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Critiques filtrées sur 5 étoiles  

Quand Annie Ernaux écrit sur son avortement dans les années 1960, c'est avec autant de détachement, semble-t-il, que sur les autres sujets qu'elle aborde dans son oeuvre.
Mais la distance est relative car elle répète combien la souffrance morale qu'elle a vécue à travers cette expérience l'a poursuivie toute sa vie, est à l'origine de son besoin d'écrire sur cet événement.
C'est court, intense, ça se lit d'une traite mais avec respect et des frissons dans le dos.
Merci Simone Veil.
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J'enchaîne les coups de coeur mais ce petit livre m'a profondément touché.

L'événement racontée par Annie Ernaux est d'une justesse terrible. Une écriture aride, des mots forts sans aucun passage superflu. J'ai été autant émerveillée que troublée par son « témoignage ».

Ce n'est pas dans mes habitudes - même au contraire - mais j'ai couru chercher un fluo et je me suis mise à surligner tout ce qui résonnait en moi dans le texte.

J'aimerais d'ailleurs vraiment pouvoir décrire l'admiration et la peine que m'a fait ressentir ce court livre. Mais aucun mot n'est assez fort pour le courage de cette femme - de CES femmeS - d'avoir eu à endurer cet événement dans les années 60.

Brillamment racontée et des phrases toutes aussi belles et résonnantes les unes que les autres.
L'événement fait référence à un avortement suite à une grossesse non désirée dans les années 60 - plus précisément en 1963. Annie Ernaux raconte sans enjoliver ce qu'elle a vécu. La difficulté pour une femme d'avorter et surtout l'isolement que la grossesse non désirée engendre. Ainsi que le manque d'empathie, la cruauté et l'incompréhension face à une femme qui souhaite « enfreindre la loi ».

C'est un très beau texte que je relirais à coup sûr.
Je ne m'étais jamais intéressée à cette femme, ni à ces textes jugeant son écriture universitaire. Je suis contente de ne pas être restée sur cette idée - à l'évidence fausse.
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Nous sommes en 2024 et pourtant le recit d'Annie Ernaux sur son expérience de l'avortement en 1963 paraît encore si actuel dans ce qu'il dit de "violence faite aux femmes" dans une société.

C'est "une expérience vécue d'un bout à l'autre au travers du corps"  p 124,  qu'écrit  Annie Ernaux en 1999.
Trente sept ans après, elle explore sa mémoire ('mon corps, mes sensations,  mes pensées "), son agenda,  son journal intime pour faire surgir en écriture la "réalité", le réel, la vérité des"faits"...

Oh, que sa solitude de jeune femme étudiante dans l'"errance" à trouver un praticien, à être non soutenue par son compagnon,  à taire à ses parents, à vivre/assumer son avortement, à subir l'attitude de domination d'un médecin à l'hopital, m'a prise aux tripes .
J'ai ressenti physiquement cette lecture.


" J'ai fini de mettre en mots ce qui m'apparaît comme une expérience humaine totale, de la vie et de la mort, du temps ,de la morale et de l'interdit,  de la loi, une expérience vécue d'un bout à l'autre au travers du corps"  p 124

Annie Ernaux partage aussi dans des parenthèses son processus d'ecriture et c'est passionnant.
Elle recherche à retrouver le réel du moment passé et quand " ce cà", le " tout est là" est, elle l'écrit.
C'est pour cela que ses récits sont implacables de vérité. Et, c'est intime et politique.
Son ecriture est  " courage et acuité clinique "  disait le comité du Nobel en octobre 2022.



