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EAN : 9782847424355
227 pages
PASSAGE (09/01/2020)
3.66/5   16 notes
Résumé :
Paris 1979. Un Paris post-punk, crépusculaire, qui se prépare aux délétères années 80 et à celles qui vont suivre : à la fin d'un monde. Tout cela raconté au présent, le présent de 79.Anoushka, éphémère starlette destroy, a disparu. Et Simon, jeune punk et fils honteux d'un acteur célèbre, fera tout pour la retrouver.Violence, drogues, sexe... Patrick Eudeline joue avec les miroirs et ses souvenirs d'ancien leader punk pour nous restituer la poésie urbaine et rock a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Avec Anoushka 79 publié aux éditions le Passage, Patrick Eudeline, auteur, chanteur punk et critique chez Rock & Folk nous emmène à la fin des années 70 dans un Paris en pleine métamorphose, à la recherche d'Anoushka, jeune punkette destroy disparue. Si ce court roman m'a tout de suite tapé dans l'oeil c'est parce que je souhaitais y retrouver une histoire d'écorchés, de jeunes punks désabusés et la subversivité d'un bouquin de Virginie Despentes que j'affectionne tant.
Paris, 1979. Simon est le fils d'un acteur célèbre, on le reconnait à sa gueule. À seulement 20 ans, il a déjà perdu gout à tout, il passe ses journées à trouver un moyen d'avoir son fix du jour et à chercher Anoushka, une jeune femme avec qui il passe du temps parfois mais qu'il ne connait pas si bien. La punkette a disparu et Simon remonte le jeu de piste à travers la capitale pour la retrouver et savoir ce qui lui est arrivé. Une enquête désorganisée, troublée par des rencontres peu recommandables et une plongée dans un quotidien de violences et de drogues.

Si l'histoire est fictive, elle reste ancrée dans un passé réel qu'arrive à nous retranscrire l'auteur grâce à ses propres souvenirs de cette époque. À travers son écriture soignée, qui diffère de celle de Virginie Despentes plus trash et crue, il arrive à nous faire ressentir l'atmosphère de cette époque de la fin des années 70. Eudeline ayant été leader du groupe de punk français Asphalt Jungle, il a vécu cette vie, fréquenté les lieux cités et connus certains personnages de l'histoire. D'ailleurs, Eudeline lui-même est un des personnages de l'histoire, on l'entraperçois dans quelques scènes de même que le controversé Roman Polanski qui a droit à sa scène en compagnie d'une ado de 16 ans. (Cette inclusion me laisse personnellement perplexe. Eudeline nous balance deux trois phrases sur Polanski et ses prétendus "regrets" vis à vis d'actes qu'il aurait commis sous l'influence des drogues. Des phrases sans approfondissement ni incidence dans l'histoire et qui donnent une impression de gratuité inutile agaçante. Mais c'est le seul détail qui m'a dérangée.) La présence d'Eudeline lui-même donne une autre saveur au roman, comme s'il racontait finalement la vie de quelqu'un qu'il aurait pu connaitre à cette époque, inscrivant le récit fictif dans une réalité passée. Ainsi, on a une sensation d'authenticité et d'honnêteté puisque l'auteur n'en fait pas trop. Pas question de rajouter du dramatique car la réalité à cette époque chez les jeunes punks c'était juste ça, un shoot, un concert par ci par là, et rien de bien méchant pour révolutionner la société. Juste des jeunes qui zonaient.

Simon part donc enquêter pour retrouver Anoushka et pour cela, il va nous emmener à travers tout Paris, celui de la fin des années 70. Et finalement pour Simon, Paris est la seule chose qu'il aime vraiment, et ça se ressent. Il s'en rend compte au fil de ses déambulations et déplore les changements en train de survenir dans ce paysage urbain qui lui était familier. Car les années 80 annoncent de gros chamboulements, une volonté de moderniser la ville, de démolir ce passé pour construire autre chose. de nombreux bâtiments sont rasés, détruits, pour y construire à la place des ZAC et des parcs. C'est la fin d'une ère et le début d'une uniformisation des villes où on va perdre ces endroits qui faisaient le charme et la singularité de certains quartiers de Paris. Pour nous restituer l'ambiance parisienne post-punk on se balade alors dans des salles de concerts mythiques, le Gibus, le Rose Bonbon, dans les quartiers de Pigalle, Montparnasse ou encore Belleville. Pour qui vit loin de Paris, cette facette du roman peux à la fois toucher ou garder le lecteur à distance. Car même si l'auteur arrive parfaitement à retranscrire avec sa poésie punk, l'atmosphère authentique de ce Paris qui n'existe plus, on peux aussi se sentir aussi un peu perdu entre tous ces lieux, ces références musicales précises et ses mots d'argots.

