'auteure traite de plusieurs sujets, elle nous entraîne , nous promène dans cette librairie, nous faisant, ressentir les effluves des livres, des livres précieux, des livres que nous donnent envie de tourner les pages, des véritables livres . Ce roman est une ode à la vie , à l'amour des livres. L'auteure use d'un vocabulaire puissant, elle place les mots là où il faut où moment où il faut, ce qui renforce la puissance du roman,, Une histoire époustouflante, un mélange du passé et du présent, comprendre les origines de Tookie, Arrivera t-elle à se trouver dans ce monde, donner un sens à son existence, Un roman enchanteresse, qui m'a hypnotisé du début jusqu'au dénouement final ,Laissez vous transporter dans l'univers littéraire de l'auteure, Une véritable réussite,
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Nous sommes le 34 mai*. J'ai mis Johnny Cash sur mon lecteur. Sa voix d'outre-tombe me déchire les tripes tandis qu'il pleure de n'en avoir aucune, lui, de tombe...
De la sauge se consume doucement pour inviter les dieux minuscules et tous mes défunts en errance. Je suis prête pour accueillir Louise. J'ai armé mon coeur et mon sourire.
Et voilà qu'elle m'offre une histoire de wendigo, de whitikow, de revenant harcelant et épuisant.
Comme à son habitude, Louise Erdrich puise dans sa culture immémoriale pour construire un roman où l'identité des humains se dissout dans le voile arachnéen qui sépare les vivants des défunts.
Pour cela, elle nous invite à Minneapolis dans sa librairie à porte bleue, dans le dédale des rayons où Flora, une cliente assidue mais décédée, a décidé de s'installer dans le but affirmé de pénétrer l'âme et le corps de Tookie, l'une des libraires.
Tookie a déjà l'âme chargée, lourde de mille douleurs et de mille péchés dont le plus pesant est celui d'avoir offusquer la grande faucheuse en dérobant un cadavre. Est-ce une vengeance de la dame noire ou faut-il chercher dans la très longue et très triste mélopée des nations amérindiennes bafouées, décimées, souillées, assimilées au forceps et recrachées dans une Amerique blanche et propre?
Et puis il y a un "Sauf que.".
Un 'sauf que" qui scinde le roman, comme si le scénario initialement élaboré était brutalement effracté.
Arrive mars 2020 et la pandémie. Son bouleversement planétaire, la peur distillée et entretenue, la misère qui en découle pour tous les "non essentiels" qui finissent démunis par camper sour les ormes centenaires dans le froid mordant de ce début de printemps.
Et puis, autre effraction, la mort de Georges Floyd, le 25cmai 2020. Mort atroce précédée de 8 minutes de pression sur la nuque, plaqué au sol par le policier Derek Chauvin. Une mort qui va déclencher un immense mouvement international, mais aussi de violentes émeutes à Minneapolis.
Ce roman devient une chose hybride, composite, où la réalité des violences actuelles semble bousculer une toute autre trame, perturbant tout autant les défunts que ceux qui essaient de comprendre ces années qu'on dirait folles si l'expression n'avait pas déjà été employée en préambule d'un autre apocalypse.
Johnny Cash a fini sa chanson, et son âme cherche très certainement un coin tranquille où reposer. Je referme le livre avec le doux rêve de passer un jour cette porte bleue d'une librairie d'un autre continent, de me perdre dans le bruissement de tous ces mots rassemblés respectueusement, de m'installer dans un confessionnal hors d'âge et de méditer cette phrase: " on trouve tout dans les livres, sauf l'essentiel", et me rappeler de vivre comme "quelqu'un qui ne craint plus sa dose journalière de temps."...

