AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782490746163
260 pages
Moissons Noires (15/09/2020)
4.08/5   6 notes
Résumé :
La vie d'Anna est profondément ancrée dans l'histoire de ce vingtième siècle. Elle a grandi dans les années trente, n'échappant pas au carcan rigide d'une éducation traditionnelle, imposée par une mère très pieuse qui ne l'avait pas désirée. Après le décès de celle-ci, elle fait l'expérience du rejet de classe mais aussi de la liberté. Pendant la Seconde Guerre mondiale, en pleine révolte contre la société, croyant briser les tabous et les conventions, elle n'éviter... >Voir plus
Que lire après Le journal d'Anna, ma mèreVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
C'est le récit d'une vie, celle d'Anna, celle de sa mère que nous raconte Monique Étienne dans ce roman, roman que j'ai découvert grâce à Daniel Berthet. Une vie peu ordinaire, pour le moins pas banale, il faut bien le reconnaître. Ce destin original, l'autrice le dévoile, à partir du journal de sa mère mais aussi à partir de son propre ressenti. En effet, dans ce livre, nous entendons trois voix, celle de la narratrice qui transcrit la vie d'Anna, en l'occurrence sa fille, celle d'Anna avec ses propres mots tirés de ses journaux de jeune fille ou de ses cahiers d'écolier "qu'elle appelait ses dates" et enfin celle de sa fille Monique, l'autrice dont les chapitres s'intitulent "En aparté" et qui livre son propre ressenti.
Anna naît en 1922 et décède le 27 juin 2013. C'est donc presque un siècle de la vie de celle-ci qui va être raconté dans ce roman et par là-même une belle tranche de notre histoire commune. Cette belle petite fille énergique et imaginative à l'enfance solitaire fera à l'âge de 15 ans, lors du décès de sa mère, l'apprentissage brutal du rejet de classe. Elle sera ensuite confrontée à l'Occupation et n'ayant que 17 ans, se fourvoiera dans ses choix, ne prenant conscience de l'horreur de cette guerre qu'à la découverte du génocide des juifs. Mariée en 1946, elle a deux enfants Michel en 1947 et Monique en 1950. Avec les grandes grèves des mineurs de 1948, elle commence à se passionner pour la politique et s'engagera pour la paix avec Jack son mari. La tuberculose, une épreuve supplémentaire marquera sa vie future.
1953, elle signe l'appel international pour exiger la clémence pour le couple Rosenberg, adhère aux Citoyens du Monde, et s'engage toujours plus dans une démarche humaniste. Si elle a toujours affirmé que ses maternités étaient la plus belle expérience de sa vie, sa fille Monique n'en croit pas un mot. La famille va beaucoup voyager dans toute l'Europe, profitant de congrès divers pour découvrir les régions où ils se tiennent. Elle s'engagera à fond lors de mai 1968 mais sera déçue que "la fièvre retombe vite faute de relais politique crédible". Et ainsi continue sa vie militante familiale et amoureuse.
C'est comme cela, qu'Anna au fil de sa vie, de ses amours, de ses émotions nous emmène avec elle dans la grande Histoire, nous permettant de vivre ou de revivre des moments très importants et très graves qui ont bouleversé la France sinon le monde.
Ce roman est un témoignage touchant et utile. Il permet de conserver la mémoire d'une femme remarquable, témoin et actrice de nombreux faits marquants du XXe siècle.

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
Commenter  J’apprécie          1153
« J'écris pour la sauver de l'oubli. Jeter des mots comme on sème des graines… Vaste tentative d'immortalité dont l'écriture seule peut nous donner l'illusion. »

