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3,93

sur 1209 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Livre qui mérite bien son titre. le récit est glaçant, presque désincarné. Il est difficile de considérer qu'une vie puisse se résumer à cette succession d'épisodes abordés avec une rétro-analyse si froide, si négative.
C'est le contraire d'un livre "pour se sentir bien". C'est un livre pour que vous vous sentiez mal.
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Le regard est juste. Il interroge une anomalie que tous, pourtant, intègrent comme une donnée naturelle. Dans notre conscience savamment travaillée depuis la plus petite enfance, il est « naturel », en effet, que ce soit les femmes qui aient la charge des corvées dit domestiques ; il est « normal » que ce soit elles qui aient la charge des « autres » et des « leurs ». La norme est si ancrée que les conséquences se révèlent dans toutes les études sociologiques et statistiques : la charge domestique des femmes s'accroît dès qu'elles quittent le célibat. le temps qu'elles dédient aux tâches ménagères donc à la gestion du foyer augmente quand elles entrent en couple ; celui de leur compagnon diminue. Autrement dit, pour être plus claire (parce qu'il y a vraiment des cerveaux qui ne comprennent pas l'équation), quand une femme entre en couple, dans la très grande majorité des cas (les exceptions confirment seulement la règle), elle prend en charge les tâches ménagères de son compagnon qui lui transfert les corvées qu'il savait pourtant faire quand il était seul. Et cette charge se multiplie avec la naissance des enfants. le travail salarié n'y change rien car ce sont elles, là encore, qui assument ce que l'on appelle la « double journée de travail ». Les femmes ploient donc sous le travail domestique et ce travail domestique, quand il est subit, crée le malheur car il fait naître un sentiment d'injustice fort et douloureux. Si les femmes étaient remerciées pour toutes les tâches domestiques effectuées, peut-être que le malheur serait moins grand mais comme le travail domestique relève du domaine privé, il n'est pas considéré. Il est dévalorisé et n'a rien de gratifiant. Il est répétitif, absolument ennuyant. Il est donc vécu comme une contrainte et c'est ce qu'il est quand il est considéré comme relevant naturellement des femmes. 


C'est cela que raconte Annie Ernaux. Elle écrit le piège dans lequel le mariage et, plus tard, la maternité l'a enfermé ; un piège qu'elle n'a pas pu, n'a pas su éviter ; elle qui, pourtant, avait une figure maternelle qui aurait pu la protéger. Mais peut-on vraiment s'en extirper, s'en échapper ? Peut-on vivre dans un couple, dans la parentalité sans finir par étouffer la femme libre que l'on a pu être ou que l'on voudrait être ? Je crois l'affaire très difficile. Reste que j'approuve ce texte, je le signe, je le porte haut et fort car je m'y suis mille fois reconnue en tant que femme, en tant que mère, en tant qu'épouse mais... parce qu'il y a un mais, je dois dire que je n'ai pas du tout apprécié l'écriture que je trouve trop laborieuse, trop difficile à digérer. Elle rend la parole difficile à entendre. Et c'est dommage, vraiment dommage car le fond est, lui, excellent. 
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N°1699 – Décembre 2022

La femme gelée - Annie Ernaux – Gallimard.

St Thomas d'Aquin conseillait qu'on se méfiât de l'homme d'un seul livre. Même si cet aphorisme de ce docteur de l'Église est discutable, il reste que, s'il est un auteur qui a mis son autobiographie au service de son oeuvre romanesque en en faisant le thème central et exclusif, c'est bien Annie Ernaux. Elle incarne à mes yeux, et ce sans aucune critique de ma part, le solipsisme de l'écrivain. Je remarque que le jury suédois semble apprécier les écrivains français qui explorent leur mémoire personnelle dans leur oeuvre puisqu'il a déjà distingué en 2014 Patrick Modiano qui a fait la même démarche créative.