* Quant au 34 mai, si quelqu'un parmi vous a une explication, je suis preneuse... A moins qu'il ne s'agisse d'une coquille de ma version numérique...
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La sentence est celle dont écope Tookie, jeune amérindienne, après qu'elle ait volé et transporté le cadavre d'un homme sur lequel de la drogue avait été cachée, mais c'est aussi, en anglais, la phrase, l'agencement de mots, qui la sauvera en prison, puis plus tard lorsqu'elle exercera avec passion le métier de libraire. Et c'est enfin, une phrase extraite d'un livre dérobé par une étrange cliente, américaine, blanche en quête d'origines indiennes.
L'action se situe à Minneapolis, grande ville multiculturelle du Minnesota, marquée par la ségrégation des populations afro-américaines et autochtones, et où l'écrivaine Louise Erdrich tient depuis des années la librairie Birchbark Books consacrée à la culture et à la littérature des peuples natifs d'Amérique du Nord.
Revenons à Tookie qui nous relate ici son histoire. Orpheline d'une mère toxicomane, de père inconnu, elle démarre dans la vie avec de sérieux handicaps. Elle a oublié son nom et réussi à le supprimer de son état-civil.
Après avoir purgé une peine de dix ans de prison, et bénéficié d'une liberté conditionnelle, elle est demandée en mariage par l'ex-policier qui a procédé à son arrestation, et se réinsère rapidement dans une librairie ressemblant à s'y méprendre à celle de l'autrice, et dont le fonctionnement et la gestion de l'équipe sont décrits de manière fort réaliste.
De curieux phénomènes vont bientôt se produire. Une présence fantomatique inquiétante hante le magasin, sème la zizanie, jette les livres à terre, et cherche bientôt à s'emparer du corps de Tookie. Cette dernière a bien une idée sur l'identité de cette revenante et sur la faute que celle-ci veut lui faire payer.
Bientôt la ville de Minneapolis connait des évènements qui vont la transformer, la pandémie avec son confinement et son lot de rituels de distanciation sociale et de mesures sanitaires, et surtout le meurtre de George Floyd qui la fait s'embraser et réveille la révolte des populations noires et amérindiennes.
Tookie lutte vaillamment contre son fantôme, tente de sauver la relation avec son mari qui croit aux esprits et non aux spectres, renoue avec sa belle-fille qui ramène à la maison un splendide bébé, et finit par retrouver ce nom oublié.
Louise Erdrich nous offre un livre magistral qui nous rappelle les plus belles pages de la chorale des maîtres bouchers ou de Ce qui a dévoré nos coeurs. Ses personnages sont vivants, proches, dotés d'une solide dose d'humanité. Elle les aime, les traite avec tendresse, et leur insuffle des émotions, une chaleur qui nous vont droit au coeur.
Sur fond de violences raciales et ethniques, elle nous propose, avec distance et humour, à partir de nombreux éléments autobiographiques, au travers de l'histoire d'une jeune femme en proie à des démons et à la recherche de son identité, un conte moderne teinté de magie et d'accents universels.
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Une femme d'origine autochtone est emprisonnée, une très lourde peine compte tenu de ce qu'elle a vraiment fait. Après une libération inespérée, elle a retrouvé l'amour, mais toujours rongée par son passé, les drames de son enfance.

En prison, ce sont les livres qui l'ont aidée à survivre. Elle a beaucoup lu et à sa sortie, elle a trouvé un emploi dans une librairie. Tout semble aller pour le mieux lorsque survient la mort de Flora, une de ses clientes. Mais Flora n'est pas tout à fait partie, son fantôme revient hanter la librairie et troubler la tranquillité de Tookie.

Et autour d'elle, les choses changent, il y a la pandémie, mais il y a aussi le meurtre de Georges Floyd qui embrasera la ville de Minneapolis où elle vit. de plus, c'est une année électorale et on se demande si l'homme orange sera réélu.

Un roman qui touche plusieurs cordes, avec la littérature et l'amour des livres, avec un fantôme qui apporte un peu de fantastique et avec des rappels sociohistoriques du Minnesota, où l'État proposait une prime de vingt-cinq dollars pour chaque scalp indien en 1862.