À première vue, l'histoire d'Anoushka 79 pourrait être le point de départ d'une romance fleur bleue, pleine de de bons sentiments et on pourrait presque s'attendre à un message typique de l'amour qui survit à tout ou qui guérit ces punks paumés et désabusés d'une vie de décadence. Mais il n'en est rien, heureusement. L'auteur ne cherche pas à moraliser quoi que ce soit ni à faire passer un quelconque message, en dehors du fait qu'il pense que cette ère du punk est terminée. Simon ne connait pas vraiment Anoushka. Ils couchent ensemble, elle vient le voir pour se droguer mais elle n'a jamais parlé d'elle-même. Tout ce qu'il sait, c'est qu'elle se drogue, vole et se prostitue parfois. C'est une jeune femme libre qui n'a peur de rien et qui fait ce que bon lui semble, même si cela n'est pas sans danger. Simon va s'imaginer qui lui est arrivé les pires trucs et véritablement s'inquiéter pour elle, ce que personne d'autre ne semble faire et ce, sans parler d'amour. Anoushka n'apparait quasiment pas dans le roman, c'est Simon qui est au centre du récit. Simon qui malgré sa vie merdique essaie de faire quelque chose de bien pour une fois. Mais autour de lui, c'est le chaos. Les personnages ont la vie dure dans ce roman, ils sont entourés par la violence, les overdoses et la mort. Fidèle à elle-même, la police n'en a pas grand chose à cirer des marginaux et fait son travail n'importe comment, ce qui n'étonne personne. En résumé, pas de guimauve dans cette histoire, ni de happy ending, mais ce réalisme sale et brut tant appréciable qui permet au roman de sortir du lot et de marquer son lecteur.

Anoushka 79 est un court roman qui réussi à dépeindre la fin d'une époque, celle du Punk dans un Paris, lui aussi en pleine mutation. Avec ses personnages désabusés et ses références à la musique contestataire, Patrick Eudeline réussit à accrocher le lecteur dès le début pour une virée authentique dans ses souvenirs d'ancien leader de groupe punk.
Merci aux éditions le Passage et à la masse critique Babélio pour cette belle découverte !
Lien : http://pugoscope.fr/4644-ano..
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Je remercie Babelio et les éditions le Passage pour ce livre reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique.
J'ai volontairement choisi ce livre pour des raisons personnelles. Raisons qui sont bousculées et bousculantes. Parce qu'a priori sans cet attrait idiosyncratique (si je peux dire), ce livre ne m'aurait sans doute pas motivé plus que ça, et serait sans doute resté sur l'étagère de la bibliothèque...
C'est une histoire de jeunesse, pleine d'idéal, pleine de déceptions, de rêves brisés, de mollesses et de faiblesses. Un jeune privilégié, des jeunes pour certains privilégiés qui n'ont aucun combat à mener, et vivent au final n'importe comment...
Description d'un Paris Punk-désabusé de la fin des 70's probablement assez juste, décrite par l'auteur qui parle de son vécu, on sent qu'il connaît. Plutôt un bon point.
L'histoire par contre n'est pas extraordinairement fine, il y a quelques rebondissements qui font page-turner, mais au final ça ne me semble pas décoller. Je suis resté sur place, à quai.
Je ne vais pas en dire plus parce que sinon vous risquez de perdre le côté suspens qui a quand même son importance. Même si, selon moi, le point fort de ce livre est la part sociologique et culturelle du récit.
Et si celui-ci se veut être un angle particulier et spécifique, le livre parvient quand même à atteindre une forme d'universalité. Et ceci le sauve.
La jacquette entourant le livre est certes "originale" mais, elle non plus, ne m'a pas fait rêver. le demi-ton sur le demi-ton...
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« Anoushka remonte sa manche, elle plie son bras. le sang remonte dans la pompe. Anoushka soupire à peine, et puis enlève vite la ceinture de son bras »
Puis parti, pouff…parti au septième ciel et disparue de la surface de Paris.
Après une période difficile, Simon prend son courage à deux mains et décide de chercher Anoushka dans tout Paris ; un Paris post punk.
Et Simon n'abandonne pas si facilement que ça. Il s'accroche.
Mais où es-tu Anoushka ? Dans une piquerie ? Montre-toi !
Sid Vicious, chanteur des Sex Pistols, venait de mourir. L'année 1979 sonne le glas de la musique punk...

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Lien : https://lajoiedeslivres.wixs..
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Aussitôt acheté, aussitôt dévoré. Ayant déjà entendu parler de Patrick Eudeline, frère d'un célèbre critique de rock, il me tardait de découvrir cet ouvrage éminemment punk. On le croise d'ailleurs en filigrane, parmi les bandes de potes mentionnées... Sympa !

Fan de cette époque, cherchant à la retrouver à travers les livres à défaut de l'avoir vécue, ce livre est un petit bijou. Entre tranche de vie d'un jeune punk et roman policier, l'auteur témoigne des errances d'une société en mal de vivre, en recherche d'identité et de sens.

