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4,35

sur 1481 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
On m'avait dit du bien de ce roman. J'en ai repoussé la lecture parce que je voulais faire une pause des livres de guerre. La particularité de celui-ci est qu'il est écrit par un allemand (publié en 1947) et se passe en Allemagne. Un couple d'ouvriers va résister, à leur manière, par des cartes anonymes déposées dans des immeubles au risque de se faire attraper par la police qui mène l'enquête. J'ai mis du temps avant d'entrer dans ce pavé, juste parce que j'avais les mauvaises bases. La rencontre du partage de l'ouvrier avec le musicien est belle et enrichissante. Un roman puissant sur fond historique, narré de façon originale, puisque le décor est différent.

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Comme très souvent avec les récits traitant de la Seconde Guerre Mondiale et de l'Allemagne nazie, mieux vaut avoir le coeur et les tripes bien accrochés. La particularité de ce roman tient sans doute au fait qu'on assiste à des actes de résistance allemande alors qu'en littérature c'est davantage la Résistance des vaincus et des Alliés qui est développée ou mise à l'honneur.

Ecrit en 1947, le roman de Hans Fallada ne peut laisser indifférent même si parfois on serait tenté de rester incrédule devant tant d'horreur et de pression morale et sociale. C'est tellement énorme et à la fois hélas tellement vrai, poignant de réalisme. A travers la (sur)vie de plusieurs Berlinois issus de différents horizons sociaux-professionnels, nous découvrons donc de l'intérieur cette Allemagne nazie du début de la guerre, cette Allemagne nazie victorieuse et infatuée de ses triomphes et dont les organes de pouvoir (S.S., S.A., Parti, Gestapo, Wehrmacht...) tétanisent la population par leur violence et leur injustice. Le règne de la délation, de l'extorsion et de la trahison ne peut que nouer les estomacs, même les plus solides.

Pour être honnête, j'ai quand même mis deux cent pages avant de complètement m'immerger dans le récit. Sans doute en raison d'un effet de saturation tant la littérature sur la période est prolixe. Toutefois, indéniablement, il s'agit d'une oeuvre majeure qui offre au lecteur des personnages à contre-courant de ses attentes.


Challenge Petit Bac 2016 - 2017
Challenge 1914 / 1968 - 2017
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Beaucoup de livres ont été écrits sur la Deuxième guerre mondiale, sur la Résistance, sur l'Holocauste, etc. Mais qu'en est-il des civils allemands qui n'ont pas sombré dans le nazisme, qui ont vécu sous le joug d'un régime fasciste autoritaire pendant plusieurs années ? Ils ne font pas plus pitié que les autres mais ils méritent qu'on s'attarde sur eux également. Pourtant, j'ai lu très peu d'ouvrages qui en faisaient état. Peu ont été écrits ? Peu ont été traduits en français ? À moins qu'ils n'aient pas traversé l'océan… Hans Fallada s'y est attelé et son oeuvre-phare Seul dans Berlin est un parfait exemple, d'autant plus que la narration se promène entre plusieurs personnages, donnant ainsi plusieurs points de vue.

Mai 1940. Tout commence à Berlin dans un immeuble modeste de la rue Jablonski. La vieille juive Rosenthal, dont le mari a été déporté, attend vainement son retour. Et dire que, pendant si longtemps, ils ont fait crédit à leurs concitoyens… Maintenant, elle se terre. Des voisins convoitent ses biens : Enno Kluge, un bon à rien incapable de tenir un emploi, et Emil Barkhausen, magouilleur, veulent s'introduire dans son appartement en pleine nuit et le vider. Eva Kluge, à l'opposé de son mari, joint à peine les deux bouts grâce à son emploi de factrice. Malheureusement, ses pensées sont tournées vers ses fils qui ont intégré l'armée et adhéré à l'idéologie nazie. Elle ne les reconnait plus. Lasse de cette vie de misère, elle lorgne du côté de la campagne… le vieux Persicke fait le fier mais il passe ses journées la bouteille à la main, terrorisé par son fils SS. En bas, le juge Fromm à la retraite voit tout et se désole. Enfin, il y a Otto Quangel, un menuisier contremaître, et son Anna. Leur fils unique vient de mourir en héros lors de la campagne de France. Pauvre Trude, sa jeune fiancée…

