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Yann Fastier (Autre)
EAN : 9782362663628
288 pages
Talents Hauts Editions (22/10/2020)
4.17/5   18 notes
Résumé :
1892. Afrique, campagne du Dahomey.
Enrôlé malgré lui dans une guerre coloniale où il n'a que faire, Alex redoute autant son père, bien décidé à « faire de lui un homme », que les implacables « Amazones » du roi Béhanzin, ces guerrières dont la férocité n'a d'égal que le courage.
C'est pourtant la rencontre de l'une d'elles qui changera son destin et lui permettra enfin d'affronter ses peurs, tandis que résonne le terrible cri de guerre des agoojie.
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Nous attaquons l'aventure de danxomè.
Nous entrerons dès les premières pages sur une histoire de colonies, de dépendances économiques et d'indépendance politique.
Cela pourrait paraitre assez étrange pour certains jeunes lecteurs d'imaginer une part de l'Afrique comme un territoire de la France et juste à côté (près du Bénin) un territoire anglais et un autre allemand. Chacun y était vraiment venu chercher sa part. Nous sommes à la fin du 19ème siècle.

Les lecteurs ados d'aujourd'hui seront sans doute peu familiers de cette conception "coloniale", de cette annexion par la force. Il y a heureusement des récits historiques nous renseignant sur ces époques de grandes extension à l'internationale, celles des conquètes de Napoléon par example, au début du 19ème siècle, ou bien avec l'Algérie à la même époque, une colonisation qui ne prendra en définitive fin qu'en 1962, le siècle suivant.
Ce sont de drôles de moeurs. On ne reviendra pas sur les avantages économiques certains, mais en revanche, pourriez-vous vous imaginer, jeunes lecteurs, à l'identique et en France par exemple, sous un joug anglais, chinois ou même africain, nés sur cette terre et assujettis comme un citoyen de dernier plan?
Certains d'entre nous pourrait être même vendus pour offrir à d'autres pays associés de la main d'oeuvre.
C'était une autre époque, vraiment, elle pouvait être bénie mais tout dépendait de quel côté le destin nous avait placé.
Nous serons, dans le récit de " danxomè", vers le Bénin, sous l'autorité française, à la fin du 19ème siècle.

Notre premier héros est fils de médecin, un jeune homme blanc grandi dans la rudesse de l'autorité à poigne, un "gars" de la marine.
Le jeune personnage, Alexandre, mettra d'emblée l'accent entre l'éducation virile qu'il a reçu et sa vraie nature bien moins butée, fier de son supplément de tact, de plus de sensibilité et de manières que le moule original.
Mais Alexandre sera t-il de la sorte, un homme, un vrai?
Alexandre prendra les choses avec distance et ne les subira pas. Il nous donnera un peu l'impression de pouvoir choisir qui il veut être.

À la lecture, choisir qui l'on veut être à cette époque coloniale nous semblera très relatif, les poids des sociétés seront très lourds.
La période est particulière et pour la comprendre, le plus finement possible, l'auteur Yann Fastier nous fera entendre par alternance une autre voix, celle d'une femme, africaine, donnée au chef de cette campagne du Dahomey, le roi Béhanzin, vers laquelle se dirige Alexandre.

Agosì, c'est son nom, nous montrera les choses de son point de vue, l'autre bout de la chaine alimentaire, la place des soumis des soumis, ceux et celles capturés et devenus esclaves selon les lois du pays. Il n'y avait pas encore, chers jeunes lecteurs, en 1892 d'organisations internationales et d'aides extérieures possibles autour du respect de la convention des Droits de l'homme.
C'était une époque où ce qui se passait à " Végas, restait à Végas" comme l'on dit familièrement ( nous vous renverrons vers des lecteurs matures pour vous renseigner sur cette expression pour adultes).
Cet aspect permettra aussi et ainsi de nuancer le problème d'ingérence souvent soulevé et reproché aux autorités extérieures sur des territoires étrangers de nos jours.
Mais retour vers 1892.
Le contingent militaire d'Alexandre est envoyé de France pour remettre le roi Béhanzin " au pas" comme certains diront dans le roman.
C'est une guerre qui se prépare.

