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sur 783 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
N°433– Juin 2010
AMOUR, PROZAC ET AUTRES CURIOSITÉSLucía Etxebarría - Denoël.
(traduit de l'espagnol par Marianne Millon)

La découverte d'un auteur inconnu est toujours un moment fort pour moi et quand celui-ci est espagnol, mon appétit de lire en est augmenté. J'ai donc pris ce roman, un peu au hasard d'autant que la 4° de couverture était plutôt engageante. A l'en croire, le public de la péninsule l'avait accueilli comme « le roman d'une génération ».

Au vrai, cela commençait plutôt bien, je veux dire sur le ton de l'humour qui nous fait supporter bien des choses dans notre pauvre vie. D'abord Cristina, 24 ans, serveuse après avoir travaillé quelques temps dans un bureau, elle est un peu le vilain petit canard de cette famille Gaena... Elle n'arrive pas à se remettre d'avoir été larguée par son petit copain irlandais.. Quand, pour compenser ce manque, elle ne s'envoie pas en l'air avec des amants de passage, elle se met à songer à son enfance où s'entremêlent les regrets d'être une fille, une religiosité surréaliste, la fuite du père, ses débuts difficiles dans le monde du travail, et à ses autres soeurs auxquelles elle ne parle presque plus. Son problème principal semble être son taux de testostérone qui, par ailleurs justifie, pense-t-elle, sa propension à s'envoyer en l'air. Rosa, 30 ans, distante, froide, rationnelle, condescendante, suffisante, cadre supérieur consciente de ses responsabilités, de ses compétences, elle a réussi dans un monde d'hommes. Pourtant elle est seule dans son bel appartement, dans sa puissante voiture, avec ses tailleurs à la mode! Elle a perdu sa virginité comme on passe un examen... par nécessité! Ana, 32 ans. Elle a tout ce qu'une mère de famille et maîtresse de maison sérieuse, maniérée, bourgeoise peut désirer, un mari beau et brillant, un enfant adorable, une maison, une domestique... mais elle est fatiguée de vivre au quotidien parmi les marques de lessives et n'a même plus la force de faire le ménage ou de ranger ses placards. Elle sait tout de l'orgasme... mais par ouï-dire seulement et a dû la perte de sa virginité à un quasi-viol. Autant dire que la roulette de la génétique les a faites complètement différentes au physique comme au moral, mais leur mère ne voit rien de la détresse de ses filles!

Pourtant, elles ont en commun une sorte de mal de vivre que chacune combat à sa manière puisqu'elles dépriment tant qu'elle le peuvent: Cristina carbure à l'ecstasy, à l'alcool, on peut dire qu'elle est aussi un peu nymphomane (« j'ai besoin d'une queue entre les jambes » avoue-t-elle), Rosa a jeté son dévolu sur le Prozac et autres anxiolytiques, quant à Anna, ce sont les somnifères qu'elle affectionne... chacune sa panacée dans ce monde déshumanisé!

Dans ces « paradis artificiels », il me semble qu'il est surtout question d'amour, ou plus exactement de sexe. Pour Cristina, c'est un usage abusif et obsessionnel, peut-être à cause de la fuite du père, peut-être aussi parce qu'elle passe son temps à vouloir être aimée par des gens qui ne font même pas attention à elle (thème connu), pour Rosa c'est plutôt une absence cruelle tandis que pour Anna, ce serait plutôt la routine... avec des regrets et des remords.