À travers leur destin, c'est celui du petit peuple berlinois, allemand, que l'on découvre. La vie rêvée que leur a fait miroiter le fuhrer n'est pas au rendez-vous. Plutôt, le désenchantement et la misère sont au rendez-vous. Ce ne sont pas des héros (à moins qu'on ne considère qu'ils soient les héros de leur propre histoire), on peut s'identifier à eux. Néanmoins, les Quangel décident de prendre les choses en main et de révéler à la face du monde le mensonge : la guerre ne fait que couter la vie à la jeunesse allemande. Ainsi, ils écrivent des tracts, au rythme de deux par semaine, et les déposent discrètement à gauche et à droite. J'ai trouvé poignant ce couple âgé, que j'imagine approchant la retraite, ayant perdu leur fils, n'ayant plus rien à perdre, mais persistant. Eux, si petits face à la machine de propagande nazie et tous les moyens dont elle dispose. Ce n'est rien de moins qu'un acte de résistance.

Les années passent. 1941, 1942… La police recherche activement l'auteur des tracts. Les déboires des inspecteurs, dont Escherich, sont intéressants aussi. Déterminé à trouver un coupable, n'importe lequel, pourvu que quelqu'un soit accusé et que l'honneur soit sauf. Après tout, des aveux mêmes inventés sont mieux que rien… Tant pis pour ceux qui devront écoper. Une preuve de plus de l'horreur de ce régime, permettant de constater que les Allemands n'étaient pas si libres. Il fallait obéir, démontrer son patriotisme. Rien ne doit arrêter la marche du Reich.

À partir de ce moment, Seul dans Berlin tourne essentiellement autour des tracts et de l'enquête, l'intrigue alternant entre les locataires de l'immeuble Jablonski et les inspecteurs. Plus on avance dans la lecture, plus le travail de ces derniers prend de l'importance. J'aurai aimé en apprendre un peu plus sur les conditions de vie sous le régime nazi. Par la bande, bien sur, on y a droit. Entre autres, les tentatives d'Enno Kluge de trouver une femme pour s'occuper de lui donnent un aperçu sur le quotidien des Berlinois en cette époque troublée en plus d'offrir l'excellent portrait d'un profiteur. Après tout, il faut bien sourire un peu.

