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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
A faire tilter des « sensitivity readers » !
En français, au choix, les éditeurs les surnomment des préventeurs d'emmerdes ou des renifleurs à scandales, les écrivains les voient davantage comme des parapluies ouverts en plein soleil ou des démineurs de sève et les mauvais esprits comme moi auraient plutôt tendance à les classer dans la catégorie des édulcorants de la cédille ou des nouveaux « Père la vertu » (ou mère ou tout autre genre, animal ou végétal) immatures.
Dans tous les cas, ces affreux relecteurs zélés chargés de « guimauver » les romans pour les rendre solubles aux offensés du premier degré devaient être partis en séminaire « feel-good, barbecue et autodafé » au Canada (dry), déboulonner quelques statues ou phosphorer sur le sexe des anges opprimés quand le manuscrit de J.M Erre a circulé. Avec ces yeux fades, le roman aurait surement ressemblé à une carte postale biffée par la Stasi avant de se faire le mur.
L'auteur rappelle au secours Julie, son héroïne insolente et tétraplégique du savoureux « Qui a tué l'homme-léopard ? », qui écrit des histoires pour semer son handicap et se moquer d'une humanité d'apparence valide.
Entre chaque réflexion à la sulfateuse de la dérision sur sa condition, Julie nous raconte une petite fable de sa composition. Un curé de campagne qui entend la voix d'un Dieu taquin qui incarne chaque jour une religion différente, un jeune homme lassé des conversations de réveillons qui veut vérifier scientifiquement l'adage « c'était mieux avant… », la résurrection d'un dépressif contagieux, un certain Michel H, ou encore un humoriste qui ne fait rire que de lui. Tout y passe. Certains y trépassent.
Les nombreuses références aux personnages de tous les autres romans de J.M Erre raviront les fidèles sans perdre les bizuths qui vont découvrir l'écrivain que je trouve le plus drôle actuellement (chaque phrase est une citation, un joli sourire par page minimum garanti et je ne travaille pas chez Darty !) et il nous offre ici un pot-pourri de ses textes parus dans Fluide Glacial mais que je découvre ici si habilement reliés dans une seule histoire.
Derrière son humour et ce titre délicieux, le sujet du livre, c'est justement de se moquer d'un ton léger de cette évolution qui proscrit toute « appropriation culturelle » comme disent les éveillés qui doivent manquer un peu de sommeil, qui promeut la réécriture de classiques pour apprendre à l'Histoire à bien se tenir, qui interdit à un acteur d'incarner un genre ou une sexualité qui n'est pas le sien.
Ne lisons-nous pas pour échapper à notre emballage et à ce que nous connaissons ? Faut-il qu'un acteur reste prisonnier de son rôle ?
J.M Erre est un universaliste qui met tout le monde dans le même panier percé mais il ne prend pas tout cela trop au sérieux. Il n'est pas prêt de tirer son irrévérence.
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La narratrice de ce court roman, c'est Julie, une jeune femme tétraplégique qui porte un regard plein d'humour et de causticité sur le monde et les gens qui l'entourent, et qui décide d'écrire et de raconter l'histoire de quelques personnages, dont certains qu'on a déjà pu croiser dans d'autres romans de JM Erre d'ailleurs.
On retrouve dans cette pépite tout l'humour noir et le cynisme de JM Erre, et on se laisse embarquer avec délectation dans ces quelques chapitres qui sont autant de tranches de vie complètement décalées.
Une lecture jubilatoire !
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Je découvre J.M.Erre avec ce livre, me rendant compte sur le tard qu'il y fait apparaître nombre de personnages principaux et secondaires de ses précédents romans. C'est une suite de nouvelles à chute, chacune introduite par une jeune paraplégique, Julie, dont les remarques liminaires sont autant pleines d'esprit et de bons mots que les histoires elles-mêmes, lui permettant largement de compenser par son intelligence exacerbée le peu de moyens dont elle dispose pour vivre sa vie très limitée. La mise en scène du personnage de Julie pour lier ces histoires est une excellente trouvaille de l'auteur, qui excelle par ailleurs dans les jeux de mots et les calembours.
J'ai passé un agréable moment avec ce livre sortant de l'ordinaire, avec lequel J.M.Erre rend attentif aux problèmes de société avec humour. A lire pour se changer les idées.
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Julie est une jeune tétraplégique. Elle décide de devenir écrivain et nous raconte de petites histoires.
Hybride entre le roman et le recueil de nouvelles, ce livre alterne les chapitres où Julie se raconte et ceux où elle nous raconte l'histoire d'un personnage. On pourra reconnaitre ces personnages comme les protagonistes des précédents romans de J.M. Erre. C'est d'ailleurs un plaisir de pouvoir les retrouver, tout comme il est plaisant de retrouver la plume pleine d'humour de l'auteur. Mais ne vous sentez pas exclu si vous ne connaissais pas l'auteur.
Julie est une jeune femme attachante qui n'a pas la langue dans sa poche et raconte son quotidien, mais surtout le regard des autres. Les petites histoires qu'elle nous sert sont pleines d'humour, mais aussi féroces et réalistes, dénonçant au passage les travers de notre société.
C'est drôle et percutant. Un vrai page turner.
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Julie, jeune femme tétraplégique de vingt-cinq ans, observe le monde qui l'entoure avec un regard plein d'humour, souvent noir et qui confine au cynisme. Dans sa tête se bouscule toute une galerie de personnages qui illustrent les nombreuses facettes de l'âme humaine. Drôle, attachant, agaçant, égoïste, surprenant... Julie convoque chacun d'entre eux pour raconter notre monde tel qu'il est.

