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sur 7758 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Histoire d'une amitié. Histoire d'une possession et d'une émancipation.

Histoire d'école. Histoire d'une éducation, d'une accession au savoir, histoire d'une libération.

Histoire du passage de l'enfance à l'adolescence féminine. Histoire de deux femmes. Histoire des femmes.

Histoire d'un quartier pauvre de Naples dans les années cinquante. Histoire du mezzo giorno italien pendant les 30 glorieuses. Histoire d'une classe sociale défavorisée aux prises avec le boom économique.

Histoire intime, familiale, sociale, politique.

L'amica geniale, en français: L'amie prodigieuse est tout cela à la fois et bien plus encore!

L'amitié d'abord -et surtout! Elena,dite Lenù, la narratrice, et Lila, son amie, sont indéfectiblement liées depuis leur enfance: leurs peurs, leurs rêves, leurs poupées, leurs coups de folie ou leurs coups bas, elles partagent tout..

Un partage peu paritaire pourtant: Lila, petite maigre, noire, fougueuse, rebelle a sur Elena un ascendant impérial: c'est elle qui est à l'initiative de tout, elle qui incite, qui fomente, qui provoque...Elle fait penser au neveu de Rameau , à ces "originaux" dont Diderot disait : "leur caractère tranche avec celui des autres, et 'ils rompent cette fastidieuse uniformité que notre éducation, nos conventions de société, nos bienséances d'usage ont introduite. S'il en paraît un dans une compagnie; c'est un grain de levain qui fermente qui restitue à chacun une portion de son individualité naturelle. Il secoue, il agite; il fait approuver ou blâmer; il fait sortir la vérité; il fait connaître les gens de bien; il démasque les coquins..." Lila, c'est le grain de levain qui fait naître chez la timide Elena sa propre individualité. Elles sont toutes deux en rivalité permanente: comme dans une balançoire à deux places: quand l'une est en haut, l'autre retombe lourdement au sol..jusqu'à la poussée de talons qui la propulse à son tour en position dominante.. Une amitié dévorante aussi, faite de jalousie, de frustration et d'un insatiable désir de possession. Une amitié passionnée, passionnelle même.

L'école joue son rôle dans cette passion-là: Lila est "géniale"- on dirait aujourd'hui surdouée- elle lit, comprend, écrit plus vite et plus brillamment que tous les élèves de la petite école populaire où elle devient une sorte de phénomène. Mais sa famille l'empêche de continuer ses études. Elena, elle -toujours ce jeu de balançoire- monte les échelons, et réussit..talonnée qu'elle est par Lila qui apprend le latin et le grec toute seule en empruntant des livres à la bibliothèque. Sans cet aiguillon qui la stimule Elena n'aurait pas atteint l'aisance qui est la sienne: la voici bientôt au lycée, soutenue et poussée par ses maîtres. Lila, elle, semble avoir abandonné la partie.

C'est que -toujours la balançoire- son corps tout à coup a fait d'elle une liane sinueuse et suggestive. Et soudain les garçons n'ont plus d'yeux que pour elle, éclipsant Elena, trop ronde, pleine d'acné, cachée derrière ses lunettes d'intellectuelle. Mieux vaut être la première ...à Naples que la deuxième à Rome: Lila règne en reine capricieuse sur tous ces petits machos napolitains qui font la roue, comme des paons, autour d'elle, mais elle sait où elle veut aller: en haut.
Les études, c'est trop long, et puis son père, cordonnier et son frère Rino refusent de la voir partir pour d'autres sphères et réclament son aide à l'atelier. Ils auront plus que cela: Lila a d'autres rêves pour eux. Les siens. Une boutique de chaussures sur mesure, dans ce quartier pouilleux de Naples où beaucoup d'enfants n'ont jamais vu la mer, et où personne ne peut se payer un tel luxe. Elle les dessine , ces chaussures de rêve, elle les façonne même en cachette de son père..

Pour donner corps à ce rêve d'ascension sociale par le commerce, il faut un mécène: Lila en trouve un parmi ses nombreux prétendants, il est épicier, ne parle qu'en dialecte, n'a ni le brio ni l'intelligence de Lila mais il a la maturité, le calme et le sens des affaires qui semblent pour elle la voie du salut.