Bref, Seul dans Berlin est un hommage aux hommes et aux femmes qui ont lutté, à leur manière, contre la tyrannie de leur propre gouvernement.
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Une fois n'est pas coutume , je vais tenter de dire quelques mots d'un livre qui a fait l'objet de nombreuses critiques . C'est un coup de coeur , un livre très fort qui permet de se rendre compte qu'au sein de la pire des dictatures armées d'une police politique ne reculant devant aucun moyen , des individus peuvent devenir conscients et se transformer en grains de sable dans le rouage de la machine à broyer . Cette conscience les rend libres même si l'on peut au final juger que leur action à bien peu changé le cours des choses . Tout comme le célèbre épigramme contre Staline d'Ossip Mandelstam , les actes de désobéissance civile , les pétitions de plus en plus nombreuses contre l'injustice et l'autoritarisme , ce livre ne s'oubliera pas de sitôt dans la tête de ceux qui l'auront lu . L'exemple d'un(e) qui dit non porte à réflexion , éveille un regain de conscience et au hasard de la vie , changer l'attitude moutonnière en démarche de refus . Si vous avez aimé ce livre , recommandez-le à d'autres .
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On connait l'horreur et l'angoisse suscitées par le régime nazi dans les pays attaqués dans les années 40 mais l'on ne sait pas toujours celles que le peuple allemand a vécues. Ce livre nous fait découvrir, à travers le quotidien des habitants d'un petit immeuble, cette vie contrainte par la peur, la suspicion, la surveillance constante qui a fait résonner en moi cette phrase d'Asli Erdogan « le silence même n'est plus à toi » car sous cette terreur même penser devient dangereux. Cette dure réalité révèle au fils du temps la part d'ombre ou de lumière de chacun et il serait certainement difficile de savoir quelle nature de nous-mêmes serait mise à jours dans de telles conditions. Espérons d'ailleurs ne jamais le savoir bien qu'actuellement et malheureusement certains peuples en font la triste expérience Un livre vraiment essentiel dont la quatrième de couverture résume bien le propos et que je vous invite à découvrir.
« Mai 1940, on fête à Berlin la campagne de France. La ferveur nazie est au plus haut. Derrière la façade triomphale du Reich se cache un monde de misère et de terreur. Seul dans Berlin raconte le quotidien d'un immeuble modeste de la rue Jablonski, à Berlin. Persécuteurs et persécutés y cohabitent. C'est Mme Rosenthal, juive, dénoncée et pillée par ses voisins. C'est Baldur Persicke, jeune recrue des SS qui terrorise sa famille. Ce sont les Quangel, désespérés d'avoir perdu leur fils au front, qui inondent la ville de tracts contre Hitler et déjouent la Gestapo avant de connaître une terrifiante descente aux enfers.
De Seul dans Berlin, Primo Levi disait dans Conversations avec Ferdinando Camon, qu'il était "l'un des plus beaux livres sur la résistance allemande antinazie". Aucun roman n'a jamais décrit d'aussi près les conditions réelles de survie des citoyens allemands, juifs ou non, sous le IIIe Reich, avec un tel réalisme et une telle sincérité. »
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"Ils n'ont qu'à obéir. C'est le Fürher qui réfléchit."
Il est trop facile et trop réducteur de penser que tous les allemands ont obéi et suivi aveuglément Hitler en cessant de réfléchir, lui accordant une confiance totale et prenant la moindre de ses déclarations pour parole d'évangile.
Non, tous les allemands n'ont pas été nazis, tous les allemands n'ont pas été antisémites, pourtant on se pose bien peu souvent la question de savoir ce qui se passait réellement en Allemagne à cette époque et quel était le ressenti de la population civile.
"Seul dans Berlin" a le mérite de lever le voile sur ces questions, de traiter du quotidien d'allemands et de leur prise de position par rapport au régime du IIIè Reich.

Bienvenue à Berlin en mai 1940, plus précisément dans l'immeuble du 55 rue Jablonski.
Il y a les Quangel qui viennent de perdre leur fils unique, Madame Rosenthal une juive qui se cache, les Persicke avec le benjamin jeune recrue des SS et faisant la fierté de sa famille, le conseiller Fromm un individu mystérieux ayant travaillé auparavant dans la justice.
A côté il y a aussi Enno Kluge qui vit aux crochets des femmes et pourrit la vie de sa femme Eva, factrice, et Emil Borkhausen, un individu particulièrement louche qui monnaye des informations.
Toutes ces personnes vont se croiser, s'observer, se dénoncer, faire affaire, entre ceux qui soutiennent le IIIè Reich comme les Persicke, les SS et la Gestapo : "Et pourquoi tant de raffut pour la mort d'une Juive ? J'ai assez à faire avec les vivants.", ceux qui choisissent de sombrer dans l'alcool et vivre d'expédients : "Nous sommes tous des hommes, mais nous différons en ceci que nous ne nous pendons pas tous quand nous avons trop bu.", ceux qui choisissent de résister et de dénoncer Hitler et son régime comme les Quangel qui vont se mettre à semer des lettres dans Berlin en espérant les faire circuler dans la population, cette idée ayant germé dans leur esprit grâce à l'action de résistance à laquelle participait la fiancée de leur fils, Trudel Baumann.
Et puis il y a quelques personnes neutres dont le lecteur ne sait pas trop la position comme le conseiller Fromm, un personnage secondaire mais qui intervient toujours à un moment critique.

