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4,35

sur 1497 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Une plongée dans le nazisme vu de l'intérieur à travers les habitants d'un immeuble à Berlin. L'auteur (allemand) décrit le quotidien de ces Allemands qui subissent ou participent à ce régime totalitaire. Un livre qui marque durablement le lecteur et permet de prendre conscience de la réalité de leur quotidien.
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Seul dans Berlin, titre choisi pour la version française du grand roman d'Hans Fallada, me paraît bien mettre en exergue le thème principal de ces récits très balzaciens mettant en scène une multitude de personnages bien typés, qu'il s'agisse du protagoniste, Otto Quangel, avec sa tête d'oiseau, d'oiseau de malheur pour les nazis, ou des acteurs secondaires, comme l'insupportable fouine Barkhausen ou l'atroce Obergruppenfürher Prall. Certains y voient des caricatures grossières, mais la réalité ne dépasse-t-elle pas souvent la peinture que l'on en fait? le thème principal de ces récits, donc, serait cette terrible solitude du résistant allemand durant le IIIe Reich. Non pas "seuls", mais bien "seul" singulièrement. Hans Fallada exprime remarquablement l'emprise totalitaire du pouvoir nazi sur la société avec l'assentiment d'une grande majorité des Allemands. le roman débute au moment de la victoire allemande sur la France l'été 1940. Apogée qui annonce pourtant la future chute du régime par la sidération qu'il provoque dans le monde, mais aussi chez quelques Allemands jusqu'alors aveuglés par les fictions populistes de la propagande hitlérienne. le couple Quangel ne se lance dans la résistance qu'après la mort au combat de leur fils unique. L'inspecteur de la Gestapo, Escherich, bourreau cynique et froid, n'ouvrira les yeux sur la réalité macabre du nazisme qu'après sa rencontre avec Otto Quangel, figure messianique et rédemptrice. Mais ces quelques résistants font face à un mur: le soutien toujours massif de la population allemande à son Führer, par une adhésion irréfléchie ou égoïste à son discours mensonger, et par la peur instaurée chez chacun devant ce terrible pouvoir répressif qui donne libre cours à l'impunité et l'injustice.



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Je me posais la question des résistants allemands et on m'a conseillé ce livre écrit en 1946. J'ai la version intégrale, un peu longue mais qui répond bien à ma curiosité. C'est la misère, le deuil, l'absence de liberté de penser, la peur, les tortures, les camps, les exécutions (pendaison ou guillotine).
La délation va bon train, les rumeurs circulent et peu de personnages sont sympathiques.
L'auteur dresse un tableau fidèle de la société allemande de cette époque.
Il est beaucoup question de l'activité illégale d'un couple d'ouvriers berlinois de 40 à 42 les Quangel: leur fils est mort au combat et le père, Otto, invente une action qui peut paraître dérisoire mais dont il espère beaucoup: avec son épouse Anna, il écrit des cartes postales dénonçant l'action du führer et ils vont les déposer dans des endroits stratégiques. Ils ne seront pris qu'après deux ans de cette activité...qui les conduira aux tortures et à la mort.

Mais auparavant, il y a la vieille juive qui finira par se défenestrer; L'ignoble Baldur, le couard Enno, l'infect Barkhausen, amateur de femmes, de courses de chevaux, allergique au travail et alcoolique etc.
On finit par avoir de l'empathie pour les Quangel, j'ai aimé le vieux juge Fromm, le bon pasteur: il n'y a pas que des monstres.
La pauvre Trudel a accumulé les malheurs et n'a connu qu'un peu de vie heureuse avant sa fausse couche...
Un livre très dur, une sorte de documentaire inséré dans un roman aux multiples personnages (trop?).
Pas vraiment seul dans Berlin mais presque. Les autres admirent Hitler ou s'enferment dans leur peur.
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Jamais autant un livre ne m'a à ce point cogné, tabassé, lessivé : parfois, ce n'est pas bien grave, mais souvent on est retourné dans tous les sens. L'apogée est le résumé du lundi, terrible journée si angoissante

« Jeder stirbt für sich allein » : un titre remarquable auf Deutsch, que la francophonie a totalement épuré. Chacun est bien seul en ce qui concerne ses actes et leurs conséquences. le couple Quangel, même si leurs actions peuvent paraître bien insignifiantes, montre justement à quel point le nazisme a répandu la terreur. Ils sont déjà perdants dès le départ, mais le couple Klarsfeld naît de leur lutte

