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4,09

sur 2199 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Annie Ernaux | Prix Nobel Littérature 2022 | "Les Années" | 256 pages | Gallimard | 4.09/5 (1439 notes!)| 2008
Annie Ernaux a gagnée ce prestigieux prix (pour un autre livre). Je me suis dis, Charlyy, il est temps de surfer un peu sur la vague...
Alors : je qualifierais ce roman d'évasif, imagé, poétique.
Il y a ce genre de livres et d'autres : action, dialogues, solidité...
Vous l'aurez deviné, je préfère la deuxième catégorie.
Je conçois que ça parle à beaucoup de gens, et même à de très bons lecteurs (surtout; en fait! ... d'où son prix)!! Mais quand le fil est décousu et nous parle de par son style uniquement... Non, j'aime l'action, je suis pas du genre à m'extasier pour une belle tournure de phrase... J'aime le contenu en génral!
Voilà... Je ne regrette pas d'avoir testé Annie Ernaux et j'aimerais savoir votre avis dans les commentaires... J'aurais dû commencer par son dernier mais celui-ci était moins cher...
Belle journée...
Lien : https://vella.blog/
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En refermant le dernière page de ce livre, je me pose la question traditionnelle : ais-je aimé ou pas ? Convaincue ou pas ? En général, quand j'en viens à m'interroger c'est que c'est mitigé et d'ailleurs Ici, je vais faire une réponse de Normand : oui …. et… non…. Avec en plus, une promesse de Gascon : éviter les redites et ça ce n'est pas gagné !

Pour commencer, globalement, on est tous à peu près d'accord pour dire que l'auteure a replacé sa mémoire personnelle au niveau de l'Histoire collective, permettant à tout un chacun d'y rattacher ses propres souvenirs.

Pour ce qui me concerne, au début j'ai eu beaucoup de mal à me concentrer sur « l'histoire » car ça n'était pour moi qu'une énumération de faits plus ou moins importants (la guerre mondiale côtoyant la pub pour le Kiri…) sans liens entre eux. Des « instantanés » pris sur le vif à différents moments, différentes époques et qui s'additionnent les uns aux autres formant juste une longue liste de souvenirs ; mais pas d'histoire articulée.

Au terme de 15 pages de cette sorte d'inventaire, je me suis dit que ça allait être fastidieux. Honnêtement, j'ai eu peur de « décrocher » d'autant que je n'ai pas particulièrement apprécié « La place » lu juste avant ce livre ci. Mais je suis tenace et persévérante (parfois)…

Et finalement au fil de ma lecture je me suis prise au jeu : les différentes références me parlent-elle ou pas ? En ai-je les mêmes souvenirs ? Faire la comparaison m'a en fait amusée. Pourquoi telle chose plutôt qu'une autre ?

Le choix est subjectif bien sûr puisque c'est avant tout la mémoire de l'auteure. Parfois ça coïncide (ou pas) avec la mémoire collective d'un certain nombre de lecteurs. Ce qui fait la différence c'est la façon et les mots employés pour en parler. Pour certains ça collera avec ce qu'ils pensent, ils seront donc ravis. Après les autres devront avoir une ouverture d'esprit suffisante pour accepter des propos contradictoires à leur propre opinion. D'où la polémique : mérite/mérite pas…

Après il y a l'emploi du « elle » (comprendre « je ») qui met une distance par rapport à son histoire. Une volonté de dépersonnaliser ses propres souvenirs ? de s'en détacher comme s'il s'agissait de quelqu'un d'autre ? Dans quel but ? Ça m'a donné l'impression d'une autobiographie non assumée, une envie de se fondre dans la masse toute en affirmant quand même son existence et ses opinions.

Du coup les paragraphes se rattachant à la mémoire « collective » sont plus personnels que ceux qui la rattachent à ses propres photographies (« elle », « je » ou « nous » sommes sur la plage…).

Les faits historiques auxquels elle fait référence sont ses repères à elle, même s'il peuvent parler aux lecteurs ; elle nous donne son interprétation, sa vision des choses. Mais je ne vais pas faire ici une « analyse » freudienne de ses intentions !... Je dirais simplement que cette façon d'aborder et de traiter une autobiographie est intéressante et assez originale par rapport aux autres beaucoup plus classiques et consensuelles.

L'écriture est simple, sans emploi de style ou de mots tarabiscotés ce qui le rend fluide. Pour autant j'ai mis un temps fou à le lire car chaque paragraphe me renvoyait à mes propres souvenirs sur lesquels je prenais le temps de m'arrêter… Elle m'a offert un voyage dans le temps.