Qui dit punk dit drogues et déboires. Notre héro, Simon, fils de... n'y manque pas. Doté néanmoins d'un bon fond, il s'éprend de la téméraire et inatteignable Anoushka, en l'illustre année 1979. C'est aussi cette années-là qu'elle disparaît et qu'il se lance à sa poursuite, sans savoir que ce qui l'attend le dépassera bien vite.

La fin m'a laissée cependant sur ma faim, avec un léger goût amer de précipité, d'inachevé. Je n'ai pas eu toutes les réponses que j'aurais souhaité, me laissant alors penser : "Tout ça pour ça" ?

Je vous recommande néanmoins ce livre, témoin d'une époque révolue, qui nous montre ce qu'a été le "punks not dead", porté par une plume efficace et percutante.
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Que l'on aime ou pas Patrick Eudeline force est de reconnaitre que c'est un conteur extraordinaire . J'aime son écriture toujours réaliste mais jamais vulgaire , j'aime sa vision des seventies parce qu'à 99 % c'est mes souvenirs qui resurgissent sous sa plume et "Anoushka 79" est une pure merveille . À sa lecture je me suis revu jeune punk totalement incontrôlable battant les pavés à Bruxelles , Barbès ou Amsterdam parce qu'à l'époque , sans internet , on voyageait beaucoup . Je me suis reconnu dans quelques traits de caractère de ses personnages et leurs pratiques avec l'alcool coulant à flot mais heureusement pour moi beaucoup moins de dope et une pensée pour les amis qui sont restés en chemin .L'intrigue policière n'est qu'un prétexte pour dresser un chant d'amour à une époque et surtout un Paris à jamais disparu . Un grand cru que je vais m'empresser de relire pour bien en saisir toutes les subtilités et revivre par procuration mes années folles .
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Oui mais... au feu d'artifice, après le bouquet, tout le monde rentre chez soi. Ou traîne en ville et se bourre la gueule pour prolonger l'instant. façon Singe en hiver. Et c'est exactement ce que je suis en train de faire.
Traîner.
Ah ! C'est vrai ! Je cherche Anoushka. Tout cela a un but. Enfin... A vrai dire, elle me semble appartenir déjà, comme le reste, au passé. Son image, en mes souvenirs, devient peu à peu évanescente, lointaine, froide commme ces hologrammes si à la mode qui s'exposent rue des Trois Frères et ailleurs. Ca s'affaisse, se décolore et perd de sa substance. Il n'y a plus de chair là-dedans, ni de sang.
Mais je m'ébroue et joue au chien fou pour y croire encore c'est ça, être punk, désormais.
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Les années quatre-vingt arrivent et je ne crois plus à rien. Je sais que je ne croirais plus jamais à rien. Tout me semble joué, déjà. Toutes ces années à venir, toutes ces années devant moi désormais, il me faudra les traverser en solitaire. Et je ne serai pas le seul : le monde qui se dessine ne parlera plus qu’à la première personne, et le punk... Le punk ? Cela avait été un dernier souffle. Un dernier bal. Rien de plus. Bruyant, convaincant. Ça avait eu de la gueule, parlait fort et, mine de rien, emmenait dans sa besace, enfin sa cartouchière, le meilleur des années précédentes. Un bouquet de feu d’artifice, en sommes.
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J'ai écarté toute autre activité je cherche Anoushka. oh ! Ce n'est pas que je sois assujetti, d'ordinaire, à un emploi du temps de ministre, amis quand même ! Je ne vais plus rue du roi de Sicile répéter avec les Marlous, mon hypothétique groupe de "jazz punk", je ne sors plus, ne vois plus personne qui ne soit en rapport direct avec Anoushka. C'est ainsi. Je ne redoute qu'une chose. Le moment où je serai ) court. A court de pistes, à court d'inspiration? Je redoute l'impasse, la page blanche. Le jour où je ne saurai plus où chercher.
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C'est une fille extraordinaire
Qui marche pieds nus sur mon coeur,
Elle est mon ciel et mon enfer,
Ma chance et mon porte-malheur

Jacques Datin
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Une fille comme Anoushka n'a pas d'amis, filles comme garçons. Ni de vrai fiancé, d'"ailleurs. C'était même, en partie, cette impossibilité du "couple", ce mystère, qui m'avait tant séduit. Avec elle, rien n'était possible. C'était une étrangère, une île inaccessible. D'autant plus fascinante, probablement.
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Videos de Patrick Eudeline (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Patrick Eudeline
Isabelle Duquesnoy, "L'Embaumeur". Patrick Eudeline, "Les panthères grises". Pascale Lécosse, "Mademoiselle, à la folie !".
Une rentrée littéraire sous habits rouges...
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