Je ne vous dirai pas quel rôle jouent les chaussures de Lila dans ce récit envoûtant, captivant, magnétique..Comme les poupées des fillettes lâchées dans la cave à charbon du terrible Don Achille, ces chaussures vont faire leur chemin, à travers le dédale des petites rues grouillantes de vie de ce quartier de Naples déshérité, déchiré de querelles et de conflits, et si âprement tendu vers la réussite proposée par la conjoncture, ouverte, d'une économie italienne en plein essor...On est à la fois dans une chronique socio-économique et dans l'univers des contes: l'ogre des contes -Don Achille- , le petit poucet qui cherche sa trace -Lila ou Léna, à tour de rôle- , la bonne fée marraine - Mme Oliviero l'institutrice- ,la sorcière qui louche et qui boîte- la mère d'Elena- , la pantoufle de vair et le prince charmant - deux versions: Stefano, version économique, Nino version intellectuelle...retrouvent ici une vie nouvelle, moderne, parfois virulente..

Les silhouettes de toutes ces familles émaillent le récit: pères laborieux, souvent tyranniques, mères possessives, souvent au foyer, parfois folles d'abandon- la figure pathétique de Melina - filles sous haute surveillance sitôt la puberté annoncée, garçons apprenant très vite leur rôle de petit mâle arrogant ou protecteur.. Et aussi quelques figures atypiques: Donato Sarratore, le cheminot-poète - et aussi prédateur insidieux, Pasquale le maçon communiste, Nino l'intellectuel inaccessible, Antonio le mécanicien courageux, les frères Solara, futurs maffiosi et nouveaux petits chefs du quartier...

Une fresque haute en couleurs qu'on a un mal fou à quitter...heureusement la suite existe...et je vais m'y plonger très vite!!!

Une lecture addictive, presque autant que la belle ville de Naples, ses îles proches, son volcan mythique et menaçant...En lisant, vous aurez des envies de pizza croquante, de fruits gorgés de soleil, de bains dans l'eau bleue...et surtout tellement, tellement envie de croiser Lila, la belle ravageuse, ou Lenù la chroniqueuse impitoyable de cette amitié ..prodigieuse!
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Naples, années 50. Lila et Elena habitent dans un quartier pauvre de Naples. Deux gamines qui font connaissance sur les bancs de l'école. Et qui, au fil des jours, vont s'apprivoiser. Naîtra ainsi une amitié passionnelle au coeur de laquelle s'entremêlent à la fois jalousie, envie, compétition et admiration. Tandis que Lila est petite, menue, déterminée, fascinante, fougueuse, intelligente, parfois méchante, Elena, elle, est calme et posée. Deux parcours de vie en apparente opposition...

Premier tome d'une tétralogie, "L'amie prodigieuse" nous plonge en plein dans l'Italie, plus précisément à Naples, au cours des années 50 et 60. L'on fait connaissance avec Elena et Lila, deux gamines aussi différentes que complémentaires et l'on suit leur parcours, depuis l'école primaire jusqu'à l'adolescence. Elena Ferrante, dont l'identité reste visiblement un mystère, nous décrit avec moult détails le quotidien de ces deux héroïnes, à la fois proches et rivales. Chacune se battra pour se faire une place dans une société italienne en plein boom. Autour d'elles, un mari jaloux, des frères mafieux, des amis dévoués... En toile de fond, un parti communiste en plein essor, la Camorra... Un roman d'apprentissage riche et passionnant de bout en bout qui traite aussi bien de l'amour, de l'amitié, de la condition des femmes, de l'ascension sociale, de l'âpreté de la vie... Des portraits touchants et terriblement attachants portés par une écriture vivante et étoffée.
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C'est avec les yeux et la voix de "Lenù" qu' Elena Ferrante nous dresse le portrait saisissant d'habitants d'un quartier populaire napolitain des années cinquante. La misère, les haines ancestrales crées une tension exacerbée par la présence "Camorriste". C'est à croire qu'ils ont emprunté le caractère de leur voisin, le Vésuve. C'est ici que sont nées Lenuccia Greco et Lina Cerullo dont l'amitié est le fil conducteur de l'ouvrage. Je me suis laissé "bercer" par cette écriture et par l'histoire de ces deux gamines. Ecris sans lourdeur, avec précision, il dévoile un véritable talent d'écrivain, capable de nous faire oublier l'ici et maintenant et de nous transporter la-bas et hier.
Il fait partie des livres qui dès qu'on le pose quelque part, vous manque déjà.
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Quel bonheur que cette plongée au coeur de l'Italie du Sud des années cinquante!

La parole est donnée à Elena, que l'on avertit de la disparition de son amie, Lila,âgée de 66 ans. Une facétie de plus, une de trop de la part de cette rebelle de naissance. C'est pour cette raison qu'Elena décide de cocher sur le papier l'histoire de cette amitié étrange.

