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EAN : 9782330189143
Actes Sud (10/04/2024)
4.57/5   88 notes
Résumé :
Vendredi 13 novembre 2015. Douceur automnale : ce soir pourrait avoir un air de fête. On rêve de ce que sera cette nuit qui s'ouvre. Deux amoureuses savourent l'impatience de se retrouver ; des jumelles se sont demandé où célébrer leur anniversaire ; une infirmière se promet le repos mérité. Un mari s'agace de devoir garder seul "la petite" - sa femme part écouter de la musique. Partout dans Paris, on va bavarder, trinquer, rire, danser. Et du côté des forces de sec... >Voir plus
Que lire après Terrasses ou Notre baiser si longtemps retardéVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
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Mon libraire préféré m'avait susurré que je ne pouvais passer à côté du dernier Laurent Gaudé. Mais, attention, m'avait-il dit, pour le lire, il faut choisir un jour de grand soleil avec à son côté, un verre de Mojito ! Ce à quoi, voulant faire ma maligne, j'avais répondu que la bouteille serait peut-être la bienvenue !

Rentrée chez moi, il faisait beau avec du temps devant moi. Mais trop tôt, quand même, pour le Mojito. J'ai ouvert le livre Terrasses ou notre long baiser si longtemps retardé. Je l'ai refermé lorsqu'il fut fini, le coeur ému mais fier que Laurent Gaudé ait mis en mots, de si belle manière, cet événement qui restera gravé à jamais dans nos mémoires.

Ce n'est pas une énième analyse, observation ou explication des attentats du 13 novembre 2015. Laurent Gaudé choisit de mettre en scène des instants de vie le jour même et la nuit qui a suivi les meurtres. Son théâtre de personnages, si justement croqués, s'anime au fil des heures, de l'inconscience bienheureuse à la reconnaissance de la peur.

« Bientôt, nous oublierons parce que tout ce qui précède va être avalé par ce qui vient.«

À partir de moments simples, ordinaires, noyés dans le quotidien, ses personnages deviennent héros et martyrs au fil des heures. Certains ne se relèvent plus, laissant leurs proches à jamais orphelins. D'autres, atteints à vie, doivent surmonter le souvenir des heures de cauchemars pour essayer de continuer à vivre. Et, puis, il a tous ceux, professionnels ou simples passants, investis, malgré l'horreur dans le sauvetage,

La puissance narrative est si juste que chacun peut se retrouver dans ces saynètes à un moment ou à un autre. La vie y pulse par de grandes bouffées d'émotions. Au-delà des faits, Laurent Gaudé choisit d'exposer des ressentis, racontant des bribes, comme des photographies prises sur le vif.

La puissance du texte met en valeur sa qualité littéraire ! Même s'il décrit le chaos, les larmes, l'inquiétude et la souffrance, Laurent Gaudé y oppose la vie, le désir, l'amour, la joie, le courage, l'empathie et tant d'autres choses encore ! Tout ce que les meurtriers n'avaient plus.

« le monde hurle face à eux. Tout le monde s'écarte, court se mettre à l'abri. Comme c'est jouissif. Sous leurs pieds, même le trottoir gémit.«

L'écrivain forme ainsi une chaîne à opposer à toutes leurs barbaries, comme des mailles nouées autour des valeurs de solidarité et d'empathie. Des petits gestes à la colonne du Raid, du premier urgentiste obligé de trier les blessés, du pompier d'à peine vingt ans, c'est l'humanité de notre monde que Laurent Gaudé célèbre comme un hommage à la vie.

Rien n'est occulté. Ni les grandeurs, ni les bassesses. Ni surtout les souffrances. Mais ce récit, Terrasses ou Notre baiser si longtemps retardé, transmet ce dont chacun des tueurs voulait nous priver : la joie, le désir, l'envie d'être ensemble, le partage, l'insouciance, et tout simplement, notre faculté à être heureux. Leur projet était de nous inculquer la peur, de nous prendre notre liberté, de faire cesser notre insouciance. Certes, nous cherchons les issues de secours, mais nous continuons à fréquenter les terrasses !

Alors, le mojito est bien à déguster pour célébrer la vie, accompagnant, pourquoi pas, la lecture de Terrasses ou Notre baiser si longtemps retardé ! Laurent Gaudé choisit de faire revivre notre traumatisme des attentats du 13 novembre 2015 pour opposer à la barbarie, la puissance de la vie ! Magistral !
Lien : https://vagabondageautourdes..
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Parfois, il est juste impossible de parler d'une lecture. Parfois, les mots de l'auteur sont si beaux, si forts, si poignants, que l'on se sent illégitime à en dire quoi que ce soit, de peur de ne pas être à la hauteur du texte qu'il nous a offert. Et en refermant « Terasses », je me sens muette, le coeur serré dans un étau, les yeux bordés de larmes, emplie de reconnaissance et de gratitude pour Laurent Gaudé qui avec ce texte m'a à la fois éblouie et émue.
Ce roman, c'est mon libraire qui me l'a mis en main et c'est son émotion qui m'a convaincue, même si je savais que cette lecture serait éprouvante. Alors, à votre tour, faites-moi confiance et succombez à ces pages. Selon moi le plus bel hommage jamais écrit à tous ces anonymes, qui ont vu leur vie à jamais dévastée en ce triste vendredi 13 novembre 2015.

