AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,35

sur 1488 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
A mon sens, ce roman devrait faire partie du programme obligatoire. Je n'aime pas le concept d'obligation en ce qui concerne la culture. Pourtant, quand je vois le tournant que prend le monde, je me dis qu'on a raté quelque chose. On a peut-être mal enseigné L Histoire. On a peut-être pris pour acquis que « plus jamais ça », et qu'il était impossible que des jours comme ceux de 1933-1945 remontent à la surface. On s'est trompé. On ne devrait jamais rien prendre pour acquis. Je sais qu'ici même, sur Babelio, de nombreux lecteurs et lectrices ne partageront pas mon point de vue, seraient prompts à me jeter que nos démocraties ne valent pas un clou et que les régimes autoritaires ont des qualités, et que ce « on » ne désigne que d'insupportables bobos dans mon genre.

Le 3ème Reich, comme tout régime autoritaire, récompense ses nervis, pille les ressources (matérielles et biologiques) et assure sa survie par une terreur froide et implacable. Il récompense les médiocres et les psychopathes, éteint toute forme de pensée, de réflexion et de remise en question par une brutalité barbare. Sous des apparats de droit, ces régimes cultivent en réalité le non-droit.

Lorsqu'on pense au Troisième Reich, viennent d'abord en tête les images de la guerre, la campagne de France, l'opération Barbarossa, le 6 juin, le drapeau soviet flottant sur le Reichstag. Pourtant, avant cela, il y a d'abord eu la main mise sur tout un peuple, la mise sous silence des contestations, l'achat de la paix sociale par les camps, les exécutions de masse, les récompenses distribuées aux plus lâches et aux plus ignobles. Il est trop facile, rétrospectivement, de juger un peuple. Trop facile de les imaginer tous coupables ou à l'inverse, tous victimes. Une majorité d'Allemands se sont pourtant fourvoyés. Cela ne s'est pas fait par magie ou parce que ces gens étaient idiots. Il y eut une concordance d'évènements et surtout un long travail de sape idéologique.
Il est difficile d'imaginer comment une bande de psychopathes a pu régner de cette manière et mener un pays de plus de 60 millions d'habitants au seuil de la destruction totale.
Pourtant, c'est arrivé.

Ce roman a le mérite précieux de nous raconter comment cela arrive. Comment tout un peuple peut se retrouver sous l'emprise de ses dirigeants, et comment le moindre geste, même le plus anodin, peut vous mener à la torture puis à la mort. Indispensable et précieux.


Commenter  J’apprécie          1732
Roman sur le nazisme et la vie quotidienne à Berlin dans les années 40, Seul dans Berlin nous plonge entièrement dans la vie d'un petit immeuble et de ses habitants. Nous y croisons une famille de nazis convaincus, une vieille dame juive, un couple qui viennent de perdre leur fils au front, un ancien juge qui se cache et sans oublier le truand, celui qui est prêt à vendre sa mère pour de l'argent ou la protection des SS. Ces destins se croiseront à l'infini jusqu'à la fin du roman.
Seul dans Berlin est principalement centré sur l'histoire de ce couple, les Quangel, ayant perdu leur fils unique. C'est dans ce climat que commence leur rébellion. le dépôt de cartes postales critiquant le Reich et le Führer. Leur destin sera bien évidemment malheureux.
C'est dans une atmosphère bien anxiogène que se déroule l'intégralité du roman. La délation, la torture, le pillage et divers crimes jalonnent l'intrigue. Il suffit de peu pour perdre sa place, qu'on soit juif ou non, qu'on soit un bon SS ou non.
J'ai adoré ce roman qui m'a fait froid dans le dos. Nous avons tendance à oublier les multiples sévices et souffrances que le peuple allemand lui-même à subit pendant ces années où Hitler a dirigé l'Allemagne. Personne n'a été protégé ni à l'abri de la fureur du régime. C'est un livre à lire, important, car au-delà de la dimension humaine, les faits historiques rapportés sont très intéressants. Je sors de cette lecture avec un goût amer, sûrement lié au réalisme glaçant des faits décrits.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          161
Témoignage de la vie à Berlin sous le III ème Reich.

Hitler n'a pas seulement terrorisé le monde international, il a également terrorisé son peuple. Un quotidien où suspicion, délation, violence instaurent un climat de tension extrême pour chaque civil allemand, qu'il soit ou non adhérent au parti.

Un lecture en apnée tant la peur et la tension sont palpables dans ce récit. Un roman difficile mais éclairant.
Commenter  J’apprécie          230
Une très bonne pioche pour mon tout premier roman de l'année 2024. Un livre extraordinaire, d'une fausse simplicité. Un chef-d'oeuvre de sensibilité et de lucidité. Un texte magnifiquement écrit. Hans Fallada aurait pu commencer sa prose par « Il était une fois » tant il raconte cette terrifiante période avec légèreté et humour.