Une petite pépite de drôlerie que ce livre qui se lit comme une série de nouvelles mettant en scène un personnage différent issu de l'imaginaire de Julie. Entre chacun de ces portraits s'intercalent des chapitres consacrés à Julie et à ses analyses percutantes sur la société, la société face à son handicap, la société face à n'importe quelle différence, la société et son lot d'hypocrisies et de bien-pensance.

Pas d'auto-apitoiement chez la jeune fille, dont l'esprit vif et acéré pointe avec justesse les travers d'une humanité qu'elle a tout le loisir d'étudier.

Au total, le lecteur va découvrir 12 personnages, femmes et hommes, dont Julie va nous raconter les histoires. Pour la plupart, les choses ne vont pas forcément bien se passer mais c'est l'occasion pour Julie, et l'auteur, de dénoncer certaines failles et d'appuyer sur certaines zones sensibles.

Evidemment on rit beaucoup durant toute cette lecture. Jaune parfois car Julie va aussi très loin dans les descriptions qui s'attachent à son propre handicap et aux regards ou commentaires que cela peut susciter. Chaque page recèle sa petite perle qu'on a envie de noter, de retenir ou de relire.

Mais le roman ne se contente pas d'être uniquement drôle. Il interroge aussi sur notre propre rapport aux autres, sur notre manière de juger, d'imposer ou au contraire de s'effacer. Et quand on rit ici, de quoi rit-on exactement ? D'une situation, d'un personnage, de quelque chose qui fait écho chez nous.

Est-on plutôt sur un rire franc, un rire gêné, un rire moqueur, un rire un brin nerveux ? Un peu de tout cela ici et il est intéressant de voir comment l'humour, s'il peut dédramatiser une situation, peut aussi lui apporter une forme de gravité si tant est qu'on y porte une certaine attention.

Un excellent (et hilarant) moment de lecture à recommander !
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" Je veux être considérée comme potentiellement monstrueuse, comme possiblement perverse, au moins autant que n'importe quel valide. "

Ainsi parle Julie, jeune femme tétraplégique qui, depuis, son fauteuil observe le monde comme une La Bruyère contemporaine.
Si elle se montre volontiers corrosive envers ses non-semblables, elle ne s'épargne guère non plus : "Suite à un accouchement difficile, j'ai hérité d'un corps à euphémismes: différent, singulier, en situation de handicap, en position de non-réalisation des habitudes de vie d'une personne. le truc sympa, quoi (oui, j'ai aussi hérité d'un cerveau à antiphrases) ."
Les familiers de J. M. Erre retrouveront ici dans les différents textes écrits par Julie son amour des mots, sa volonté de pousser à l'extrême les travers de la société ainsi que des personnages (aux noms improbables) issus de ses précédents romans. Pas de quoi s'affoler pour ceux qui découvriraient cet auteur: vous ne serez pas exclus de la fête et cela vous donnera sans doute l'envie de découvrir les précédentes oeuvres de l'auteur.
J.M. Erre célèbre ici, entre humour noir et amour de l'humanité malgré tout, les vertus et les défauts du récit : éviter de nous coltiner avec la réalité mais aussi accepter de se la prendre en pleine face
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Julie, tétraplégique, nous raconte des histoires. Elle observe le monde, bloquée dans son corps qui ne peut la transporter nulle part. Elle commente avec humour ce monde dans lequel, elle ne peut évoluer.
Les petites histoires qu'elle nous livre sont tout droit sorties de son imagination.
Les chapitres sont très courts, bourrés d'un humour acide et grinçant.
Chaque histoire pointe du doigt un travers de la société et ses paradoxes.
Le texte est plein d'ironie, de satyre et de jeux de mots.
Les réflexions sur le monde sont très pertinentes. Elle pointe du doigt l'égoïsme, la jalousie, le complotisme et les violences faites aux femmes.
Bref, j'ai passé un très bon moment avec ce livre. Je vous le recommande.
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Peut-on rire de tout ? Peut-on écrire sur n'importe quel personnage ?