Ceux qui nous parlent, ce sont eux. Amoureux, passants, soeurs ou mères, riverains, patrons de bistrots ou père de famille, tous ceux qui auraient pu être nous. Eux, commissaire ou simples policiers, médecin ou infirmière, jeunes pompiers ou agent de nettoyage. Ceux dont « l'uniforme les débarrasse de ce qu'ils sont, qui efface leur jeunesse, leurs hésitations et leurs peurs mêmes » mais qui ce soir là vivront panique ou effroi . Vivants ou morts, blessés ou indemnes, ce sont eux qui prennent la parole dans ce chant polyphonique, déchirant et sublime. Eux dont on a vu les photos, dont on a gardé en mémoire les sourires, eux, qui en cette douce soirée d'automne voulaient célébrer la vie et avec qui le dieu du Hasard a joué à la roulette.
Eux dont la voix que l'auteur leur donne longtemps résonnera dans mon coeur, dans un écho funeste et une douce lumière.
C'est triste, c'est bouleversant, mais c'est éblouissant de beauté. C'est au delà des mots et je ne citerai que cette phrase du livre:
« Nous serons tristes longtemps, mais pas terrifiés. Pas terrassés »

Alors encore une fois, n'hésitez pas une seconde, n'ayez crainte. Lisez ce livre, en leur mémoire à eux.
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Nous nous rappelons tous de ce que nous faisions le 13 novembre 2015. Comme le 11 septembre, comme lors de la chute du mur de Berlin, comme quelques autres dates, elles ne sont pas si nombreuses, que nous pouvons ancrer profondément dans un moment précis.

Ce 13 novembre 2015, il fait beau et doux à Paris, les terrasses sont bondées. Je me souviens de m'être baladée avec ma soeur deux jours avant en sortant d'un concert à Bercy et de m'être dit que c'était quand même formidable d'habiter une telle ville et de pouvoir profiter ainsi d'un verre en soirée, dehors, et de rire.

"Y a-t-il un bruit que le malheur aurait fait en se levant et que nous aurions dû reconnaître ?"

Et pourtant, ce 13 novembre là, la douceur a déserté. L'horreur s'est infiltrée dans les vies et les a brisées. Il y a ces jeunes filles qui avaient rendez-vous, cette jeune mère qui est partie de chez elle fatiguée et en colère contre son mari, cette mère encore qui ne reverra jamais ses enfants. Et tant d'autres.

« Certains ont été chanceux, d'autres pas, mais ce n'est pas cela qui va marquer cette journée. Bientôt, nous oublierons parce que tout ce qui précède va être avalé par ce qui vient. C'est comme un trou noir en fin de journée qui va dévorer tout ce que nous aurons vécu pour arriver jusqu'à lui. Seul compte l'abîme. Et il est tout près. »

Il y a aussi d'autres gens, des soignants, des flics, des pompiers. Ceux dont le boulot est d'aider, de réparer, de soulager. Ceux qui n'étaient pas prêts à voir ce qu'ils ont vu ce soir-là et qui ne pourront pas effacer certaines images de leur mémoire.

Laurent Gaudé signe ici un livre poignant – et tellement plus que cet adjectif - pour ne pas oublier ceux qui étaient là, pour pousser la barbarie au fond du trou où elle devrait être. Pour célébrer la vie tout simplement.


