AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur L'événement (159)

Je n'avais pas imaginé avoir cela en moi. Il fallait que je marche avec jusqu'à la chambre.

Je l'ai pris dans une main - c'était d'une étrange lourdeur - et je me suis avancée dans le couloir en le serrant entre mes cuisses. J'étais une bête.


--- un sac de biscottes vide et je le glisse dedans. C'est comme une pierre à l'intérieur. Je retourne le sac au-dessus de la cuvette. Je tire la chasse.
Commenter  J’apprécie          248
"Les filles comme moi gâchaient la journée des médecins. Sans argent et sans relations - sinon elles ne seraient pas venues échouer à l'aveuglette chez eux -, elles les obligeaient à se rappeler la loi qui pouvait les envoyer en prison et leur interdire d'exercer pour toujours. Ils n'osaient pas dire la vérité, qu'ils n'allaient pas risquer de tout perdre pour les beaux yeux d'une demoiselle assez stupide pour se faire mettre en cloque. À moins qu'ils n'aient sincèrement préféré mourir plutôt que d'enfreindre une loi qui laissait mourir des femmes. Mais tous devaient penser que, même si on les empêchait d'avorter, elles trouveraient bien un moyen. En face d'une carrière brisée, une aiguille à tricoter dans le vagin ne pesait pas lourd.
Commenter  J’apprécie          200
J’ai fini de mettre en mots ce qui m’apparaît comme une expérience humaine totale, de la vie et de la mort, du temps, de la morale et de l’interdit, de la loi, une expérience vécue d’un bout à l’autre au travers du corps. (p. 124).
Commenter  J’apprécie          201
Et, comme d'habitude, il était impossible de déterminer si l'avortement était interdit parce que c'était mal, ou si c'était mal parce que c'était interdit. On jugeait par rapport à la loi, on ne jugeait pas la loi.
Commenter  J’apprécie          190
… fait partie de ces femmes, jamais rencontrées, mortes ou vivantes, réelles ou non, avec qui, malgré toutes les différences, je me sens quelque chose de commun. Elles forment en moi une chaîne invisible où se côtoient des artistes, des écrivaines, des héroïnes de roman et des femmes de mon enfance. J’ai l’impression que mon histoire est en elles.

(Gallimard, p.40)
Commenter  J’apprécie          170
Comme dans l'orgasme, ou, dans un éclair, on a l'impression que "tout est là", le souvenir de mon rêve me persuadait que j'avais obtenu sans effort ce que je cherche à retrouver par les mots - rendant inutile ma démarche d'écriture.
Commenter  J’apprécie          150
D’avoir vécu une chose, quelle qu’elle soit, donne le droit imprescriptible de l’écrire.
Commenter  J’apprécie          150
Ni lui ni moi n'avions prononcé le mot avortement une seule fois. C'était une chose qui n'avait pas sa place dans le langage.
Commenter  J’apprécie          120
Première à faire des études supérieures dans une famille d'ouvriers et de petites commerçants, j'avais échappé à l'usine et comptoir. Mais ni le bac ni la licence de lettres n'avaient réussi à détourner la fatalité de la transmission d'une pauvreté dont la fille enceinte, était, au même titre que l'alcoolique, l'emblème. J'étais rattrapée par le cul et ce qui poussait en moi c'était, d'une certaine manière, l'échec social. (p. 32).
Commenter  J’apprécie          120
J’ai fini de mettre en mots ce qui m’apparaît comme une expérience humaine totale, de la vie et de la mort, du temps, de la morale et de l’interdit, de la loi, une expérience vécue d’un bout à l’autre au travers du corps.
J’ai effacé la seule culpabilité que j’aie jamais éprouvée à propos de cet événement, qu’il me soit arrivé et que je n’en aie rien fait. Comme un don reçu et gaspillé. Car par-delà toutes les raisons sociales et psychologiques que je peux trouver à ce que j’ai vécu, il en est une dont je suis sûre plus que tout : les choses me sont arrivées pour que je m’en rende compte. Et le véritable but de ma vie est peut-être seulement celui-ci : que mon corps, mes sensations et mes pensées deviennent de l’écriture, c’est-à-dire quelque chose d’intelligible et de général, mon existence complètement dissoute dans la tête et la vie des autres.
Commenter  J’apprécie          111






    Lecteurs (3504) Voir plus



    Quiz Voir plus

    L'événement (Annie Ernaux)

    Dans quelle ville la narratrice est-elle étudiante en 1963 ?

    Annecy
    Besançon
    Mulhouse
    Orléans
    Rouen

    14 questions
    54 lecteurs ont répondu
    Thème : L'événement de Annie ErnauxCréer un quiz sur ce livre

    {* *}