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Je pense que l'on est beaucoup à (re)lire l'évènement d'Annie Ernaux suite à l'inscription de l'IVG dans la constitution en France.
Effectivement, celle qui a eu le prix Nobel de la littérature a du, en 1963, faire appel tant bien que mal à une des fameuses faiseuses d'anges. Il faut comprendre qu'à l'époque, avant la loi de Simone Veil, cela ne se faisait pas, ni physiquement, ni moralement.
En tant qu'homme j'ai été très touché par son mauvais accueil dans les hôpitaux ou par le médecin traitant. En tant que soignant, je ne vous cache pas qu'en off, il y a encore beaucoup trop de préjugés. J'essaie chaque jour de lutter contre en argumentant. Ici, il y a de quoi trouver justement pour combattre ceux qui ne comprennent pas encore, que parfois, on ne peut pas faire autrement.
Une pensée particulière outre-Atlantique où, dans certains états, il y eut un véritable retour en arrière, et puis, n'oublions jamais non plus les pays en voie de développement ou en guerre. Bref, la lutte continue.
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« D'avoir vécu une chose, quelle qu'elle soit, donne le droit imprescriptible de l'écrire. »
« le véritable but de ma vie est peut-être celui-ci: que mon corps, mes sensations et mes pensées deviennent de l'écriture, c'est-à-dire quelque chose d'intelligible et de général, mon existence complètement dissoute dans la tête et la vie des autres. »
C'est plus de trente ans après avoir choisi et vécu un avortement, qu'Annie Ernaux, d'une écriture que je qualifierai de « clinique » nous fait le récit de ce passage de sa vie.
« Événement, épreuve, expérience humaine totale, de la vie et de la mort, vécue d'un bout à l'autre au travers du corps …. » comme elle l'écrit elle-même …
En utilisant son agenda et son journal intime de l'époque, elle « décortique » cet « événement » …. Oserais-je écrire « sans doute pour l'expulser définitivement ? »...
Parce qu'il s'agit bien de cela, en fait, utiliser l'écriture comme exutoire … verbaliser une bonne fois pour toutes pour espérer moins penser à ce qui a troublé, dérangé.
D'ailleurs elle dit qu'elle a fini de "mettre en mots", "réussi à effacer toute trace de culpabilité"...
L'écriture est suffisamment détachée pour que ni le misérabilisme, ni le voyeurisme n'aient leur place dans notre lecture.
Il n'en reste pas moins que le langage et la description de certaines scènes sont crus. Et je m'interroge … Annie Ernaux a-t-elle écrit ainsi par volonté d'être détachée ou parce que cette façon d'écrire s'est imposée à elle ?
Après avoir lu, il n'y a pas si longtemps « Qui touche à mon corps je le tue », je me suis retrouvée confrontée à la question de l'avortement, de la grossesse, des choix, de ces femmes en pleine détresse qui, à cette époque, n'avaient pas le « planning familial » et risquaient de mourir, seules dans leur coin …
Et revient, lancinante, cette question : « Vaut-il mieux avorter, abandonner un nouveau né, le garder et l'aimer mal ?... »
Que c'est beau la vie quand on est heureux de la donner, de l'offrir ….

Lien : https://wcassiopee.blogspot...
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Annie Ernaux, celle qui distille des parenthèses de sa vie afin de briser les tabous.

Je dois vous avouer quelque chose, j'ai commencé l'oeuvre de cette autrice par l'une de ses dernières publications. Dans le jeune homme, Annie Ernaux nous partage ses réflexions à la suite d'une relation avec un amant de trente ans de moins qu'elle. Et telle une réminiscence, son roman L'événement pointe alors le bous de son nez entre deux paragraphes. Comme un jeu de piste, je m'étais promis que le prochain livre que je m'offrirai d'elle, serait ce dernier.

L'événement nous parle de ce que c'est que d'avorter en France dans les années 60. Cet acte est interdit, puni par la loi et jugé socialement. Celle qui souhaite avorter, ainsi que toute personne, lier de près ou de loin à cet avortement risque beaucoup. C'est donc l'omerta.

Annie Ernaux le sait, mais ce qu'elle sait également, c'est que si elle mène sa grossesse à terme, c'est un tout autre futur qui l'attend, un futur non désiré. Coûte que coûte, et comme beaucoup d'autres femmes, elle ira jusqu'au bout de sa décision au risque d'y laisser sa vie.

