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EAN : 9782708960244
Privat (21/09/2017)
3.56/5   8 notes
Résumé :
Montpellier, janvier 1709. La cité renaît de ses cendres après un siècle de guerres de Religion. Espérance, que son défunt père a placée sous la protection de Magnol, directeur du Jardin des plantes, pénètre dans une ville paralysée par un hiver de glace. Avec François de Lapeyronie, chirurgien réputé de la ville, ils vont chercher à élucider le meurtre d'une femme dont le corps a été retrouvé dans la chapelle des Pénitents blancs.
Au fil de l'enquête, Magno... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Je pense qu'il est fondamentalement très difficile d'exceller à la fois dans les deux attributs des polars historiques. Les auteurs privilégient l'un ou l'autre. Ma faible expérience dans le domaine – je peux donc me tromper – m'incite à penser qu'en majorité la qualité du cadre historique prime sur celle de l'enquête. Si j'ai raison, le roman de Jean-Luc Fabre appartient clairement à cette majorité.

L'enquête est en effet linéaire à souhait. Les petits cailloux sont semés sur le chemin et les enquêteurs n'ont qu'à les ramasser l'un après l'autre pour tomber sur les indices décisifs. le nombre de protagonistes et surtout de suspects éventuels et très réduit, ce qui empêche l'établissement de fausses pistes plausibles. L'assassin est évidemment parmi les personnages qu'on nous a présentés – ce serait frustrant qu'on vienne nous dire que les meurtres ont été commis par un pékin lambda – et du coup l'embarras n'est pas dans le choix. de plus on n'a pas affaire à un serial killer surdoué qui a vingt-cinq coups d'avance sur les enquêteurs. Notre ami est plutôt un amateur qui laisse beaucoup trop de traces de son lien avec le milieu du meurtre.
D'autres défauts agaçants concernent le style. le changement de point de vue en cours de paragraphe par exemple ; je déteste ça. Je ne suis guère amateur du point de vue omniscient qui pénètre dans toutes les têtes avec autant de facilité. L'exagération des réactions et émotions des interlocuteurs aussi : les personnages sont impressionnés, émus, choqués, effrayés à la moindre phrase. Ils surjouent l'émotion. Cela a tendance à me sortir de ma lecture par les yeux.

Mais la description historique compense largement en intérêt les manques de l'enquête policière. Quel plaisir de voir sous ses yeux vivre une Montpellier plus petite mais dans laquelle je n'ai pas manqué de reconnaître les rues et les places que j'arpente si souvent : l'arc de triomphe, la promenade du Peyrou, la citadelle qui abrite aujourd'hui le lycée Joffre, le Jardin des Plantes et l'église des Pénitents Blancs du titre, bien sûr. L'auteur, amoureux de Montpellier lui aussi, pense toujours à indiquer en bas de page le nom moderne des lieux qui en ont changé depuis le 18ème siècle.
Jean-Luc Fabre place son intrigue quelques années avant la mort du Roi Soleil, en plein hiver 1709 qui apparemment fut l'un des plus froids de tous les temps. Cela nous plonge dans une Montpellier inhabituellement frigorifiée et enneigée que je n'ai pas vue souvent. L'auteur fait mener l'action par une jeune fille, Espérance, mais surtout par deux personnages célèbres : Pierre Magnol, botaniste qui s'apprêtait alors à rejoindre Paris pour intégrer l'Académie des Sciences à la demande du roi, et François de Lapeyronie, chirurgien qui a laissé son nom à un hôpital à Montpellier. Lapeyronie était membre de la confrérie des Pénitents Blancs (une confrérie laïque). Il intègrera plus tard lui aussi l'Académie des Sciences et deviendra le chirurgien et le confident de Louis XV. Un autre personnage important a un rôle fondamental dans le roman : Nicolas de Lamoignon de Basville, l'intendant du roi, qui est probablement le personnage le plus intéressant, le plus politique et le moins manichéen ici. La scène de torture qu'il dirige est particulièrement effroyable.
L'occasion nous est donnée d'en apprendre un peu plus sur Montpellier l'huguenote et la guerre des Camisards et sur la reprise en main de la ville par le roi à l'aube du siècle des Lumières. On a aussi une vue en creux de la Venise de l'époque, perdant des points en économie mais présentant déjà l'aspect libertin sous le masque de carnaval symbolisé par Casanova.

