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EAN : 9782213622408
141 pages
Fayard (05/10/2004)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
4° de couverture :
(Edition source : Fayard - 2004)


En décembre 2004, l'Union européenne doit décider d'ouvrir, avec la Turquie, des négociations en vue de son adhésion à l'Union européenne. Les gouvernements et la Commission font comme si toutes les décisions antérieures étaient irréversibles, et celles à venir sans conséquences. L'adhésion éventuelle de la Turquie engage pourtant notre destin au moins autant que l'adoption du traité ... >Voir plus
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L'essai de Sylvie Goulard a été un succès de librairie à la rentrée 2004. Cette Européenne convaincue, qui trace sa carrière entre la haute administration dont elle est issue (ancienne élève de l'ENA, elle a travaillé au Quai d'Orsay, au Conseil d'Etat et à la Commission européenne) et l'Université (elle enseigne aujourd'hui à Sciences Po et au collège de Bruges), a trouvé son public en publiant un pamphlet passionné sur l'Europe et les dangers que présente pour elle l'adhésion de la Turquie.
Ce petit ouvrage était clairement écrit dans la perspective du Conseil européen de décembre 2004 qui allait se prononcer sur l'ouverture des négociations d'adhésion de la Turquie. On sait aujourd'hui qu'il est resté sourd au plaidoyer de Sylvie Goulard. Pour autant, ce texte préfacé par Robert Badinter n'a rien perdu de son actualité.

Sylvie Goulard parle bien sûr de la Turquie. Comme d'autres avant elle, elle pointe les faiblesses de la candidature turque. Elle invoque tour à tour l'histoire et la géographie pour mettre en doute le caractère européen de la Turquie. Elle dénonce le retard économique de ce pays. Elle pointe du doigt ses réticences à reconnaître le génocide arménien et ses relations conflictuelles avec Chypre. Elle insiste sur la laïcité « ambiguë » de la Turquie et le statut inégalitaire réservé aux femmes.

Mais, ce qui fait l'originalité de sa démarche est de « replacer l'Union européenne au coeur de notre réflexion » (p. 24). Dans cette perspective, la question est moins d'évaluer les atouts et les handicaps de l'impétrant turc que d'apprécier la capacité de l'Europe à l'accueillir. Cette dimension, rappelle-t-elle, figure dans les critères de Copenhague dont on fait souvent, dit-elle, une citation tronquée : il ne suffit pas que l'Etat candidat soit démocratique et que son économie soit viable, il faut également que l'Union soit capable de l'assimiler.
Or rien n'est moins sûr. Comme l'a d'ailleurs reconnu la Commission dans son avis du 6 octobre 2004, en raison de « sa taille, de sa population, de sa localisation géographique, de son potentiel économique, militaire, ainsi que de ses caractéristiques culturelles et religieuses », l'adhésion de la Turquie sonnerait le glas de l'Europe telle que nous la connaissons. En 2020, la Turquie sera le pays le plus peuplé de l'Union avec 85 millions d'habitants. A ce titre, elle pourra légitimement prétendre au nombre de voix le plus élevé au Conseil et à la plus forte représentation au Parlement. Son retard économique fera peser sur le budget de l'Union une pression insupportable. Sa mitoyenneté avec l'Irak, la Syrie ou l'Arménie poserait à la politique étrangère européenne des dilemmes insolubles. « Good bye Monet » conclut Sylvie Goulard (p. 63), cédant à un lyrisme facile.

A trop se focaliser sur la Turquie, et sur les inconvénients que représentent pour elle son exclusion durable de la construction européenne, on oublie les enjeux de la construction européenne. Or, il est indéniable que l'élargissement de l'Union lui a fait office de programme ces dernières années. Elargissement aux pays neutres de l'AELE en 1995, élargissement aux PECO en 2004. Si, au début des années 70, Pompidou faisait rimer élargissement et approfondissement, « les deux processus (…) qui devaient être menés simultanément, ont divergé » (p. 41). Il est inutile de répéter que l'Union fonctionne aujourd'hui sur la base des mêmes principes que ceux qui avaient prévalu, à Six, en 1957. Malgré les mises en garde ou les menaces, notamment de la France, l'Union n'a pas réussi à se réformer à Amsterdam ou à Nice pour fonctionner avec vingt-cinq et bientôt vingt-huit membres.
Sans doute ces élargissements successifs sont-ils la preuve du succès de l'Union. Si elle exerce une telle force d'attraction sur son voisinage, c'est incontestablement qu'elle est parvenue à assurer à ses membres la paix et la prospérité. Pour autant, le temps est venu de poser les limites de ce mouvement. Car l'Europe n'est pas extensible à l'infini, ni géographiquement, ni culturellement. L'Europe, ce n'est pas seulement les droits de l'homme et l'économie de marché – sans quoi le Chili ou le Japon serait légitimes à l'intégrer. C'est aussi une histoire, une géographie, une culture commune ; c'est aussi une manière commune d'être ensemble.

le double non français et néerlandais aura peut-être eu le paradoxal avantage de permettre de relancer ce débat. Que ce soit en France ou aux Pays-Bas, les partisans du Non ont parfois donné l'impression de refuser un élargissement à vingt-cinq sur lequel ils n'avaient pas été consultés et de condamner par avance l'adhésion de la Turquie, malgré toutes les précautions prises pour déconnecter cette question de la ratification du Traité constitutionnel. Si le 17 décembre 2004, les chefs d'Etat et de gouvernement semblaient avoir enclenché un processus inéluctable, les 29 mai et 1er juin 2005, les électeurs français et néerlandais ont peut-être rouvert la question turque.
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Goulard, Guetta, Onfray... leurs idées pour réinventer l'Europe .Bernard Guetta, la députée européenne Sylvie Goulard, Freddy Thielemans, bourgmestre de Bruxelles, Phillipe Maystadt, président de la Banque européenne d'investissement, Anne Demelenne de la Fédération générale du travail de Belgique, le philosophe Michel Onfray et le président de Total, Christophe de Margerie, sont venus débattre aux Journées de Bruxelles : "Réinventer l'Europe" organisées par "le Nouvel Observateur" du 10 au 12 octobre.
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