Dans une sorte de catalogue alphabétique, l'auteur nous décline toute les facettes du mal-être commun à ces trois soeurs ainsi que leur parcours, leurs expériences, leurs apprentissages . Elle y parle d'un univers qui est aussi le nôtre, pourquoi pas! L'auteur le fait sur le ton de l'humour et dans un style volontiers enlevé qui s'attache le lecteur, plus attentif sans doute à l'anecdote qu'à la détresse que peu à peu elle instille dans sa description. C'est pourtant vers la fin que ce récit est carrément émouvant. Jusque là, la narratrice s'était surtout appesantie sur le cas de Cristina, mais sur un mode léger. Dans les dernières pages elle rappelle tout le désarroi de cette «jeune fille de bonne famille recyclée», en perpétuelle recherche d'un amour impossible, qui a 16 ans a fait une tentative de suicide et qui maintenant glisse vers l'héroïne. le discours humoristique du début cède la place à l'horreur quand elle évoque l'épreuve de la seringue, la douleur de l'injection et la mort par overdose de son copain Santiago. A ce moment Cristina prend une autre dimension, elle goûte soudain « la chance d'être encore en vie. C'est un immense cadeau », mais n'a plus personne à qui se raccrocher et sûrement pas à sa mère que la vie a meurtri elle aussi, mais d'une autre manière et qui a toujours été absente.
Elle prend alors une résolution « Tant que je serai là, j'irai de l'avant », rappelle que la femme n'est pas comme la Bible le prétend sous la dépendance de l'homme, mais puise dans la Kabbale des exemples de femmes fortes ( Déborah, Athalie, Judith, Betsabée, Esther...) qui elles aussi ont su faire face... Alors le message des bonnes soeurs qui a perturbé son enfance, il valait mieux l'oublier! Elle choisit de retenir l'exemple de Lilith, femme créée , selon la tradition rabbinique avant Ève et faite d'un peu de boue. Elle est l'égal d'Adam et sa compagne et non sous sa dépendance. Quant à ses soeurs, elles ont, elles aussi, décidé de réagir, Ana demande le divorce(et finira sans doute par l'obtenir) sans donner de raison et se voit internée dans un asile d'aliénés, Rosa s'accepte enfin comme elle est, à cause peut-être d'une chanson obsédante qu'elle entend au téléphone et qui lui rappelle son enfance. Bref, ces trois soeurs se retrouvent autour de la déchéance de l'une d'entre elles, se reparlent même si elles choisissent de rejeter leur mère. Une sorte de happy-end en quelque sorte, un message d'espoir dans cette société qui peu à peu a perdu tous ses repères!

C'est vrai qu'au départ, j'ai lu ce livre avec les yeux d'un lecteur que l'humour amusait un peu malgré un style oral et sans véritable recherche littéraire. J'ai même connu une certaine lassitude mais j'ai poursuivi jusqu'au bout, partagé entre la curiosité et la volonté d'en finir pour pouvoir en parler et me dire que j'avais au moins lu un ouvrage de cet auteur. J'ai été ému à la fin et je n'ai pas regretté ma persévérance en me disant que sans cela je serais sans doute passé à côté de quelque chose et que cela aurait été dommage.

Alors, roman d'une génération, sûrement! Sous couvert d'un certain humour, c'est en réalité une photographie sans fard de notre société, avec ses travers, ses dérives, un espoir... Peut-être?