Après reste la question de la postérité. Un Nobel immortalise-t-il obligatoirement une oeuvre ? Cette mémoire collective qui parle à tant de lecteurs aujourd'hui encore (surtout dans les détails : les pubs ou les journalistes de l'époque, les speakerines en vogue – mais qui se souviendra de Geneviève Tabouis en 2060 (sans avoir recours à Internet et Wiki s'entend !) ?) Il sera intéressant de voir comment sera perçue l'oeuvre de l'auteure : un peu datée ou véritable témoignage d'un temps révolu ?

Qui vivra verra!
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Ce livre paraît si simple qu'il en est déroutant. Egrener les rituels du temps et des hommes. Comme autant de souvenirs quasi collectifs. La grande force de ce texte réside dans sa capacité à inclure chaque lecteur dans cette dynamique des souvenirs. Chacun a fait l'expérience de cette photo de bambin à qui l'on dait un jour "c'est toi". Et c'est ainsi qu'Annie Ernaux dessine une sorte d'univers collectif qui lui appartient pourtant. J'aime beuacoup aussi le fil de la narration, qui dit que le temps passe sans vraiment le dire. Qui dit que peut à peu, les êtres aussi changent.
Au même moment sur mon bureau, encore ouvert pour une lecture qui dure, "Une vie" de Karel Schoeman, ou la vie rude dans le veld sud-africain. Il y a à comparer ces deux livres une impression étrange. L'un semble arrêté, comme figé dans le temps, le récit d'un monde du passé ; tandis que l'autre, dans une dynamique pourtant douce, trace un chemin vers l'avenir. Les styles semblent assez proches, faits d'une écriture économe de mots superflus. Et pourtant, l'impression - mais le propos sans doute - en est très différente. Petite coïncidence des livres...
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Il y a longtemps que j'entendais parler d'Annie Ernaux, et plus particulièrement de ce livre. Je n'ai donc pas hésité à le saisir lorsque je l'ai trouvé dans une boite à lire. Pour autant sa couverture austère ne m'inspirait pas vraiment. L'attribution du Prix Nobel de Littérature et les débat qui s'en est suivi m'a fait sortir ce livre de la bibliothèque où il prenait la poussière.

Comment qualifier ce roman autobiographique. Il me semble que l'on peut aisément le qualifier de biographie sociologique. L'auteure nous raconte le temps qui passe, qui est passé sur sa vie, de l'enfance à l'âge adulte. Chaque chapitre du livre et de sa vie est articulé autour de situations ou thèmes récurrents : une photographie, les repas traditionnels, la famille, la sexualité, la politique, l'économie.

Annie Ernaux a un regard critique, parfois caustique, souvent amer, et grandement désabusé. J'ai trouvé son récit empli de solitude et de tristesse. Même les moments de joies sont teintés de tristesse. Au point que je me suis demandé si au moins une fois dans sa vie elle a connu un moment de bonheur.

Deux mots m'ont particulièrement gênée dans cette lecture : « elle » et « on ». le « elle » par la distanciation que l'auteure met entre sa personne, son histoire, et le récit qu'elle en fait. le « On » car il est inclusif. Or ces « années », même si j'en ai traversé un certain nombre en même temps qu'Annie Ernaux, avec quelques années de décalage, même si j'en ai parfois gardé un souvenir ou un ressenti similaire, ne sont pas « mes » années. Tous ses souvenirs ne sont pas les miens, ses réflexions ne sont pas les miennes. Ce « on » m'englobe dans une pensée qui n'est pas la mienne et tente de me priver de ma propre perception, de mon propre ressenti. Car il s'agit avant d'un récit très autocentré qui se veut universel. Mais non Mme Ernaux, vos souvenirs et ce qu'ils vous inspirent restent les vôtres, pas ceux d'un peuple ou d'une génération. Et même votre dernier chapitre énonçant vos intentions ne m'a pas convaincue.

Je ne suis pas loin de rejoindre ceux et celles qui ont contesté l'apport de l'oeuvre d'Annie Ernaux à la littérature mondiale, apport couronné par ce prix Nobel, mais je me laisserai une deuxième (seconde) chance avec un autre de ses livres avant de me prononcer.

Au final « Les années » a été pour moi un livre froid, sans âme, qui ne m'a pas fait vibrer, suscitant peu d'émotion et aucune empathie avec l'auteure. La sensation d'avoir lu un essai sociologique plus qu'une autobiographie.
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Une lecture étrange, s'il en est... Les 20 premières pages sont un peu dures à passer, nous bombardant de diverses images, sans lien apparent : photos d'archives, souvenirs épars. Tout semble un peu sans queue ni tête. Un début troublant...

