La voie de recherche de
Jean-Luc Evard, contributeur passé assez régulier et passionnant de la Zone, dont j'avais évoqué deux des ouvrages,
Ernst Jünger, autorité et domination et Signes et insignes de la catastrophe, est originale puisqu'elle tente de sonder le coeur de l'anomie du pouvoir politique dans ce très intéressant livre qu'est
La Religion perverse. Essai sur le charisme (1). Comme dans son étude sur
Ernst Jünger, c'est la question du langage qui, une fois encore, est centrale dans le livre que nous évoquons, et dont le premier chapitre, qui sert de longue introduction, éclaire la problématique assez simple, telle qu'elle est exposée et en partie rappelée dans le dernier chapitre, intitulé La fusion perverse : «Les «religions politiques» ou «séculières» identifiées par Voegelin et Aron ne sont», aux yeux de
Jean-Luc Evard, «qu'une des formes possibles de la régression fusionnelle consécutive à l'érosion de la tradition et de son autorité» (p. 176). C'est cette érosion de la tradition, décrite comme étant un «processus irréversible», qui «alimente discrètement une formidable demande charismatique, susceptible de cristalliser à n'importe lequel [sic] des interfaces de champs, social ou culturel, politique ou religieux» (p. 179), qui aura pour effet après tout logique de provoquer l'émergence d'une tradition de contrebande pourrait-on dire, d'un marché noir de l'offre charismatique ou, pour le dire avec Carlyle, des grands hommes, au sens purement historique de cette expression, qui n'a que peu de rapports, pour ne pas dire aucun, avec une quelconque appréciation morale de leur action.
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