Julie, jeune tétraplégique, décide de nous raconter la vie des pauvres valides, et en filigrane, sa philosophie de la vie. À rebours de l'injonction à ne parler que de sa propre existence ou expérience, J.M. Erre nous propose un double salto arrière : se mettre dans la peau d'une femme handicapée qui elle-même s'autorise ces écrits.

Pour les familiers de Fluide Glacial ou de ses précédents romans, l'on retrouve des personnages déjà employés. Mado la gaffeuse, Felix l'humoriste reconverti en historien de l'humour, Petronille et Barnabé les hypothétiques amoureux, etc.

N'ayant pas ouvert le magazine humoristique depuis la mort du Roi Gotlib, je me trouvai fort dépourvue lorsque la 50ème page fut venue. Était-ce mes préoccupations du moment ? Ma fatigue ? L'absence de la coccinelle ? Si nombre de remarques de ladite Julie me firent esquisser un sourire, l'alternance de personnages interagissant peu entre eux ajouta à ma perplexité.

Je reste persuadée que je n'ai pas lu ce livre au moment adéquat, car les digressions sur la chance notamment m'attachèrent de francs éclats de rire en milieu de parcours.
Moralité : on peut rire de tout, mais pas avec n'importe qui et à n'importe quel moment. Quant à écrire sur tout, j'espère que nous allons tous continuer, Julie et J. M. Erre comme les autres écrivains.e.s !
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On peut rire de tout mais pas avec tout le monde.
Personnellement j'ai beaucoup ri à la lecture de ce roman.

Julie, la narratrice, ne manque pas d'humour (noir) et d'auto-dérision et quand elle décide de se mettre à écrire, elle nous livre 12 nouvelles pas piquées des hannetons! (expression clairement sous employée de nos jours 😄)

Les sketchs ne se valent pas tous, je pense qu'il y en a pour tous les goûts, personnellement j'ai beaucoup aimé la visite à l'hôpital de Mado qui tente de remonter le moral à sa copine Brigitte qui vient de subir une amputation.

Chaque récit est ponctué par l'intervention de Julie qui n'hésite pas à interpeller le lecteur et qui présente le personnage à venir.

J'ai pris plaisir à retrouver certains personnages croisés dans ‘Le mystère Sherlock' qui m'avait permis de découvrir l'auteur.

C'est un petit livre idéal pour passer un très bon moment de détente!
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Entre recueil de nouvelles et roman, le 9ème livre de Jean-Marcel Erre est bourré d'humour, parfois noir, tout en ouvrant la réflexion sur la normalité et la monstruosité, avec une touche de féminisme.
La narratrice se nomme Julie. Elle a 25 ans et vit en Lozère, mais sa singularité est d'être tétraplégique de naissance. Elle s'échappe de son handicap par l'écriture : « on lit pour sortir de soi, vivre d'autres vies ». Les chapitres alternent entre la voix de Julie qui interpelle les lecteurs et les histoires qu'elle raconte, des portraits brossés autour des thèmes normalité/monstruosité, chance/malchance, bien/mal.
Le roman est truffé de jeux de mots et de références littéraires et actuelles. L'auteur joue avec les personnages et les titres de ses précédents romans qui peuvent d'ailleurs se lire indépendamment. On sent que l'auteur s'est amusé à écrire ces histoires. A la base, ce sont des chroniques publiées dans Fluide glacial, qu'il a réécrites. La moitié sont des portraits. Ce sont des formats courts qu'il a ensuite interconnectés. On retrouve des références d'une histoire à l'autre.
J.M. Erre a débuté la rencontre VLEEL par la question de la légitimité en tant qu'homme, valide, d'écrire à la place d'une femme, handicapée. Pour lui, elle ne se pose pas. La littérature permet d'écrire en se mettant « à la place de ».
Si vous avez envie de passer un bon moment de lecture avec un excellent conteur, lisez ce roman !
Lien : https://joellebooks.fr/2023/..
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