Ce récit est empreint d'une violence insidieuse, on suit aussi les réflexions de l'autrice sur l'importance d'écrire ou non cet événement de sa vie et ça ne fait aucun doute que l'existence de ce texte est primordiale, le droit à l'avortement est sans cesse menacé dans le monde s'il n'est pas tout simplement interdit. Être condamné à la maternité sous prétexte que l'on porte un utérus capable d'y accueillir un embryon, c'est occulter le fait qu'il y a une personne reliée à cet utérus. Une personne qui a des envies simples, comme mener sa vie comme elle l'entend et de disposer de son corps comme bon lui semble.
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À chaque nouvelle lecture d'un roman d'Annie Ernaux je me dis que le suivant ne pourra pas être meilleur, mais à chaque fois j'ai tords.

À l'heure où l'IVG vient d'entrer dans la Constitution française, lire ce livre m'a boulversé. Dans la société des années 60 où même le mot "avortement" n'est pas prononcé, Annie Ernaux peint une société où l'acte même est puni par la loi et où des milliers de femmes en meurt chaque années clandestinement. Transcendant quand on sait que cela ne fait qu'une cinquentaine d'année que les françaises peuvent être "libre" de leur corps.
Dans un monde où l'avortement est encore trop considéré comme un acte criminel, et où les femmes ne sont pas libre de l'utilisation de leur corps, cet écrit m'a marqué et me marquera probablement pour le restant de ma vie.

"Les filles comme moi gâchaient la journée des médecins. Sans argent et sans relations — sinon elles ne seraient pas venues échouer à l'aveuglette chez eux —, elles les obligeaient à se rappeler la loi qui pouvait les envoyer en prison et leur interdire d'exercer pour toujours."

"Les nouveau-nés pleuraient par intermit-tence. Il n'y avait pas de berceau dans ma chambre, mais j'avais mis bas moi aussi. Je ne me sentais pas différente des femmes de la salle voisine. Il me semblait même en savoir plus qu'elles en raison de cette absence.
Dans les toilettes de la cité universitaire, j'avais accouché d'une vie et d'une mort en même temps. Je me sentais, pour la première fois, prise dans une chaîne de femmes par où passaient les générations. C'était des jours gris d'hiver. Je flottais dans la lumière au milieu du monde."
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Annie Ernaux nous transmet un témoignage presque sociologique, de cet "événement", à partir de ses souvenirs des phrases qu'elle notait a l'époque dans son agenda.

C'est la première fois que je lis un écrit d'Annie Ernaux, j'avoue j'avais un peu peur de ne pas être a la auteur de son écriture. Mais bien au contraire, c'est une écriture concise brut sans aucun tabou ni voyeurisme et ça j'adore, certe cette lecture n'est pas toujours facile car elle a fait resonner en moi des émotions crue tout au long de ce récit jusqu'à ce fameux événement.
J'ai ressenti une grande compassion pour toutes les jeunes filles de cette époque qui ont du se sentir bien seule parfois.

Une grande découverte, une véritable expérience de lecture, un grand coup de coeur de ceux dont on ressort secoué.
Nous devrions toutes et tous lire ce bouquin
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C'est un livre très court, touchant et déstabilisant. Il nous rappelle le combat et les difficultés des femmes dans un passé pas si lointain. Il nous rappelle que rien n'est acquis et que tout reste fragile.
Je suis contente d'avoir lu ce livre écrit par celle qui est devenue prix Nobel de littérature.
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Très bonne lecture.

Quel témoignage émouvant nous livre Annie Ernaux sur le récit de son avortement dans les années 60, soit une dizaine d'années avant la légalisation en France.

Même si à la narration cela peut paraître froid à tous points de vue, c'est un roman qui est nécessaire. Nécessaire à la compréhension de la dure réalité de ce combat et du chemin parcouru. Nécessaire pour montrer dans quel état de précarité ces femmes étaient (ou plutôt sont encore dans le monde).

J'ai apprécié le fait d'avoir ici un récit autobiographique qui n'est pas un plaidoyer. L'autrice s'attelle à décrire les faits et dans quel état psychologique elle se trouvait. On ressent une angoisse sourde et latente, sur les difficultés qu'elle a connu avant de trouver une « faiseuse d'anges ». Mais surtout on ressent la véritable nécessité pour elle de disposer de son corps, à tout prix. C'est un événement qui la marque, à vie.

Un roman poignant de réalisme qui narre l'histoire d'une femme qui décide de sa vie.
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