Ces quelques mots de Monique Etienne, autrice de cette magnifique biographie consacrée à sa mère, sont éloquents. le journal d'Anna, ma mère, résultat d'un travail d'écriture admirable, est impressionnant.
Le texte est dense, riche, sans concession, plein d'une intimité surprenante parfois. Monique Etienne a aussi été bien aidée par les récits et le journal laissés par Anna, sa mère, comme ce message écrit par elle pour ses 70 ans, résumé franc et direct d'une vie riche en imprévus et en militantisme.
« Elle s'appelait Anna et elle est morte le 27 juin 2013. »
Sa vie s'arrête et c'est là que tout commence pour Monique Etienne qui se lance dans un travail minutieux aboutissant au livre que je viens de refermer et que j'ai eu la chance de lire grâce à Daniel Berthet que je remercie.
Le journal d'Anna, ma mère m'a plongé d'emblée dans une enfance triste. Anna est la fille de Marie, femme très pieuse mais dure qui imprègne profondément l'esprit de son enfant. Dans les années 1920 et pour longtemps encore, le pouvoir de la religion catholique est immense sur les esprits et les rites imposés impriment définitivement les cerveaux friables des enfants qui y sont soumis.
Joseph, son père, est marin et il milite à la CGT. Il pourra être fier de sa fille et de ses engagements militants, plus tard. Avec sa mère, elle a découvert les milieux bourgeois et d'extrême-droite de la Rochelle dont elle est éjectée dès le décès de Marie à 38 ans.
La guerre survient quand Anna a 17 ans et elle se trouve obligée de travailler à la mairie d'abord puis pour les Allemands à la base sous-marine. Si elle tombe amoureuse de Richard, le lieutenant de la Wehrmacht, elle ignore tout des horreurs commises par les siens dans les camps de la mort.
C'est à 22 ans, quand le cauchemar des alertes aériennes est terminé, qu'elle rencontre Jack. Elle l'épouse et lui donne deux enfants : Michel et Monique. La maladie, les promotions de Jack à la SNCF, les déménagements successifs marquent leur vie, une vie jamais monotone.
De temps à autre, Monique Etienne interrompt son récit pour commenter « En aparté » et préciser son ressenti. Elle ajoute aussi les dates d'Anna et des extraits de son journal.
L'ensemble donne un récit varié avec quelques redites et surtout une parte importante consacrée à l'après 1968 et tous les engagements militants d'Anna débutés dès 1962 avec le Mouvement mondialiste. Elle lutte contre le franquisme, l'apartheid, pour les Palestiniens, pour les Saharaouis, pour tous ceux qui souffrent atrocement de l'oppression, contre toutes les injustices.
L'autrice n'oublie pas les amours d'Anna qui se libère sexuellement, aime sans retenue mais revient toujours dans le cocon familial qu'elle préserve jusqu'au bout.
En lisant le journal d'Anna, j'ai retrouvé quantité de moments d'Histoire vécus, ressentis mais je reste profondément impressionné par cette vie si riche sur tous les plans malgré tous les chausse-trappes qui jalonnent immanquablement nos existences.

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
Commenter  J’apprécie          930
Alors que je termine à peine cette lecture ô combien riche de mots et de sens, voilà que moi, je m'en trouve démunie pour rendre à sa juste valeur toute la richesse et la force que contient cet ouvrage.

Ici, l'auteure, Monique Etienne, que j'ai rencontré lors de ses combats contre toutes les injustices qui sévissent dans le monde et notamment celles infligées aux femmes, retrace le parcours de sa mère Anna, à travers ce que fut sa vie et la sienne par intermittence. Ayant perdu sa propre mère trop jeune et fille d'un père marin, Anna a dû se construire toute seule et faire front sans arrêt contre les préjugés. Elle qui a découvert l'amour au cours de la Seconde Guerre mondiale, à travers les bras d'Allemands, elle ignorait tout alors de ce qui était réellement infligés aux Juifs d'alors, des camps de concentration, persuadée de ne pas faire de mal : elle était belle, jeune et insouciante et eux étaient beaux, jeunes et probablement investis dans une guerre pour laquelle ils ignoraient tout ou presque. Était-ce mal alors de retrouver un peu de chaleur dans ces bras qui ne demandaient qu'à u peu de contact humain ? Non, certainement pas mais de tout cela, elle devra sans arrêt pas la suite se justifier, rendre des compte mais si il y a une chose dont elle a tiré leçon : c'est de toujours garder un oeil ouvert sur le monde et de toujours être vigilante. Sa fille, Monique, s'et d'ailleurs promis de caler son chemin de vie sur celui de sa mère, bien que parfois en désaccord avec cette dernière mais toujours dans le but de poursuivre les actions militantes dans lesquelles sa mère s'était engagée et s'approprier ses propres combats.

Ici, cet ouvrage comporte trois sens de lecture : celui des propos qu'Anna, la mère de l'auteure lui racontait enfant et dont elle garde un bon souvenir, les propres écrits d'Anna qu'elle tenu tout au long de sa vie avec des dates importantes pour elle dans sa vie de femme et plus tard d'épouse et de mère mais aussi pour le monde et enfin, l'après, à savoir la confrontation des souvenirs de l'enfant qu'elle a été avec ce legs que sa mère lui a laissé, à savoir ces écrits, avec ce regard neuf et sa propre interprétation de femme mûre.

Cet écrit est bien plus qu'une simple autobiographie, c'est aussi un véritable hommage que Monique Etienne rend à celle qui a marqué sa vie à jamais et qui continue, bien après sa disparition en 2013, à l'influencer dans ses choix de vie car au fond, qu'y a -t-il de plus important qu'une mère ?