Hervé GAUTIER – Juin 2010.http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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L' histoire est assez prévisible, la quatrième de couverture nous plante clairement le décor. Pas des plus gais.
3 êtres unis par les liens du sang, dérivent à leur manière, sans destination précise. 3 êtres perdus, égarés dans les méandres d' un monde qui les dépasse. 3 êtres qui ne s' accrochent à la vie qu' à travers un monde artificiel auxquel ils recourent comme une bouée de secours.
Les vies parallèles de ces soeurs vont bien au- delà de ce titre assez provocant et futil. Au premier abord, ce n' est qu' un nouveau prétexte à mettre en avant le sexe, la débauche, la drogue, le mal être ambiant... Un ensemble de sujets typiquement à la mode de nos jours...
Pourtant je n' ai pas trouvé celà totalement vide de sens, creux, car les regards que se portent les protagonistes sur elles- mêmes et sur leur entourage marquent bien une réfléxion profonde sur leurs douleurs, leurs souffrances respectives.
A certains moments, le langage et les scènes assez crues m' ont mise mal à l' aise, et m' ont fait sourire tout autant à d' autres moments. Je ne sais pas vraiment quoi en penser. Je ne crois pas que le livre est pour prétention de refléter le mal être d' une société en général, mais plutôt les drames que traversent malheureusement beaucoup de familles. Car toutes les familles traversent des drames un jour ou l' autre.
Et c' est bien là, le germe de leur désespoir. Une famille décomposée qui n' a pas su suffisamment les protéger, les bercer, les appuyer aux moments critiques de leur existence. L' absence d' un père, l' éloignement d' une mère. C' est très réaliste comme constat, et c' est peut- être celà qui met finalement le plus mal à l' aise.
On accorde parfois peu d' importance à certains détails , mais on se rend compte des années plus tard qu' ils ont forgé notre personnalité, nous ont endurcis ou au contraire nous ont rendus plus vulnérables. On se rend peut- être moins compte encore, que notre vie que nous croyons unique correpond à une somme de déterminismes qui en réalité laissent peu d' espace pour la spontanéité, la vie au jour le jour. C' est bien une dure réalité : nous sommes conditionnés par notre enfance, celà ne fait aucun doute; le déterminisme social existe bel et bien. Certes il existe des exceptions, mais ces trois soeurs n' ont pas échappé à la règle.
Je dirais même que leur lutte, c' est justement de déroger à cette règle, car elles se sont aperçues sur le tard, que leur destin n' a pas à être si linéaire, qu' il y a encore une place pour l' improvisation, pour retrouver un bonheur perdu et abolir certaines conventions.
On peut tomber très bas et toujours se relever. Tant qu' il y a de la vie il y a de l' espoir, je pense que ce livre donne un grand message d' espoir pour des gens qui traversent des situations semblables. Je pense que L. Etxebarria retrancrit brillament les sentiments, les doutes, les questionnements avec beaucoup de justesse. Je n' irais pas jusqu' à dire qu' on s' amuse, n' y s' enthousiasme comme le prétend la quatrième de couverture, car le sujet est bien plus sérieux qu' il ne parait.


Celà étant la vulgarité de certaines scènes a bien sa place, à mon humble avis, pour bien cerner les personnages et leur véritable état d' esprit. Parce que là encore le monde qui nous entoure, nos habitudes, nos manies, en disent parfois long sur notre personnalité. Ces trois soeurs je ne l' ai pas trouvées spécialement faibles, je trouve au contraire que chacune à leur manière elles sont très fortes, et leur capacité de s' analyser soit même me parle vraiment. C' est ce que j' adore, observer, analyser, tirer mes conclusions sur les autres, sur moi avec une froideur imperméable à toute sentimentalité. Pas facile d' être sincère avec soi même, mettre au placard ses a priori, s' analyser soi- même froidement, les relations de cause à effet...

En conclusion je dirais que ce livre ne m' a pas emballée totalement, mais j' y est vu un peu la retranscription de métamorphoses d' un mariage avec une touche plus moderne, moins poétique; peut- être plus proche du "monde" actuel finalement.



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Jolies histoires croisées de filles qui cachent leurs secrets douloureux de drôles de rencontres avec les hommes...pas franchement peints sous leurs meilleurs jours. Pourquoi les femmes se taisent-elles? Pourquoi les hommes sont parfois (comme dans ce livre) si inconséquents? (mon humeur est un peu morose, ça doit être l'heure...). Les chapitres s'enchainent avec régal, on passe de l'univers d'une fille à l'autre avec délice, entre boîte de nuit, appart vide de working girl et intérieur bourgeois trop bien rangé, avec une petite préférence pour la petite Christina, si drôle et excessive, évidemment...
beaucoup d'humour pour un livre finalement pas si léger.
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Un roman espagnol très intéressant qui a une bonne réflexion sur la vie. L'auteure nous fait prendre conscience de certaines choses à travers trois portraits de femmes. Trois soeurs. L'aînée, Anita est la mère de famille mais, elle carbure aux médicaments et est dépressive. Ensuite, vient Rosa, l'accro à son travail qui réussit brillamment dans sa carrière mais qui n'a pas pas d'amie, ni de relations amoureuses. Puis, la dernière Cristina, la narratrice principale car bien que nous avons le point de vue des autres soeurs, on sent tout de même que Cristina est la voix la plus importante du roman et, c'est la soeur fêtarde, l'accro au sexe et à la drogue.

Ce roman très féministe nous montre trois femmes non-heureuses qui vont finir par prendre conscience de leur vie et se prendre en main. Pour y arriver, l'auteure nous en apprend beaucoup sur elles : des amours difficiles, le départ d'un père, de mauvaises décisions… C'est très intéressant et humoristique. Cependant, il faut vous attendre à du vocabulaire grossier et à des scènes assez “crues” tout au long du roman.