La construction de ce livre est astucieuse et bien pensée.
L'histoire s'ouvre avec Eva Kluge et se termine avec elle, tandis que le milieu de l'histoire est ponctué par un intermède campagnard qui la met en scène.
Ce n'est pas un personnage clé de l'histoire mais il en est quand même la voûte et sert de repère au lecteur.
Les autres personnages interviennent tout au long de l'histoire, les points de vue s'alternant de l'un à l'autre, parfois ces personnages se croisent, s'observent et se craignent.
En dehors de la population hétéroclite de cet immeuble, il y a la police, la terrible Gestapo, qui fait peser sur toute l'histoire un climat de suspicion : "Dans son sous-sol obscur, elle avait cru passer complètement inaperçue; et voilà qu'elle venait de s'apercevoir qu'elle était constamment espionnée (comme tout le monde à cette époque, d'ailleurs).".
Cette peur qui habitait tous les allemands, ou presque, à cette époque est bien retranscrite dans le récit et les conflits intérieurs sont bien présents : certains choisissent de dénoncer le régime même s'ils doivent en payer le prix de leur vie, tandis que d'autres se jugent plus lâches car ils choisissent de ne pas entrer ouvertement en opposition avec le régime et de vivre leur vie le plus tranquillement possible, comme Trudel Baumann qui revient sur ses engagements premiers dans la résistance, et enfin il y a ceux qui collaborent avec le régime.
Certains peuvent juger que les actions des Quangel sont ridicules et sans impact, c'est d'ailleurs presque ce qui transpire du récit, mais pour moi il n'y a pas de petites actions et le battement d'aile d'un papillon peut avoir des répercussions bien grandes.
Ici, c'est le cas : même si la très grande majorité des lettres des Quangel ont fini entre les mains de la police sans avoir circulées ni même avoir été lues, elles touchent forcément quelques personnes, d'autant plus que dans le même temps d'autres actions de résistance ont lieu dans la population, comme des sabotages.
Le sort des Juifs est également abordé en toile de fond, il est beaucoup question des camps de travail au début du live où sont déportés les allemands qui s'opposent au IIIè Reich ou qui ne sont pas assez productifs, mais bien vite il circule dans la population que les Juifs sont arrêtés et déportés.
Ceci a d'ailleurs pour conséquence que certains allemands cessent de croire en Dieu : "Songe à tout ce qu'ils ont pu faire aux Juifs et à d'autres peuples sans en être punis ! ... Crois-tu vraiment que Dieu existe, mère ?".
A tout cela, il faut également ajouter le réalisme de toute la partie du récit retraçant les tortures par les SS pour faire avouer les personnes, l'emprisonnement dans des conditions plus qu'insalubres, les jugements expéditifs où même l'avocat de la défense enfonce plutôt qu'il n'aide l'accusé.
La multitude de personnages ne m'a pas dérangée, au contraire, elle permet d'avoir différents points de vue et de ne pas traiter la population allemande en la mettant dans un seul panier : celui du nazisme.
Du point de vue de l'écriture, c'est maîtrisé de bout en bout, mais j'ai trouvé que toutes les parties n'étaient pas égales du point de vue de la fluidité de lecture, certaines se lisant plus rapidement que d'autres.
C'est une histoire sombre et réaliste, j'ai apprécié de lire cette histoire qui parle de la résistance allemande, elle sort des sentiers battus et permet d'ouvrir ses opinions et de sortir du champ de la facilité.
De plus, le titre est particulièrement bien choisi, car si l'histoire fait se mêler une multitude de personnages au final chacun d'eux est seul face à lui-même et face au nazisme.
Je n'aurai qu'un petit reproche à faire au niveau des repères spatio-temporels, ils sont trop peu présents et sans s'en rendre compte le lecteur passe de 1940 à 1942, j'aurais aimé que l'auteur soit un peu plus précis à ce sujet, mais c'est bien le seul petit reproche que je peux lui faire.

"Seul dans Berlin" est le dernier livre écrit par Hans Fallada en 1947 et c'est une réussite, car à travers une multitude de personnages il traite de la résistance allemande et du quotidien des allemands pendant la Seconde Guerre Mondiale d'une façon très réaliste, un sujet bien rare en littérature et qui ne laisse pas le lecteur indemne la lecture achevée.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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En édition intégrale, mais je ne pense pas que le roman existe encore dans sa première version expurgée sortie en 1946 , c'est un gros pavé de plus de 700 pages et dont la lecture a été pour moi édifiante quoique parfois un peu laborieuse ...