Naples, en plein milieu du vingtième siècle est une ville de violence. Celle des enfants entre eux, des parents envers les enfants, des adultes : personne n'y échappe. Violence verbale, coups de poings faciles, meurtres… La mort est un aléa, qu'elle soit naturelle ou accidentelle :

« Notre monde était ainsi, plein de mots qui tuaient : le croup, le tétanos, le typhus pétéchial, la gaz, la guerre, la toupie, les décombres, le travail, le bombardement, la bombe, la tuberculose, la suppuration ».

Le destin eut été écrit pour ces enfants, si leur institutrice n'avait pas repéré les qualités exceptionnelles des deux petites, celles de Lila Cerullo surtout :

« -Qui t'as appris à lire et à écrire, Cerullo?- Cerullo, menue, les cheveux, les yeux et la blouse tout noirs, un noeud rose autour du cou, et six années de vue seulement, répondit : -moi. »


Lila tire Elena vers le haut dans une concurrence sans merci. L'autorité de l'enseignante n'est pas contestée : elle réussit à obtenir des parents d'Elena que celle-ci poursuive ses études au collège puis au lycée. Lila reste sur le bas-côté et échoue sur le chemin de la promotion sociale. Pas par manque de compétences, loin de là.

Avec l'adolescence, les deux filles s'éloignent l'une de l'autre, même si Lila s'accroche en autodidacte pour acquérir les connaissances auxquelles elle n'a pas accès. La rupture arrive avec les affres des premières amours.

Le caractère hors norme de Lila, la hargne qui anime Elena attirée par cette fille comme un papillon vers la lumière, et le contraste entre le conformisme du milieu populaire peu enclin au changement créent une fascination irrésistible pour le lecteur.

Quelle chance d'avoir laissé passer le temps depuis la parution première de ce tome de ce qui s'annonce être une saga : point n'est besoin d'attendre la sortie et la traduction de la suite des aventures des deux napolitaines, tout est là à portée de mains.


Le mystère autour de l'auteur (des auteurs?) qui n'a jamais accordé un interview contribue au succès éditorial, mais la lecture du récit évacue le doute : quel que soit l'écrivain qui se cache derrière ce pseudo, le talent est là, relayé par une traduction qui se fait oublier.
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Deux amies, Elena et Lila vivent dans un quartier défavorisé de la ville de Naples, à la fin des années 50 .
Leurs familles sont pauvres, bien qu'elles soient aptes à continuer leurs études, ce n'est pas la voie qui leur est promise......
Lila, la surdouée, abandonne rapidement l'école pour travailler avec son pére et son frére dans leur échoppe de cordonnier.
En revanche, Elena, soutenue par son institutrice , ira au collége puis au lycée.
Durant cette période, les jeunes filles se transforment physiquement et psychologiquement .
Lila, rebelle, emportée, incroyablement intelligente, secrète, acérée, révèle très peu les souffrances qui l'habitent.Elle fascine et inquiète Elena la narratrice, qui apprend le grec et le latin, se cultive, beaucoup plus calme et consensuelle..
Elles s'entraident , prennent part l'une à l'autre , lisent et rêvent d'écrire un livre à quatre mains pour devenir riches.......
Elles se débattent dans leurs conflits, on ressent leurs tâtonnements , leurs hésitations,.
Leurs chemins parfois se croisent, d'autres fois s'écartent avec pour toile de fond une Naples dure, violente, en ébullition , sombre où la réalité sociale âpre , "la plébe " , les humbles se confrontent et souffrent. Les rues sont sales , poussiéreuses, la campagne défigurée par les nouveaux immeubles et la violence présente dans chaque maison.....