Agosì, dont le père fut dépouillé de ses biens et exécuté sommairement sous ses yeux, finira dans les rangs des 50 femmes et filles au service de la communauté du roi Béhanzin, un nouveau bien, pour le plaisir ou la guerre.
Les femmes entrainées du roi peuvent être très redoutables, dit-on.
Le roman nous parlera d'une réputation légendaire dès les débuts du roman.
Certains jeunes lecteurs ne pourront s'empêcher peut-être d'avoir une pensée pour des personnages fictifs existant à l'identique, celles du Comics Marvel édition " Black Panther", les "amazones" d'ébène sur-entrainées de l'imaginaire royaume africain du Wakanda, les "Dora Milaje".
Leur statut et leur traitement n'aura hélas rien à voir avec celui de Agosì.
Nous comprendrons facilement que si ce texte est sorti sous la collection féministe " Les héroïques" de Talents hauts, c'est en partie pour parler de ce statut rude et sans respect de la femme aux ados.
Mais pas que.

Nous entrerons dans une autre culture.
Le pendant plus masculin des points de vue offerts par Alexandre permettra aussi d'offrir un autre profil masculin au livre, complémentaire de celui du militaire pur et dur, du colon bourgeois au racisme ordinaire ou du roi noir indélicat dans ce double univers blanc et noirs dirigé par l'intimidation et la force. Alexandre est ici aide-médecin mais surtout militaire, il sera pourtant aussi empôté que Agosì est dégourdie avec une arme et ceci, entre autres choses, cela permettra de défier les clichés.

Vous verrez, il y aura les règles de société auxquelles il est dur d'échapper mais il y aura également sous cette couche rigide la simple nature des personnages bienveillants et la nature est plus fine, passionnante, elle ne se plie pas toujours facilement.
Alexandre et Agosì en seront un bon exemple.
Les deux offriront l'aventure mais aussi des tons et des sensibilités différentes.
L'histoire est difficile mais enrichissante.
Et ça, c'est intéressant.
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Derrière ce roman historique fort bien documenté, le toujours très subversif Yann Fastier cache une subtile mais omniprésente critique des conquêtes coloniales. Alex, engagé malgré lui, par son père, dans la conquête du Dahomey va découvrir les méfaits de la colonisation, avec sa violence systémique, sa bêtise hiérarchique, son racisme endémique, mais aussi des sentiments amoureux auxquels la seule fréquentation de sa cousine Lucienne ne l'avait pas préparé.

À lire au plus vite, avant qu'il ne soit interdit par Éric Zemmour, devenu ministre de la culture, ou avant, au nom de l'incitation au séparatisme par la critique des « valeurs » de la patrie.
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
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🇧🇯 1892, campagne militaire du Dahomey : la France coloniale conquiert l'actuel Bénin. Alexandre Maurel, pas même 17 ans, est embarqué dans la guerre par son père qui souhaite "endurcir" ce garçon épris de poésie, trop tendre à ses yeux. Endurci il le sera, au contact de la violence la plus crue, de la brutalité de la conquête et du rapport de force colonial, donnés à voir sans fard (c'est l'un des points forts de cette collection "Les héroïques" de la maison "Talents hauts", portée par un beau projet editorial, notamment autour de la dénonciation des stéréotypes).

🏹 Alexandre se transformera aussi au gré des rencontres, celle de son compagnon d'armes Karel, et surtout celle d'une jeune fille, une "ennemie" au coeur de ce double roman d'initiation, l'une des terribles amazones du roi, guerrières redoutées et objet de tous les fantasmes. A l'épreuve du feu, les deux jeunes gens se révèlent l'un l'autre en vivant "leur propre saison en enfer".