Une lecture sublime, bouleversante et dont le lecteur ne peut pas sortir indemne ni même remettre en question ses propres croyances sur le monde ! Enfin, c'est aussi un magnifique hymne à la vie et en l'espérance d'un monde meilleur ! Sans être moraliste, Monique Etienne, à travers les écrits de sa mère, nous donne à toutes et tous une sacrée leçon de vie et d'humanité ! A découvrir et à faire découvrir !
Commenter  J’apprécie          520
Assez déçue par ce livre , une suite de liaisons aussi pathétiques les unes que les autres alors que le personnage d'Anna et ses combats avaient tant à dire. Les avis de sa fille qui se sent obligée de commenter sont superflus . Je suis passée complètement à côté de ce livre en comparaison des autres critiques. Tant pis . ..
Commenter  J’apprécie          270
Voilà un livre plein de sincérité qui n'est pas un roman mais qui se lit comme un roman…
Par un retour filial sur le parcours de vie de sa mère, l'auteure, Monique Etienne, raconte l'histoire d'une femme qui a traversé une grande partie du vingtième siècle depuis sa naissance en 1922.
Née au sein d'une famille bretonne, traditionnelle et conventionnelle, dès son adolescence et tout au long de sa vie, Anna sera en recherche d'un équilibre entre émancipation, amour absolu, bonheur familial et foi dans le militantisme.
Erreurs de jeunesse, passions amoureuses, doutes, moments d'extase, Monique Etienne nous fait comprendre à travers ses écrits au sujet d'Anna qu'il est difficile d'être toujours maître de ses choix et de ses émotions face aux évènements de la vie.
Et, au-delà de la biographie familiale, de la recherche amoureuse et de la passion militante d'Anna, c'est aussi le bilan des relations entre mère et fille que l'auteure analyse avec une nostalgie certaine car, au fil des pages, on découvre l'histoire d'un parcours commun entre deux femmes complices qui portent la même passion du combat militant pour la paix. En 1968 s'ouvrent les enchantements libertaires des années 70 en faveur des luttes populaires à travers le monde (Espagne, Portugal, Chili, Nicaragua, Irlande, Palestine…). Anna (46 ans en 1968) et Monique (18 ans) s'y engouffrent à coeur ouvert avec l'envie d'y participer pleinement, de développer un esprit d'initiative toujours renouvelé et d'en profiter pour faire de belles rencontres.

Commenter  J’apprécie          60

Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
Je suis heureuse qu'elle ait quitté à temps ce monde à la dérive - ce qui lui faisait dire : "ce n'est plus mon monde" - avant cette grande confusion qui aujourd'hui pourrait conduire à un nouveau conflit mondial et au retour des idéologies fascisantes. Même si sa vie ne fut pas épargnée par les tragédies atroces qui ont marqué la grande avancée humaine vers "l'oméga" comme disait Teilhard de Chardin qu'elle admirait. Qu'étaient devenus nos espoirs d'un monde meilleur quand on n'en finissait plus de défendre des acquis qui un à un étaient balayés par le vent dominant de la doxa ultralibérale ?
Commenter  J’apprécie          431
Quant aux enfants, ils font leurs débuts scolaires dans ce climat délétère se faisant canarder à coups de pierres par les gosses de l'école libre quand ils sortent de la leur. Rien de traumatisant cependant, car ils se serrent les coudes entre camarades et une sorte de jeu rituel s'instaure sur le mode " guerre des boutons ". S'ils sont à peine soixante élèves, ils sont certains de faire partie de la future élite, encouragés en cela par des maîtres prosélytes qui leur enseignent les fondamentaux des valeurs de la République...
On n'est pas loin de Don Camillo et Peppone, chaque camp rivalisant d'idées novatrices pour animer la vie du village. Le curé n'est pas le dernier qui, pour stimuler ses ouailles, organise de magnifiques processions, de grands spectacles son et lumière autour du "Christ Roi", véritable précurseur du célèbre Puy-du-Fou dans la Vendée du baron de Villiers.
Commenter  J’apprécie          270
Je suis parfois stupéfaite d'entendre les médias parler comme d'une nouveauté du XXIe siècle, des idéaux qui ont pourtant été le fondement des luttes issues de 1968 : la critique du productivisme, la recherche solutions écologiques alternatives ; la question de la démocratie et de l'autogestion ; la libération des femmes et des homosexuels ; l'intégration des immigrés à la société française. Sur toutes ces questions, 1968 a été un mouvement extrêmement novateur et il aura fallu presque cinquante ans pour qu'elles soient enfin reconnues comme fondamentales pour l'avenir de l'humanité.
Commenter  J’apprécie          370
Je suis parfois stupéfaite d’entendre les médias parler comme d’une nouveauté du XXIe siècle, des idéaux qui ont pourtant été le fondement des luttes issues de 1968 : la critique du productivisme, la recherche de solutions écologiques alternatives ; la question de la démocratie et de l’autogestion ; la libération des femmes et des homosexuels ; l’intégration des immigrés à la société française. Sur toutes ces questions, 1968 a été un mouvement extrêmement novateur et il aura fallu presque cinquante ans pour qu’elles soient enfin reconnues comme fondamentales pour l’avenir de l’humanité. (page 178)
Commenter  J’apprécie          330
Quand celle-ci survient alors que vous avez dix-sept ans, elle vous prend et ne vous lâche plus. La guerre ne cessera jamais de l'habiter, elle hantera ses nuits, alimentera ses cauchemars. Elle en gardera ce goût de poussière caractéristique des bombardements qui rend les lèvres sèches.
Commenter  J’apprécie          380

autres livres classés : récits de vieVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus

Autres livres de Monique Etienne (1) Voir plus

Lecteurs (15) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1710 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}