Dans les familles, les uns crient, les autres s'insultent.
Les pères frappent leurs enfants.Les frères cognent pour un regard déplacé.
Les familles Cerullo, Grego, Caracci, Peluso et les autres se côtoient, rivalisent, se craignent, se jalousent, "une crainte - rancune- haine- acquiescement -que les parents manifestent à l'égard des familles qui se transmet aux enfants "
Les garçons peuvent distribuer gifles, coups et menaces en bande et se tabasser à qui mieux mieux........certains friment , paradent au volant de la Millecento.....
Une force et un lien indéfectible unissent Elena et Lila.
Elena Ferrante trace le portrait de ces héroïnes inoubliables tout en acuité,précision, profondeur et force : un portrait lucide,lumineux, tendre et passionné .
Leurs chemins les conduiront après le passage de l'adolescence à l'aube de l'âge adulte non sans ruptures ni réelles souffrances.
Une histoire d'amitié fusionnelle, d'accession au savoir, d'éducation, de libération et de maturation, d'émancipation aussi ..Un roman d'apprentissage et un voyage formidable dans Naples et l'Italie du boom économique.L'histoire sombre et réaliste de la vie des humbles, les violences et les tensions observées minutieusement qui m'ont fait penser au bel ouvrage "D'Acier "de "Sylvia Avallone "lu il y a quelques années , un premier roman .....une réussite en 2011.
Vive les auteurs Italiens !
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Dans le Naples des années 50, deux fillettes d'un quartier pauvre se lient d'amitié. Lila est surdouée et se révèle parfois méchante. Éléna est intelligente, en retrait, toujours prête à imiter son amie, son modèle.

Sous le caractère féroce de Lila se cache une immense révolte, celle de vouloir sortir des conditions de vie déplorables du quartier, de s'épanouir, de vivre un rêve à la hauteur de ses capacités.
Le combat de l'une motive l'autre, la remet sur les rails quand elle doute. Elles sont chacune, à leur manière, la lumière de l'autre, tout en portant aussi l'ombre de l'autre.

Un roman coup de cœur qui m'a fait vibrer au rythme des émotions de ces deux adolescentes ballotées par les règles impitoyables de la vie, règles dictées par la violence des hommes, par la pauvreté, par l'ignorance. Les deux portraits sont sublimes.
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Ah que c'est bon une expérience de lecture comme celle-là ! Tu plonges dans un roman sans trop savoir où tu mets les pieds, tu sens dès les premières pages qu'il y a un truc qui t'attrape, et très vite tu ne peux plus le lâcher, encore une page, encore une, ça coule tout seul, tu t'immerges, tu respires dedans. C'est une sensation… prodigieuse.

Je rejoins la cohorte des enthousiastes pour cette saga napolitaine, histoire de vie et d'amitié dans le grand bain bouillonnant du 20ème siècle que j'ai littéralement dévorée, avec d'autant plus de délectation que le propos est subtil et la plume est fine.
Je ne suis pas encore repue et vais me précipiter sur la suite.
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En général je ne suis pas très copine avec les best-sellers, mais cette fois je dois avouer que je suis tombée sous le charme de cette "amie prodigieuse". Cela commence par un jeu d'influences dans lequel des poupées de chiffon sont jetées dans une cave qui pourrait bien abriter un monstre, et cela se termine par l'apparition, au plus mauvais moment, d'une paire de chaussures artisanales. Entre les deux, il se passe dix ans de la vie d'Elena et Lila, deux gamines de 5-6 ans, et de leur quartier, pauvre, dans le Naples des années 50. Elena, la narratrice, raconte son amitié avec Lila, une relation faite d'attirance, de jalousies et de rivalités, une amitié parfois bancale et inégalitaire mais cependant fusionnelle et irrésistible malgré les souffrances et les détachements. Leurs tempéraments s'opposent et se complètent, Elena la réfléchie, disciplinée, malléable, Lila l'impulsive, l'ardente, indomptable et parfois féroce. Elles ont un point commun, leur intelligence : brillante chez Lila, qui n'ira pourtant pas au-delà de l'école primaire et ira travailler dans la cordonnerie de son père, plus scolaire chez Elena, qui doit bûcher sans arrêt pour être la meilleure. Mais sur ce plan c'est Lila qui l'emporte : dotée d'une intelligence aiguë et supérieure, elle s'instruit en autodidacte et devance Elena, jusqu'au jour où elle se lasse de cette compétition. Puis ce sont les premiers émois amoureux et les transformations physiques qui les désunissent. Elena, plus précoce, a une longueur d'avance sur Lila, qui semble indifférente à ces bouleversements. Pourtant là aussi, elle dominera, lorsqu'elle se transformera en beauté solaire et inaccessible. Les destins de Lila et Elena semblent diverger mais leur amitié tient bon, au milieu du tumulte de leur quartier et du contexte socio-politique. Violences verbales, physiques, machisme rugueux, pauvreté (la "plèbe") puis essor économique, Camorra, communisme, la vie à Naples est rude et bouillonnante, et le monde évolue autour d'elles, bien qu'elles n'en rendent compte que confusément.