En prime, on a même la liste de livres proposée par la libraire…
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J'ai d'abord été déconcertée car je ne reconnaissais par l'écriture de Louise Erdrich dans ce dernier roman. En fait, j'avais l'impression de lire du Jim Harrison sur une thématique d'Erdrich, à savoir les Ojibwés du Minnesota. C'est sans aucun doute dû à ce personnage narrateur, Tookie, qui m'a fait penser à Dalva...
J'étais d'abord un peu sceptique, et puis, finalement, en tournant les pages, je me suis à nouveau laissée prendre dans ces récits profonds, durs, très contemporains, révoltés mais aussi empreints de croyances religieuses et amérindiennes, qui peuplent les univers de cette écrivaine.
Tookie a fait de la prison, dix ans, pour recel de cadavre. Elle vous expliquera elle-même comment elle s'est retrouvée dans cette situation, et que son mari n'est autre que le policier qui lui avait passé les menottes à l'époque.
Aujourd'hui, son mari a démissionné et se consacre aux esprits, et Tookie se consacre aux livres: elle est devenue libraire.
Tout se passe pour le mieux et de manière tout à fait inespérée pour Tookie qui était mal partie. Jusqu'à ce que le fantôme d'une cliente récemment décédée vienne hanter la librairie et surtout notre héroïne...
C'est avec bonheur que Louise Erdrich sème des titres de livres au fil des pages, qu'elle compile à la fin du roman.
Mais c'est avec un regard empreint de douleur qu'elle évoque une première vague meurtrière, celle du Covid, avant la suivante tellement violente, celle de la mort de George Floyd tué à Minneapolis par des policiers. Nuits de révoltes et de violences suivent, sans compter le désespoir des minorités face à la domination blanche.
Encore un roman dont on sort à la fois meurtri et avec des envies de fabriquer un monde meilleur, grâce à une écrivaine capable de sans cesse se renouveler sans jamais trahir ses convictions.



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Tout commence par un vol de cadavre complètement burlesque dans un camion réfrigéré.
Louise Erdrich inaugure dans ce dernier roman un registre qui lui est peu familier, mais qui va lui permettre de nous présenter Tookie, sa narratrice hors-norme qui va naviguer entre les drames au cours d'une année traumatisante.
Jeune trentenaire plutôt marginale, Tookie accepte par amour de transporter le corps d'un homme mort et, sans le savoir, la drogue cachée sous ses aisselles d'un état à l'autre. Elle écope alors d'une absurde condamnation à soixante années de réclusion, sachant que " en prison, à l'heure actuelle, ce sont les Indiens qui purgent les peines les plus lourdes".
En prison, elle sera sauvée par les livres, ceux qu'elle a dans la tête et ceux qu'elle va découvrir.

Si l'on est tout proche du poncif sur le pouvoir rédempteur du livre, Louise Erdrich s'en empare avec une sincérité et une passion que l'on ne peut que partager. Au point de se mettre furtivement en scène, à la Hitchcock, comme propriétaire d'une librairie indépendante appelée Birchbark Books à Minneapolis, librairie qu'elle a effectivement créée.
Tookie, à sa sortie de prison, devient donc une employée convaincante dans cette librairie spécialisée dans les cultures amérindiennes et dans la littérature de qualité, dont elle distribue les références avec une grande générosité.
( ne manquez surtout pas en annexe la liste des livres préférés de Tookie.)
La librairie n'est pas ici un simple décor, comme dans certains romans récents. Si elle sert de cadre à l'une des intrigues principales du roman, celle du fantôme de la lectrice, elle reste toutefois la clef de voûte du roman dans les intrigues secondaires.