💥Bien que moins emballée que par son précédent roman (Le renard et la couronne), j'ai retrouvé avec plaisir l'écriture fluide de Yann Fastier. Au travers d'un épisode historique je l'avoue inconnu de moi, et ici parfaitement documenté, il questionne la violence, les inégalités (y compris les différences de traitement entre soldats français, légionnaires étrangers et tirailleurs africains), et réinvestit avec efficacité ses thèmes de prédilection : l'éveil à la sensualité, le courage d'être soi, l'indépendance.
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1892. Afrique, campagne du Dahomey.
Afin d'asseoir son influence face à l'Allemagne qui arme le roi du danxomè, la France envoie des troupes dans ce royaume indépendant qui deviendra la colonie du Dahomey puis le Bénin.
Le médecin du corps expéditionnaire a embarqué son propre fils, Alex, 17 ans, dans l'idée de « faire de lui un homme ».
L'armée du roi du danxomè est connue et redoutée pour ses fameuses guerrières au courage sans égal, appelées « les amazones du roi » par les Européens.
Au cours d'un affrontement, Alex, pris de panique, s'enfuit. Sa course se termine au fond d'un trou de plusieurs mètres de profondeur, où est aussi tombée une jeune guerrière ennemie. Blessée, Agosì, 14 ans, laisse Alex soigner sa jambe, avant de l'aider à sortir de leur prison puis de disparaître dans la forêt tandis qu'Alex retrouve le camp.
Cette rencontre va changer le destin d'Alex. Il ose affronter ses peurs et son père qui ne peut admettre cette rébellion. La folie s'empare de lui.
La violence de la guerre continue. Agosì dans le coeur de l'action voit ce qu'elle n'aurait pas du voir. Alors, elle tire. Et résonne le terrible cri de guerre des agoojie.

Pour aller plus loin, je vous invite à lire l'article du service historique de la Défense sur la conquête du Dahomet ( 1890/1894 ) et l'article culturel de jeune Afrique, danxomè », ou la rencontre brutale d'un colon et d'une amazone

Par le livre de Yann Fastier, j'ai découvert la conquête du Dahomey et j'ai été fasciné par les guerrière Agoojie. L'écriture est limpide comme un conte. Je recommande vivement ce roman d'aventure et de philosophie.
Lien : https://educpop.fr/2022/09/0..
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J'ai eu un peu de mal à me lancer dans ce roman que j'ai commencé faute de mieux. Au début je le trouvais ennuyant mais je me disais que c'était le temps que l'histoire se lance, mais en fait elle ne s'est jamais lancée. J'ai réussi à aller jusqu'à la fin mais j'ai vraiment été très déçue de l'histoire. Cela m'a étonnée car il avait pourtant de bons avis... L'histoire ne devait pas être faite pour moi...
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Que dirait-il, lui, le bon chrétien, le catholique pratiquant, si une armée de nègres venait piller ses églises pour orner leurs cases de crucifix, de reliquaires et de ciboires ? Il n'y voit cependant aucun mal et c'est peut-être le plus grave, cette certitude, cette assurance de se trouver dans son bon droit, toujours et partout, quand ce n'est que le droit du plus fort.
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Vidéo de Yann Fastier
157 collégiens; 3 auteurs, 3 romans, 3 intervenants, 3 parcours. Une expérience littéraire de 6 mois faite de lectures, d'échanges et de débat, de rencontres, de questions, de critiques, de lectures à voix haute… Avec les élèves de 4èmeC du collège Pablo Picasso (Bron), les élèves de 3ème5 du collège Théodore Monod (Bron), les élèves de 5ème2 du collège Jean Monnet (Lyon 2), les élèves de 3ème3 du collège Olivier de Serres (Meyzieu), les élèves de 5ème6 du collège Honoré de Balzac (Vénissieux), les élèves 3ème3 du collège Jean Macé (Villeurbanne), et leurs équipes pédagogiques. Avec les auteurs Yann Fastier, Sylvain Pattieu, Marie Sellier, et les intervenants artistiques Raphaële Botte, Raphaël France-Kullmann, Camille Thomine. En partenariat avec la DRAC Auvergne Rhône-Alpes, la Métropole de Lyon, la Ville de Bron, la Délégation Académique aux Arts et à la Culture de l'Académie de Lyon, et l'Espace Albert Camus / Pôle en Scènes (Bron)
Une réalisation Fête du Livre de Bron/Collectif Risette
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