Puis on commence à voir se dessiner le lien entre ces images. Ces instants de vie capturés, des éléments d'une époque que je n'ai pas connue, construisent, par petites bribes, un tableau, une ambiance, un autre temps. En pointillisme. Ils s'imbriquent entre eux et se suivent pour nous faire plonger dans le flot du temps qui passe. Celui des années d'après guerre, des années 50 et de leur moralité lourde et acceptée, à l'explosion de mai 68 et aux diverses évolutions qui suivent, dessinant des années 70 - 80 - 90 - 2000 jusqu'à aujourd'hui. Telles que vécues et analysées par l'autrice. Espoirs et désespoirs. Esprit du temps. Changements de visions du monde.

Et en arrière plan, toujours présent, en ligne directrice discrète : la vie de l'autrice. Avec ses différents âges de la vie : portrait d'une enfance, d'une adolescence, d'une vie étudiante et de femme, le passage à l'âge adulte, la vie d'épouse, de mère, de divorcée, d'amante, de professeure, une vie adulte qui ne cesse de se réinventer, jusqu'à la vieillesse. Jamais figée. Annie Ernaux parle à la fin (car sur la fin, avant de nous quitter, elle décrypte son livre) d'une "autobiographie impersonnelle". D'une volonté de "sauver quelque chose du temps où l'on ne sera plus jamais". Et en ce sens, ce livre est une réussite.

On est surpris d'être plongé dedans, mais on prend finalement plaisir à observer cette fresque évolutive, cette rivière du temps qui s'écoule indéniablement et à son rythme. Une lecture assez déconcertante de bout en bout.
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Annie Ernaux est née en 1940.
Et depuis 1974 et son premier roman, elle ne cesse de raconter sa propre histoire. Celle d'une petite fille née à Yvetot dans une famille très modeste mais qui apparaît rapidement douée pour l'étude – elle sera agrégée de lettres modernes.
Les années est son quatorzième ouvrage, une autobiographie écrite – très bien, certes – à la troisième personne. Une chronique, façon collage à la Georges Perec, d'une époque où la consommation est devenue au fil des 30 "Glorieuses" reine, depuis la sortie de la guerre jusqu'au début des années 2000.
Une vision lucide, apparemment détachée, teintée de sociologie – influence marquée de Pierre Bourdieu – avec naturellement l'évocation précise de l'évolution des moeurs et des travers de nos contemporains, la révolution sexuelle et la maîtrise de la fécondité.
C'est aussi la chronique d'un embourgeoisement intellectuel, d'une ascension sociale permise par l'excellence universitaire, mais qui, malgré la rupture évidente avec la classe sociale originelle, demeure marquée par les réflexes d'une gauche « convenable », si habituels dans le milieu enseignant. Et avec, paradoxalement, des rituels d'antan qui perdurent comme le déjeuner familial dominical.
Annie Ernaux est une belle femme. Les relations amoureuses tiennent une grande place dans sa vie, jusque sur le tard … La fuite du temps, le vieillissement et la crainte des maladies, la crainte de l'abandon, la flétrissure de l'âge l'angoissent.
Certains critiques considèrent Annie Ernaux comme un écrivain majeur de la littérature française. Je ne me sens pas assez savante pour confirmer cette affirmation. Cette lecture a suscité en moi, qui appartiens à cette génération à quelques années près, beaucoup de souvenirs, mais je ne peux m'empêcher d'y lire aussi un catalogue de lieux communs. C'était le premier livre que je découvre de cette auteure. Je ne pense pas en lire d'autres.
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Des instants, des événements, des fragments d'époques, Annie Ernaux nous emporte des années 50 à nos jours, à travers des impressions personnelles et l'analyse du monde en mouvement. D'où l'intérêt d'une oeuvre chronologique et cette manière de se raconter individuellement et collectivement. Aprés un début un peu laborieux , on se laisse guider par l'auteur dans cette histoire passionnante.
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Quoi de mieux pour découvrir la plume d'une autrice qu'une oeuvre purement autobiographique ? Paradoxalement, Annie Ernaux réussit à rendre son vécu universel grâce à des moments historiques marquants. Ce sont les expériences vécues par toutes personnes, vivant à l'époque décrite, qu'elle décide de nous raconter dans son livre. Parler de soi pour parler de l'autre, du commun, et inversement. C'est un regard particulier et intéressant qu'elle nous propose, ici, sur elle-même et sur le monde. le résultat est plus qu'étonnant.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Curieux d'un nouveau Nobel français que je n'avais pas vu venir, j'ai pris conseil et commencé par « Les années ». La presse annonce une nouvelle forme d'autobiographie dans une époque qui en est prolixe. « Toutes les images disparaîtront », commence le livre, avant une dizaine de pages de souvenirs disparates, les uns publics à la manière du « Je me souviens » de Perec, les autres réfléchis, ou de nature intime. Puis les années progressent, les étapes de la vie personnelle sont annoncées par des photographies : enfance présentée comme pauvre dans la France pauvre de l'immédiat après-guerre, découverte à l'adolescence du « corps poisseux » et de la sexualité avant la pilule, succès aux bacs, études supérieures, mariage, naissances, divorce (« prêtes à tout pour retrouver le désir d'un avenir »), amants. L'histoire d'une femme libre à l'époque où la liberté coûtait cher aux femmes. Ces années personnelles sont traitées avec froideur et distance : parents, enfants, mari, amants restent dans le flou et la neutralité émotive.

