Citations sur Transsibérien (78)
Je sais que vous l'aimez à l'étranger, Gorbatchev.
Nous, Russes, sommes plus réservés à son sujet.
La perestroïka est venue trop vite, le changement a été trop brutal.
Du jour au lendemain, il n'y avait plus d'Etat, plus d'idéal.
On ne payait plus les salaires, on ne distribuait plus gratuitement les appartements.
Maintenant cela va mieux.
De 1990 à 2000 c'étaient vraiment les années noires.
Je n'idéalise pas l'ancien régime mais il faudrait discuter.
La vitesse réduite du Transsibérien donne l'impression qu'on se promène à pied ou à cheval au milieu des arbres. Comme il n'y a le long de la voie ni autoroute, ni grille de protection, ni route, ni station-service, ni garage, ni hangar, ni maison d'aucune sorte, et qu'on aperçoit aucun être humain, l'impression d'illimité est décuplée par la solitude immense qui enveloppe la taïga. Si intéressantes que soient les villes où l'on s'arrête, le voyage en Transsibérien, c'est d'abord le spectacle d'une nature dilatée à perte de vue et constamment dans son état sauvage.
Des rivières, des tourbières, des étangs coupent l’immense forêt. Pas une maison, pas un homme, pas une automobile, pas un animal. Un monde s’étend devant nous, aussi neuf qu’à son origine La plaine, les arbres, le ciel, toujours la plaine, toujours les arbres, toujours le ciel, dans une suspension du temps qui ouvre la porte sur l’éternité
Ici, pas de détail qui retienne plus qu'un autre ; on ne détaille pas la taïga, on se laisse prendre, envoûter, annihiler par la succession indéfiniment répétée de l'identique.
Le vrai voyage ne consiste pas à attendre du nouveau, à guetter les surprises, qui sont des bornes que l'on fixe devant soi, mais à abolir toute distinction entre soi et le monde, par une dilatation de l'individu à l'infini. Telle est du moins l'expérience que permet le Transsibérien.
Et c'est cela, en fin de compte, la dernière image que nous emporterons de la Sibérie, avant de prendre l'avion pour Moscou (neuf heures en coupant par l'océan Glacial Arctique) : un pays où s'unissent, dans un contraste d'énergies stimulant, la joie de vivre, la dévotion aux poètes et le souvenir de la tragédie.
Est-ce faire avancer le monde que de remplacer un despotisme sanglant par un capitalisme agressif?
Je pense que la Gay Pride n'est pas le meilleur moyen de convaincre un peuple encore profondément homophobe. L'action doit commencer par la presse, les livres, les films. Il en a été ainsi en France. Il faut travailler l'opinion, la préparer, non la braquer par une manifestation qui lui présente d'ailleurs un courant minoritaire et une fausse image de l'homosexualité. Il y a cinquante ans, la Gay Pride eût été impossible en France. Impossible et contre-productive. On ne change pas la mentalité des gens en les scandalisant. Or, [...], la Russie en est au point où était la France il y a cinquante ans.
On ne change pas la mentalité des gens en les scandalisant.
Nous faisons l'expérience du vrai voyage, qui est le contraire de l'excursion. Le vrai voyage ne dépayse pas, le paysage n'est beau que par la vibration intérieure qu'il nous fait éprouver, exempte de toute curiosité pour l'inattendu. Comme une phrase musicale qui nous a touchés et dont nous attendons impatiemment le retour, chaque image de la forêt, en étant identique à la précédente, nous fait gravir un degré de plus en direction de l'absolu. La plaine, les arbres, le ciel, toujours la plaine, toujours les arbres, toujours le ciel, dans une suspension du temps qui ouvre la porte sur l'éternité.