Certes, comme le dit l'auteur, c'est de la fiction : mais, c'est juste la réalité en fait ! Les exactions, les tortures, toute cette haine et ce mal est plus que vraie, elle est ancrée en l'espèce humaine. Et on recommence, avec d'autres gens, d'autres visages, mais cette même racine du mal bourgeonne, fleurit et répand un parfum de mort, de peur, de fin
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Une lecture à la fois salutaire et déprimante. C'est un chef d'oeuvre, compte tenu de la rapidité avec laquelle l'auteur l'a écrit, quatre semaines seulement pour un pavé de 560 pages. La langue est simple, ce qui rend la lecture facile, au point que je me demande si ce ne serait pas le bon livre pour me remettre à l'allemand. Hans Fallada maintient le lecteur en haleine avec des chapitres relativement courts dont les titres sont accrocheurs. Quand au fond, c'est un remarquable roman qui montre la situation de l'allemand moyen pris dans les griffes du troisième reich. Toutes les bassesses de la nature humaine soumise à la peur et à la haine se révèlent et mettent en valeur le courage des rares individus qui pour rester en accord avec leur conscience et contribuer à la destruction d'un régime odieux sont prêts à donner leur vie (la traduction littérale du titre allemand est «Chacun meurt pour lui seul»). L'auteur s'est inspiré d'une histoire vraie, celle d'Otto et Elise Hampel. Rarement un livre montre aussi bien comment un système totalitaire pousse les individus à être obligé de prendre parti, à lui rendre la neutralité impossible, à faire de chacun un complice, et si ce n'est pas le cas à le considérer comme ennemi du régime. Les protagonistes de ce roman sont tous de modestes Berlinois, pour l'essentiel habitant un petit immeuble : un magistrat à la retraite, une famille de nazis (un fils futur cadre du parti et deux autres fils SS), un concierge douteux (trafiquant, mouchard, un peu proxénète), une juive, ancienne commerçante et le couple de héros (lui, contremaître dans une usine et elle, femme au foyer). La structure du roman fonctionne remarquablement bien, et le ton de l'auteur est toujours juste, que ce soit dans le réalisme ou dans une sorte d'humour absurde qui semble faire partie de l'époque, une manière de compenser le tragique vécu et la sauvagerie environnante. On n'est pas loin de l'humour que l'on retrouve assez souvent dans une bonne partie des littératures dissidentes. le livre est sombre, même s'il termine sur une note d'espoir mais c'est à lire absolument.
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Sans aucun doute un livre à mettre entre toutes les mains.
On a tendance, à tort, à considérer que la majorité des allemands étaient en faveur des actions d'Hitler. La réalité est tellement plus complexe.
Pour comprendre, il faut lire Hans Fallada. Comprendre comment Berlin est passé de ville, capitale, comme les autres, à un endroit où l'on s'espionne, se dénonce...même entre voisins...surtout entre voisins.
Berlin devenu peuplé de fascistes mais aussi de personnes qui luttent comme ils peuvent, avec leurs faibles moyens.
J'ai ressenti l'angoisse, l'oppressante terreur, j'ai tremblé avec Madame Rosenthal.
Je ressors de cette lecture en mettant indignée mais j'ai aussi compris beaucoup de choses. Un livre que je vais garder très longtemps en tête.
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Ce livre a désormais sa place dans mon petit firmament de lectrice. Je l'avais découvert par hasard en m'adonnant au surf sur babelio.

Ce roman est un absolu chef-d'oeuvre écrit dans l'immédiat après-guerre. Dans son préambule, l'auteur insiste sur le réalisme des faits qu'il raconte, en dépit du fait que c'est une fiction. Je vois souvent ce genre de précisions, mais dans ce cas, cela prend une dimension particulière.

Ce roman a été inspiré à Hans Fallada par un fait-divers de résistance berlinois. En réalité, il couvre plusieurs actes de résistance réalisés dans le secret par des gens risquant leur vie à chaque minute, l'humanité qui se dresse contre l'inhumanité. Plus particulièrement, parmi eux, l'auteur a exploré l'histoire d'un couple ayant distribué des cartes postales de 40 à 42, en les déposant dans des lieux où il régnait du passage, comme des immeubles de bureaux. Otto Quangel, et son épouse Anna, décidèrent de rédiger ces cartes de résistance à la mort de leur fils au front.

Dans les premiers chapitres, le roman décrit l'atmosphère angoissante de la ville de Berlin, sous la domination de la politique hitlérienne. Les dénonciations obligatoires, l'étoile jaune pour les juifs traqués par tous. Certains s'exercent au chantage. La Gestapo envoie des taupes exactement dans tous les coins. La misère règne.

Dans cette atmosphère, difficile de connaître le vrai visage des gens, préoccupés qu'ils sont à sauver leur peau, ou leur place.

Des cadres du parti nazi complotent contre une vieille juive, en préparant une expédition nocturne dans son appartement. Dans ce début, Hans Fallada décrit les interactions entre voisins vivant dans le même quartier, et le cours des événements est très cruel.

Plus tard, il y a l'histoire des cartes postales. Une opération « oiseau de malheur » menée par la gestapo, devient très chaotique, avec une première cible extrêmement fuyante, ce qui fait pencher le genre vers le grotesque, de façon irrésistible.

Hans Fallada déploie une justesse et une ingéniosité que j'ai adoré dans son récit. Je ne trouve pas d'autres mots que celui de « mécanique » pour exprimer la façon dont ce roman se déploie. Ponctuellement, un humour absurde imprègne les pages et donne un relief remarquable à la narration, comme si l'humour était un autre aspect du réalisme de la vie que l'auteur désire restituer à côté de celui de la sauvagerie et du tragique de la guerre.