Dans ce roman réaliste, il est question de misère, d'apprentissage, d'émancipation, d'ascenseur social et de rêves à poursuivre. A ce stade de ma lecture, je me demande si et comment Lila et Elena atteindront les leurs, l'une semblant se contenter (se fourvoyer?) dans le conformisme malgré toute sa fougue, et l'autre cherchant à sortir de sa condition mais mal à l'aise et solitaire à cause de sa réussite scolaire : "Ce fut pendant ce trajet vers la Via Orazio que je commençai à me sentir clairement une étrangère, rendue malheureuse par le fait même d'être une étrangère. J'avais grandi avec ces jeunes, je considérais leurs comportements comme normaux et leur langue violente était la mienne. Mais je suivais aussi tous les jours, depuis six ans maintenant, un parcours dont ils ignoraient tout et auquel je faisais face de manière tellement brillante que j'avais fini par être la meilleure. Avec eux je ne pouvais rien utiliser de ce que j'apprenais au quotidien, je devais me retenir et d'une certaine manière me dégrader moi-même. Ce que j'étais en classe, ici j'étais obligée de le mettre entre parenthèses ou de ne l'utiliser que par traîtrise, pour les intimider".

Avec ce premier tome, Elena Ferrante m'a totalement captivée, embarquée dans cette histoire dense et marquante, avec son écriture riche et minutieuse, des descriptions psychologiques saisissantes de justesse, et bien sûr ses deux héroïnes mémorables. Il y aurait encore tant à en dire, mais pour résumer, voilà un roman (allez , j'ose:) ... prodigieux.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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J'ai succombé à mon tour à Elena et Lila !
J'ai succombé à cette histoire d'amitié forte, ambiguë et passionnelle comme une histoire d'amour. D'ailleurs, c'est une histoire d'amour. L'amitié est un peu le parent pauvre des relations contemporaines. Elle passe derrière tous les autres liens, familiaux, amoureux...On lui dénie toute puissance et toute passion : on n'a pas le droit d'être jaloux en amitié, pas le droit de se fâcher, de se disputer, pas le droit de se voir tous les jours, pas le droit de prendre de la place. La place est réservée aux autres. Et pourtant cet amour-là existe. Ces deux fillettes, puis jeunes filles ont de la chance de ne pas douter d'avoir le droit de se préférer à tous les autres. Sans demander la permission ni se poser de questions.
Thème rare aussi, en tout cas pour moi, Naples dans les années 1950...Deux fillettes d'un quartier pauvre qui, en 1958, à 14 ans n'ont jamais vu la mer...A Naples !! A peine aperçu le Vésuve...Elles ne connaissent de vue que leurs rues sombres, en tout cas au début. L'amitié débute tôt, à l'école. elle devient centrale. Lila est un génie qu'Elena, plus laborieuse et sérieuse, admire et envie. Elle se colle à elle. Lila est méchante, elle n'est pas acquise, elle se dérobe, puis elle s'obtient. C'est une personne exceptionnelle, qui donne à la vie d'Elena tout son relief et sa saveur. La réciproque est-elle vraie ? Nous voyons par les yeux d'Elena,et nous ne nous voyons pas très belle ni intelligente. Qu'est-ce qu'elle nous trouve ? Est-ce qu'elle va continuer à nous aimer ? Mais Lila nous donne, à sa manière, des preuves d'une affection profonde...L'école, le collège, le lycée, pour l'une et pas pour l'autre. Les amitiés, les bandes, les amoureux du quartier...Toute une jeunesse se passe jusqu'aux seize ans des deux jeunes filles. Je n'en dirai pas plus, sauf que, moi aussi, par les yeux d'Elena, j'ai gravement succombé au charme de Lila.
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Si L'amie prodigieuse n'était que l'histoire de deux petites filles brillantes et courageuses dans la Naples populaire des Années Cinquante et Soixante, ce ne serait qu'un livre intéressant... Mais c'est bien plus que ça !

C'est un livre dans lequel on se reconnait forcément, tant il décrit avec finesse et subtilité le mélange de solidarité et de tendresse, mais aussi de haine, de secret et de jalousie, inhérent à toute amitié et plus généralement à toute relation humaine. Car, si elle est prodigieuse, l'amie n'est pas parfaite et se révèle même souvent méchante et cachottière, surtout quand la vie ne tient pas ses promesses pour ses études, son bonheur ou ses amours. Comme nous, parfois !

Ce premier tome s'attache à l'enfance de Lila et Lena, jusqu'à leurs quinze ans environ. Il est très addictif, au point que j'ai déjà commencé la suite...
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