En entrant dans cette librairie, on va découvrir l'univers de ces libraires passionnés entre bons de commande, mise en place des nouveautés, conseils avisés et fantômes. Celle-ci, en effet, est hantée par une cliente décédée au cours du roman, alors qu'elle aurait dérobé un livre mystérieux et expiré son dernier souffle à la lecture d'une phrase, qui l'aurait happée et emportée dans l'au-delà. On connaissait les fantômes d'écrivains, voici maintenant le fantôme d'une lectrice dont Tookie sera la cible principale.
« L'expérience m'avait appris qu'en plus de hordes de lecteurs et de lectrices, la librairie pouvait parfois accueillir des désagréments. Mais rien de franchement mauvais, pour autant que je sache, n'avait jamais franchi la porte bleue. le fantôme de Flora avait beau être du genre fureteur, irritable et agité, le bleu de la porte aurait dû l'empêcher d'entrer. Peut-être était-il passé entre deux lattes du plancher. »

L'auteure va alors se livrer à un exercice extrêmement périlleux dont elle sortira victorieuse.
Comment trouver l'équilibre entre ce fantôme d'abord malicieux et les voix invisibles de ceux qui ont péri et que l'on a dépossédé ? Entre le comique et le tragique ? Comment gérer un fantôme alors que l'épidémie de la Covid commence à semer la panique et que le meurtre de George Floyd vient embraser l'Amérique?

Dans tous ses romans, Louise Erdrich s'attache à décrire la culture amérindienne dans son actualité, mais aussi dans ses traditions. Elle sait décrire au plus juste l'attachement aux rites anciens, les superstitions liées aux esprits et aux rougaroux, les fumigations à la sauge et les danses rituelles. Pas question de folklore ici mais la perpétuation d'une culture pour les plus anciens comme son mari Pollux comme chez les jeunes libraires Pen et Asema qui ne s'étonnent ni d'un fantôme ni d'une caisse d'ossements subitement apparue.
"Le fait est que la plupart des Indiens doivent effectivement piocher ici et là pour débrouiller leur identité. Nous avons subi des siècles d'effacement. On nous a condamnés à vivre dans une culture de remplacement."

Quant à l'actualité de cette communauté, elle va se retrouver impactée par le confinement comme tous les habitants de la planète, mais aussi par les violences commises envers les afro-américains. Les amérindiens à Minneapolis ont clairement exprimé leur solidarité en manifestant contre le racisme dont ils sont régulièrement victimes.
“Comment se pouvait-il que les manifestations contre les violences policières fassent si clairement la démonstration du degré de violence de la police ?“
Tookie traverse alors une période difficile. En revivant ses propres expériences de violence en prison, elle se demande comment elle a pu épouser Pollux, l'ancien policier tribal qui l'avait arrêtée.

Pour jongler entre les fantômes de Tookie et ceux de l'Amérique, pour donner une cohérence à cet enchevêtrement de récits, il fallait un sens de la narration et une certaine forme d'auto-derision dont seuls les grands romanciers sont capables, ceux-la même qui ont leur place dans la liste de Tookie.
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utant j'avais eu beaucoup de mal l'an dernier avec « Celui qui veille », autant ce Louise Erdrich-là me passionne.
Étonnant. On jurerait que ce n'est pas la même auteure. On est en plein dans le territoire Ojibwé/Dakota/Cree, et dans une librairie avec beaucoup de livres « Autochtones », des bijoux faits mains, des cadeaux, avec des vendeuses absolument du tonnerre, bien sûr toutes indiennes. Et fières. Et c'est plein d'humour. Et de profondeur. Et d'esprits.

L'histoire : Tookie est une jeune Amérindienne du Minesota, qui, au début du livre, se fait arrêter pour avoir convoyé un ami mort d'overdose d'un état à un autre, elle est en fait piégée par deux amies, et se retrouve en prison pour 69 ans. Elle qui aime lire recoit d'une de ses profs un dictionnaire, et cherche le mot : Sentence. Un mot qui en anglais signifie « condamnation » mais aussi « phrase ». Et les exemples donnés pour phrase sont « La porte est ouverte » et « Fonce ! »… La jeune Tookie va foncer dans la lecture de tous les livres possibles, devient une lectrice acharnée et grâce à son avocat, pourtant commis d'office, elle sort au bout de neuf ans. Elle a la quarantaine lorsqu'elle sort. Elle épouse Pollux, ami d'enfance et ex-flic, c'est même lui qui l'a arrêtée. Clean, elle a fait ses preuves, et est embauchée dans une librairie qui vend beaucoup de livres d'Amérindiens, sur les Amérindiens, des livres contre le racisme, des livres engagés, des livres féministes, mais bien sûr aussi de la littérature plus générale.

