Une nouvelle, une fable, un conte philosophique, un court roman d'apprentissage… cette première oeuvre de
Maxence Fermine est surtout un petit bijou de poésie, de sensibilité et de légèreté. Un pur moment de grâce et de beauté.
Au Japon à la fin du XIXème siècle, durant l'ère Meiji, sur l'ile de Hokkaido, « là où l'hiver est le plus durable et le plus rigoureux. » Yuko, un adolescent de dix-sept ans avait deux passions : le haïku (court poème composé seulement de trois vers et de dix-sept syllabes) et la
neige.
« La
neige est un poème. Un poème qui tombe des nuages en flocons blancs et légers. »
Malgré son jeune âge, Yuko excellait dans ce genre littéraire difficile et souhaitait en faire son métier. Qu'importe l'avis de son père, prêtre shintoïste, il sera poète et consacrera sa vie à la poésie. « Il décida de n'écrire que pour célébrer la beauté de la
neige. Il avait trouvé sa voie. » Il écrivit uniquement pendant l'hiver, des poèmes d'une blancheur immaculée.
Mais remarqué par un grand poète de la cour, et sur ses recommandations d'ajouter de la couleur dans sa poésie, Yuko, afin de parfaire sa maîtrise et ainsi laisser une trace de son talent, entreprit un long voyage, un périple initiatique dans le sud du pays pour rencontrer un vieux maître incontesté de la peinture et de la calligraphie, Sōseki.
Une relation privilégiée s'appuyant sur le respect, le silence et la complémentarité va se créer entre les deux artistes, tous deux obsédés par l'infinie beauté d'une femme disparue.
Quête de l'absolu, leçon de vie,
Neige transporte le lecteur dans un environnement envoutant et poétique. Construit en trois parties et en une cinquantaine de chapitres, certains très courts, écrits comme des petits poèmes. Autant de pensées et préceptes conçus comme des haïkus. Par exemple : « Elle était funambule et la vie tenait en une seule ligne. Droite. »
On pourrait encore citer :
« Il y a deux sortes de gens.
Il y a ceux qui vivent, jouent et meurent.
Et il y a ceux qui ne font jamais rien d'autre que se tenir en équilibre sur l'arête de la vie.
Il y a les acteurs.
Et il y a les funambules. »
Neige, paru en 1999, est le premier roman de
Maxence Fermine, 30 ans à l'époque. Je n'ai pu qu'admirer sa plume légère, subtile et poétique, les moments de rêve et de pure beauté qu'il offre aux lecteurs. On sait que l'auteur est savoyard, qu'avant d'entamer la rédaction de ce roman il séjournait en Tunisie. Comment a-t-il pu écrire cette oeuvre que l'on croirait appartenir à la littérature japonaise ? C'est du grand art !
En tout cas une pépite à lire absolument.
#Challenge illimité des Départements français en lectures (73 - Savoie)