La forêt est une personne vivante, qui meurt chaque hiver et ressuscite chaque printemps.
Il faudrait un poète comme Baudelaire pour rendre cette impression d'être dépossédé de soi-même par le recommencement ininterrompu du beau et la rumination symphonique de l'absolu.
Ici, pas de détail qui retienne plus qu'un autre ; on ne détaille pas la taïga, on se laisse prendre, envoûter, annihiler par la succession indéfiniment répétée de l'identique.
Ici, on n'attend rien, on ne cherche rien de nouveau, avec cette conséquence que tout est à chaque instant nouveau, par l'approfondissement qu'on fait du même. La beauté pure ne lasse jamais.
Le défilé des pins, des mélèzes, des bouleaux a quelque chose d'ensorcelant. La vitesse réduite du Transsibérien donne l'impression qu'on se promène à pied ou à cheval au milieu des arbres.
Trois étaient les modèles que s'était choisis Travine, et aucun des trois ne correspondaient à l'idéal communiste. Faust le fascinait, pour son appétit insatiable de savoir; Ulysse, pour sa soif d'aventures et sa volonté de reculer le plus loin possible les limites du monde connu; don Quichotte, pour sa noblesse désintéressée au service de la justice et de la beauté.
Mon bien-aimé Sergueï, je n'ai appris ton arrestation qu'avant-hier. Je ne permettrai pas à mon âme d'en être brisée.
Fourre-moi plutôt, comme un bonnet, dans la manche de la chaude pelisse des steppes sibériennes (vers d'Ossip Mandelstam cités par D Fernandez)
L’expérience du Transsibérien abolit toute distinction entre soi et le monde, par une dilatation de l’individu à l’infini
Ici, on attend rien, on ne cherche rien de nouveau, avec cette conséquence que tout est à chaque instant nouveau, par l'approfondissement qu'on fait du même. La beauté pure ne lasse jamais.