Tookie est la narratrice, alors on suit aussi bien sa vie privée avec Pollux, qui est très investi dans la culture indienne, fabrique les ornements en plumes d'aigle et les coiffes traditionnelles pour les pow wow et les cérémonies, que sa vie quotidienne dans la librairie, avec les autres vendeuses, qui ont fait des études, sont engagées, et sont aussi des grandes lectrices. On fait connaissance avec des clients de toutes sortes, ceux qui ne sont jamais satisfaits, ceux qui râlent, ceux qui cherchent, les « wannabe Indiens » c'est à dire les gens qui se prétendent descendants de telle ou telle tribu, ou de tel grand chef, mais dont les prétentions s'écroulent lorsqu'on leur pose des questions basiques sur ce qu'ils disent… les clients exténuants, comme Flora, une vieille dame prétendument indienne, qui lit tout ce qu'elle peut sur « son héritage »…

En même temps, la réalité s'invite dans la fiction, car voilà la pandémie de Covid 19 qui frappe, les commerces « non essentiels » ferment. C'est une catastrophe, pour la librairie et ses employées. Elles s'en sortent avec les commandes passées par téléphone ou internet, et expédient les livres. Et travaillent seules, une à la fois. Et voilà que Flora qui est morte d'une crise cardiaque, vient hanter la librairie. Tookie l'entend la première, les froissements de robe, le bruit de ses talons, et finalement toutes les vendeuses sont obligées de faire avec cet envahissement invisible mais bien présent. La faire partir ne sera pas une sinécure.

La librairie se situe à Minneapolis, et George Floyd qui y habitait vient d'être assassiné par des policiers. « I cant breathe » . C'est la révolte parmi les gens de la ville, des manifestations, des protestations ont lieu, Noirs, Amérindiens, Blancs manifestent. Les gens de la librairie s'impliquent. Les policiers sont très mal vus, il y a des échauffourées partout dans la ville. Et Pollux, le mari de Tookie, est un ex-policier. Donc les discussions chez Tookie sont parfois houleuses, avec leurs invités.

Ce livre est d'une chaleur incroyable, on aime chaque personnage, on apprend beaucoup sur la culture amérindienne, sur le fonctionnement d'une librairie – elle existe réellement, cette librairie, c'est celle de l'auteure, à Minneapolis : Birchbark Books -d'ailleurs ce livre est dédié aux clients et à tous ceux qui y ont travaillé.



J'aurais aimé que le livre ne finisse jamais. C'est un coup de coeur, un énorme coup de coeur.
Un immense merci aux éditions Albin Michel Terres d'Amérique pour leur confiance.