Les personnages sont contrastés et nuancés, même les brutes. Des scènes intenses et fortes, des moments qui m'ont bouleversée et qui resteront inoubliables.
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Quel courage !
La Deuxième Guerre mondiale est pour chacun d'entre nous, les camps de concentration.
Mais ce n'est pas, que ça ! Non ! C'est aussi le combat des Allemands contre le Reich, Hitler, la Gestapo...
Malgré la peur, malgré les monstruosités, une résistante se crée contre un monde qu'ils ne veulent pas. Remplis de terreur, de privation, de violence certains lutteront à leur façon.
Un bel exemple de courage…

À lire pour mieux comprendre leurs souffrances et pour ne pas oubliés que dans chaque guerre toutes les parties endurent la décadence, la mort, la honte et le mépris… Mais pas que...

Extrait :

Cependant, nous ne voulons pas fermer ce livre sur des images funèbres : c'est à la vie qu'il est dédié, à la vie qui sans cesse triomphe de la honte et des larmes, de la misère et de la mort.

Bonne lecture !
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Roman d'Hans Fallada

L'action prend place en 1940, dans l'Allemagne du IIIème Reich.
Le Reich a mis la France à genoux et montre sa puissance, tout porte à croire que le peuple allemand en est fier et heureux.

C'est dans ce portrait de Berlin que nous allons suivre la vie d'Otto et Anna Quangel, couple sans histoire.
Apprenant la mort de leur fils unique au front, leurs sentiments jusqu'ici peu portés vers le régime vont s'exprimer, et ils vont choisir de rentrer en résistance contre le Reich.

Cette résistance, ils vont la mener, en diffusant des cartes postales.
Une idée qui surprend au premier abord.
Mais ces cartes postales, dénonçant tous les actes indignes du régime, en incitant à la révolte, et posées ou postées dans des bâtiments publics, avec une forte fréquentation, vont vite être lues et relayées.
Et cet acte, anodin à première vue, va alarmer la Gestapo, et rapidement prendre de l'ampleur, les plus hauts responsables du gouvernement nazi parlant de haute trahison et voulant étouffer cette affaire.
Rapidement, le couple deviendra l'ennemi public numéro un.

Une magnifique oeuvre de Fallada donc, qui nous permet de nous plonger au coeur de la société allemande à l'époque de la guerre, une Allemagne où la plupart des citoyens ne sont pas nazis, et qui ont simplement vu à l'époque l'aspect de relance économique proposé par le NSDAP.
Un peuple tenu par la peur et soumis à toutes sortes de restrictions, qui fait au mieux pour s'en sortir.
Un parti politique qui place ses sujets à tous les postes clés, pour mieux cadrer la population et une Gestapo qui voit chaque individu comme un suspect potentiel. Des dirigeants haineux, et des arrivistes, prêts à tout pour profiter de la misère des autres.

Un roman qui contera à divers niveaux des actes de resistance contre le régime, mais en particulier l'histoire de ce couple, qui fut bien réel, et qui devint un symbole de la resistance anti nazie. Ils sont connus de leurs vrais noms: Otto et Elise Hampel.
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Un livre que je souhaitais lire depuis longtemps ... un site d'occasions ... trouvé ... une annotation discrète dans les premières pages :
"ach 2017
D=29/07/18
F=07/07/18
Remarquable !!"

Notons en préambule :
"Cela n'a souvent pas plu à l'auteur lui même de dresser un tableau si sombre, mais plus de lumière aurait signifié mentir.
Berlin, le 26 octobre 1946.
H.F"
Il est aussi précisé que "Hans Fallada meurt le 5 février 1947"
Comme quoi il est impératif de dire ce qu'il y a à dire et qu'il ne faut pas attendre car la mort rode toujours !

N'oublions jamais que "personne ne pouvait risquer plus que sa vie. Chacun selon ses forces et ses dispositions - l'essentiel étant : résister".
Alors écrire encore et toujours ... "Mère ! le Führer a assassiné mon fils ..." pour ne pas perdre la mémoire et la raison.
Quand on croit encore qu'on peut penser librement alors que "dans cet état , pas même les pensées n'étaient libres".
Quand des gens "croient au ciel. Ils ne veulent rien changer sur la terre. Que ramper par terre, et se défiler ! Au ciel, tout ira mieux !"
Un livre où l'on croise ceux qui fabriquent des cercueils et ceux qui les remplissent !
Un livre où l'on croise quelqu'un qui découvre qu'il est au monde pour toujours chercher "un nouvel oiseau de malheur " et qu'il ne comprend plus rien à ce monde et que plus rien n'a de sens.
Un livre où l'on constate que quand on mange "il n'y en a pas assez pour vivre et trop pour mourrir ".
Rappelons nous
"Nous ne voulons pas refermer ce livre sur la mort, il est dédié à la vie, la vie invincible, qui triomphe toujours et encore sur l'infamie et les larmes, sur la misère et la mort""

Un livre comme un espoir ... l'espoir de la vie mais pas celle d'un esclave, d'un être servile prêt à tout pour subsister ... non celle qui permet de rester debout !
Je dirais donc moi aussi ... livre remarquable !
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