Eh ! bien, eh ! bien, comme l'eût dit
Shakespeare :
beaucoup de bruit pour rien ! Quand on songe que cette affaire a mobilisé pendant seize ans les polices allemande, autrichienne et même française autour d'un trace ADN qui apparaissait partout et surtout là où on ne l'attendait pas, on reste bouche bée (les faits sont réels) mais l'on se pose aussi beaucoup de questions sur la fiabilité de 99,999% que l'on prêtait à l'époque à ce genre de preuve.
L'ouvrage n'est pas inintéressant. Mais il faut aimer le style - ou l'absence de style ? - de
Michel Ferracci-Porri et comprendre, bien entendu, que, s'il reprend souvent le même discours, c'est qu'il lui fallait remplir un vide quasi absolu pour obtenir un ouvrage un tant soit peut conséquent. Car il n'y eut jamais de "Fantôme de Heilbronn".
Il se trouve simplement que les cotons-tiges utilisés par la police, dès 1993, pour prélever les échantillons dans le meurtre d'une sexagénaire, avaient été contaminés dès l'empaquetage. Or, ces cotons-tiges furent envoyés par milliers dans la région de Heilbronn et servirent à toutes sortes d'enquêtes, qui ne concernaient d'ailleurs pas toutes un crime sanglant. Jusqu'à des terroristes d'Al-Qaida qui s'y trouvèrent mêlés, jurant par Allah que non, jamais, non ! ils n'avaient compté dans leur équipe aucun élément féminin !
Trois meurtres sauvages, dont celui d'une jeune femme officier de police, une invraisemblable série de cambriolages et de vols à la tirs, toute une flopée de voitures diverses où, à l'intérieur comme à l'extérieur, on retrouvait la fameuse empreinte génétique qui était celle d'une femme : voilà l'"affaire". Mais de quelle femme pouvait-il s'agir ? Elle n'était pas fichée, c'était sûr. Ensuite, si anarchiques que parussent ses méthodes - et pour cause - jamais on ne comprenait ce qu'elle faisait là ni, surtout, comment elle avait pu laisser une empreinte de ce genre puisque personne ne l'avait vue. Des hommes, oui, on en avait vu à la pelle : des grands, des petits, des gros, des maigres, des glabres, des barbus, des beaux, des laids, des jeunes, des vieux ... Mais JAMAIS une seule femme !
On en vint alors - ce qui était somme toute normal - à parler de transsexualité bien que, en principe, les transsexuels véritables ne soient pas violents. Puis, plus audacieux encore, d'un homme qui aurait, comme le tueur en série Arthur Shawcross, hérité d'un chromosome XXY. Ce genre d'individus, au demeurant très rares, même chez les tueurs, peut en effet présenter des empreintes génétiques féminines bien que, physiquement, ils aient tout d'un homme. Tout le monde s'arrachait les cheveux, les policiers, Interpol même ne savaient plus ou donner de la tête ... et toujours, toujours, au moment où l'on s'y attendait le moins, l'empreinte du "Fantôme" jaillissait, narquoise et silencieuse, à la fois débordante de renseignements et n'en livrant aucun qui valût le coup.
Seize ans pour en arriver à ce résultat révoltant et en quelque sorte décevant : il n'y avait jamais eu de "tueuse en série" qui passait à travers les murs tout en laissant partout, et de façon fort obligeante, son empreinte génétique à qui la voulait, il n'y avait qu'une pauvre employée qui, sans s'en rendre compte, avait pollué de la sienne toute une série de cotons-tiges destinés à la police pour le relevé de certaines empreintes. Encore le mode d'emploi stipulait-il que le processus pouvait ne pas être fiable si l'on ne respectait pas certaines procédures. Or, dès le conditionnement, la procédure n'avait pas été respectée et, bien entendu, on ne peut pas reprocher aux policiers de ne pas avoir vérifié ...
Un fiasco lamentable ...
Que
Michel Ferracci-Porri gonfle au maximum pour obtenir deux-cent-trente-deux pages environ. L'histoire en méritait deux fois moins. Enfin, ça fait passer le temps ... ;o)