« Vivre. Comme on aime. Au nom de ceux qui sont tombés. Nous serons tristes, longtemps, mais pas terrifiés. Pas terrassés. »
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C'est toujours un exercice difficile que de se livrer à une analyse après la lecture d'un tel roman tant le sujet nous prend aux tripes. le dernier de Laurent Gaudé évoque cette sombre soirée du Vendredi 13 Novembre 2015, durant laquelle Paris subissait une nouvelle attaque terroriste après celle visant Charlie Hebdo et l'hyper cacher. Chacun se souvient sans doute de ce qu'il faisait ce soir là, je me souviens de l'étrange sensation lorsque deux bombes retentirent aux abords du stade de france, alors que Patrice Evra effectuait sonné, une passe un retrait, puis l'étrange commentaire de Lizarazu puis la découverte de l'horreur après avoir basculé sur d'autres chaînes de télévision...l'intervention solennelle de François Hollande... Laurent Gaudé évoque cette soirée à travers le destin de deux femmes amoureuses, de soeurs jumelles en sortie, une mère et surtout du passage instantané d'une sensation de dolce vita, à la terreur et l'effroi.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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TLaurent Gaudé, une fois de plus magistral tant dans l'écriture que dans la transmission. C'est un acte nécessaire mais ô combien courageux de dire l'horreur. À travers un récit poignant de 161 pages, nous y sommes. Aux terrasses des cafés, au Bataclan, dans les coeurs, les âmes, chez les gens, chez ceux qui attendent, ceux qui savent, ceux qui ne se doutent de rien, ceux qui souffrent, ceux qui s'en sortent, ceux qui vivent et ceux qui nous quittent. Pour ne jamais oublier à quoi tient une vie, un dernier baiser, un regard, un geste, une parole. Chaque journée commence lentement, les mêmes gestes inlassablement, mais tout peut se terminer rapidement, soudainement, dans l'effroi et l'horreur absolue.
Laurent Gaudé se place ici en porte voix, et témoigne des ressentis et des non dits, qui le resteront pour toujours. Certains qui s'aiment sans se le dire, d'autres que la mort va séparer, des disputes non réconciliées, des soeurs ensemble jusqu'au dernier souffle, des parents qui agonisent de l'absence de leur enfant.
Nous qui vivons normalement, à l'abri ou presque, souvenons-nous de ce que nos semblables et leurs familles ont vécu, il y a presque 10 ans. Et une fois encore, il fallait un écrivain pour transmettre. L'enfer s'est joué chez nous, et dans l'immensité du monde, sachons nous mettre un peu à l'abri. Pour que chaque jour compte.
Que j'aime cet auteur, et ce livre qu'on aurait pu aussi appeler Danser les ombres
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critiques presse (1)
LaTribuneDeGeneve
17 avril 2024
L’écrivain français tisse pour «Terrasses», son 13e roman, un chant polyphonique de toute beauté qui s’attache aux destins brisés par les attentats parisiens du 13 novembre 2015.
Lire la critique sur le site : LaTribuneDeGeneve
Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Le code d'urgence. Il faut revenir. Quelque chose est en train de se passer. Nous n'hésitons pas. Il n'y a pas une minute à perdre. Nous retournons à l'hôpital. La Salpetrière, Saint-Antoine, Saint-Louis, Henri-Mondor et Lariboisiere, nous sommes toutes ces femmes à qui on a juste dit qu'il se passait quelque chose, que c'était grave et qu'on allait avoir besoin de nous.
(p. 107)
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Nous reprenons le chemin de nos vie. Qu'avons-nous perdu ? Un peu de nous-même. De notre sérénité. De notre insouciance. Mais quelque chose est né en nous. Nous avons envie de brandir fièrement ce que nous sommes. Pour défier ceux qui voulaient nous abattre. Nous ne sommes pas soumis. Blessés. Sonnés. Mais pas soumis. Ils voulaient nous châtier. Genou à terre. Mais nous ne savons pas être autrement que ce nous sommes. Nous nous relevons.

Page 131
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Nous attendons maintenant dans ces couloirs que nous connaissons par coeur, à notre poste, et les minutes sont longues. Nous savons, à cet instant, que nous faisons partie de la longue chaîne de la vie qui se met en branle pour essayer de contrecarrer la mort, la longue chaîne qui s'est formée sur les boulevards, puis les ambulances, la longue chaîne de vie que la ville oppose à la barbarie, et nous nous sentons graves. Chacune sait que c'est pour cela qu'elle a choisi ce métier : soulager, guérir, sauver. Alors nous toutes, chacune à notre poste, nous essayons de ne pas laisser la nervosité nous gagner, mais comme le temps est long... Et finalement, les premiers blessées arrivent.

Page 107
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Je suis heureuse parce que je ne sais rien.

Page 43
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Chacun d’entre nous se sentira abîmé, même s’il n’a pas été blessé
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Vidéo de Laurent Gaudé
Vendredi 13 novembre 2015, il fait exceptionnellement doux à Paris – on rêve alors à cette soirée qui pourrait avoir des airs de fête. Deux amoureuses savourent l'impatience de se retrouver ; des jumelles s'apprêtent à célébrer leur anniversaire ; une mère s'autorise à sortir sans sa fille ni son mari pour quelques heures de musique. Partout on va bavarder, rire, boire, danser, laisser le temps au temps. Rien n'annonce encore l'horreur imminente. Laurent Gaudé signe avec *Terrasses* un chant polyphonique qui réinvente les gestes, restitue les regards échangés, les quelques mots partagés, essentiels – écrit l'humanité qui éclot au coeur d'une nuit déchirée par l'impensable. Et offre à tous un refuge, face à un impossible oubli.
le nouveau livre de Laurent Gaudé est en librairie. Lire les premières pages : https://www.actes-sud.fr/terrasses #litterature
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