Dans ce roman, le troisième de cette auteure, publié en 1981, elle se représente en jeune fille qui a vécu une enfance heureuse au sein d'une famille modeste de petits commerçants normands mais compréhensive et qui souhaitait surtout qu'elle ait une vie meilleure que la leur. Elle était un peu leur revanche à eux (surtout à sa mère) et faire des études, devenir quelqu'un, avoir des connaissances et un bon métier lui permettra d'échapper au pouvoir des hommes. Dans les années 60 c'était en effet le destin de la femme que de rester à la maison, se charger des taches ménagères, d'élever ses enfants et de dépendre de son mari comme ce fut le cas de sa mère. C'est aussi l'époque où l'ascenseur social fonctionne encore et il est communément admis qu'un « bagage »(comme on disait à l'époque) ouvrait les portes de l'emploi. Elle fait donc des études universitaires, rencontre un étudiant et l'épouse. C'est aussi l'époque où les esprits s'ouvrent et les mentalités évoluent grâce à de grandes vois féminines et elle imagine que les choses vont évoluer vite et entretient l'illusion de l'égalité des sexes.
Elle parle librement de ses années d'enfance, de ses interrogations de fille face à la transformation de son corps, aux craintes instillées par la religion et sa morale, à la peur d'un avenir traditionnellement tracé, son goût pour les livres sans images et son envie diffuse d'en écrire elle aussi, plus tard. Puis viennent les années d'adolescence avec ses doutes ses espoirs, les études, un métier d'enseignant, le mariage puis la maternité, l'installation dans la vie, une sorte de routine incontournable pour une femme
J'aime bien lire Annie Ernaux, mais là, je me suis un peu ennuyé.
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 Décidemment j'aime de plus en plus Annie Ernaux au fur et à mesure de mes lectures. le regard qu'elle porte sur les existences féminines me parait d'une grande justesse. La narratrice a une image familiale particulière pour son époque: sa mère n'est pas "féminine", elle parle fort, elle dirige, elle ne donne pas à sa fille des principes traditionnels comme être une bonne ménagère, elle l'incite à lire, à faire des études. J'aime beaucoup un des préceptes de cette mère: "Pars si tu en as envie. Une fille, c'est pas fait pour rester dans les jupes de sa mère". Son père s'occupe de la cuisine, des soins de la maisons. [pour lire la suite]
Lien : http://liremoijeveuxbien.ove..
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Annie Ernaux ayant eu le prix Nobel cette année, et ne la connaissant pas j'ai voulu la lire.
Je me suis procuré « la femme gelée » .
Personnellement j'ai pris ce livre comme un roman de gare que l'on achète pour passer un agréable moment. Mais il n'en reste rien en ce qui me concerne.
La petite bourgeoise qui a d'autres ambitions que d'être mère au foyer et gentille épouse aimante est louable, mais des dizaines d'auteurs hommes ou femmes ont écrit sur ce sujet. Ni mieux ni plus mal mais je n'ai rien trouvé que je n'avais déjà lu ailleurs.

Donc je m'arrêterai là pour l'instant.