Je trouve que Lucia Etxebarria rend compte des questions de beaucoup de femmes. Par exemple, sur l'amour, sur la vie, sur les sentiments. Elle peint tout cela mais avec une grande dose de modernité et, si on va au plus profond de ces femmes, on peut s'y retrouver à travers ces trois soeurs.

Finalement, je n'ai peut-être pas adoré mais j'ai passé un agréable moment avec ce livre qui est composé de chapitres en alphabet. “A comme Atypique, B comme baisse de tension” etc, très original. Puis, on s'attache aux personnages et le final, une bonne réflexion.
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Un bouquin très drôle et émouvant de l'espagnole "lucia ETXEBARRIA".
C'est son premier roman. Comme dans la plus part de ces romans ,l'auteur qui se définit comme féministe fait le portrait de plusieurs types de femmes contemporaines (trois soeurs que tout semble opposer):la parfaite femme au foyer, la fille qui vit la nuit et
la super femme d'affaires. Grâce à son immense succès le roman est considéré comme le plus réussi de ce qu'on appelle "la génération x espagnole. Il a été très librement porté à écran par "Miguel Santesmases"
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C'est cru, très cru, ça secoue un peu mais ce n'est pas si mal écrit et on s'attache au personnage central et à ses soeurs, toutes un peu paumées mais de façons trés différentes (fêtarde, maman modèle, executive glaciale), on plonge dans les milieux branchouilles madrilènes... j'ai lu ça très vite et sans déplaisir.
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Ce livre alterne les histoires parallèles de Cristina, Rosa et Ana, trois soeurs espagnoles, qui se sont construites comme elles ont pu : sans père et avec une mère froide. Ces soeurs, que tout oppose, sont finalement bien semblables dans leurs problèmes avec la vie, dans leur solitude, qui les pousse à mener telle vie et pas une autre.

Je n'ai pas trouver d'humour particulier dans ce livre, comme annoncé. Des descriptions crues, oui, mais je ne trouve pas que cela est quelque chose d'humoristique. Au contraire, les scènes de sexe aussi crues m'ont semblé tout à fait appropriées à l'ambiance que veut nous faire ressentir l'auteure. Quelque chose de pesant, de moite.
Les différentes histoires nous montrent comment on réagit face à ce que l'on a vécu dans notre enfance, mais aussi, je crois, comment on peut s'en sortir.

Ce livre est intéressant et sur le coup, il marque. Il dérange par certains aspects que je ne dévoilerais pas. Je ne peux cependant. pas dire que j'ai adoré.
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Roman traduit de l'espagnol. Nous y découvrons l'introspection de trois soeurs aux parcours bien différents. L'ainée est riche et ne travaille pas à la suite d'un beau mariage ; la seconde, aisée également, a un travail de cadre et est célibataire ; la troisième, sans le sou, est serveuse, droguée et volage. Nous suivons donc leurs états d'âme, leurs failles et leurs blessures inavouées. Au final les destins des trois soeurs, semblant de prime abord différents se recoupent.
Une bonne petite lecture prenante et plutôt récréative qui soulève malgré tout des sujets existentielles bien féminins et d'autres, un peu plus 'dérangeants' comme le viol. Je ne mettrai néanmoins pas plus que trois étoiles à cause de la rythmique du récit un peu trop décousue à mon goût.
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A comme Atypique
B comme baisse de tension
C comme crevant
D comme Désir
E comme Enfermée,Enamourée, Employée et Enchainée...
... On suit l'histoire de ces 3 soeurs tel un lexique

Un très bon roman, brut de réalité !!!
Sous le vernis lisse des apprences... la réalité est tout autre...
Et chacun(e) s'y reconnaïtra.
Bon roman espagnol.
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Si je dois lui reprocher quelques répétitions et le fait que parfois l'histoire stagne, j'ai été surprise du sérieux de ce livre.
Je m'attends à quelque chose de plus léger mais il traite de sujets sérieux d'une façon assez personnelle et acide, ce qui le rend charmant.
Pas parfait mais charmant.
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