Pendant l'époque hitlérienne, nous suivons le quotidien de plusieurs personnages habitant un immeuble de la rue Jablonski à Berlin, tous les exemples de la nature humaine y sont représentés. Toutes les nuances de la psyché humaine sont évoquées. le peuple allemand meurt de peur, plus personne n'a confiance en l'autre, la délation devient la norme, la terreur est le seul sentiment qui les relie et le vernis de la civilisation explose.

On découvre :

L'intellectuel rebelle de la première heure et M. Fromm, le peuple juif assassiné avec Mme Rosenthal.

Anna et Otto Quangel incarnent les ouvriers membres du parti (l'économie est florissante depuis 1933) puis ils s'en détourneront. Ils sont les héros du livre à la vie intérieure puissante. Ils incarnent la résistance, vaine, mais extraordinairement forte pour rester des gens convenables.

La jeunesse qui commence par lutter et puis se détourne pour vivre sa vie avec la jeune Trudel. Et celle qui meurt avec Ottochen.

La lie de l'humanité vicieuse et immorale avec Barkhausen et Kruge, le nazisme avec les Persicke.

Enfin l'espoir avec Kuno.
Commenter  J’apprécie          200
« Qu'aurais-je fait en pareilles circonstances ? ».
Cette question, je me la suis posée tout au long de la lecture de « Seul dans Berlin », d'Hans Fallada.

Oeuvre magistrale de la littérature germanique, ce roman offre une plongée fascinante dans le Berlin des années 40, capitale nazie galvanisée par sa victoire française.
Inspiré de l'histoire vraie d'Otto et Elise Hampel - deux âmes courageuses - l'auteur met ici en avant un pan de l'histoire allemande peu présent dans les productions littéraires racontant la Seconde Guerre Mondiale : celui de la résistance intérieure à Hitler, une résistance minuscule mais résolue.

« C'est l'un des plus beaux livres sur la résistance allemande antinazie. »
Primo Levi

Ce récit qui aurait pu être noir et terrifiant est rendu - à l'inverse - lumineux et poignant par ses personnages dans lesquels brule une rage brute intacte contre le Führer et son régime.
Avec eux, c'est la peur qui nous tord le ventre, le désespoir qui nous gagne et l'espoir qui nous ranime.

A la manière d'un roman policier, ce roman d'une densité remarquable - au style sobre et percutant - nous tient en haleine par un fil narratif prenant qui nous emporte jusqu'à la dernière page : ce pavé littéraire sublime se lit d'une traite, le coeur serré.

Ce classique de la littérature est résolument un indispensable magistrale !

Le saviez-vous ? Hans Fallada a écrit de roman de près de 900 pages en seulement 24 jours et drogué à la morphine.
Commenter  J’apprécie          211
Ce n'est pas un ouvrage qui « classiquement » décrit l'horreur et l'ampleur des crimes nazis. Au contraire, nous sommes placés au coeur d'un système fondé sur la délation et la surveillance réciproque. La vie quotidienne à Berlin n'offre absolument aucun espace de liberté. La hiérarchie brutale, inepte, monstrueuse s'impose. Une classe dirigeante, illégitime et bassement cupide (le parti national-socialiste, les SA, les SS, la Gestapo) s'immisce dans tous les faits et gestes du quotidien.
On comprend en 1940, à Berlin, qu'il est extrêmement difficile de lutter même de façon insignifiante. Les actes de résistance de Otto et Anna n'en sont que plus méritoires.
C'est un roman qui interroge grandement sur les fondements des régimes totalitaires.
Commenter  J’apprécie          140
C'est un beau roman qui met en avant les différentes opinions des allemands pendant la Seconde Guerre Mondiale. Je soutenais les Quangel, même si leur action semblait minime, sans effet. La conséquence de leur acte, de ce fait, semble disproportionnée !

Le roman met aussi en avant l'horreur qu'a subi les allemands qui ne se pliaient pas au régime nazi, comment le Parti avaient pignon sur rue pour tout. Comment des personnes lambda ont-elles pu commettre des crimes pareils envers des voisins, des proches parfois ?