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Autobiographie de cette femme née en 1940, c'est à dire qu'elle a 40 ans à la parution de "la femme gelée". L'auteure raconte la construction de son féminisme j'oserai dire. La figure mère qu'on lui structure chez les soeurs ne colle pas à celle de sa 'moman' à elle. Elle semble nous faire part donc de ses réflexions sur les chemins qu'elle débroussaille pour en arriver là aujourd'hui, c'est à dire visiblement mère de famille mariée qui en crève. Elle s'expérimente entre les trop et les pas assez. Elle se conditionne et se déconditionne sans cesse, comme si il fallait soit en être soit pas en être. Quelle dualité. J'ai pas beaucoup ressenti de demi mesure dans son approche. Peut être même trop de mépris pour les uns et les autres à mon goût.
Mais qui est cette femme qui se regarde tout le long du récit? a t elle écrit ça en apnée dans un courant de colère, de dépression? Aurait elle perdu ses idéaux avant d'avoir eu le temps de mettre un nom dessus?
Ca m'a beaucoup fait penser au podcast "entre nos lèvres", où la parole est donnée à la féminité mais pas que. Ça débute par : "qu'est ce qu'être une femme pour toi aujourd'hui?". Et ça finit toujours les entretiens par "Pourquoi c'était important pour toi de venir nous raconter tout ça?".
Voilà, je l'ai lu tout entier en me raccrochant à ça. Si Annie Ernaux était leur invitée, quel regard aurait elle en 2021 sur sa condition de femme ?
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A mon avis ce livre d Annie Ernaux vaut pour ce qu il dit des relations femmes-hommes, leur évolution après le mariage, quand les enfants arrivent, enfin quand tout ronronne pour Monsieur. Par contre la qualité littéraire n est pas le sujet. Écriture ressemblant à un prise de notes. Je l ai apprécié pour un témoignage juste du processus de décomposition du couple amoureux a l'épreuve du mariage, du temps, de la pression sociale sur les femmes. Bref ce qui est détestable pour certaines, mais qui s installe petit à petit. Ce modèle existe toujours il a la peau épaisse, encore combien de générations?
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La femme gelée
Annie Ernaux
Audiolib

Mon avis :

J'avais envie de continuer à découvrir Annie Ernaux. J'ai choisi celui-ci.
Elle raconte le destin la vie d'une femme des années 60. Etre une bonne mère de famille, s'occuper de son foyer des tâches ménagères de ses enfants et de son mari.

J'ai bien aimé les relations avec sa mère, une femme différente qui aimait lire et lui a transmis ce goût de la lecture alors que son père disait que c'était perdre son temps.
Elle fait une analyse complète de la condition de la femme, son rôle dans la société et sa représentation.

Ce n'est pas celui que j'ai préféré, je l'ai trouvé parfois pesant. La voix est bien en accord avec le texte, mais parfois monotone certainement dû à l'écriture et au style du roman.

Je remercie @audiolib NetGalley France.
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Annie Ernaux parle de son enfance et de son adolescence. Elle essaie de comprendre comment ses idée's d'égalité et de liberté ont pu l'amener à se marier.

Il s'agit d'un livre très intime dans lequel l'auteur raconte de la manière la plus honnête possible ce qu'elle ressent en tant que femme face à tous les clichés sociétaires dans lesquels en fin de compte on a tendance à se couler. Je crois que chacune d'entre nous aura un pincement au coeur en lisant l'un ou l'autre passage.
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Que ce soit à travers le titre ou le résumé, "La femme gelée" d'Annie Ernaux m'a de suite attiré. Ayant adoré "La place" et "L'évènement", j'ai vite enchainé avec la lecture de ce roman pour continuer à découvrir le talent de cette autrice. Seulement, après quelques pages lues, ça a vite été la désillusion. Impossible de rentrer dans le roman et de m'intéresser aux propos de l'autrice. J'ai finalement décidé de l'écouter en audio car il me semblait impensable d'abandonner ce roman. Et ça a été une bonne idée !

Dans "La femme gelée", Annie Ernaux nous parle de sa vision de la femme, à travers la vision qu'elle a de sa mère, des clientes de ses parents, de ses amies ou de ses femmes proches. Elle nous transmet ses attentes, ses idéaux à contre-courant avec son temps, sa soif de liberté et d'émancipation qui, peu à peu, se ternit au contact des hommes et, plus tard, de son mari.

Ce roman n'est pas mon préféré d'Annie Ernaux. Comme dit plus tôt, j'ai eu du mal à entrer dans l'histoire. Pourtant c'est un roman qui reste puissant et qui m'a beaucoup plu sur le dernier quart. C'est un roman qui m'a révolté à certains passages et qui a chatouillé mon esprit féministe. On ressent le feu qui brule au sein de l'autrice et on a juste envie qu'elle prenne enfin sa liberté.

En conclusion, un roman prometteur mais assez inégal à mes yeux. le début a été difficile mais la dernière partie remonte largement le niveau de ce roman aux effluves féministes.
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