Ma note : 5 sur 5
Lien : https://melieetleslivres.fr/..
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J'aime Louise Erdrich ....cette femme m'envoûte avec ses livres .
Je suis émue , je souris , tout un panel d'émotions en suivant l'histoire de Tookie En toile de fond des faits sombres , la pandémie , l'assassinat de George Floyd et les émeutes qui ont suivi
La petite librairie de Minneapolis , le fantôme de Flora et les livres ....partout
Et cette beauté poétique dans les écrits de Louise ....tout est simple , la vie et sa beauté dans les petites choses de tous les jours
A savourer avec les yeux écarquillés et un petit sourire heureux au coin des lèvres......
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S'il fallait ne conseiller qu'un seul roman en cette rentrée littéraire 2023 (mais évidemment, on n'a pas envie de se limiter à un seul choix), on s'arrêterait sans doute à celui-ci, tant sa lecture, à la fois instructive et divertissante, donne du plaisir ! Louise Erdrich, géante de la littérature américaine contemporaine, en attente d'un potentiel Prix Nobel (et on le lui souhaite !), n'en est évidemment pas à son premier chef d'oeuvre (souvenons-nous, de la Chorale des Maîtres bouchers ou de Love Medicine, pour ne citer que ces deux-là), mais ce texte, au-delà d'une intrigue particulièrement prenante, constitue sans doute (bien mieux que le roman de Serge Joncour, publié par le même éditeur en cette fin d'été) la meilleure des peintures du temps du Covid et du confinement aux États-Unis (Donald Trump n'est visiblement pas le petit chouchou de l'auteur), en même temps qu'une description critique de l'Amérique de l'affaire George Floyd et du mouvement Black Lives Matter, et puis, cerise sur le gâteau, un hymne à la gloire des livres, de la lecture et … des librairies !
Tookie, une quadragénaire d'origine amérindienne, a été incarcérée pour avoir été accusée d'avoir transporté un cadavre couvert de drogue. Après sa libération conditionnelle, elle entame une relation amoureuse avec Pollux, le policier tribal qui l'a arrêtée, et trouve un emploi dans une librairie de Minneapolis, cette Birchbark Books, qui porte curieusement le nom du magasin de livres créé par l'auteure elle-même et est dirigée par une certaine Louise… Amoureuse des livres, elle retrouve goût à la vie grâce à ce travail. Mais bientôt, Flora, une des clientes les plus fidèles de la boutique, aussi exigeante et pénible que précieuse pour la librairie, vient à mourir, et son fantôme commence à en hanter les rayons, se livrant à de multiples facéties, refusant de laisser Tookie en paix, de jour comme de nuit. le surgissement de la pandémie de Covid vient compliquer la situation et, bientôt, la mort par étouffement de George Floyd, sous le genou d'un policier, met la ville et l'Amérique à feu et à sang. Il faudra la tendresse de Pollux, l'amitié de ses collègues, et beaucoup de lecture pour rendre sérénité et courage à Tookie et au fantôme de Flora !
Plein de rebondissements et pétri de fantaisie et d'humour, ce roman de Louise Erdrich est une nouvelle et importante étape dans une oeuvre dont les thèmes majeurs restent la dénonciation du racisme et l'appel à la tolérance et au respect des différences. Et puis, un livre qui contient, dans les références égrenées au fil de ses pages, comme autant de textes présents dans les rayonnages de Birchbark Books, tant d'autres livres (et les listes de lectures de Tookie, l'impénitente lectrice, sont données à la fin, comme pour nous encourager à suivre encore ses goûts, une fois le roman refermé), toute une bibliothèque qui donnerait le tournis à Borges lui-même, que demander de plus pour satisfaire nos appétits littéraires ?
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Spécial Rentrée Littéraire 2023

Ce nouveau roman est original, inclassable . Je suis tombée une nouvelle fois sous le charme de Louise Erdrich : sa plume poétique, son combat pour le peuple amérindien, sa passion pour les livres, son affection particulière pour les êtres blessés.

Tookie, une jeune femme ojibwee, a mal commencé dans la vie. Drogue, alcool, problèmes familiaux. Lorsqu'elle devient complice d'un crime, elle prend pour tout le monde. La sentence est sévère : 60 ans. Quelques années plus tard, sa peine est commuée. Elle est de nouveau libre.

Le récit est centré sur sa reconstruction, sa résilience et ses fragilités, sur un job dans une librairie autochtone qui va la révéler, sur l'amour qu'elle ressent pour Pollux.

Nous sommes à Minneapolis en 2020. Suite au meurtre de Georges Floyd, la ville s'embrase. En parallèle, l'âme d'une ancienne cliente continue de hanter la librairie. Tookie est une des rares employée à percevoir sa présence.

Je ne peux que vous inciter à découvrir "La sentence", un roman authentique, engagé, plein d'humour, qui aborde également le thème de la maternité, de la culpabilité, du racisme, de la spiritualité On y apprend beaucoup sur les rites amérindiens. Un coup de coeur me concernant.

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