J'ai lu principalement des livres témoignages de juifs ayant subi les camps de concentration. Ce livre-là change le point de vue, et c'est ça que j'ai trouvé intéressant. C'est pourquoi je conseille fortement ce livre (même si ce n'est pas tiré d'une histoire vraie, je reste persuadée que l'auteur est proche de la vérité).
Commenter  J’apprécie          90
Quel livre terrifiant, stupéfiant, magistral, unique en son genre dans le style ambiance délétère, pourtant bien nécessaire à la transmission mémorielle du souvenir; en hommage aux victimes civiles de guerre. Personne ne devrait plus ignorer les menaces toujours de plus en plus probantes aux portes de L'Europe, le monde qui nous entoure sur la guerre et l'occupation d'un pays.
La résistance civile contre l'ennemi, le courage d'une poignée d'hommes et de femmes ayant perdu la chair de leur chair en luttant dans l'ombre au péril de leur existence contre les exactions SS. Très peu de tout ce qu'il m'a été possible de lire sur cette période épouvantable de la vie de tous les jours subie par les habitants juifs ou non d'un immeuble en Allemagne m'a autant secoué, révolté, mise à terre...
Toutes ces personnes persécutées dans leur propre pays par le régime hitlérien. Un jeune recruté par le parti nazi, favorisant les dénonciations entre les civils et leur voisinage, les pillages systématiques des logis vidés de leurs occupants, embarqués par la gestapo.
Certainement le LIVRE le plus émotionnel psychologiquement, où, le ressenti de Hans Fallada traduit de l'allemand, revu et corrigé par André Vanderwoorde, transperce comme une arme de poing, elle assassine au plus profond de soi, sur des faits au demeurant encore récents pour l'auteur en 1947: un vécu abominable sous l'emprise traumatique de l'occupation.
Commenter  J’apprécie          250
SEUL DANS BERLIN de HANS FALLADA
Mai 1940, la France capitule. Dans Berlin, Baldur Perike, petit SS terrorise sa famille et l'immeuble où il vit. Les voisins Quangel apprennent au courrier que leur fils est mort. La vieille juive, frau Rosenthal dont le mari vient d'être arrêté se réfugie d'abord chez les Quangel puis chez le juge Frome. Dénoncée par Perike, elle se défenestre. La mort de leur fils va transformer les Quangel qui décident de lutter contre le régime nazi à leur façon, ils vont déposer des cartes postales avec des petits textes.
« Mère! le führer a assassiné mon fils! »
« Faites passer cette carte, travaillez lentement, jetez du sable dans les machines, tout ce que vous ferez en moins aidera à finir cette guerre plus vite »
La première carte trouvée sera amenée à un membre du parti puis à la Gestapo. Une course poursuite va s'établir entre les Quangel( qui n'imaginent pas les perturbations qu'ils créent dans le système) et la police criminelle représentée par Eschrich, un vieux de la vieille!
Au delà de la passionnante histoire que raconte FALLADA, c'est l'ambiance de l'époque, les peurs, les vengeances, les profiteurs de tout poil qui cherchent surtout à gagner de l'argent, l'idéologie leur servant de paravent. Un livre qui démonte particulièrement bien tous ces mécanismes à l'oeuvre. Sombre, évidemment mais sans tomber dans le glauque. Merveilleux personnage que ce Otto Quangel, qui est tout sauf un héros, il a peur de tout et de tout le monde mais il dépassera ses frayeurs et osera, quand bien même son action peut sembler dérisoire.
Commenter  J’apprécie          110
Quel livre !!! Immersion totale au coeur de Berlin sous le IIIe Reich, le coeur serré, en apnée, ce pavé de Hans Fallada est un chef d'oeuvre.

Détrompez-vous, ici il n'est pas question de suivre la guerre sous la loupe, mais des habitants de la rue Jablonski. le couple Quanjel qui vient d'apprendre que leur fils unique est mort pour le pays, déchiré par cette nouvelle, Otto et Anna décident de se rebeller contre le führer en semant des cartes anti nazies dans la capitale.

En parallèle de ce couple gravitent quelques personnages clés qui tentent de survivre tant bien que mal dans ce climat apocalyptique. Un jeune SS infecte, une juive apeurée, l'ex mari de la factrice, Enno, les voilà tous à quémander le moindre marks, le moindre abris pour tenir un jour de plus.

Ce livre est teinté d'un réalisme effroyable et stupéfiant. Divisé en quatre chapitre, on avance les pieds noués dans une espèce de litanie funèbre qui monte dans la gravité page après page. On assiste impuissant à la misère d'un peuple jugé comme le pire criminel à la moindre pensée anti nazie. On assiste à l'absurdité exécrable de la guerre, la mort ou la révolte. Penser n'est plus de mise, penser devient un crime, une arme qui se retourne contre soi.

Une longue descente aux enfers attend les penseurs, les rebelles, les lâches, les saints. Il y a dans ce livre la révolte et la grandiloquence des grands auteurs du XXe siècle, on pense à Germinal, aux Misérables, au Voyage au bout de la nuit, à tous ces écrivains qui ont vu et senti la misère, l'injustice, la peur, l'enfer et ont tel Hans Fallada transcrit une réalité historique sans précédent.
Commenter  J’apprécie          12918




Lecteurs (4127) Voir plus



Quiz Voir plus

C'est la guerre !

Complétez le titre de cette pièce de Jean Giraudoux : La Guerre ... n'aura pas lieu

de Corée
de Troie
des sexes
des mondes

8 questions
1127 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , batailles , armeeCréer un quiz sur ce livre

{* *}