Pour la dimension historique, je ne regrette pas d'avoir lu ce roman qui m'en a appris beaucoup sur Montpellier. Dans un entretien au Midi Libre, l'auteur a annoncé que son prochain roman montpelliérain serait également historique. Je l'attends au tournant.
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Avec La Vénitienne des Pénitents blancs c'est un ouvrage bien original qu'il m'a été offert de lire dans le cadre de la dernière masse critique - polar policier, et je remercie vivement Babelio ainsi que les Éditions Privat pour m'avoir fait confiance pour cette lecture.

En effet, ce qui m'a d'abord particulièrement plus c'est que s'y croisent à la fois des personnages fictifs et des personnages réels,  et pas des moindres, puisque François Gigot de Lapeyronie et Pierre Magnol sont les "héros" principaux de ce polar historique. Ces noms ne vous disent rien et pourtant. .. le premier fut un éminent chirurgien,  notamment le premier chirurgien et confident du roi Louis XV (un CHU montpelliérain porte son nom) et probablement à l'origine de l'ordonnance royale du 23 avril 1743, qui scella définitivement la séparation entre chirurgiens et barbiers.
En ce qui concerne Pierre Magnol (en hommage de qui on nommera le magnolia !), médecin féru de plantes, ses ouvrages de botanique où il décrit plus de 2 000 espèces, et son système moderne de classement des plantes par famille de botanique en font le plus grand botaniste de son époque. Autant dire que La Vénitienne des Pénitents blancs parle beaucoup de l'état des sciences en ce début du siècle des Lumières.

Ainsi, ces deux acolytes et une délicate orpheline protestante (ne sous estimons jamais le pouvoir des sensibles orphelines dans la littérature) nous guident à travers la ville de Montpellier pour faire cesser une série de meurtres qui mettent à mal les nerfs de Basville, terrible intendant du Languedoc représentant du roi de France  dans la (rebelle) cité catholique.

Toute la province au bord de la famine est en proie à un hiver glaciaire.
Villes et campagnes "emprisonnées dans une gangue transparente" guettées par les maladies et l'insurrection sortent déjà douloureusement  des terribles guerres de Religion qui ont ensanglanté et traumatisé à jamais ce sud de la France.

Dans une langue précise et gracieuse à la fois nous est narrée cette enquête  menée dans ce contexte difficile à travers un Montpellier totalement inconnu à nos yeux, le Montpellier du début du 18 ème, et c'est ce que j'ai vraiment adoré dans ce texte.

Entre les espions méditerranéens, la médecine (boucherie !), la  vie des petites gens et des autres castes de la société d'ancien régime, la lecture devient dépaysement complet, avec en sus une intrigue "policière" qui se tient.

Le clou du spectacle étant pour moi la description parfaitement menée de la ( re ) prise en main de la capitale du Languedoc par le terrible et sournois représentant du pouvoir royal. On avait oublié ça, cette forme dictatoriale de l'autorité.

Le travail documentaire est impressionnant, et pourtant l'auteur ne tombe jamais dans la surenchère d'informations historiques. J'aurais cependant apprécié un plan de la ville de l'époque pour mieux suivre le périple de nos enquêteurs, mais j'ai d'autant plus savouré ce livre que j'habite dans la région. du plaisir en plus donc.

Seul bémol, le livre aurait, selon moi, gagné en force, en ajoutant des informations sur les personnages secondaires. Quand on aime, on en veut toujours plus.


Lien : http://justelire.fr/la-venit..
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Un grand merci à Babelio et aux éditions Privat pour cette belle lecture, ne connaissant pas Montpellier, ce fut une belle découverte, même si cela se passe au XVIIIème siècle j'y ai appris beaucoup sur cette ville.
Un roman historique, il en a toutes les effluves, du polar quelques notes de coeur, l'ensemble nous offre un joli bouquet. Une belle ambiance car les descriptions sont multiples afin de bien nous repérer, de ressentir l'atmosphère de cette époque, pas toujours agréable il faut bien l'avouer.
Il y est question de trafique, de vol du savoir faire de nos apothicaire entre autres métiers de ce siècle avec un réseau provenant de Venise.
L'action est présente et quasi permanente, pas un seul moment de répit, on chemine ici et là, à la recherche de ce criminel bien futé.
Quelques scènes malgré tout difficiles mais qui sont sûrement loin de la vérité, certes, on peut tourner les pages si on est sensible à la chose.
Sinon, un bon roman bien mené et structuré, avec des personnages bien dessinés et riche en découverte sur des métiers ou autres coutumes de cette époque.
Le style est agréable et bien dans le ton du roman historique, cependant, il me semble qu'il manque un peu de rondeur ou de liant, pour parfaire le tout. Parfois ça semble un peu trop "documentaire", c'est juste un ressenti personnel je pense, mais ce n'est pas déplaisant outre mesure, car au final, j'ai passé un agréable moment de lecture. Encore un grand merci pour ce partage .
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Alors qu'un hiver sans précédent s'est abattu sur le région de Montpellier, le corps d'une femme est découvert sur les marches de l'autel de la chapelle des Pénitents Blancs. La victime qui ne porte pas de traces d'agression est richement vêtue et porte un masque vénitien. A la demande de l'intendant du roi c'est Magnol, un botaniste de renom, qui mène l'enquête assisté d'Espérance la fille d'un ami médecin qu'il vient d'accueillir chez à la mort de son père qu'elle na pu enterrer à cause du gel et d'un chirurgien de ses amis François de Lapeyronie.