Parallèlement à l'autobiographie, l'histoire d'un demi-siècle consumériste et politique permet au récit de tenir la longueur. La précision dans la reprise des jingles de la consommation — réclame, télé, besoins induits — rafraichit les souvenirs des contemporains de l'auteure. Toujours le « Je me souviens ». le rappel des évènements est beaucoup plus flou : échos lointains des guerres du Vietnam, d'Algérie, du Golfe et d'Afghanistan, assassinat de Kennedy, attentats 11 septembre, quelques mots du SIDA, etc. Que peuvent penser les millénaristes de cette préhistoire ?

Les émotions se réduisent à la colère. Colère vis-à-vis de la province, vécue comme une injustice, et surtout de la condition des femmes : les acquis du vote féminin, de la contraception et de l'avortement s'effacent derrière les injustices antérieures, avant De Gaulle, avant Neuwirth, avant Veil. Colère surtout vis-à-vis des politiques : « De Gaulle, ses joues pendantes et ses sourcils broussailleux de notaire engraissé » ; « Pompidou qu'on ne croyait atteint que d'hémorroïdes » ; « Giscard qui lâche un “je salue mon compétiteur” comme une série de prouts avec sa bouche en cul de poule », et plus loin le rengorgé Balladur, le rechigné Jospin, l'excité loufoque Chirac, Sarkozy le traître chafouin, etc. Seul Mitterrand bénéficie d'un peu plus qu'une image vengeresse, avec un brin de programme et un soupçon de bilan.
La matière est faible, mais la forme est brillante. Un écrivain doit savoir écrire et Ernaux y excelle. Elle maitrise les formes brèves, la précision des formules, la capture des émotions du siècle. Elle accumule les images révélatrices et les idées qui font mouche, celles de la misère contemporaine : « On attendait de nous l'acceptation naturelle de la transmission ». « Monter en ville, rêver, se faire jouir et attendre, résumé possible d'une adolescence en province ». « Les gens ne s'ennuyaient pas ils voulaient profiter ». « À la fierté de ce que l'on fait se substituait celle de ce que l'on est, femme, gay, provincial, juif, arabe, etc. ». « L'impassibilité augmentait ».

Alors le prix Nobel ? Il récompense un écrivain « qui a fait la preuve d'un puissant idéal », en l'occurrence, dixit l'Académie suédoise de Madame Ernaux, « pour le courage et l'acuité clinique avec laquelle elle découvre les racines, les éloignements et les contraintes collectives de la mémoire personnelle ». le courage ? Voilà qui donne à réfléchir.
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Dans ce récit écrit à la 3° personne à partir de photos d'elle-même feuilletées dans l'ordre chronologique, Annie Ernaux mêle sa vie (très) intime aux évènements qui l'ont accompagnée de 1941 à 2007.
S'il est plaisant de se remémorer avec elle des faits marquants de l'histoire de notre pays, on peut cependant déplorer le manque de profondeur de ce défilé au pas de course d'images brutes qui ne doivent pas beaucoup parler aux lecteurs les plus jeunes.
Annie Ernaux agrémente son récit de réflexions dont la pertinence n'est pas à démontrer mais le pronom "on" est parfois abusif lorsqu'elle laisse à penser sans nuance que l'ensemble de ses contemporains partageait sa vision des choses.
Un livre plus proche de l'ouvrage de vulgarisation que de l'essai de référence, tant sur le plan de l'Histoire que de la sociologie.
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