Otto et Anna Quangel sont un couple de berlinois, honnêtes travailleurs, cohabitant en relative bonne harmonie dans un immeuble où se cotoient un vieux couple de juifs, un juge à la retraite, une famille dont le fils fait partie des jeunesses hitlériennes ... L'ambiance change déjà quand le vieux monsieur juif est arrêté et que sa femme craint pour sa vie et pour ses biens et surtout lorsque le fils unique de la famille Quangel est tué en combattant comme soldat.

A la douleur , bien légitime de ces parents, vient se rajouter la colère contre le régime et ses mensonges et Otto commence alors à écrire des petites cartes qu'il va déposer dans des couloirs d'immeubles de la ville pour mettre en garde les gens , les informer à leur façon de gens simples ayant retrouvé leur esprit critique , c'est pour eux leur seule façon de rester debout, vivants et de pouvoir se regarder dans les yeux .

On découvre au fur et à mesure des pages une réalité que , pour ma part, j'étais loin de m'imaginer : la peur viscérale de beaucoup d'allemands de la Gestapo, guettant la moindre réflexion négative, le moindre acte considéré comme contre-productif, la plus petite marque de rébellion , et cette peur rend beaucoup de gens passifs ou lâches .

Et c'est contre cela qu'Otto et Anna vont lutter , soudés , unis et debout alors qu'ils savent parfaitement comment cela va finir, c'est juste une question de temps ...

Bel hommage au peuple allemand résistant à la barbarie nazie et en particulier à ce couple de Berlinois fusillé dont Hans Fallada s'est inspiré pour écrire ce roman .
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Titre : Seul dans Berlin
Auteur : Hans Fallada
Editeur : Denoël
Année : 1947
Résumé : Mai 1940, la France vient de tomber. Adolf Hitler multiplie les victoires militaires et le troisième reich semble pouvoir durer mille ans. À Berlin, un immeuble de la rue Jablonski est peuplé de gens du peuple, chacun des locataires vaque à ses occupations et tente de trouver sa place dans cette nouvelle Allemagne où le parti nazi est omnipotent.
Mon humble avis : Hans Fallada, de son vrai nom Rudolf Ditzen, mourut à peine un an après la parution de Seul dans Berlin, son titre majeur. Morphinomane, alcoolique, dépressif, l'auteur Allemand ne vit donc pas son ouvrage devenir un best-seller international, il n'eut pas non plus le déplaisir de voir son texte expurgé par les censeurs de l'ex RDA. Aujourd'hui, nous avons la chance de pouvoir découvrir le texte original, un texte fort, un véritable pamphlet contre la société nazie et toutes les sociétés autoritaires de ce monde. Evidemment j'avais beaucoup entendu parler de ce roman, j'ai même eu l'occasion de visionner l'adaptation cinématographique plutôt falote qu'en fit Vincent Perez. Mais oublions tout cela pour nous concentrer sur le texte de Fallada, un texte assez étonnant au premier abord, je dois bien l'avouer. En effet j'attaquais ce roman avec pas mal d'aprioris, je m'attendais à un texte grave, lourd et j'ai été tout d'abord très étonné par l'écriture simple, presque naïve de l'auteur. Dans les premiers chapitres l'auteur passe d'un personnage à l'autre et beaucoup sont truculents, drôles, souvent pathétiques. Il est beaucoup question d'alcool et de dépravation et les personnages principaux tels qu'Enno Kluge ou Emil Barkausen sont des êtres vils que l'auteur n'hésite pas à ridiculiser jusqu'à l'excès. Et puis intervient Madame Rosenthal, une vieille juive qui vit terrée dans son appartement, et puis la cruauté éclate au grand jour, et puis la peur s'installe au fil des chapitres, et puis l'ignominie, l'indicible. Dans ce texte Fallada plonge dans la petite histoire, celle des oubliés du régime, des laissés pour compte, ceux sur qui le sort s'acharne, ceux qui tremblent en croisant un uniforme brun. de combines minables en odieux larcins, de dénonciations calomnieuses en pitoyables aveux, c'est dans la fange de l'âme humaine que Fallada trempe sa plume. C'est pathétique et désespérant jusqu'à ce que les époux Quangel décident d'agir et entrent en résistance. Ici, il ne s'agit pas de résistance armée, rien de spectaculaire, juste un homme et une femme qui disent non et tentent de gripper, à leur niveau, la machine implacable qui écrasa l'Europe. Vous l'aurez peut-être compris à travers ces quelques lignes, j'ai beaucoup apprécié ce roman. J'ai aimé la description d'une ville oppressée, l'étude minutieuse des rouages qui permettent de museler tout un peuple, j'ai aimé cette tension qui devient presque insoutenable au fil de la lecture, j'ai aimé le courage de ceux qui résistent, ceux qui donne envie de croire que rien n'est jamais perdu. Roman de la petitesse mais aussi de la grandeur d'âme, Seul dans Berlin est surement aussi le cri de douleur d'un homme désespéré par le monde qui l'entoure, un témoignage déchirant. Pour cela et pour de longues heures de lecture passionnée, je ne peux que m'incliner devant la mémoire de feu Rudolf Ditzen.
J'achète ? : Certains romans sont essentiels à la compréhension du monde. Seul dans Berlin fait partie de ces textes rares et incontournables. Tu ne peux décemment passer à côté d'un tel bouquin.
Lien : https://francksbooks.wordpre..
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Ce roman est un des premiers textes anti-nazi publié par un auteur allemand après la seconde guerre mondiale (1947).
L'histoire est basée sur des dossiers que la Gestapo avait constitué sur un couple d'ouvriers Berlinois qui avait écrit des cartes postales contre les nazis et les avaient déposés dans les couloirs d'immeubles.