L'enquête est très bien menée sur fond d'intrigue opposant les marchands vénitiens aux marchands montpelliérains.

En parallèle de l'enquête l'auteur nous laisse entrevoir la vie comme elle se déroulait à l'époque. le récit fait également la part belle au milieu des sciences en plein développement.

Les personnages sont attachants à suivre du fait qu'ils ne sont pas habitués à mener une enquête.

La plume de l'auteur est fluide et même si les dialogues sont effectués avec le vocabulaire de l'époque on ne ressent pas de lourdeurs dans le récit.

Au final un très bon polar historique qui nous fait découvrir une époque difficile pour les petites gens.
Lien : https://imaginaire-chronique..
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J'ai habité longtemps près de la librairie Privat, à Toulouse, et garde à son égard une grande tendresse tant elle est porteuse d'identité régionale et de bravoure face aux aléas. J'étais donc très curieuse de fureter dans leur nouveau champ noir de publication.

Roman historique, cette Vénitienne recèle en elle les plaisirs et les défauts du genre. Si les ingrédients tirés du XVIIIe siècle sont soigneusement choisis et mis en valeur, si l'auteur a travaillé avec un plan de l'époque sous les yeux, il y manque comme en balance un caractère singulier, une recherche en écriture. de qualité très honnête, le livre se parcourre avec plaisir mais sans avoir envie de s'y attarder (surtout au cours des scènes de torture généreusement et abondamment décrites), ni de s'attacher aux personnages. J'ai gardé en permanence une impression de déséquilibre, d'éléments ne s'inscrivant pas dans une globalité visionnée par l'auteur et vécue par le lecteur. Comme ce cadavre qui est d'abord décrit comme "une forme plus sombre à moitié recroquevillée", puis sur la même page comme "un corps allongé sur le dos". Tout le livre est ainsi. A la fois recroquevillé et allongé sur le dos. Un petit pot façonné alors qu'il n'y a plus ni bois ni eau disponibles. Des émotions excessives autour d'un cadavre retrouvé dans une chapelle alors que les morts sont légion dans la ville et que même la brave cuisinière du botaniste en est rendue à laisser sans émotion les jeunes filles rendre l'âme devant sa porte. Des Vénitiens faisant libre commerce de thériaque à certaines pages, puis accusés d'en voler des pots à d'autres. On peut expliquer, arguer, mais cela n'empêche pas que l'on boîte en permanence dans notre lecture. On est obligé de mettre des cales pour avancer et palier les demi-incohérences. L'intrigue est un gros paquet mal ficelé dont le dénouement n'est cependant pas frustrant.

Je me rappellerai les apothicaires, les ateliers de faïence, le jardin des plantes, ce Montpellier du XVIIIe dont les images ressortiront si le contexte s'y prête. Peu de richesse littéraire, tout est trop plat, étalé comme du beurre sur une tartine, mais une habileté certaine à mettre l'histoire en contexte de manière à ce qu'elle nous marque.

[Lu dans le cadre de ces fabuleuses masses critiques]


Lien : http://versautrechose.fr/blo..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Depuis l'Antiquité, la préparation de la thériaque divise apothicaires et médecins, sauf sur une chose, l'intérêt de continuer à la vendre à prix d'or! Pendant ce temps, nous, chirurgiens, curons les malades, enlevons les parties mortes ou infectées, redressons les membres déformés. Votre père avait raison, il ne s'agit pas d'un bon remède, mais plutôt d'une très bonne affaire.
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Il y a d'un côté cette ville tenue d'une main de fer par l'intendant du roi, avec ses écoles de droit ou de médecine où l'on glorifie les travaux de l'esprit et ses ateliers où l'on glorifie le labeur des mains. Puis il y a tout le reste, toute cette fange dans laquelle se roulent la nuit ceux-là mêmes qui se vantent d'avoir les mains propres le jour. Et pourtant, de sont dans ces lieux et à ces moments obscurs que se traitent les affaires les plus importantes.
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