L'auteur pose un regard critique sur la société et appelle à l'humanisme. A travers l'histoire d'Otto et Anna Quangel, il dépeint la quotidienneté des gens anonymes qui, d'abord soumis et terrifiés, vont finalement s'opposer au régime. On découvre que, plus que la haine, c'est la peur qui est à l'origine de la passivité du peuple allemand face au régime d'Hitler.

Les qualités de l'auteur ne sont pas sur le plan stylistique (le vocabulaire et les tournures de phrases sont assez banales) mais sur le plan de la justesse de vision. Hans Fallada décrit avec tendresse et cruauté le monde des gens normaux. Une réalité à laquelle on s'identifie, des personnages ordinaires, prolétaires que l'on suit avec angoisse, colère et espoir.

J'ai beaucoup aimé ce roman. Les premiers chapitres sont un peu longs mais, une fois les nombreux personnages campés, on est immergé dans l'Allemagne souterraine qui essaie de résister à l'infamie nazie avec des armes bien fragiles, des grains de sable dans une machine infernale. Leurs actes semblent infimes, voire inutiles et pourtant, ce sont ces gens-là qui ont sauvé l'Allemagne. Sans eux, l'Allemagne était irréductiblement perdue.

Ce roman a été adapté au cinéma.
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On pourrait voir dans ce roman juste une énième variation de ces récits qui pullulent sur la seconde guerre. Mais ici l'essentiel est ailleurs car Hans Fallada nous embarque dans l'intimité d'un petit groupe d'habitants d'un immeuble à Berlin en 1940, en pleine ascension du nazisme.

Les personnages, plus vrais que nature nous donnent une vision de la réalité qui a rattrapé les allemands et qu'on évoque si peu. L'auteur raconte la guerre vécue de l'intérieur, dans la chair des berlinois. Il y a à la fois de la cruauté et de l'affection dans le regard que le romancier porte sur ces personnages complexes.
D'une part on trouve les sympathisants dont l'idéalisme et le manque d'information ont poussé à s'engager dans les partis et vouer fidélité au Führer. Ils sont devenus de bons petits soldats, prêts à dénoncer leur voisin de palier et prêts à tout pour rester dans les bonnes grâces des officiers. D'autre part les résistants, qui ont vite compris l'ampleur de l'horreur qui se déroulait sous leurs yeux et qui ont refusé de cautionner l'infamie de ce régime. Ils résisteront à leur petit niveau, en aidant les opprimés, en protégeant les persécutés, au risque de leur vie.

Si le récit manque parfois de souffle, il frappe par la vérité de certaines situations, telles la vie en prison ou en camp de concentration.

Il met en lumière la vraie nature qui se révèle lorsque des hommes faibles, déséquilibrés et sans morale s'emparent du pouvoir.

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